Chapitre 6.

Nous nous étions rendues sur la plage ce soir là. L'heure avancée de la nuit causait une absence totale de présence humaine autre que la notre, et encore plus dans la partie reculée et toujours déserte dans laquelle nous nous trouvions. Lauren m'avait proposé de rentrer mais, j'avais gentiment décliné son offre. La première cause a ce refus étant que, je n'avais pas le courage de faire face aux questions d'Ally lorsque je rentrerai, bien que je ne pensais pas en être davantage capable quelques heures plus tard, au petit matin. La deuxième raison étant que je n'avais absolument pas la force de supporter les murmures de mes camarades et leurs regards, soit emprunt de pitié, soit emprunt de dénigrement à mon égard, même si, à cette heure ci, tout le monde au lycée devait être terré dans leurs chambres à roupiller. Et enfin, la troisième raison, que je ne pouvais plus niée maintenant, était que la présence de ma superbe professeur à mes côtés me faisait oublier mes problèmes le temps d'un instant et, cette présence m'était incroyablement agréable. Savoir Lauren à mes côtés, éloignée de seulement quelques centimètres, alors que l'on était sortie d'un cadre purement relationnel à la relation entre une professeur et son élève, m'égayait et me faisais sourire bêtement comme une enfant comblée par ses cadeaux de noël. Nous nous contentions d'avancer sans but précis, les vagues s'échouant à nos pieds, et je me surprenais à trouver ce paysage et cet instant on ne peut plus romantique. Mais le statut de Lauren vis-à-vis de ma personne cassait cette image de romance dès que ce constat me revint en mémoire. Nous étions chacune emmurée dans un silence à la limite entre un aspect agréable et un autre pesant. Je répétais dans ma tête des phrases dénuées de sens, les tournant et les retournant encore dans le but d'en trouver quelques unes qui m'auraient semblées correctes, appropriées et satisfaisantes pour lui expliquer mes tourments. Mais, j'avais beau m'efforcée à faire cela, chacune d'entre elles me paraissaient encore plus succinte que la précédente. Alors, c'est un soupir franchissant l'orée de mes lèvres qui brisa le silence qui s'était installé depuis un bon moment déjà. Ce simple souffle suffit à ce que Lauren reporte son regard sur moi avec un léger sourire me témoignant tout son encouragement, à l'image même de ses pupilles qui reflétait un scintillement de bienfaisance et de réconfort. J'avais déjà pu remarquer en classe, entre deux de ses regards sévères, que la jeune femme qui se tenait à côté de moi maintenant, ne dégageait pas l'ombre d'un grain de méchanceté. Elle avait cette faculté inouïe lui permettant de mettre à l'aise n'importe quelle personne lui faisant face et, à chaque fois que ses doux et profonds yeux vertes émeraudes se posaient sur moi ou mieux, rencontraient mes orbites noisettes, j'avais cette sensation de puissance qui envahissait mon corps, qui faisait frémir ma peau et qui avait le don de faire s'emballer mon cœur d'adolescente. Concrètement, face à ce regard envoutant, je me sentais tout simplement importante. Lauren se racla la gorge et, cette action eu pour effet, et peut-être en était-ce le but, de me sortir de mes pensées purement anormales à l'égard de celle qui était ma professeur titulaire. Je croisais à nouveau son regard et ouvrait la bouche afin de parler mais, aucuns mots n'en sortit. Les yeux de la professeur restèrent emplis d'une lueur de compassion et, je me surprenais maintenant à admirer la patience qu'elle possédait, et dont elle faisait preuve à longueur de journée avec les élèves qui s'efforçaient un tant soit peu de comprendre, et de retenir, sa matière. C'est finalement sa saisissante voix rauque qui rompit l'absence de bruit régnant dans la nuit sombre.

Tu arrives à dormir la nuit ? me demanda-t-elle simplement.

Je fronçais légèrement les sourcils à sa question inattendue. C'était une question tout bête et sa portée n'en était, de ce fait, pas moins surprenante. Néanmoins, j'avais compris son but. C'était en quelque sorte la manière simple de Lauren de me faire parler sans que je ne réfléchisse pleinement aux mots que j'emploierai dans ma réponse. C'était intelligent, et surtout, cela fonctionnait à la perfection. Un sourire légèrement amusé se glissa sur mes lèvres et, à celui de Lauren, je comprenais qu'elle avait pleinement conscience que j'avais assimilé sa technique.

