Chapitre 3

Fluke dormait paisiblement quand l'infirmière revint vers eux.

- Phi, qu'est-ce qu'il c'est passé pour qu'il soit dans cet état ? demanda le jeune homme installé sur un fauteuil à côté du lit.
- Du surmenage, il n'a pas arrêté de faire des recherches, il paraît qu'il s'est rendu dans des endroits à risques afin de faire des recherches.
- Sur quoi ?
- Toi.
- Moi ?

L'infirmière jeta un coup d'oeil à la porte à demi ouverte et lui fit signe de se taire à présent car elle ne voulait pas s'attirer des ennuis alors que ses surveillants étaient encore dans le couloir, attendant depuis une bonne heure, qu'il en sorte.

Ohm ne comprenait pas le comportement de son professeur dès le lendemain de leur rencontre, il avait été distant mais avait quand même pris le temps de lui fournir des dossiers afin de l'aider à rattraper les quelques années durant lesquelles il n'avait pas pu continuer ses études. Puis il réapparait au bord de la mort, complètement épuisé, sur le point de rendre son dernier souffle tellement il était à bout du sien. Avait-il même réussi à dormir ? Il avait de très gros doutes concernant ce sujet là, mais il voulait prendre soin de ce jeune homme qui avait donné de son temps pour récupérer tant et tant d'informations pour lui venir en aide...

Son coeur se serra quand il le vit froncer les sourcils, signe qu'il allait se réveiller.

- Phi, l'appela t-il doucement. Comment vous vous sentez ?
- Mieux...
- Vous vous êtes absenté si longtemps...

Fluke le regarda, les paupières encore très lourdes.

- Tu t'es déjà attaché à moi Nong ?
- Peut-être bien...

Fluke pouffa difficilement, déclenchant une quinte de tout qui secoua son corps endolori.

- Où est-ce que vous étiez ?
- J'enquêtai sur toi.
- Sur moi ?
- Tu as été privé trop longtemps de vie et je voulais savoir si ce qu'ils disaient été vrai, mais j'ai pu entendre plusieurs versions dont une surtout qui aurai pu te sauver à l'époque.

Surpris que quelqu'un qui ne le connaissait pas avait fait tant de chemin pour découvrir la vérité bafouée, Ohm sentit son coeur se gonfler et pleurer.

- Pourquoi faire Phi ? Je suis là maintenant, je ne veux qu'une chose : finir mes études et me tirer de cet endroit.
- Tu as une année à tenir, c'est ça ?
- Oui, mais je dois aussi trouver un emploi pour subvenir à mes besoins une fois que j'en sors et trouver un logement.
- Je t'aiderai à une condition.

Attentif, Ohm plongea son regard dans le sien, attendant de savoir ce qu'il allait lui dire :

- Je vais accélérer les choses, uniquement si tu travail bien durant les cours et que tu m'obéisses.
- C'est à dire ?
- Je veux que tu sois uniquement à moi.

[...]

Les jours suivant, Fluke allait beaucoup mieux mais n'avait pas encore reçu de réponse de son élève qui, pourtant, avait très envie de lui dire oui, il pouvait le voir dans son regard et ça le confortait dans le fait qu'il avait fait le bon choix concernant ce garçon. Ohm était un rebel qui voulait qu'une chose : qu'on respect sa vie.

Il avait été lié à une histoire d'agression, mais personne n'avait cherché à le défendre ou à savoir ce qu'il s'était réellement passé car il avait déjà cette réputation avant. Volontairement ou non, Ohm n'avait au final, pas cherché à le nier, alors il avait subit et quand ça l'agaçait, il les toisait juste et ça suffisait à faire peur à tous. Mais quand il recevait des coups, même si il se défendait en esquivant, on le pointait tout de même ou on le forçait à agir afin de mieux le piéger. Son attitude froide et distante avait jouer un grand rôle dans toute cette histoire, Fluke comprenait pourquoi les gens s'en prenaient à lui avec autant de force et d'amusement. Mais depuis le premier jour et même après, le jeune enseignant avait ressentit quelque chose de spécial l'attirer vers lui, comme un aimant puissant voulant réunir deux pièces d'un même puzzle et réparer quelque chose de cassé.

