Nous étions vendredi. Cela faisait trois longs jours maintenant que Camila était réveillée. Trois longs jours durant lesquelles je regrettais encore davantage chaque mots secs que j'avais pu lui dire avant qu'elle ne s'ouvre les veines. J'avais voulu nous préserver, la préserver, et au final mes mots avaient eu l'effet totalement inverse et désormais, elle m'en voulait. Lorsque j'avais quitté l'hôpital ce soir là, et jusqu'aujourd'hui, je n'avais cesser de me repasser ces paroles venimeuses en tête. Elle avait raison et je le savais, je me rendais plus que compte maintenant. J'avais toujours été comme cela en réalité. J'étais incapable de faire face aux événements de la vie qui ne me plaisaient pas et je fuyais alors, sans en demander mon reste. C'était une adolescente de dix sept ans qui me faisais comprendre que, durant les vingt huits années de ma vie, je n'avais pas été foutue de faire face aux problèmes qui s'étaient installés devant moi. Il y avait de quoi se demander qui était la plus mature entre Camila et moi. Alors que la jeune femme qui hantait mes pensées aspirait juste a un soulagement de sa douleur avec tout le courage dont elle pouvait faire preuve, car il faut un sacré cran pour contempler la mort en face, j'essayais juste de fuir chaque tournant de ma vie en courant a reculons. Camila était forte et, j'étais faible. Elle était courageuse alors que moi, j'étais simplement une grosse trouillade. Je poussais un long soupir résultant de ses pensées pessimistes. Un tas de copies de bac blancs était étalé devant moi et je desesperais davantage encore en me rendant compte que je n'en avais pas corrigée une seule. Cela faisait un peu plus d'une heure que j'étais assise là, sur l'une des tables éparpillées dans la salle des profs dans laquelle j'avais pris l'habitude de traîner, et je n'avais toujours rien fait, trop occupée par le fil de mes pensées toutes plus noires les unes que les autres. Les cours étaient finis depuis longtemps maintenant et, le bâtiment était tout simplement désert a cette heure-ci de la soirée. Il ne restait que moi, et mon tas de copies a corriger mais, je n'avais décidément pas le coeur a ça. A vrai dire, cela faisait plusieurs semaines maintenant que je n'avais plus le gout de rien. Je ne dormais plus la nuit, j'étais épuisée et facilement irritable et, en plus de cela je ressemblais a un zombie tout droit sorti d'un film d'horreur a grand budget. J'étais a faire peur, nombreuses avaient été les fois où Normani et Dinah me l'avait fait remarqué et, mes cours étaient devenus plus qu'ennuyant. J'étais tout simplement devenue l'une de ses profs blasées par leur travail qui n'étaient là a faire cours uniquement parce qu'elles le devaient. Ma réputation avait pris une mauvaise tournure et la qualité de mon travail en avait considérablement pâti. J'avais d'ailleurs était convoquée a de multiples reprises dans le bureau de mon supérieur afin de discuter de mon manque d'implication et de la chute considérable des résultats de mes élèves dans ma matière. A chaque fois, cela s'était conclu par une proposition de congés a mon égard. Mais j'avais toujours décliné cette offre généreuse, et arrangeante. Je vivais déjà dans l'ombre de moi même et, je savais que si je décidais d'arrêter de travailler durant un laps de temps indéterminé, alors, je coulerais définitivement dans la dépression qui pointait déjà le bout de son nez. Un toquement contre la porte m'arracha de mes pensées ayant a nouveau divaguées. Je relevais la tête dans la direction de la porte qui s'ouvrait en grinçant. J'avais tout d'abord été suprise que quelqu'un soit encore là a cette heure mais, mon étonnement fut encore plus grand lorsqu'une petite tête blonde fit son apparition dans l'encadrement de la porte.

- Lauren ? m'appela-t-elle soucieusement.

- Rentre Ally. l'invitais-je alors en lui esquissant un faible sourire.

