Chapitre 3 - Révélation

Je suis complètement figée, mais personne autour ne semble réagir. Je ne saurais dire s'il s'agit d'un cri humain ou animal, mais j'ai l'impression d'être la seule à l'avoir entendu.

Je sors de la cabine et je me dirige dans une direction qui m'est totalement inconnue. Mon corps ne m'obéit plus, comme si j'étais un aimant attiré par son autre pôle.

Après je ne sais combien de temps de marche, j'arrive à côté d'un préau en béton tellement grand qu'il doit servir de stationnement. La pluie devient de plus en plus abondante et je décide de me réfugier sous le toit du préau pour éviter d'être trempée jusqu'aux os.

Un nouveau hurlement, beaucoup plus près maintenant, retentit et un frisson me parcourt le corps en entier. Du coin de l'œil, je perçois du mouvement à l'extrémité gauche de l'endroit. Sans réfléchir, je me cache derrière une colonne porteuse qui fait plus de trois fois ma taille en diamètre.

Subtilement, je m'accroupis et regarde ce qui se passe au loin.

Trois personnes se livrent bataille. Parmi eux, je distingue une silhouette féminine. Grâce à sa veste rouge, je reconnais la fille de l'embouteillage. Dans ses mains, elle tient fermement un long objet tranchant ressemblant à une sorte de sabre ou d'épée. À ses côtés se trouve le garçon à la moto, qui lui, préfère le corps à corps aux armes. Les deux adolescents d'une agilité surhumaine font équipe contre le troisième individu. Il s'agit d'un homme qui fait au moins deux têtes de plus qu'eux. Sur tout son corps coule un liquide noirâtre qui ne semble pas le déranger pendant la bataille. Les trois personnes se meuvent tellement vite que j'ai de la difficulté à bien voir les traits de leurs visages.

L'homme saisit l'adolescent par le cou et le projette dans le mur de béton le plus proche, comme s'il ne pèse pas plus qu'une plume.

Je retiens mon souffle quand je remarque que les bouts de doigt de l'homme sont en fait des griffes acérées d'un azur fluorescent. Mon cerveau n'assimile pas bien ce que je vois.

Rien de tout cela n'est réel, me dis-je.

La fille riposte pour aider son partenaire en assénant de nombreux coups de sabre à son ennemi. Celui-ci évite presque toutes les attaques et réussit même à désarmer sa rivale et à la lancer au bout de ses bras. La fille s'écrase durement sur le sol.

Ma tête me hurle de me sauver et d'appeler la police, mais mon corps refuse de bouger, paralysé par la peur.

Le couple semble s'épuiser et je me demande si ce sinistre spectacle finira par un meurtre.

***

Depuis le haut du toit de béton, Theo entend tout. Il sait pertinemment que deux adolescents défendent leurs vies quelques mètres plus bas. Il attend tout simplement le bon moment pour agir. Un de ses amis d'enfance se trouve sous ses pieds, mais ce détail ne le pousse pas à se dépêcher davantage. C'est seulement lorsque les deux ados n'ont plus de forces que Theo se jette dans le vide.

***

La bataille semble presque terminée pour le couple, lorsque quelqu'un tombe du toit et atterrit sur ses jambes à proximité d'eux. Une telle chute devrait normalement blesser gravement voir tuer, mais le jeune homme se redresse sans difficulté. Son visage est déformé par des traits inhumains. Ses oreilles sont en pointe et ses yeux brillent d'une intense lumière jaune.

Des yeux de loups.

Il émet un violent hurlement ressemblant à celui d'un animal et je peux distinguer des crocs à la place de ses canines. Cette personne est une bête.

Les autres ne bougent plus, comme déconcertés à la vue du nouvel arrivant. Je profite de ce moment pour les observer. Je remarque que seulement la fille n'a pas de traits particuliers. Son partenaire a lui aussi le visage d'une bête, à la différence près que ses yeux sont d'un rouge sang. L'homme taché du liquide noir, quant à lui, possède des yeux aussi bleus et brillants que ses griffes.

Le jeune homme aux yeux jaunes se précipite sur le géant aux yeux bleus, mais malheureusement son assaillant est plus fort que lui et le balance par terre près de la fille à la veste cramoisie.