Fluke avait sentit immédiatement quelque chose qui l'avait attiré et pour lui, un avenir bien spécifique pour ce jeune homme devait être tracé, mais pour ce faire, il devait l'aider à sortir du système pénitencier afin de lui assurer une liberté et lui donner le pouvoir de reprendre sa vie.

La semaine passa et Fluke l'avait volontairement laissé tranquille, tout en continuant de lui procurer les dossiers pour l'aider à réaliser son année sans faute afin d'en être diplômé.  Mais Ohm était toujours perturbé par la condition imposé par le jeune enseignant qui cachait bien son jeu malgré son attitude frêle, il imposait en virilité et puissance. Il avait reconnu son autorité naturelle et le désirait comme un fou, mais comment réaliser ce fantasme de vie qu'il lui offrait, car pour lui... cela relevait du fantasme plus que d'un réel projet de vie. Il rêvait chaque nuit de cet ordre, de le voir lui imposer de le contenter, tel un maître à son serviteur, mais il y avait bien plus dans ce rêve que le fantasme érotique qui le mettait à mal chaque jour. Il y avait là une main tendue qui n'était pas gratuite, il y avait cette contrepartie qu'il devait accepter et pour lui, rien ne pouvait être plus beau que de l'accepter.

Mais... mais...

Phi, comment accepter alors que mon seul désir déjà est de vous entendre gémir ? pensa le jeune homme allongé dans son lit superposé de cellule qu'il partageait avec trois autres hommes plus vieux que lui.

Dans son lit, un bras replié derrière sa tête, il réfléchissait, le regard fixé sur le plafond, espérant sûrement avoir une réponse à toutes ses questions. Fluke n'avait pas reparlé de cette condition, mais Ohm voulait avoir de nouveau un instant avec lui afin de lui dire ce qu'il ressentait, ce qu'il pensait et son désir le plus cher.

- Hé ! Ohm !
- Laisse le, il est plongé dans ses pensées.
- Il doit rêver de sa petite copine.
- Tu crois qu'il s'en est trouvé une avec ce qu'il se traîne  ?

Les deux hommes pouffèrent, mais le troisième déclara :

- Ce n'est pas un mauvais garçon, il doit réapprendre à vivre.
- Phi, on le faisait pas méchamment.
- C'est vrai Phi, Ohm a juste une attitude froide. On l'aime bien nous.

Le jeune homme ferma les yeux, repensant sans cesse à son enseignant et à ce qu'il avait vu, ce qu'il lui avait dit et son esprit se laissa être happé par un tumulte d'idées aussi salaces les unes que les autres au point qu'il sursauta quand dans l'une d'elle sa voix murmura son nom à son oreille, lui imposant un ordre qu'il rêvait d'exécuter.

- Hé bah bonhomme, fit le plus vieux du groupe.

Du bruit dans le couloir des cellules attira leur attention. Sentant l'appel venir, Ohm quitta son lit, tentant de cacher une jolie érection très douloureuse pourtant. Il s'ordonna mentalement de se calmer, mais cette voix, l'odeur et le timbre ainsi que l'ordre restaient beaucoup trop vifs dans son esprit au point qu'il dû serrer les cuisses pour faire la faire disparaître ou du moins la diminuer.

- Thitiwat ! s'écria un des surveillants en s'approchant de la grille.
- Oui ?
- Fais tes affaires, y a quelqu'un pour toi.

Le ton furieux et irrité du surveillant qui avait l'habitude de l'accompagner à chacune de ses sorties, rendait curieux le trio de cellule mais aussi ceux des alentours.

- Dépêche toi, j'ai pas que ça à faire !
- Il part ?
- Ouais... Quelqu'un est assez con pour prendre un gars aussi dangereux que lui. souffla le surveillant peu content de se voir arracher son jouet préféré.

Ni une ni deux, Ohm ramassa ses affaires, qu'il plia et fourra dans un sac de toile.
Mais des cris au loin l'interrompit.

- He ! sifflèrent des hommes. Eh ma jolie, tu viens nous voir ?
- qu'est-ce que vous foutez là ? s'écria le surveillant. je vous avez dit d'attendre dans la salle !
- Silence ! tonna une voix froide que Ohm reconnu.

Il se redressa d'un bond pour admirer Fluke en costume gris, le regard violent. Son corps ne pu que réagir à cette vision de l'enseignant qui ressemblait plus à un mafieux qu'à un enseignant universitaire.

