Chapitre 53 : Catriona
Pendant un instant, je me dis que cela n'est pas possible. Declan m'a dit qu'il a été transféré mais j'ai toujours pensé qu'il parlait d'un hôpital, pas d'une maison isolée. Cela n'est pas possible. Mais un autre éclat de rire me confirme que c'est bien lui.
Je me redresse et me dirige lentement vers la porte. Une fois dans le couloir, j'avance avec précaution vers la porte d'où proviennent les rires que j'ai reconnu. La main sur la poignée, j'ai une hésitation à entrer, mais au fond de moi j'ai besoin de savoir que c'est lui. Et puis pour dire la vérité, je n'ai pas le choix car Anna ouvre la porte et ne semble pas le moins du monde surprise de me trouver là. Je me décale pour la laisser passer et la suis du regard dans le couloir.
J'inspire un bon coup avant de me retourner pour regarder à l'intérieur de la chambre. Et quand je le vois je me sens un peu comme à la maison. Depuis la mort de ma mère, Andrew s'est toujours montré très réconfortant. Il est dans son lit et même blessé, son sourire et sa gentillesse illumine la pièce. Ce qui fait instantanément monter mes larmes aux yeux.
_ Tu vas rester là ou tu viens me dire bonjour ! Me dit - il en me regardant avec douceur.
Je ne sais pas si doit avancer ou pas, mais les regards d'encouragement d'Andrew viennent à bout de mes résistances. J'ose à peine le regarder mais il est la première personne à m'avoir fait du bien après la mort de ma mère. On avait même flirter lui et moi, sa douceur m'avait conquise. Mais ensuite, il y a eu Declan. Sa simple évocation ravive une douleur chauffée à blanc. J'essaie de tenir bon mais je suis incapable de contenir plus longtemps mes larmes.
Andrew ne dit pas un mot de plus mais ouvre ses bras dans lesquels je me réfugie. Je me laisse aller pour la première fois à ma peine. Comme à chaque fois, Andrew fait ce qu'il faut et dit ce qu'il faut. Je ne sais pas combien de temps, je reste à pleurer dans ses bras. Andrew ne se plaint pas. Il se contente de me caresser les cheveux pour m'apaiser. D'ailleurs cela fonctionne car je finis par m'endormir. Et je ne pleure pas dans mon sommeil.
_ Elle dort toujours ? Chuchote Anna.
_ Oui, lui répond Andrew. Elle a besoin de dormir et de se reposer.
_ Toi aussi, reprend - t - elle plus sérieusement.
_ On ne la réveille pas, reprend fermement Andrew.
_ D'accord, mais elle ne doit pas peser sur ta colonne vertébrale, rétorque Anna à son tour sérieuse.
_ C'est bon, elle est bien mise, lui rétorque - t - il sans sourciller alors que je suis couchée en travers de son torse et pèse donc sur sa colonne.
_ J'ai mis un sandwich de plus si elle se réveille, termine Anna comprenant qu'elle n'aura pas gain de cause avant de sortir.
Je voudrai bouger discrètement mais je ne veux pas qu'il pense que j'ai espionné la conversation. Même si c'est un peu le cas mais c'est sans vraiment le vouloir. Je décide d'attendre un peu mais Andrew me connait trop bien.
_ C'est bon tu peux ouvrir les yeux, Anna est partie, me dit - il simplement en reprenant ses caresses dans mes cheveux.
Je me redresse vivement pour éviter de peser sur sa colonne une seconde de plus que nécessaire.
_ Tu as remarqué quand ? Lui demandé - je surprise qu'il ait vu que j'étais réveillé.
_ Je sais quand tu ne dors pas, me répond - t - il simplement comme si c'était une simple évidence.
_ Pourtant j'ai essayé de rester le plus immobile, lui répondis - je un peu vexée d'avoir était si vite démasquée.
On se regarde tous les deux pendant quelques instants et comme à chaque fois que je pense cela impossible. Andrew arrive à me faire sourire malgré moi.
_ Tu peux . . . me passer l'assiette ? Me demande - t - il gêné en baissant les yeux.
Je ne dis rien et lui tends l'assiette après m'être relevée. Je vois qu'il évite mon regard comme si il était honteux de quelque chose.
_ Andrew, qu'est - ce qu'il y a ? Lui demandé - je inquiète.
Je le vois hésiter mais il finit par plonger ses yeux bleus dans les miens. Je comprends aisément qu'il veut dire quelque chose mais qu'il n'ose pas.
_ Je vais te dire quelque chose mais je ne veux pas que tu me regardes différemment, commence - t - il sérieusement.
