Chapitre 40 : Catriona
Je ne sais pas vraiment combien de temps j'ai dormi. Pour autant, je ne montre pas à Declan que je me suis réveillée. Il est concentré sur la route et perdu dans ses pensées. Il fait nuit noir. Et je n'ai pas la moindre idée de où nous allons. Je sais juste que ce sera loin de Portland. J'ai de plus en plus de mal à supporter toutes ses cachotteries. Je sais que c'est pour me protéger mais quand certains de mes amis, pour ne pas dire mon ami, finissent à l'hôpital entre la vie et la mort. J'en ai assez. Je veux savoir quoi qu'il m'en coûte.
J'ai besoin de comprendre, qu'on m'explique. Tout comme je sais déjà que même si je compte pour Declan, je ne serai toujours que sur la deuxième marche. La première est et restera réservée au club. Sa loyauté est sans faille et c'est probablement pour cela qu'il est aussi important pour mon père et les membres.
Mais ce n'est pas ce qui me rend le plus triste. Je suis triste et déçue qu'il ne me juge pas assez forte ou digne de confiance pour tout me dire. Je peux tout entendre venant de lui. Rien de ce qu'il a fait ou fera ne me fera changer d'avis sur lui. Et je sais aussi qu'en cet instant il ne veut pas vraiment être avec moi. Ce qu'il veut c'est être avec ses frères d'armes, le club, pour se venger de ce que ce groupe rival a osé faire au pique - nique, ou encore pour mon agression d'après ce que j'ai pu comprendre.
_ Tu ne veux vraiment pas me parler ? Me demande Declan en me jetant un regard en coin.
_ Comment tu sais que je ne dors pas ? Lui demandé - je au lieu de lui répondre.
_ Ta respiration, me répond - t - il simplement.
_ Ma respiration ? Repris - je surprise en tournant la tête pour le regarder.
Declan ne quitte pas la route des yeux, ce qui me laisse le plaisir de le détailler. C'est vrai qu'il est beau. Je comprends que beaucoup de filles se retournent sur son passage. Traits anguleux et masculins, regard bleu perçant, il a tout pour faire tourner la tête.
_ Oui, commence - t - il après un long silence. Il secoue la tête et soupire comme si il allait me faire une confidence importante.
_ Que veux - tu à force de te regarder dormir, je connais parfaitement ta respiration quand tu dors, poursuit - il sans jamais quitter la route des yeux.
Je sais que je compte pour lui mais je suis aussi surprise. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai parfois l'impression qu'il est avec moi juste pour faciliter sa mission de surveillance me concernant. Pas que je ne compte pas mais pas forcément plus qu'une autre. Et pour autant cette remarque me donne l'impression d'être un peu unique à ses yeux et je finis par sourire sans vraiment le vouloir.
_ On est bientôt arrivé. Dans trois kilomètres, on prendra une petite route sur la droite qui monte dans la montagne, m'informe - t - il.
_ On est où ? Et on va où surtout ? demandé - je peut être un peu trop curieuse.
_ Dans mon chalet de montagne, au nord de l'état de Washington pas loin de la frontière Canadienne, me répond - t - il calmement pile au moment où nous nous engageons sur la dite route qui ressemble plus à un chemin de terre.
_ Et comment connais - tu ce chalet dont je suppose que tu es le seul à connaître l'emplacement, terminé - je sans le quitter des yeux.
_ C'est compliqué, commence - t -il
_ Oui je m'attendais à cette réponse, le coupé - je clairement agacée. Je dois vraiment être stupide pour ne rien pouvoir comprendre de ce qui se passe autour de moi.
_ Catriona, reprend - t - il embêtée.
_ Non c'est bon O'Riordan, j'ai compris, mène ta mission à bien c'est tout ce qu'on te demande, terminé - je en tournant la tête pour regarder la voiture s'enfoncer dans la forêt sur ce chemin sinueux.
Declan comprend que la conversation est close. Quand je comprends que je n'aurai jamais le fin de mots de beaucoup de choses. Et comme me l'avait dit Laura, il me fait souffrir, en tout cas en cet instant. Je ne dis rien et attends que le temps passe. Il a du réduire la vitesse car la route est clairement difficilement praticable. Mais quelle récompense quand il se gare devant ce chalet.