- Phi... souffla Ohm, les yeux écarquillés.

Le surveillant, soufflé, n'avait rien pu ajouté et le laissa entrer dans la cellule. Il salua le trio puis s'avança jusqu'au jeune homme qui, sans s'en rendre compte, mis un genou à terre.

- Tu ne m'as toujours pas donné ta réponse, déclara t-il de sa voix sombre et chaude.
- C'est... C'est vous qui m'avait fait sortir ?
- Pas besoin de poser la question quand tu en connais déjà la réponse.
- Ex...cusez nous, fit le plus vieux du trio surpris par ce rapport de force qui avait mis Ohm, connu pour ne flancher devant personne, à genoux. Qui... qui êtes vous ?
- Son enseignant. répondit Fluke en plongeant son regard sombre dans celui de l'homme qui ressentit un frisson dans tout son corps, le laissant sans voix.

Surpris, les deux autres n'osèrent pas lui parler, mais ressentir une froideur extrême provenir du jeune homme.

- Tu as 5 minutes pour emballer tes affaires et me rejoindre. dit-il en se penchant très légèrement, lui prenant le menton entre ses doigts, pas une de plus.

Cette phrase à peine soufflée, ce contact l'électrisant, Ohm retint tant bien que mal un gémissement alors que ce dernier le quittait déjà.

- Je... Il c'est passé quoi ? demanda l'un des trois hommes alors que le jeune enseignant quittait le couloir pour retourner prendre place dans la salle.
- Je sais pas... Ohm ?

Mais il était déjà en train de tout plonger dans son sac, le fermer, vérifier qu'il n'avait rien oublié, salua ses colocataires et quitta l'endroit.

Fluke était assis à une table, les jambes croisés, renforçant la puissance animal que lui conférait ce costume et cette attitude qu'il possédait. Son regard était froid, distant mais attentif. Toutes les personnes qui le croisaient se demandaient qui il pouvait être et pourquoi il était là, mais surtout... murmuraient leur admiration pour ce jeune homme.

Quand Ohm entra, son baluchon sur son épaule, dans la salle, il s'avança vers le jeune homme qui plongea de nouveau son regard dans le sien. Son corps était un traître, lui indiquant immédiatement qu'il ne pourrait jamais se tenir tranquille en sa présence. Son coeur battait à tout rompre et sa bouche se fit subitement plus sèche.

- Il est à vous, grommela le surveillant en retirant les menottes et chaînes à Ohm. Franchement, vous faîtes une grave erreur si vous voulez mon avis, professeur.
- Heureusement que je ne vous l'ai pas demandé alors. Partons.

Le ton cinglant excita Ohm mais irrita le surveillant qui allongea le bras pour attraper l'enseignant afin de lui assener une correction.
Furieux de se faire remettre à sa place, il voulait enfin assouvir une envie, mais une mains l'empoigna avec fermeté, le tira en arrière. Le surveillant fini au sol, Ohm droit, se plaça instinctivement devant Fluke pour le protéger.

- Toi...
- Le touchez pas, gronda le jeune homme furieux.

Son corps avait bougé tout seul, mais Fluke avait ressentit une certaine joie à le voir ainsi agir avec lui.

Il claqua de la langue puis quittèrent tout les deux l'endroit.

Dans la voiture de l'enseignant, Ohm ne savait quoi dire, ni comment lui montrer sa gratitude.

- Une fois à la maison, je veux que l'on discute.
- Bien sûr... Sur quels sujets ?
- De ta vie chez moi, de ce que tu devras faire, des choses que tu dois posséder pour vivre au mieux. Il y a des règles chez moi, mais tu les assimilera facilement.
- D'accord...

La voix douce et profonde de l'enseignant lui donna des frissons.

- Je n'aime pas cet endroit. J'espère ne jamais t'y revoir.
- Je compte pas y retourner. Je compte bien vivre ma vie cette fois.

Il le vit sourire furtivement, le regard concentré sur la route.

- C'est ce que je voulais entendre. Mais ne t'en fais pas, je t'y aiderais. Cette fois, tu ne seras pas tout seul lâché dans la jungle comme ils comptaient le faire.
- Vous avez fait beaucoup pour moi.
- Et je compte sur toi pour me le rendre.
- Bien sûr !

***

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