Confession


En rentrant chez moi après les cours, les paroles de Stiles me reviennent en mémoire, insidieuses et persistantes. Je repense à tout ce qu'il a raconté sur les disparitions, les cris étranges, les corbeaux. Une part de moi se sent idiote de s'attacher à de telles histoires, mais une autre... Une autre est comme aspirée par ces mystères.

Après le dîner, je m'éclipse dans ma chambre, prétextant une montagne de devoirs. Une fois la porte refermée, je m'installe devant mon ordinateur et commence mes recherches, les doigts légèrement tremblants alors que je tape les premiers mots : disparitions Beacon Hills, années 90. Un silence lourd m'entoure, comme si la maison elle-même retenait son souffle.

Les premières pages que je trouve parlent de légendes, d'histoires pour effrayer les enfants. Mais en fouillant davantage, je découvre plusieurs articles de journaux anciens, presque oubliés. Mystérieuses disparitions non résolues, témoins évoquant des phénomènes étranges... Plus je lis, plus je sens un poids s'installer dans ma poitrine.

Un titre attire particulièrement mon attention : Un cri perçant dans la nuit, des témoins parlent d'une présence féminine inquiétante. Mon cœur rate un battement. Ce cri... celui dont Stiles parlait, celui que j'ai moi-même entendu près du Nemeton. Mes mains se crispent légèrement sur le clavier.

L'heure tourne et je ne parviens pas à décrocher de mon écran, malgré une fatigue lancinante. Une autre idée me traverse l'esprit, aussi déraisonnable soit-elle. J'ouvre une nouvelle recherche, cette fois-ci sur les adresses des élèves. Je ne devrais pas faire ça, mais il est hors de question que j'ignore plus longtemps ce que Stiles pourrait savoir.

Je finis par trouver l'adresse que je cherche. Celle de Stiles. Malgré l'heure tardive, une détermination nouvelle me pousse à quitter ma chambre et à descendre dans le salon, là où Deaton est en train de lire.

— Deaton, je vais chez un camarade pour réviser, dis-je en tentant de garder une voix posée.

Il relève les yeux de son livre, un peu surpris.

— À cette heure-ci ? Tu es sûre ? C'est inhabituel, Erine.

— Je sais, mais c'est pour un projet important, et... il est le seul à avoir certaines informations, justifié-je en essayant de masquer ma nervosité.

Il m'observe un moment, comme s'il cherchait à lire au-delà de mes mots, puis il hoche la tête.

— D'accord. Mais fais attention, d'accord ? Et préviens-moi si tu veux que je vienne te chercher.

Je lui souris, le remerciant d'un signe de tête, puis je sors dans la nuit fraîche.

Arrivée dans la rue de Stiles, je serre le bout de papier dans ma main, celui sur lequel j'ai écrit son adresse, scrutant les numéros des maisons à la lumière des réverbères. J'avance, attentive, les yeux rivés sur chaque adresse, mais je n'ai aucune idée de ce à quoi ressemble la maison de Stiles. Un peu nerveuse, je me demande si je vais devoir tourner autour du pâté de maisons plusieurs fois avant de trouver... jusqu'à ce qu'une lueur rouge et bleue attire mon attention. Une voiture de police, celle du shérif. Je devine que j'ai trouvé.

Je me dirige vers la porte et frappe, un peu hésitante. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre et je me retrouve face au shérif Stilinski lui-même, avec son uniforme impeccable et son regard observateur.

— Bonsoir, dit-il en haussant légèrement les sourcils, visiblement intrigué de voir une jeune fille à sa porte à cette heure-ci. Je peux vous aider ?

Je tente un sourire, sentant mes joues chauffer sous son regard perçant.

— Bonsoir, shérif. Je vous prie de m'excuser de vous déranger alors qu'il est tard. Je suis Erine, une camarade de Stiles. Je venais... pour réviser, bredouillé-je. C'est pour un projet de classe en fait. C'est mon binôme.

Le shérif incline la tête, semblant peser mes mots un instant, puis son regard s'adoucit.

— Stiles est dans sa chambre. Il passe beaucoup de temps là-bas avec ses projets de recherche, si vous voyez ce que je veux dire, ajoute-t-il avec un sourire en coin.

Il s'efface pour me laisser entrer et au moment où je franchis le seuil, des pas rapides résonnent dans le couloir.