Il est juste superbe. De taille moyenne, il semble chaleureux. Declan se gare sur le côté non loin du tas de bois coupé prêt à être utilisé. Je descends sans rien dire et prends mon sac que Declan me tend. Il s'avance vers la porte et je le suis.
Sans un mot Declan allume une lampe tempête puis il m'invite à le suivre dans une pièce qui s'avère être la chambre.
_ Installe toi et ensuite rejoins moi au salon. J'allume le feu et ensuite on va parler, me balance - t - il avant de quitter la pièce sans que je ne puisse lui répondre quoi que se soit.
Je ne dis rien et ouvre mon sac. Je fais ce qu'il m'a dit et range mes affaires dans les deux premiers tiroirs dans la commode. Le décor est simple mais chaleureux. La salle de bain est de petite taille mais suffisamment grande pour avoir une douche et une baignoire. Je range les quelques affaires que j'ai prise en moins de dix minutes. En revenant dans la chambre, j'entends que Declan a allumé le feu. Je prends la lampe et le rejoins dans la pièce principale où Declan a allumé des bougies et une autre lampe tempête. L'ambiance pourrait être romantique si nous n'étions pas tendus sur le point de nous dire nos quatre vérités.
_ Il n'y a pas l'électricité ? Demandé - je pour amorcer la conversation de façon civilisée.
_ Non, le chalet est autonome, panneau solaire, citerne d'eau et chauffage au bois, rien qui puisse nous permettre de le repérer. Bienvenu chez moi. J'ai construit ce chalet pour être loin de tout. Il n'est connu de personne à part moi, mais ça tu t'en doutais, termine - t - il en remettant une bûche dans le foyer.
_ Pourquoi tu voulais être loin de tout ? Lui demandé - je. Après tout, c'est lui qui a dit qu'on devait parler alors autant y aller.
_ Kelyn, me répond - t - il simplement le visage marqué par la tristesse, ce qui me vrille le cœur.
_ Kelyn ? repris - je pour l'inciter à m'en dire plus.
Il soupire un bon coup et me fais signe de m'installer confortablement. Il prend place sur la table basse devant moi, nos genoux se frôlent créant une sorte de connexion entre nous.
_ Kelyn est irlandaise comme moi. On a grandi ensemble et comme beaucoup de gosses du quartier on est tombé amoureux. On avait des familles de merde et on ne pouvait compter que l'un sur l'autre. Alors j'ai vite commencé à travailler pour des gens peu recommandable et il y a eu une possibilité pour nous de venir ici. L'Amérique, pour deux gosses irlandais c'était la terre promise, la terre de tous les rêves. Mais ici, tout est parti en couille. J'avais commencé ce chalet pour qu'elle et moi on puisse disparaître, mais . . ., s'arrête - t - il la gorge nouée, serrée.
Je sens que ce qui va suivre va lui briser le cœur et cela brise le mien. Je m'avance et pose mes mains sur les siennes mais sa réaction n'est pas celle que j'espérai. Il se lève et s'éloigne de moi. Je veux savoir, mais la vérité est douloureuse et me fait bien plus mal que je ne l'aurai cru. Le fait qu'il me repousse me peine encore plus que le reste.
_ Mais elle a été tuée pour m'atteindre. Et quand elle est morte, j'ai perdu la dernière part d'humanité qu'il me restait. Je suis devenu un monstre sans aucun sentiment, j'ai fait les pires choses que le club a pu me demander. Le pire c'est que je suis devenu bon à ce jeu en plus, pour ne pas dire le meilleur.
Il se retourne et plante son regard dans le mien pour être sûr sans doute que je comprenne bien ce qu'il allait me dire.
_ Je suis un tueur à gage Cat. Mon rôle dans le club est de tuer ceux qu'il faut éliminer pour que le commerce d'armes avec l'Irlande puisse continuer, pour que la vente de la drogue puisse nous permettre de payer les armes. Voilà ce que je suis, Catriona un tueur.
Je le regarde et encaisse tout ce qu'il vient de me dire, les meurtres, la drogue, les armes et pourtant la seule chose que je vois c'est homme amoureux qui a eu le cœur brisé en perdant celle qu'il aime. Je me lève pour m'approcher de lui mais il me fait signe de rester où je suis. Ce que je fais à contre cœur car je veux connaître la suite.