Pas vraiment. avouais-je alors en reportant mon regard sur la mer qui s'échouait à mes pieds. A chaque fois que je ferme les yeux, je revois Shawn et je sens ses mains sur mon corps... J'ai eu si peur Lauren...

Mes yeux s'étaient embués à ses simples paroles, rendant ma vision plus floue qu'à l'accoutumée. Ce n'est que lorsque Lauren s'arrêta pour me serrer dans ses bras que je remarquais m'être soudainement stoppée dans ma marche. Ses bras puissants entouraient mon corps, serrant nos deux poitrines l'une contre l'autre. Ce geste aurait sans doute pu, et dû, me troublée, seulement là, je me contentais d'apprécier cette proximité nouvelle et naissante. Je reposais mon menton contre son épaule et enfouissais mon visage dans le creux de son cou, humant discrètement son odeur enivrante. Lauren émanait une douce fragrance de vanille et de savon. Je refermais enfin mes mains dans son dos, lui rendant son étreinte et m'autorisant à pleurer, pour la première fois ou presque, depuis ce qu'il s'était passé cette nuit là, lors de la fête à laquelle Shawn m'avait traînée contre ma volonté. Chaque reniflement faisait remonter le parfum de la jolie enseignante le long de mes narines, me rendant un peu plus dépendante à chaque fois qu'il éteignant mon cerveau, et par la même occasion mon cœur, tandis que je fermais les yeux pour profiter de ce mince excès de plaisir, éphémère, au milieu de ma tristesse omniprésente actuelle.

Shut... me murmura la grande brune qui me dépassait de quelques centimètres seulement. Sa voix était tendre et, elle parvenait à me détendre sans mal, calmant légèrement mes pleurs bruyants. Il ne te touchera plus Camila. Je te promets de faire en sorte que cela n'arrive plus. ajouta-t-elle face a mon stoïcisme dubitatif.

Je me serrais un peu plus contre son corps chaud et rassurant. Ses formes chaleureuses épousaient parfaitement les miennes Et, j'essayais de ne pas me laisser perturbée par la sensation étrange, et pourtant familière, qui m'envahissait depuis la rentrée. Mon cœur ratait un battement avant que ceux-ci ne retentissent que plus fort dans ma cage thoracique, faisant s'emballer mon pouls. Je pouvais sentir les pulsations de mon cœur battre à un rythme irrégulier dans ma poitrine alors que je ressentais un léger papillonnement indicatif au fond de mon estomac. Et c'était les paroles de Lauren qui étaient, sans aucuns doutes, précepteurs de ce phénomène. La belle professeur savait décidément comme me parler. Je me laissais petit à petit tomber pour celle ci, séduite par ses jolis mots autant que par ses actes tendres et son physique attrayant et avantageux.

Merci... dis-je avec reconnaissance avant d'embrayer sur la question démangeante qui trottait dans mon esprit. Pourquoi fais-tu tout cela pour moi ? Je veux dire... Tu n'es pas obligée de le faire, après tout, on ne se connaît pas tellement.

Parce que je sais ce que c'est qu'être traumatisé par quelque chose. répondit-elle simplement après un long moment de silence marquant son hésitation. Et parce que je sais qu'on ne s'en sort pas seule.

