Chapitre 27 : Declan

Tout a commencé et ou plutôt basculé, il y a quelques jours. Tout se passait bien. J'ai trouvé un rythme de croisière, je fais mon boulot pour le club et cela m'éloigne souvent de la ville, et d'elle par la même occasion. Même si je me demande si tout va bien pour elle, je me pose de moins en moins souvent la question. Naomi passe de plus en plus de temps dans mon appart. Il m'arrive même de me louer de temps en temps une chambre d'hôtel pour me retrouver un peu seul. 

Avant de rentrer prendre une douche après ma mission de surveillance à l'entrepôt, je passe voir Alvaro pour lui faire mon rapport comme à chaque fois. Je lui dis tous les faits marquants de la nuit. Une fois fini, je me dirige vers la porte quand Alvaro engage la conversation sur un ton plus confidentiel.

_ Alors comment ça va avec ma frangine ? Commence ce dernier sur le ton de la plaisanterie.

Je le regarde avec un sourire en coin en me demandant s'il veut vraiment que je lui explique comment cela se passe avec elle. Me voyant ainsi Alvaro se reprend et reformule sa phrase.

_ Ouais enfin t'as compris ? 

_ Ça se passe, répondis - je laconique. 

 J'ai jamais aimé parler de ma vie privée, et encore moins avec le frère de ma copine. Je suis presque surpris moi - même de dire ma copine en parlant de Naomi. Cela me semble tellement irréel mais c'est pourtant le cas. Je ne me vois pas tout lui déballer alors je lui dis simplement ce qu'il peut entendre. Mais aussi ce qu'il souhaite en entendre.

_ Disons que Naomi connait les règles de club et la vie que l'on mène donc cela rend clairement les choses plus faciles, terminais - je 

_ Donc c'est sérieux ?  Reprend Alvaro cette fois - ci avec le ton du grand frère protecteur. 

Cette fois, je perds mon sourire en coin.  Je ne supporte pas qu'on empiète sur ma vie privée, peu importe qui sait. Il a beau être son frère et bosser pour le club, je lui réponds ce que je pense.

_ Ecoute, je comprends que tu veuilles protéger ta sœur. Mais comme tu l'as dit  toi même, Naomi est une grande fille tout à fait capable de se défendre toute seule, lui rétorquais - je agacé.

Alvaro semble comprendre à mon ton et ma posture qu'il vaut mieux en rester là pour aujourd'hui. Il reprend son rôle dans la club, ce que je vois à son attitude et au timbre de sa voix quand il reprend. 

_ C'est bon pour moi. Mais avant de rentrer, il faudrait que tu passes voir Jake à l'atelier, termine - t - il en retournant à sa paperasse.

Je lui fais un signe de tête et me dirige vers la porte. Arrivée dans l'atelier, un des mécanos m'indique que Jake bosse dans le fond sur sa vieille bécane. Merde, me dis - je à moi - même. Ce que j'avais appris de Jake depuis que je le connais, c'est qu'il ne bosse sur cette moto que quand il est réellement contrarié. Je m'avance alors prudemment vers lui et lui signale ma présence par un simple bonjour.

_ Donne moi une minute, me répond -  t -  il simplement en s'extirpant de sous sa moto.

Je me décale et me mets dans un coin de l'atelier à l'abri des regards indiscrets me doutant déjà du caractère confidentiel de la discussion qui va suivre.

_ Bien, je ne vais pas tourner autour du pot. Et tu es libre de refuser, si tu ne veux pas car se sera une mission personnelle, commence - t - il.

_ D'accord mais tu sais très bien que ma réponse sera oui, lui rétorquais - je sincèrement. 

Avec tout ce que Jake avait fait pour moi, il pouvait me demander ce qu'il voulait, se serait oui sans la moindre once d'hésitation. Mais quand je vais savoir de quoi il retourne, je risque de déchanter sérieusement.

_ Tu  sais pourquoi j'ai la garde Catriona, reprend - t - il.

_ Oui, dis - je simplement.

Il inspire profondément et me jauge avant de reprendre avec une voix calme et posée.

_ J'ai avancé dans l'enquête sur la mort de Lisa. Et ce que je découvre ne me plaît pas du tout. Donc je voudrais que tu assures la sécurité de ma fille . . . mais à distance. Elle doit se rendre compte de rien. Ni elle ni les autres d'ailleurs, termine - t - il en parlant plus bas.

Jake se dirige vers l'extérieur et je le suis sans un mot. La situation s'avère plus compliquée que je ne le pensais. Une fois sur le parking, il reprend.

_ Je vais trouver un truc pour les autres. Une mission qui t'occupe mais qui a un lien avec le club et dont tu rendras des comptes uniquement à moi. Je veux que tu la surveilles et que tu enquêtes sur toutes les personnes qui s'approche de loin ou de près d'elle, s'arrête - t - il quand le mécano sort de l'atelier pour venir le chercher.

Il me serre alors dans ses bras et mets un téléphone dans ma poche. Puis il reprend tout bas.

_ Ne communique avec moi pour elle qu'avec ce téléphone, termine - t - il avant de rejoindre l'atelier comme si de rien n'était. 

Je le regarde s'éloigner en me demandant dans quel merdier je me suis mis. Dire que je pensais avoir trouvé un semblant d'équilibre en me tenant loin d'elle mais cela me sera totalement impossible à partir de maintenant. Bon pas la peine de se lamenter, je jette un coup d'œil sur mon portable pour voir son emploi du temps. Cela me laisse le temps de passer chez moi prendre une douche avant d'aller prendre la température sur le campus. 