_ Et quelque part après avoir accepté la mort de Kelyn et ce que je suis devenu, ma vie fonctionnait bien. Et toi. Toi tu es arrivée et j'ai perdu pied. J'ai commencé à ressentir des émotions en te regardant, en voulant sans cesse te protéger, en ne supportant pas qu'un autre t'approche et te fasse rire. C'est là que je me suis rendu compte que j'étais foutu, que je t'aime. Et l'idée même de te perdre me rend dingue. L'idée de te dégoûter par mes actes passés, présents ou futurs me fout une trouille pas possible. Je ne veux pas te perdre. Car si j'aimais Kelyn, je suis complètement fou de toi, Catriona. Et oui je préfère mettre de la distance entre nous plutôt que de te perdre parce que tu n'arriveras pas à me regarder en face, termine - t - il.
Je suis complètement bouleversée par ce qu'il vient de me dire. Cette fois, peu importe ce qui arrivera, peu importe ce que l'avenir nous réserve. Nous sommes ici perdu au milieu de nulle part et je compte bien lui faire comprendre que je l'aime autant que lui m'aime. Et que si une femme comme ma mère a pu aimer mon père avec ce qu'il faisait. J'en suis tout aussi capable. Pour Declan je suis prête à faire beaucoup, je ferai tout pour lui.
Je me lève du canapé et avance doucement vers lui. Il semble perdu entre l'obligation de me repousser et l'envie de me serrer dans ses bras.
_ Declan, je suis là. Et peu importe ce que tu as fait ou fera, je t'aime. Je t'aime encore plus pour m'avoir fait confiance et m'avoir dit la vérité, dis - je en perdant dans son regard bleu acier.
Declan rompt ce moment et se jette sur mes lèvres. Notre baiser devient rapidement passionné. Nos langues se caressent, se taquine. Je ne peux retenir un gémissement quand ses mains se posent sous mes fesses pour me soulever. J'enroule d'instinct mes jambes autour de sa taille sans jamais rompre notre baiser. Il retourne sur le canapé où il s'assoit, moi à califourchon sur lui. Je romps notre baiser juste le temps de lui enlever son tee - shirt. Mes mains partent à la découverte de son torse et tous ses tatouages dont je dessine les contours. Je le sens gémir et frémir à chaque fois que mes doigts les frôlent. J'aime savoir que je peux avoir ce pouvoir sur lui. Sans que je m'y attende, Declan retourne la situation en m'allongeant sur le canapé. Il déboutonne chaque bouton de mon chemisier en me regardant avec ardeur. Ce qui m'embrase à mon tour.
Declan reprend mes lèvres avec passion. Puis il descend dans mon cou, ma clavicule pour terminer sur mes seins. Il les caresser et les embrasse avec une infinie douceur tout en dégrafant mon soutien gorge qui se retrouve par terre avec mon chemisier. Sa bouche et sa langue partent à la découverte de chaque parcelle de peau de mes seins. Il agace mes tétons avec sa langue me faisant gémir. Je sens alors sa bouche s'étirer en un sourire contre mes seins. Mais il ne me laisse pas reprendre mon souffle. Il reprend ses divines caresses en déboutonnant mon jean. Je lui mord l'épaule quand ses doigts s'insinue dans mon intimité prête à l'accueillir.
Je suis au bord de l'extase quand j'arrive à me redresser pour lui déboutonner son jean à mon tour. Declan m'embrasse alors que ma main commence à caresser son membre dur avec une lenteur démesurée. Il gémit contre ma bouche ce qui rend encore plus folle de lui. Declan m'empoigne alors les fesses et m'assoit sur lui, me pénétrant avec douceur sans jamais cesser de m'embrasser. Le rythme est lent et langoureux, nous nous embrassons, nous perdons dans le regard de l'autre. Puis la tension est si forte, le plaisir montant, mes hanches ondulent plus vite. Je ne me suis jamais sentie comme ça avec un autre. Lui seul, me fait vivre ça, me fait ressentir ça. Il empoigne mes hanches et accélère le rythme. La tension monte encore d'un cran, nos gémissements se perdent dans les baisers que nous échangeons. Jusqu'au moment où nous nous disons je t'aime au point culminant de notre orgasme.
Declan me garde dans ses bras en me caressant les cheveux. Ma tête est posée sur son torse et bouge au rythme de sa respiration qui se calme doucement. Puis sans un mot, il me porte et m'amène dans la chambre. Il m'allonge dans le lit et colle son corps contre le mien. Nous nous endormons ainsi, lové l'un contre l'autre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top