Chapitre 56 : Jake
Je me réveille sur mon canapé des photos éparpillées sur les genoux et tout autour de moi. Mais une, en particulier, est encore dans ma main posé sur mon torse, près de mon cœur. Celle de Lisa tenant Catriona bébé, devant la maison, le jour où nous sommes rentrées de la maternité. A cet instant, je me sentais puissant. J'étais l'homme le plus heureux du monde. J'aimais la plus belle femme au monde qui de surcroît venait de me donner une magnifique et adorable petite fille. Ce jour là, quand j'ai pris cette photo, je me sentais invincible tel le roi du monde.
Ce rêve, je l'ai vécu pendant un peu plus d'une année. J'avais l'amour, une famille et le club prenait de plus en plus d'importance. Jeffrey me laissait la direction du club préférant la gestion du bar. Ce qui me convenait, je voulais devenir président et c'est exactement ce qu'il se passait. Et moi comme un idiot, un jeune con, je voulais plus, toujours plus sans me soucier desavertissements de mon père quand j'ai conclu certains deals sans son accord. Mais pourquoi l'écouter, j'étais le président et les autres avaient voté dans mon sens donc.
Je ne voulais pas comprendre ce que Jeffrey me disait quand il m'avait que de nager avec les requins avaient un prix. Je n'ai pas écouté non plus Lisa quand elle m'a demandé de ralentir, de passer du temps avec elle et la petite. Mais non, je savais tout à cette époque. Enfin, je le pensais car au final j'avais tout perdu. Ma femme m'a quitté pensant se sauver elle et notre fille. Mais j'avais quand même réussi à la faire tuer et a probablement foutre en l'air l'avenir de ma fille. Et aujourd'hui, dans seulement quelques heures je vais perdre mon club dans le meilleur des cas et dans le pire . . . le prix du sang . . . ma vie.
Ce mois a filé à une vitesse vertigineuse. J'ai choisi de rien cacher aux gars sur mes décisions et la tournure que peuvent prendre les événements. Tout comme je leur ai clairement signifié que la décision du conseil est et serait non négociable que cela leur plaise ou non. Je refuse d'être responsable ou de causer une mort de plus. Je me pince l'arrête du nez, comme à chaque fois que je suis contrarié.
Pour cette dernière journée, je décide d'agir comme tous les jours. Je range toutes les photos sauf une, celle que j'avais dans les mains à mon réveil. Elle me suivra toute la journée et sera avec moi ce soir. Je range tout ce qui traîne avant de prendre une bonne douche bien chaude. Une fois habillé, je passe par le garage et prend ma moto. Avant d'aller au club, je décide de passer par tous les endroits de la ville que je veux voir. Au lieu de mettre vingt minutes pour me rendre au club, il me faut deux bonnes heures. Au fond de moi, c'est comme si je faisais mes adieux à la ville.
Quand j'arrive enfin au club et bien qu'il soit encore tôt, mon père est déjà dans le bar. Il essuie le même verre propre inlassablement ce qui me faire un instant sourire.
– Tu essaies de le faire disparaître, lui dis-je en souriant.
– Tu en d'autres des blagues nulles fiston ? Me rétorque-t-il avec un clin d'œil.
Au mot fiston, lui et moi échangeons un regard. Un de ces regards qui veulent dire tellement de choses. Mon père pose son verre sur le comptoir et fait le tour avant de me prendre dans ses bras. Je ne sais pas depuis combien de temps cela n'était pas arrivé. Une part de moi regrette que cela ne soit pas arrivé plus souvent.
– Qui est là ? Lui demandé-je car en arrivant j'avais vu la porte du garage ouverte signe qu'il y avait du monde.
_ Charly et Alvaro sont arrivés et sont dans le bureau.
Je souris intérieurement sachant au fond de moi qu'il serait là. Ces deux là seront toujours là même si on leur dit de ne pas venir ou d'attendre. C'est plus fort qu'eux. On a tenu un grand conseil au club avant hier. Les consignes qui avaient été données, étaient simples pourtant. Rester auprès de votre famille jusqu'à ce que l'on vous demande de revenir au club ce soir pour l'annonce de la décision finale du grand conseil.
Et je sais déjà comment ils vont se justifier. Après pour ce qui estde Charly, c'est facile, sa famille se restreint à Laura. Et comme cette dernière ne quitte pas Alvaro d'une semelle et que ce dernier a élu domicile au club. Ils sont tous là. Alvaro a sa sœur Naomi mais quand il a vu ce qu'il se passait, il a pris la décisionde l'envoyer loin. Il savait que s'il faisait pas cela Naomi allait faire une connerie. Et il aurait du choisir entre le club et sa sœur. Là-bas il lui a trouvé un bon parti car ce que Naomi aime avant tout c'est le fric. Donc en bon grand frère, il a fait ce qu'il fallait.
Les gars étant dans le garage, je choisis d'aller profiter un peu du calme qui règne encore dans mon bureau. Assis dans mon fauteuil, je prends conscience que ce mois est passé en un éclair. Calé dans mon fauteuil, je balaie la pièce du regard et me remémore tous les souvenirs liés à une photo, un objet qui se trouve dans cette pièce. Je finis par fermer les yeux en ayant trouvés un semblant d'apaisement dans tout ce chaos. Mais je ne reste pas seul longtemps.