Ally et moi nous étions forts rapprochées depuis l'incident qui s'était produit avec Camila. Lorsque l'adolescente était venue me chercher en criant que la cubaine était morte, je m'étais précipitée dans leur chambre. La porte ouverte de la salle de bain inondée d'eau rougeâtre m'avait fait comprendre la scène. Découvrant le corps sans vie de mon élève dans la baignoire, j'avais appelé les secours. Le temps qu'ils avaient mis a arriver m'avait semblé exagérément long et, heureusement, leur rapidité sur les lieux avait fait qu'ils étaient parvenus a réanimer Camila a temps. Cette nuit là avait été la pire nuit de ma vie. Suite a cela, j'avais été dévastée durant de nombreux jours. Je m'étais mise en arrêt de travail et c'est Normani et Dinah qui m'avait convaincu de retourner en cours, ne serait-ce que pour soutenir Ally dans cette épreuve. Alors, durant ses jours d'arrêts, j'avais visité Ally afin de prendre de ses nouvelles et, c'est là que nous nous étions liées d'amitié. Tandis que la jeune femme m'avait fait part de ses problèmes pour dormir et, surtout, de ses crises de paniques dès qu'elle pénétrait dans la chambre qu'elle partageait avec Camila, j'avais finalement décidé de l'accueillir a bras ouverts dans mon chez-moi où j'habitais avec Taylor et Chris. Taylor avait d'ailleurs été ravie que la texane vienne habituer quelques temps a la maison. Donc, depuis trois longues semaines sans Camila, Ally vivait avec nous dans notre petite résidence non loin du lycée. Je me sentais incroyablement reconnaissante envers la jeune adulte qu'elle était. Même si elle était beaucoup plus jeune, je sentais que nous traversions la même chose. Ally avait failli perdre sa meilleure amie autant que j'avais failli perdre celle dont j'étais amoureuse. La jeune texane avait d'ailleurs parfaitement compris l'amour que je portais a sa camarade et, elle avait essayé au mieux de me soutenir dans ce drame autant que je cherchais a l'aider.

- Est-ce que ça va ? me demanda-t-elle alors d'une petite voix.

- Pas vraiment. avouais-je.

Ally ne répondis pas immédiatement a mes paroles emplies de détresse. Elle s'approcha de moi et me serra aussitôt dans ses bras dans une étreinte rassurante. Je humais son odeur. Celle ci était devenue tellement familière que, maintenant, elle m'apparaissait comme le symbole de mon foyer. Je lui rendais rapidement son étreinte avant que l'on ne se sépare sans un mot.

- Normani et Dinah nous attende a la maison... me rappella-t-elle avec douceur.

J'hochais simplement la tête et entrepris de faire un tas avec mes copies. En un regard, je lui intimais toute ma reconnaissance silencieuse et, je comprenais qu'elle avait saisi le sens de mon regard lorsqu'elle m'adressa un sourire plus franc. Ce soir, nous devions rejoindre nos deux amies afin qu'elles puissent finir de mettre leur marque sur la petite carte de rétablissement que j'avais fait tourné dans ma classe principale a l'intention de la malade. De plus, ce soir était un jour spécial car, il marquait le début des vacances de Noël. Nous avions donc décider de le passer tous ensemble puisque la texane ne rentrait pas chez elle pour les vacances. J'avais cru comprendre que ces parents travaillaient énormément et qu'ils etaient en voyage d'affaire durant cette fin de mois de décembre. Je rangeais mes copies et me dirigeait activement vers mon véhicule a la sortie avec Ally. Lorsque nous étions arrivées a la maison, tout le monde etait déjà présents. Taylor et Chris avait installé les décorations de Noël dans le jardin avant de partir chez leurs copains pour la soirée et Normani et Dinah étaient visiblement en train de faire la cuisine sans aucune gêne d'avoir fouiller dans mes placards. Alors que tout était déjà prêt, Ally et moi avions mis les pieds sous la table sans en demander plus.

- On mange quoi ? avais-je demander avec une curiosité évidente.

- Tu verras bien, spécialité de la maison. avais aussitôt répondu Normani en nous adressant un clin d'oeil a moi et Ally.

- J'ai hâte de voir ça! s'exclama la texane sur un ton taquin.

Il ne fallut pas plus de temps pour que Dinah ne s'avance avec les plats. Elle pris le temps de servir tout le monde avant de s'installer a table a son tour, un grand sourire sur les lèvres.

- Alors, comment ça s'est passé avec la suicidaire mardi ? demanda la polynésienne en mettant directement les deux pieds dans le plat. T'as appris pourquoi elle a tenter de se tuer ?