Je ne l'ai jamais vu aussi grave. Et si inhabituel de le voir ainsi, que cela me fait même un peu peur.
_ Promis, réussis - je seulement à articuler la voix nouée par l'annonce qu'il va me faire.
Andrew inspire un bon coup et se lance.
_ Lors de la fusillade au pique - nique, j'ai clairement failli y passer. J'ai une chance folle d'être en vie mais il y a un contre - partie, poursuit - il difficilement. Une balle s'est logée près de ma colonne vertébrale. Ils ont réussi à enlever la balle mais un œdème important comprime la moelle épinière. Alors il y a des chances qu'il ne disparaissent jamais. Donc il a un risque que je reste paralysé des membres inférieurs, m'annonce - t -il comme si il était un médecin parlant d'un patient lamba alors que c'est de sa vie qui se brise dont il parle. Tout comme je sais ce que le club et la moto représentent pour lui.
Je l'écoute interdite alors que ce qui reste de mon cœur s'émiette un peu plus à chacune de ses paroles. Mais je me ressaisis en pensant à ses paroles et à la promesse que je lui ai faite de ne pas le regarder différemment. Alors je lui souris avant de me relever pour le laisser se reposer. C'est le moins que je puisse faire.
_ Tu fais quoi ? Me demande - t - il la bouche pleine de sa première bouchée de sandwich.
_ Je regagne ma chambre pour que tu puisses te reposer, dis - je simplement.
_ Et ton sandwich ? Reprend - t - il en me montrant l'assiette. J'aime pas manger seul, tu le sais, termine - t - il en faisant sa moue de chien battu qui le rend trop craquant.
Voyant que je ne bouge pas, il enchaîne plusieurs mimiques qui finissent par me faire sourire.
_ OK c'est bon, je mange avec toi, lui répondis - je vaincu en souriant.
Je m'assois sur le bord du lit et commence à grignoter mon sandwich. Enfin, je joue plus avec qu'autre chose.
_ Mange, me rétorque Andrew en se goinfrant.
_ En tout cas, toi, tu as pas l'appétit coupé, lui rétorqué - je en plaisantant.
_ Moi jamais, reprend - t - il en engloutissant la fin de son sandwich.
Andrew ne mange pas, il dévore littéralement. Alors que je peine à avaler quelques bouchées. C'est alors que je le vois regarder avec envie la fin de mon repas.
_ Tu le veux ? Lui proposé - je avec un faible sourire.
_ Je ne devrais pas dire oui car je t'ôte le pain de la bouche mais j'ai trop faim, me répond - t - il avec un sourire un peu gêné.
_ T'inquiète, dis - je en lui tendant, je n'ai pas super faim.
Je vois un voile de tristesse traverser son regard avant de disparaître aussi vite qu'il est apparu.
_ On se mate un film à la télé ? Me demande Andrew en enfournant le reste de mon sandwich dans sa bouche.
_ Tu veux pas te reposer ?
Andrew me regarde l'air moqueur avant de me balancer en riant.
_ Je suis allongé toute la journée. Alors ça va, je ne suis pas usé.
J'hésite avant de lui répondre.
_ D'accord mais pas d'histoires d'amour, lui dis - je peut être un peu trop durement.
Mais comme à son habitude, Andrew ne s'en offusque pas. Il est toujours aussi calme avec un sourire bienveillant.
_ Je pensais un truc plus genre vendredi 13. Jason qui massacre tout le monde, t'en penses quoi ?
_ Parfait, dis - je en me dirigeant vers le fauteuil mais en voyant la tête d'Andrew, je comprends que je dois reprendre ma place à côté de lui sur le lit.
_ Je dis ça parce que dans deux minutes tu vas ronfler, me balance Andrew l'air de rien avec un sourire en coin.
Je veux lui faire un regard mauvais mais quand je pose les yeux sur lui je n'y arrive pas et cela nous fait sourire.
A peine le film a commencé que nous sommes à fond dedans. Le fait que ce soit un film d'horreur m'aide d'autant plus. Et même si le film est captivant, la fatigue des événements à raison de moi. Je sombre très vite dans un sommeil profond. Sommeil pendant lequel je vois son visage. Je caresse son torse tatoué. Je vois son sourire. j'arrive même à sentir son odeur, la chaleur de son corps contre le mien.
Puis sans que je puisse rien faire, il s'éloigne de plus en plus. J'essaie de le retenir mais je n'y arrive pas. Je pleure, je le supplie mais rien n'y fait. La seule chose qui me reste c'est le goût salé de mes larmes sur mes lèvres.
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