Nous avions quitter l'enceinte de l'établissement ce soir là. J'avais rejoint mon véhicule, accompagnée par la jolie adolescente qui suscitait mon aide. Son sourire n'avait pas quitté ses lèvres et, la voir en proie à un plaisir éphémère me réchauffait le coeur au point que celui ci se mette à s'emballer lorsque je posait mes yeux sur son visage à la peau halée et aux traits si fins. Dans rompre le silence qui c'était installé entre nous, je deverouillait les portières de mon SUV et je prenais place a l'intérieur. Camila ne s'était pas fait prier pour m'immiter et quelques secondes plus tard, elle était installée à mes côtés, sa ceinture de sécurité bouclée. Respectant encore ce silence omniprésent, je me contentait d'offrir à la jeune femme un sourire réconfortant et tendre, auquel elle pris soin de répondre, avant de démarrer et de prendre la route, sans but précis.

- Il y a un endroit où tu veux aller ? demandais-je simplement.

Les gargouillis de son ventre accueillerent ma question avant même qu'elle ne puisse y répondre. Son visage précédemment égaillé se faisait soudainement penaud et je ne pût m'empêcher d'esquisser un sourire amusé face au malaise de ma jeune élève.

- Tu n'as pas mangé depuis quand ? m'enquis-je alors afin qu'elle confirme ce que je savais déjà et, dans le but de lui faire la conversation.

- Ce midi... avoua-t-elle en scrutant mon visage qu'elle connaissait pourtant par coeur.

Cette action me fit frissonner autant qu'elle me mit légèrement mal a l'aise. Ce n'était pas la première fois que je ressentait ça et, cela me perturbait davantage. A de nombreuses reprises, en cours, je pouvais capter sur regard sur ma personne, de maniere incessante. Alors le malaise prenait possession de mon corps au même titre que ses frissons singuliers et, je devais me faire violence pour réussir à ne rien laisser paraître. Durant mes cours, même si reprendre contenance pouvait être compliqué, il me suffisait de me focaliser sur un autre élève ou, parfois, de la regarder à mon tour pour qu'elle détourne le regard, me libérant ainsi de l'emprise particulière qu'elle réussissait a avoir sans même s'en rendre compte. Mais là, dans cette voiture, j'avais beau soutenir son regard quelques instants, elle ne cherchait pas à fuir le mien. Au contraire, elle le soutenait. Reportant mon regard sur la route devant moi, j'essayais de faire face à mon malaise grandissant, en espérant qu'elle ne le remarque pas.

- Je connais un fast-food sympa. Je vais t'y conduire, tu pourras manger tranquille. J'ai faim aussi de toute manière. ajoutais-je avant qu'elle ne proteste, car, sa bouche venant tout juste de s'ouvrir m'indiquais que c'est ce qu'elle allait s'empresser de faire.

- Merci. se contenta-t-elle de me répondre de ce fait.

Je lui offrait un énième sourire avant de m'engouffrer sur une bretelle d'autoroute afin de quitter la ville. Je ne souhaitait pas prendre le risque que quelqu'un ne nous reconnaisse. Je n'étais absolument pas sensée passer du temps avec mon élève en dehors du cadre des cours et, encore moins, le faire au beau milieu de la nuit. Augmentant le volume du poste, je me laissais emportée par la musique familière d'une de mes chansons du moment et me mettais à chanter à tue-tête. Je fut rapidement rejointe par la voix de Camila que je découvrais magnifique malgré ma surprise. Je ne m'étais pas attendue à ce que la jeune fille se révèle soudainement suffisamment extravertie pour chanter avec moi, sans appréhension. Mais, c'était une chose qui me seduisais. Je ne connaissais pas encore cette facette de sa personnalité et pourtant, j'étais déjà persuadée que je n'aurais aucun mal a l'apprécier autant que j'appreciais la personnalité qu'elle m'avait dévoilé jusque là.