- Ni bien ni mal on vas dire. soupirais-je. Je me suis pris ce que je méritais en pleine face. Non. Mais a ce que j'ai compris une fille, Jade, est sa dernière chance.

- Jade ? répèta aussitôt Ally en ouvrant grand les yeux. Jade est de retour ? demanda-t-elle avec une point d'inquiétude dans la voix.

- Qui c'est ? demanda cette fois Normani.

- Ton pire cauchemard... souffla-t-elle a mon égard.

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Je venais de me réveillée dans mon lit d'hôpital, après avoir passé une batterie de tests, lorsqu'une petite femme que je ne connaissais que trop bien entra dans la pièce. Son regard brun identique au mien se posa sur moi et un petit sourire vint prendre place sur ses lèvres, faisant resplendir son visage déjà séduisant. Je pouvais lire l'inquiétude perçant dans ses iris noisettes mais, ça aurait été mentir de dire que je ne pouvais pas y lire la joie qui émanait de sa personne. Jade était une jeune femme qui respirait la fraîcheur et la joie de vivre. Du plus loin que je me souvienne, je ne l'avais jamais vue voir le mauvais côté des choses. En toutes circonstances, elle gardait ce sang froid singulier que j'aimais tant et, elle avait toujours la parole qu'il fallait pour rassurer quelqu'un qui en avait besoin.

- Je suis contente de te revoir Cami. Même si j'aurais préféré que ce sois dans d'autres circonstances.

J'offrais un faible sourire à mon amie qui s'approchait de moi. Je me retrouvais très vite entourée par ses bras menus mais réconfortant. C'est ce qui m'avait le plus manqué. Les étreintes de Jade. Je sentais tellement bien dans ses bras. Pour rien au monde, je n'aurais voulu être ailleurs que là où j'étais à cet instant. Je redécouvrais mon amie, je m'imprégnais à nouveau de son parfum familier et je nichais davantage mon visage dans le creux de son cou, m'accrochant à elle comme à une bouée de sauvetage. C'est ce qu'elle était. Jade représentait pour moi un ange gardien que Dieu avait eu la bonté de m'offrir afin d'éclairer ma vie si sombre.

- Je suis contente de te revoir aussi Jadou. Tu m'as tellement manquée... avouais-je à la jeune femme, la voix étouffée par la peau de son cou contre mes lèvres.

Je m'éloignais à contrecœur doucement de son corps chaud dans le but de pouvoir l'observer plus longuement. Je voulais m'imprégner tout de suite de chaque détail de son visage, de chaque changement s'étant opéré sur elle durant ses années où nous ne nous étions pas vues. Enfin, où elle ne m'avait pas vue puisqu'en réalité, nous ne pouvions pas ne pas la voir. Tout le monde la voyait. C'est elle qui ne voyait pas tout le monde. Et par là, j'étais aussi plus qu'honorée de connaître Jade comme il m'avait été donné de pouvoir la connaître.

- Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? lui demandais-je d'une petite voix remplie d'inquiétude.

Jade avait esquissé un grand sourire face à ma question timide. Je ne savais pas ce qu'elle avait en tête mais, c'était Jade et, quoi qu'il puisse se passer, je l'aurais suivie les yeux fermés. J'aurais peut être même sauté d'une falaise si elle m'avait assuré que je ne me ferais pas mal en tombant. Elle était mon roc. Alors, avec un clin d'œil à mon intention, elle m'annonça sa réponse avec un ton ferme et assuré, comme si tout cela était parfaitement logique.

- On va vivre.

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Trois chapitres en trois jours, offrez moi une médaille! Non, plus sérieusement, je ne vais pas vous mentir en vous disant que je ne suis pas inspirée car... Je le suis assez en ce moment.

Certains auront deviné que Jade est effectivement la Jade des Little Mix et, je vais vous faire une confidence : J'étais fan des Little Mix bien avant de découvrir les Fifth et de devenir une Harmonizer. Donc, j'avais vraiment envie d'écrire un peu sur elles et le contexte s'y prêtait plutôt bien. ^^

Que pensez-vous de ce chapitre sinon ?

Je ne sais pas quand je posterais la suite ( vendredi au plus tard, jour de l'échéance ), donc je ne peux pas vous garantir que vous aurez un autre chapitre dans le début de la semaine.

Bisous bisous,
Chloé. 😘