— Eh, papa, qui... ?

Stiles apparaît, les yeux écarquillés en me voyant dans l'entrée.

— Erine ? Qu'est-ce que tu fais ici ?

Je le salue d'un signe de tête et relève le bout de papier que j'ai dans la main.

— J'avais besoin de tes... compétences pour notre projet, dis-je en espérant qu'il comprenne l'allusion.

Stiles semble surpris, mais un sourire satisfait s'affiche sur son visage.

— Ah ! Bien sûr. Viens, on monte.

Je jette un regard vers le shérif, le remerciant, tandis qu'il acquiesce d'un signe de tête avant de refermer la porte derrière nous.

Arrivés dans sa chambre, Stiles m'invite à m'asseoir. Sa chambre est en désordre, avec des livres, des papiers et des coupures de presse éparpillées un peu partout. C'est exactement l'endroit que j'imaginais pour quelqu'un d'aussi curieux.

Une fois assise, je tire de mon sac les articles que j'ai imprimés et les donne à Stiles, qui les examine, visiblement impressionné.

— Alors, dis-moi, qu'est-ce qui a piqué ta curiosité, Erine ? demande-t-il, une lueur d'intérêt dans les yeux. Tu n'as pas dit qu'il ne fallait pas croire à toutes ces absurdités ?

Je pose les autres articles sur son bureau, pointant certaines coupures du doigt.

— J'ai peut-être un peu exagéré mes propos... Écoute, j'ai trouvé des histoires de meurtres en série, de disparitions... et même des attaques par des « bêtes sauvages ». Toujours par groupes de trois, remarqué-je. J'ai déjà entendu ça quelque part. Lorsque tout arrive par trois. On parle de sacrifices. En as-tu déjà entendu parler ?

Le sourire de Stiles disparaît lentement, remplacé par une expression sérieuse.

— La règle de trois, répète-t-il. Oui, ça... ça veut dire quelque chose. Mais... Comment es-tu au courant de ça ?

Je secoue la tête en haussant les épaules.

— Tout ce que je sais, c'est que toutes ces histoires se concentrent autour de Beacon Hills, et je me suis dit que... enfin, peut-être que ce n'est pas qu'une coïncidence.

Stiles m'observe, visiblement troublé, mais je peux voir que sa curiosité est piquée autant que la mienne, même si une infime hésitation se fait ressentir.

Il prend une grande inspiration, ses yeux parcourant les coupures de presse éparpillées. Il semble peser ses mots, hésitant sur ce qu'il est prêt à révéler.

— Erine, commence-t-il doucement, tu réalises que ce dont tu parles, la règle de trois, les attaques... ça dépasse les histoires de disparition qu'on lit dans les journaux, pas vrai ? Ça frôle quelque chose de... disons, pas vraiment explicable par des raisons normales.

Je fronce les sourcils, tentant de cacher mon trouble, même si un frisson me parcourt l'échine. Je n'ai jamais cru aux légendes, aux esprits ou quoi que ce soit de surnaturel, mais je sens que Stiles s'apprête à me dire quelque chose d'important.

— Et toi, tu crois à ce genre de choses ? dis-je, tentant de paraître détachée.

Stiles croise les bras, un sourire énigmatique aux lèvres.

— Disons que j'ai appris à garder l'esprit ouvert.

Il se tourne vers son bureau et fouille dans un tiroir en ressortant une vieille carte de la ville, jaunie et froissée. Il l'étale sur le bureau et pointe trois points spécifiques.

— Regarde, toutes les disparitions, les attaques... elles se produisent souvent dans cette zone de la forêt, autour d'une énorme souche d'arbre. On appelle ça le Nemeton. Mais faut savoir que ce n'est pas qu'une simple forêt, c'est comme... un point d'ancrage pour des choses que les gens préfèrent ignorer. La plupart des habitants n'en parlent pas, mais moi... disons que je n'ai jamais pu m'empêcher de creuser un peu plus.

Je reste silencieuse, le regard fixé sur la carte. Le nom « Nemeton » semble résonner en moi d'une manière que je ne parviens pas à expliquer. Les souvenirs de cette nuit étrange, le cri qui m'a terrifiée, tout revient en flashs.

