Jour 1 - La roue de la ruine
C'est parti ! Et on commence très fort avec un peu de fantastique !
Jour 1 : La roue de la ruine
Ce soir-là, Jessica était fière ! Pour la première fois depuis aussi loin qu'elle s'en souvienne, sa maman lui avait donné l'autorisation de rentrer à la maison toute seule. « Après tout, tu n'as qu'à traverser la rue et suivre le chemin. Ça prend moins de cinq minutes. ». Jessica avait gonflé la poitrine, toute fière. Bien sûr qu'elle connaissait le chemin ! Elle l'avait fait quotidiennement chaque matin, midi et soir pendant des années. Elle n'avait pas peur. Elle était une grande fille maintenant.
Son cartable rose bonbon à roulettes derrière elle, la petite fille salua une dernière fois ses copines et s'engagea vers le passage piéton où plusieurs mamans patientaient. Dès que le feu passa au vert, Jessica trottina derrière eux et s'engouffra dans la petite ruelle qui menait vers sa maison. Tout droit. Toujours tout droit. C'était facile à trouver !
— Alors, Jessica, on rentre à la maison ?
La petite sursauta et se retourna. Là contre la vieille église abandonnée à côté de sa maison se tenait un petit monsieur habillé de manière étrange. Dans un costume rayé rouge et rose, il lui souriait amicalement. Avec ses grandes chaussures, ses oreilles pointues et son chapeau étrange, il semblait comme tombé d'un conte de fée.
— Comment vous connaissez mon prénom ? demanda Jessica, méfiante. Je ne vous connais pas !
— Tout le monde te connait par chez moi ! s'enthousiasma le petit homme. Tu es une super star ! La super star de mon super jeu ! Est-ce que tu veux jouer avec moi ?
La petite fille fronça les sourcils. Le petit homme pointait une roue étrange à côté de lui, rayée elle aussi de rouge et de rose. Quelque chose était noté sur chaque case, mais elle était encore trop petite pour savoir lire par elle-même. D'un pas timide, elle avança vers l'homme, avant de se figer.
— Ma maman m'attend, je ne peux pas, souffla-t-elle, déçue. Si je suis en retard, elle va me gronder !
— Mais je peux t'assurer que tu peux offrir une belle surprise à ta maman si tu tournes ma roue. Une jolie fleur ? Un joli gâteau ? Je suis sûr qu'elle te pardonnera si tu les lui ramènes.
La petite fille hésita. Cela semblait un échange correct. Timidement, elle hocha la tête et se rapprocha du petit homme. Il lui sourit à pleine dents.
— Tout d'abord, tu dois signer ce document. Tu mets ton doigt dans l'encrier, et tu appuies juste là.
Jessica ne réfléchit pas plus et obéit. Elle posa son doigt dans l'encrier qui venait d'apparaître sur la table (comment était-il arrivé là ?) et le reposa sur la feuille de papier. Elle n'arriva pas à décrypter ce que ça disait, mais elle identifia son prénom en haut, donc ça ne pouvait pas faire de mal.
Au contact du papier, elle se sentit un peu étrange, mais elle mit ça sur le compte du goûter qu'elle n'avait pas eu le temps de manger à la récréation. Excitée, elle se tourna vers la roue. L'homme lui sourit et l'invita à la tourner. De toutes ses forces, la petite fille tira sur un bâtonnet de bois et fit tourner le morceau de bois sur lui-même. Très vite, la roue ralentit et le marqueur s'arrêta sur un mot.
Jessica plissa les yeux pour essayer de le déchiffrer.
— Ça dit « Gâteau » ! le félicita le petit homme. Je suis sûr que tes parents seront ravis ! C'est signé, ne bouge pas !
Dramatiquement, le petit homme sortit une baguette de sa poche. Curieuse, Jessica pencha la tête sur le côté. Elle avait déjà vu la même à un spectacle de magicien une fois.
Le sourire du petit homme s'élargit jusqu'à remplir tout le bas de son visage. Sa bouche s'agrandit brusquement, et commença à aspirer tout ce qui se trouvait autour d'elle. Soudainement effrayée, Jessica décida que c'était une mauvaise idée et tenta de fuir. Ses pieds ne lui répondirent pas. Une fumée bleue s'échappait de sa bouche, de son nez, de tous les orifices de son corps.
Elle hurla. Elle hurla.
Elle hurla !
Elle avait mal ! Elle avait mal ! Elle avait mal !
Lorsqu'elle comprit que le petit homme lui arrachait sa vie, il était trop tard. Elle s'effondra face contre terre, les yeux grands ouverts, éteinte.
Le visage du petit bonhomme reprit un air plus normal alors qu'il observait, dans ses mains, la fiole où s'agitait l'âme de sa nouvelle proie. De quoi l'alimenter pour quelques jours. Les âmes des enfants naïfs duraient toujours plus longtemps. Il replaça sa roue dans son camion et s'apprêta à partir.
— Oh, quel étourdi je fais !
Il ouvrit la portière de son camion et en sortit un gros gâteau au chocolat. Il le déposa à côté du cadavre de la petite fille. « Lot de consolation » pouvait être lu à sa surface.
Son travail terminé, l'homme entra dans sa voiture, démarra et disparut à l'angle de la rue.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top