Enfin arrivées devant le dit fast-food, je me hâtais de me garer sur le parking prévu à cet effet. J'avais l'habitude de venir manger ici environ une fois par semaine avec Dinah et Normani depuis la rentrée. C'était d'ailleurs la polynésienne qui avait instauré ce petit rituel entre nous. Je ne connaissais que très peu Normani lorsque celle qui était devenue ma meilleure amie nous avait proposé de nous retrouver, chaque vendredi, dans ce bâtiment qui constituait un peu le Saint Graal de Dinah. J'avais alors accepter, non seulement car cela me permettait de côtoyer la polynésienne en dehors des cours mais aussi, car je voulais en apprendre davantage sur l'afro-américaine qui avait, je l'avais compris, voler le coeur de mon amie. Lors de notre première sortie, j'avais enfin pu mettre une discipline sur ce qu'enseignait la typée. Celle-ci m'avait aussi appris avoir plusieurs de mes élèves dans le cadre de l'option sportive dispensée pour le bac. C'était aussi lors de cette première réunion Tupperware, comme l'avait surnommée certains de nos collègues nous ayant surprises ici un jour, que j'avais découvert cet endroit culinaire incroyablement bon pour un fast-food.

Pénétrant dans l'endroit où les serveurs commençaient à me connaître, je me faufilais dans l'une des queues derrière le comptoir, suivie de près par Camila. La situation assez particulière dans laquelle nous nous trouvions nous poussaient à nouveau au silence. Je me permettait parfois, de lui jeter quelques regards en coin, consciente qu'elle agissait de même. J'en venais même à réfléchir à ce qu'elle devait éprouver en cet instant. Était elle intriguée comme moi ou, au contraire, était elle totalement mal a l'aise? Elle ne le semblait pas vraiment. Toutefois il était compliqué pour moi de poser des mots, des sentiments, sur son attitude à la fois calme, réservée et totalement désinvolte. Est ce qu'être en présence de son élève et, être en présence de sa prof, conférait exactement le même effet ? C'était une question à laquelle je n'avais pas la réponse malgré mon envie de l'avoir. Je ne pouvais pas tirer de conclusion là dessus. Je ne pouvais pas car je n'avais jamais vécu avec l'une de mes professeurs du lycée, ce que Camila vivait avec moi en cet instant. Certes, ce n'était pas grand chose mais, cela restait totalement anormal.

- Bonjour, que puis-je vous servir ? me demanda le serveur alors que je tressaillais de surprise, sortie de mes pensées.

Il me fallait un instant pour prendre conscience des mots du jeune homme. Je me tournai alors vers la jeune fille a mes côtés pour lui faire signe de commander la première. Regardant rapidement les tableaux, elle passait aussitôt commande, ayant parfaitement saisi ma requête silencieuse. Je me hâtais alors de choisir, trouvant le temps bien trop court tout a coup. Sans avoir vraiment eu le laps de temps nécessaire pour choisir mon repas, je me contentait alors de commander la même chose que l'adolescente. Récupérant nos plateaux une fois servies, nous nous installions non loin de la sortie. Ou plutôt, je m'installait non loin de la sortie. Camila n'avait juste fait que me suivre sans poser davantage de question. La vérité étant que, je voulais avoir la possibilité de fuir si jamais je reconnaissais quelqu'un du bahut de loin. Bien que je doutais fortement que l'un d'entre eux n'ai la soudaine envie de faire une dizaine de kilomètres pour aller se chercher un hamburger à 22h30 mais, sait on jamais. Installée face à Camila, je la regardais mordre dans ses nuggets avec un appétit d'ogre. La voir se jetée littéralement sur la nourriture devant elle m'arracha un petit rire amusé que je fut dans l'incapacité de réfréner plus longtemps. Camila était définitivement un mystère pour moi. Et j'avais la sale manie de trop m'intéresser aux mystères.

- Bah... Quoi ? me demanda l'adolescente avec un air à la fois penaud et incrédule que je n'aurais jamais imaginé possible. Pourquoi tu... vous rigolez ? J'ai un truc coincé entre les dents ?