Je m'écartais alors doucement de son corps chaud et je la toisais un instant supplémentaire. Elle plongea pour la énième fois ce soir son regard dans mes pupilles noisette et, je sentis l'une de ses mains quitter mon flanc pour se poser sur ma joue de manière tendre. Je fermais instantanément les yeux en cherchant à prolonger ce contact ayant fait frémir ma peau. Doucement, elle repoussa une mèche de mes longs cheveux bruns derrière mon oreille. L'instant d'après, je fus saisie d'un frisson. Je sentais son souffle chaud et saccadé sur mon visage et mon cœur s'emballa encore plus. Maintenant, ses pulsations frénétiques semblaient prêtes à détruire ma cage thoracique en la faisant imploser de l'intérieur. J'ouvrais subitement les yeux, et, prise d'une pulsion nouvelle et irrésistible, je réduisais l'espace restant entre nos deux visages. Mes lèvres effleurèrent chastement les siennes avant qu'elle ne finisse l'action que j'avais entamée. Ses lèvres pulpeuses embrassèrent alors les miennes. Instinctivement, je suivais sa cadence en mouvant les miennes contre les siennes, savourant ce baiser sensationnel que j'avais provoqué. Une nuée de papillon semblait s'envoler dans mon estomac en lui faisant faire des montagnes russes et, une fanfare de musicien tous plus déchainés les uns que les autres semblaient avoir élus domiciles dans mon cerveau. Je ne mesurais pas encore l'ampleur du geste que nous étions en train d'échanger Lauren et moi. Du moins, jusqu'à ce que celle-ci ne me repousse avec vivacité mais, sans violence pour autant. Ses deux mains sur mes épaules me tenaient maintenant éloignée le plus possible d'elle et je pouvais lire dans son regard émeraude toute la douleur du monde. Mes sentiments se bousculèrent à nouveau, me faisant passer de la surprise à l'incompréhension, en passant par une multitude d'autres sensations résultant de la peur et de la tristesse. Ma bouche entre-ouverte témoignait de ma stupeur, mon organisme interne de ma tristesse qui criait son agonie et mes yeux, de ma terreur la plus profonde maintenant que je réalisais que Lauren restait ma professeur avant d'être une éventuelle amie pouvant m'aider. Mais l'évidence était qu'avec ce geste instinctif et surtout, involontaire, je risquais d'avoir perdu le peu de lien que nous avions réussi à tisser jusque là et, je m'en voulais. Mes yeux s'embuèrent à nouveau et, m'échappant des bras tendus de Lauren qui était murée dans un silence de mort, je tournais mes talons et prenait mes jambes à mon cou une nouvelle fois. Détalant comme un lapin, je courrais toujours plus vite dans le sable, remontant vers la baie pour retrouver le macadam dur qui ne me ralentirait plus. Je pouvais entendre les cris de Lauren appelant mon prénom mais, je continuais ma route sans me retourner, car la peur était plus grande que tout le reste. J'étais tétanisée d'avoir été capable d'embrasser ma prof, j'étais apeurée à l'idée qu'elle puisse me faire une quelconque remarque pouvant briser mon cœur un peu plus et surtout, j'étais effrayée d'avoir embrassée une femme, qui plus est, de sept ans mon aînée. Je n'étais pas lesbienne. Enfin, je ne pensais pas l'être et, il était vrai que, jusque là, je ne m'étais jamais réellement posé la question. Mais maintenant que je réalisais l'ampleur de mes sentiments à l'égard de mon professeur, tout ce chamboulait dans mon esprit confus. J'avais peur de ce que Lauren allait penser de moi désormais, autant que j'avais peur de me livrer entièrement à elle, s'il s'avérait qu'elle souhaitait aussi ce que je voulais. Alors au final, je me contentais de courir, semant la belle brune qui avait très vite tenté de me talonner. Mais elle n'était pas assez rapide et, probablement, pas suffisamment en conditions physiques pour suivre la distance que je tenais maintenant malgré mes jambes engourdies d'avoir déjà trop couru au stade. Je ne m'arrêtais que plusieurs rues plus tard, me rendant compte que j'avais repris la route du lycée sans même m'en rendre compte. Reprenant mon souffle quelques instants, je me remis à trottiner jusqu'à la partie la plus éclairée de la ville, consciente que je serais incapable de rentrer au pensionnat à pieds. Trop de kilomètres séparaient l'endroit où je me trouvais de celui de ma destination. J'arrivais bien vite sur la place centrale de la ville où se trouvait une petite fête foraine, source de la lumière excessive émanant dans les rues alentours. Je me laissais donc tombée sur le premier banc libre qui s'offrait à moi et, pour la deuxième fois de la soirée, j'éclatais en sanglots, les genoux remontés contre ma poitrine et ma tête dans mes bras en me balançant d'avant en arrière.

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Salut salut ! Je m'excuse pour mon absence de... deux semaines il me semble. J'ai vraiment pas eu le temps d'écrire, l'inspiration me manque en ce moment mais... Me revoilà avec un nouveau chapitre que, j'espère, vous avez aimez !

Laissez moi vos commentaires !

Je ne veux pas vous faire de promesses que je ne pourrais pas tenir alors, je ne vais pas vous donner de date pour le prochain chapitre. Mais je vais quand même essayer de vous le poster la semaine prochaine, bien que je ne puisse pas vous le promettre.

Gros bisous !

Chloé.

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