Dans mon appart, je me retrouve face à Naomi qui sort de la salle de bain et me saute au cou en me voyant ici à cette heure de la journée. Je n'ai pas le temps de dire quoi que se soit qu'elle m'embrasser langoureusement. Elle a beau cocher toutes les cases sur le papier cela ne colle pas et malheureusement cela ne collera jamais. Mais j'en ai pris mon parti. Je voudrais l'éloigner un peu pour pouvoir mettre un peu mes idées au clair et voir si continuer avec elle est une bonne idée sachant que je vais devoir passer mes journées à veiller sur Catriona. Mais contre toute attente, elle va m'offrir la solution sur un plateau.

_ Je suis super contente de te voir, commence - t - elle en m'embrassant puis elle se dirige vers le dressing où elle a déjà ramené bon nombre de ses fringues. 

_ Je vais devoir aller voir ma cousine à Vancouver au Canada. Elle s'est fait larguée à huit mois de grossesse. Alors je lui ai promis de venir l'aider jusqu'à l'arrivée du bébé et quelques semaines après aussi, me dit - elle en remplissant sa valise.

_ C'est sympa ce que tu fais pour elle, commençais -  je content que la solution vienne d'elle.

_ Oh, tu sais. Elle est adorable mais incapable de choisir un mec. Bref mon train part dans une heure et mon Uber ne devrait pas tarder. Je ne savais pas si je te verrai avant de partir, donc c'est super que tu sois là. 

Elle n'arrête pas de parler et pour être honnête j'attends avec impatience le message du Uber qui arrive enfin. Une fois qu'elle est partie, je profite enfin du silence. Je file sous la douche et essaie de faire le vide alors que c'est un sacré bordel dans ma tête.

Les jours passent et la surveillance de Catriona est relativement facile. Elle fréquente peu de monde hormis Laura et Andrew. Et il y a aussi ce Zack qui est son partenaire de recherche. Je ne suis pas sûr que le cursus qu'elle ait choisi plaise à son père. Car quand j'ai parlé avec lui, il est persuadé qu'elle est en littérature anglaise comme à Los Angeles. Hors la voie qu'elle suit  ici est bien différente. J'aimerais en parler avec elle avant de devoir le dire à son père. Bizarrement je pensais qu'être prêt d'elle serait compliqué mais en fait j'ai juste l'impression que la tenir loin de moi est ce qui me fait mal. 

Ce soir, je sais qu'elle doit bosser à la bibliothèque donc j'aurai un peu de temps pour trouver des infos sur ce Zack. C'est bizarre mais ce mec est beaucoup trop lisse pour être honnête. Je ne le sens pas et je n'arrive pas à mettre le doigt dessus ce qui m'agace d'autant plus.

Je suis là tapi dans le noir attendant qu'elle sorte de la bibliothèque. Je le regarde et la suis à distance alors qu'elle se dirige vers sa voiture garée à quelques minutes de marche quand trois gars se rapprochent d'elle dangereusement. Et mon pressentiment est le bon. Quand le premier pose la main sur elle, c'est mon instinct qui parle. Je ne réfléchis pas et rentre dans le tas. Je me débarrasse rapidement de ces trois types. Et si elle n'avait pas été là je les aurai tués.

Elle est complètement bouleversée alors je l'emmène chez moi. Quand elle me soigne je dois tenir le choc pour ne pas l'embrasser mais j'arrive à tenir. Je la laisse dormir dans ma chambre et file sur mon canapé, où pour être honnête je lutte de toutes mes forces pour ne pas la rejoindre. Jusqu'à ce que l'entende en panique dans ma chambre. Je me lève d'un bond et cours la rejoindre. Quand elle me raconte son cauchemar à demi mots, je ne pense qu'à une seule chose retrouver ces types et les tuer. 

Elle est là devant moi si fragile et désemparée. Je ne supporte pas de voir la peur dans son regard quand elle pense à ce qui aurait pu se passer. Alors je fais la seule chose que je peux faire mais surtout celle que je crève de faire depuis qu'elle est entrée dans ma vie.

Je l'embrasse. Les battements de mon cœur s'emballent  comme jamais. Mes mains parcourent son corps et quand les siennes me touchent. Ma peau frissonne comme elle ne l'avait jamais fait avant. Je me sens bien. Je crois bien que je n'ai jamais été aussi heureux de toute ma vie, jusqu'à ce que mon téléphone sonne. C'est la règle du club, je dois répondre mais je regrette car elle lit le nom de l'appelant en même temps que moi. Et le moment magique que nous vivions s'effondre en un instant quand nous lisons tous les deux . . . Naomi

Sans un mot, je raccroche et Catriona se lève et se dirige vers ses affaires.

_ Qu'est - ce que tu fais ? Demandais - je déçu.

_ Je me rhabille et je rentre chez moi, commence - t - elle. Et puis tu as un copine ce que j'ai oublié comme moi j'ai Andrew. C'est un garçon génial et . . .

_ Et quoi ? M'énervais - je à l'idée qu'elle parle de lui alors que je venais de l'embrasser. Il te faist ressentir ce que moi je te fais ressentir. Quand il te touche, tu frissonnes comme là, dis - je en la touchant. Et quand il t'embrasse, poursuivis -je en l'embrassant.

Elle lutte pendant quelques secondes avant de répondre à mon baiser. Puis elle stoppe et fait deux pas en arrière.

_ Non, c'est horrible ce que je viens de faire à Andrew. C'est un gars génial et toi tu as . . . tu as Naomi. Alors je vais rentrer chez moi et demain on oubliera tout ce qu'il vient de se passer me dit - elle en enfilant son pantalon et en fourrant le reste de ses affaires dans son sac. Elle prend alors ses clés et court pour sortir de l'appartement. Je claque la porte derrière elle et balance par terre tout ce qu'il y a sur la console de l'entrée. Puis je vais dans le salon et prends la première bouteille de whisky que je vide rapidement.

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