– Alors boss, c'est quoi la suite du plan ? Me demande Alvaro en se laissant tomber dans son fauteuil club préféré.
Je souris entre lassitude et amusement.
– Y a pas de plan Alvaro, lui répondis-je calmement.
Alvaro se lève d'un bond et frappe violemment le mur à côté de lui, y laissant l'empreinte de son poing.
– Putain Jake, s'écrie-t-il. J'en reviens pas que tu te laisses faire. On ne va pas accepter que des mecs qui ne nous connaissent pas prennent des décisions nous concernant merde à la fin. A part à toi, j'aide compte à rendre à personne.
– Stop ! Tonné-je ce qui le surprend.
Mais à mon regard et à ma tête, il comprend qu'il doit cesser de suite.
– Il y aura ce conseil des présidents ce soir car JE l'ai demandé pour sauver MA fille et MON club. Tout comme je sais que si on ne fait pas cela, tout cela se poursuivra dans un bain de sang. Et ce n'ai pas ce que JE veux. C'est le seul moyen d'éviter de tout perdre et de faire rentrer les choses dans l'ordre en épargnant le plus de personnes possible, terminé-je autoritaire.
_C'est juste . . . que . . . Putain, je ne fais pas à l'idée qu'un groupe de mecs que je connais va prendre une décision qui va bouleverser la vie de toute ma famille, reprend-t-il toujours énervémais en tenant sa place.
Je souffle un bon coup et me pince l'arrête du nez encore une fois. Je me lève et me dirige vers mon ami. Puis je pose ma main sur son épaule et reprend avec gravité.
– Va falloir que tu prennes sur toi. Car hormis mon père, tu es le seul en qui j'ai suffisamment confiance pour veiller sur les deux choses les plus importantes pour moi si jamais il m'arrive un truc . . .
– Arrête dis pas de connerie, reprend Alvaro la voix remplie d'émotion.
Il essaie de se défaire de mon emprise mais je serre ma poigne sur son épaule et plante mon regard dans le sien en reprenant durement et sérieusement.
– Si jamais je ne rentre pas ce soir. Je compte sur toi pour prendre soin de ma fille et de mon héritage avec le club. Tu es le seul en qui je mette toute ma confiance. Il faudra aussi que tu veilles sur mon père, terminé-je.
Mes yeux restent rivés à ceux d'Alvaro. J'arrive à percevoir toutes les émotions contradictoires qui passent dans son regard. Puis sans un mot de plus, je retourne m'asseoir et lui demande de sortir. J'ouvre le dossier comptable qui est posé sur mon bureau. Durant le mois de trêve, les seules rentrées d'argent du club étaient liées au bar et au garage. Et pour être honnête ce ne sont pas nos meilleures recettes. Avec la vente d'armes suspendue pendant cette période et la collecte des loyers aussi, le club n'est pas au meilleur de sa forme financièrement.
Plongé dans les comptes et les papiers que je termine de vérifier et de mettre au clair. Je ne vois pas le temps passer.
– Jake,. . . Jake, m'appelle Alvaro. Ton père t'attend, c'est l'heure.
– J'arrive, répondis-je en fermant le dossier.
Je pose mon regard sur la photo des deux femmes de ma vie, puis j'enfile mon cuir et prend les clés de ma bécane. Je sors par la porte de derrière ne voulant croiser personne. Mais je reste comme un con quand j'ouvre la porte et vois tous mes frères réunis pour former une haie d'honneur. J'ai le cœur lourd.
– Tu croyais quoi mon frère, commence Alvaro. Ils sont tous là, tous nos frères sont là pour te montrer leur soutien et leur respect. Alvaro me fait une accolade que je lui rends avec plaisir avant de monter sur ma bécane.
J'ouvre la route suivi par mon club. La route pour se rendre au point de rendez vous dans les montagnes dure environ une heure. Je profite de ces moments comme si ils étaient les derniers.
Le chemin de terre nous amène à une espèce de clairière. La nuit tombe doucement et des feux de bengales signalent le chemin. Quand on arrive, je poursuis seul et à pieds les derniers mètres pour me présenter au conseil. Tous les clubs sont représentés. Le silence se fait de lui même. Un des hommes de main du conseil vient m'enlever mon cuir. Je garde la photo de Lisa et Cat dans ma main. L'homme incline la tête, la regarde et me la laisse.
– Jake Deacon O'Connell président des Tears, Weapons and Blood, tu comparais aujourd'hui devant pour le meurtre du président d'un club rival. Pour cet acte tu encours la peine de mort car tu as choisi de prendre la place de ta fille qui a commis ce fait, commence le grand président haut et fort pour que toute l'assistance l'entende.
– Je maintiens mes propos, lui répondis-je à mon tour haut et clair.
– Le conseil ne peut dans ce cas rendre qu'un seul verdict . . . La mort. . .
Aces mots, je ne vois plus rien de ce qui est autour de moi. Je n'entends pas Alvaro crier ou mon père pleurer. Je ne vois qu'elle, la plus jolie de toutes les blondes, Lisa, mon seul et unique amour. Elle est toujours aussi belle. Elle marche doucement vers moi en tenant Catriona dans les bras notre unique petite fille. Je mourrai en cet instant pour la sauver. Je n'ai pas entendu la détonation des balles qui m'ont transpercées le corps. J'entends juste les rires et les babillements de Catriona qui pourra continuer sa vie. Ma vie pour la sienne . . .
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