— Pourquoi le Nemeton serait-il si important ? Qu'est-ce qu'il a de particulier ? demandé-je, la voix plus hésitante que je ne le voudrais.

Stiles baisse légèrement la voix, presque comme s'il craignait que quelqu'un puisse l'entendre.

— La légende dit que c'est un arbre sacré, une sorte de... canal entre notre monde et quelque chose de plus sombre. Ceux qui sont « sensibles » au Nemeton ressentent des choses... ils peuvent être influencés.

Il me jette un regard scrutateur, comme s'il cherchait une réaction, mais je garde le visage impassible, même si en moi, une peur sourde commence à s'installer.

— Tu as déjà ressenti quelque chose de... bizarre, là-bas ? demande-t-il soudain.

Les images du cauchemar, du visage de mon alter ego, surgissent de nouveau dans mon esprit. Je détourne le regard, prenant une profonde inspiration avant de répondre.

— Disons que... j'ai eu quelques expériences, même si j'ignore s'il s'agit bien de ce Nemeton dont tu parles, Stiles. Mais peut-être que ce n'est qu'une coïncidence, pas vrai ?

Stiles m'observe un long moment, le visage plus sérieux que jamais.

— Erine, ici, si tu veux rester en vie, vaut mieux éviter de croire aux coïncidences.

Un frisson glacé parcourt mon échine. « En vie »... Que cherche-t-il vraiment à dire ? Parle-t-on ici de vie ou de mort, d'enjeux cachés, liés à une vieille souche datant de centaines d'années, si ce n'est plus ? Mon cœur s'emballe sous le poids des révélations de Stiles, mais je dois en apprendre davantage. S'il s'agit de quelque chose de si grave, alors je dois comprendre.

— Stiles. Je ne veux pas être impolie, mais toi et tes amis semblez savoir beaucoup plus de choses que les autres ici. Vous parlez de manière énigmatique et vous êtes tous vraiment très doués pour détourner les sujets. Comme avec Deaton, par exemple.

Il soupire, comme s'il cherchait ses mots, puis me lance un regard perçant.

— Erine, ne le prends pas mal, mais je ne te connais pas. Comment savoir si je peux te faire confiance ?

Je le regarde droit dans les yeux et réponds, sans détours.

— Tu ne peux pas.

Le silence qui suit est lourd, pesant, mais je sens qu'il réfléchit, qu'il évalue ma réponse.

— Alors pourquoi tu poses toutes ces questions ? Pourquoi ça t'intéresse tant ?

Je prends une profonde inspiration. Ce que je vais lui dire n'a jamais été formulé ainsi, même dans mon esprit.

— Mes parents. Leur mort... Je n'en ai aucune certitude bien sûr, mais... mais je commence à croire... je crois qu'eux aussi ont été victimes de la règle de trois.

Stiles se redresse brusquement, les yeux écarquillés de stupeur.

— Quoi ? Tu penses que... quelqu'un les as tués ? Mais... pourquoi ?

Je secoue la tête, amère.

— Je n'en sais rien. Je cherche des réponses depuis des mois, sans jamais rien trouvé. Juste... des doutes, des zones d'ombre. C'est comme un puzzle dont certaines pièces sont manquantes. Désolée, je ne voulais pas t'embarrasser avec tout ça. J'ai assez abusé de ton temps. Merci pour ton aide, Stiles.

Je me lève, me dirigeant vers la porte de sa chambre, mais à peine ai-je atteint la poignée qu'il m'interpelle.

— Attends.

Je me retourne, surprise. Il me fixe, le regard plus intense que jamais.

— Écoute, ce n'est pas que je ne veux pas te faire confiance... c'est que tout ce qui se passe à Beacon Hills n'a pas forcément de réponse logique. Parfois, les choses dépassent ce que l'on peut comprendre, même en cherchant très loin. Garde juste ça à l'esprit, d'accord ? Et... surtout, fais attention à toi.

Je hoche la tête, un peu déstabilisée par sa sincérité.

— Merci, Stiles. On se voit demain en cours.

Je quitte sa chambre, le cœur plus lourd encore, mais cette fois, je ressens aussi un étrange sentiment de connexion. Comme si, au milieu des mystères de Beacon Hills, je venais de trouver quelqu'un prêt à m'aider – ou, tout de moins, à m'écouter.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top