Son soudain tutoiement passa littéralement au dessus de mes oreilles. J'était bien trop occupée à rire de son petit air juste adorable. La vérité étant que, ce léger rapprochement vocal, même si elle s'était reprise, ne m'avait étrangement pas déranger le moins du monde. Non, ça ne me dérangeait pas si cela venait d'elle. J'avais l'impression d'être victime d'un sort enjoleur. Mon coeur s'emballait et, si la sensation agréable que cela me procurait me faisait le plus grand des bien, la peur qui émanait de ce phénomène n'en était que grandissante. Je n'en était pas a mon premier amour. Et j'en connaissait bien trop les symptômes. Je souhaitais, de tout mon coeur, me reprendre et mettre un terme à tout ça avant qu'il ne sois trop tard et avant que les répercussions ne sois beaucoup trop lourdes. Mais, avec toute la volonté dont je pouvais faire preuve, j'étais tout simplement incapable de continuer à garder mes distances avec cette élève, devenue si importante en quelques jours a peine. Enfin, quelques jours étaient un peu se voiler la face. Ce genre de relation n'est pas celui qui se développe ainsi du jour au lendemain. Et ce, même lorsque les circonstances sont aussi exceptionnelles et importantes que celles-ci. Je savais que je ne voulait pas regarder la vérité réellement en face. Vous croyez au coup de foudre ? Moi non plus. Et pourtant j'avais sous les yeux la réalité même de l'existence de ce phénomène. Car cela aurait été mentir de dire que je ne me rapprochait d'elle uniquement à cause de l'acte dont j'avais été témoin et qu'elle ne m'avait pas frapper dans l'oeil des le début. Je me souvenais très bien de son entrée fracassante et qui m'avait marquée, le jour de la rentrée. Moi qui me pensais en retard ce jour là, j'étais tout de même parvenue à atteindre ma salle quasiment à l'heure et, j'avais commencé à faire l'appel, comme chaque jour. Alors que j'appellais une dénommée Karla Cabello, l'adolescente avait levée son bras tellement fort, qu'elle avait glissé de la chaise sur laquelle elle se balançait pour s'effondrer sur le sol. Et ce, avant de se relever comme ci rien était en me reprenant gentiment et timidement sur son prénom afin de me demander de l'appeler Camila. C'est ce jour là, qu'elle avait marqué mon coeur au fer rouge sans même s'en rendre compte. Mais je m'étais efforcée à garder une distance convenable entre elle et moi puisque le protocole exigeait qu'elle ne sois rien de plus qu'une élève parmi tant autre. Sauf, que je n'y parvenais plus aujourd'hui. Je n'y arrivais plus depuis ce qu'il s'était produit la veille. Et le pire dans tout ça, c'est que je n'était pas sûre de réellement vouloir y arriver.

- Non non, c'est juste que je n'avais jamais quelqu'un manger aussi vite. avouais-je, totalement attendrie. Et si tu veux me tutoyer en dehors des cours... Vas y. Je pense qu'on est dans la même galère maintenant.

- Du coup... commença-t-elle en mordant à nouveau dans son nugget. Toi c'est Lauren c'est ça?

J'étais réellement bluffée par la désinvolture et le manque de timidité dont elle faisait preuve en cet instant. En temps normal, cette attitude de la part des adolescents en tout genre me revulsait. Mais là, je n'arrivais pas à ressentir cette indignation horripilante qui me saisissait les tripes en temps normal. Tout ça pour quoi? Car c'était Camila et que mon coeur avait décidé de s'en mêler.

- Tu retiens vite. acquiescais-je sans plus en ajouter.

- J'aime bien. Lauren. C'est un beau prénom. me fit-elle part en haussant les épaules.

- Camila, c'est joli aussi.

- Oui. Mais ça ne sonne pas pareil. me répondit-elle en haussant à nouveau les épaules.

Je n'insistait pas face à cette réponse que je trouvais plutôt catégorique. Le silence repris une nouvelle fois sa place de maître et nous finissions de manger tranquillement. Je me contentait de l'observer terminer son plateau, vaquant a mes réflexions. Nous avions quitter l'établissement pour discuter de ses tourments et, j'avais bien compris qu'elle ne savait pas comment aborder le sujet. Alors, la laissant terminer sans brusquerie, je pensais simplement à comment l'amener à me parler de ses craintes sans que cela n'ait un air d'obligation de ma part...

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Voici la suite de cette passionnante histoire... qui va je ne sais où. Bref, laissez moi vos commentaires. ^^

Je ne pense pas pouvoir poster demain. Donc je posterai sûrement mardi et si je ne poste pas... Je vous dit a la semaine prochaine car je pars pour le reste de la semaine.

Bisous bisous,
Chloé. 😘