Plusieurs pas de course se font entendre et un nouveau groupe d'individu se joint au spectacle. Je prie pour que ce soient des policiers, jusqu'à ce que je distingue clairement trois autres adolescents. Parmi eux se trouve un jeune homme grand et maigre aux cheveux bruns, une fille aux cheveux courts et un garçon châtain qui à l'air un peu plus jeune que ses comparses.

Le plus jeune pousse un hurlement semblable à ceux que j'ai déjà entendus et ses yeux virent également au jaune. Il semble vouloir se diriger vers l'action, mais il se stoppe quand le garçon à la moto gémit de douleur.

Il vient de se faire poignarder par l'homme aux griffes fluorescentes. Je suis bouche bée par la facilité avec laquelle celui-ci a plongé ses doigts dans le torse de l'adolescent.

Je commence à voir flou et je dois regarder ailleurs pour ne pas m'évanouir sur-le-champ. Si j'étais partie appeler la police tout à l'heure, rien de tout cela ne se serait produit. J'aurais eu une chance de le sauver, mais maintenant que son agresseur a visé le cœur, il doit lui rester à peine une minute à vivre.

Une larme glisse lentement sur ma joue.

C'est ma faute.

Je me ressaisis seulement lorsqu'un craquement écœurant fait écho dans tout le préau. Miraculeusement, le garçon qui était en train de mourir quelques secondes auparavant vient de casser le bras et d'arracher les horribles griffes bleues des doigts de son assassin. Il a maintenant l'avantage contre un homme de deux fois sa taille.

Le géant se laisse tomber à genou en hurlant de douleur, tandis que le garçon à la moto ne lâche pas sa prise sur son bras fracturé.

— Je ne sais pas qui vous êtes ni ce que vous vouliez faire, commence-t-il d'une voix grave, mais je vais vous laisser le choix. Soit vous continuez et je vous brise un autre membre, soit vous vous en allez.

Le géant regarde le brun maigrichon comme s'il attendait une réponse de lui.

— Moi je m'en irais, lui conseille le brun au bout d'un moment.

L'homme ou la bête, déguerpis en tenant fermement son bras blessé contre lui.

Le garçon qui vient d'échapper à la mort se penche et ramasse les griffes de son adversaire qui ne brillent soudainement plus, et les autres se regroupent autour de lui à l'exception du garçon qui a sauté du toit. Le groupe le dévisage comme s'ils s'attendaient à des explications.

Les traits du jeune homme seul s'adoucissent jusqu'à devenir parfaitement humain. Malgré sa transformation soudaine, le groupe n'a toujours pas l'air de le reconnaître.

Mais moi si.

C'est le garçon de l'embouteillage.

— Tu ne te souviens pas de moi hein? dit ce dernier. J'imagine que j'ai dû beaucoup changer depuis la primaire.

— Theo? dit le garçon à la moto complètement abasourdi par la nouvelle.

Alors son nom c'est Theo.

— Tu le connais? demande la fille aux cheveux courts.

— Et Stiles aussi, continue Theo. Je croyais qu'on ne se reverrait plus, mais il y a deux mois, on m'a parlé qu'il y avait un alpha à Beacon Hills. Quand j'ai appris qu'il s'appelait Scott McCall, je n'en revenais pas.

Theo, Scott McCall et Stiles.

Je tâche à me souvenir de ces noms afin de les donner à la police.

— Et pas seulement un alpha, mais un vrai alpha, rajoute Theo.

Je ne suis pas certaine de bien saisir ce truc d'alpha.

— Tu veux quoi? lance froidement Scott.

— Je suis revenu à Beacon Hills. Je suis revenu avec ma famille, parce que je veux faire partie de ta meute.

Meute, alpha.

Ces mots tourbillonnent dans mon esprit. Je suis complètement perdue dans leur charabia. Et s'ils décident de me briser le bras à moi aussi? Ou pire...

Ce sont des créatures tout droit sorties d'un cauchemar.

Mon cœur pompe comme jamais et je sens la sueur perlée sur mon front. Je réussis tout de même à me relever, mais je dois m'appuyer contre la colonne pour garder mon équilibre. Ma tête tourne et mon champ de vision est parsemé de taches noires.

Je dois partir d'ici, pensais-je.

Au niveau de ma cheville, je remarque que mon jeans est inondé de sang. Ce doit être la raison de mon malaise.

La vue de tout ce sang me donne encore plus le tournis et sans crier gare je tombe à plat ventre contre le sol mouillé.

Quand je relève la tête, tous les regards sont braqués sur moi.

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