Genre : Drame

Époque : Année 3012

Protagoniste : Nora (personnage mystérieux au rôle encore inconnu)

Lien avec : L'Œil de Teikono (l'histoire principale)

Notes : J'ai hésité avant de publier ce texte car il traite d'un personnage qui n'a pas encore été réellement présenté dans la BD et dont on ne sait encore théoriquement rien... mais j'avais vraiment envie de le partager avec vous et je me dis qu'au pire, ça vous donnera peut-être des légers indices sans toutefois spoiler quoique ce soit ^^
Bon du coup je ne peux pas vous donner un contexte précis, mais je pense que l'essence du texte reste tout à fait compréhensible :)

Moi seule pouvait aller et venir à ma guise sans avoir à rester sur mes gardes. Je profitai allègrement de ce don.

Mes pas foulaient l'herbe haute en direction du cimetière. Depuis que j'y avais retrouvé sa trace, je ne songeais qu'à lui rendre visite.

Lorsque j'arrivai à destination, je poussai sans attendre les hautes grilles de la porte en fer forgé. Le grincement atroce témoignait de l'abandon du lieu.
J'acquis la certitude immédiate d'incarner en cet endroit la première âme vivante depuis bien longtemps.

Un bref coup d'oeil au sein de cette nécropole de pierre me donna raison. La nature y avait reprit ses droits, aucune tombe n'était épargnée ni par le temps, ni par l'oubli.

Je m'avançai, déterminée à la trouver. Je n'étais pas pressée, et la patience ne m'avait jamais fait défaut.

Il me fallu bien moins de temps que ce que j'avais imaginé. Au détour d'une allée, son nom me sauta au visage.

Alors que je m'y étais préparée, je sentis mon coeur heurter violemment ma poitrine et mes jambes manquer de se dérober sous leur propre poids.
Ces retrouvailles dans ce contexte me blessèrent avec une intensité que je n'avais pas anticipé.

D'une certaine façon, il réussissait encore à me surprendre, tout comme son amitié m'avait prise au dépourvu de son vivant.

Fleur n'avait plus personne, Lyna avait fui.
De nous quatre, seuls Vladimir et moi laissions quelque chose derrière nous.
Et en réalité, j'avais bien plus à gagner en partant avec eux plutôt qu'en restant ici. Il n'y avait donc que Vladimir qui ait réellement eu un choix.
Lui avait tout sacrifié. Nous, nous n'avions rien à perdre.

Pourtant, à ce moment précis, devant cette tombe où déchiffrer un nom que formaient des lettres gravées dans la pierre ne m'avait jamais fait aussi mal, j'eus moi aussi l'impression d'avoir commis un sacrifice.

J'étais partie sans me retourner, sachant ce que je laissais derrière moi mais persuadée de ne jamais en éprouver le moindre regret.
Je ne m'attendais pas à devoir affronter cette douleur qui s'emparait de moi toute entière, enflait dans ma poitrine et semblait déchirer ma gorge.

Je m'assis, en proie à une envie de pleurer aussi soudaine qu'incompréhensible. Je ne pleurais jamais.

Sans que je ne le réalise vraiment, ma main se posa sur la pierre froide.
Je ne parlais pas aux morts.
Ils n'étaient plus là, et je n'aimais pas effacer même provisoirement la frontière avec la réalité en faisant comme s'ils pouvaient entendre.
Je parlais d'eux, mais je ne m'adressais pas à eux. Qu'est-ce qui m'empêcherait de sombrer dans la folie si je cédais à cela ?

Mais peut-être y avais-je déjà cédé, car je ne contrôlai pas le murmure qui s'échappa de mes lèvres.

« Pardonne-moi. »