Chapitre 2

- Professeur Natouch ? Pourquoi n'avez vous pas suivi les consignes données par les surveillants ?! s'écria le directeur en milieu de journée alors que Ohm était au self, entouré de ses surveillants, à manger tranquillement, repensant à sa première matinée de cours mais surtout à cet homme étrange et intriguant qui ne semblait avoir peur de rien.

Fluke soupira, il n'avait pas prévu de tomber sur toute la clic professoral alors qu'il avait son propre plateau en main.

- Je n'aime pas la façon dont ce dernier cherche à me parler alors que je m'adresse à mon élève ! déclara t-il en insistant bien sur ces deux derniers mots à voix haute afin que tous l'entendent clairement.

Ohm releva la tête et remarqua son jeune professeur en discussion avec le directeur, entouré tel un gladiateur dans une arène, du reste du corps enseignant. Mais Fluke semblait être à la fois irrité, lassé et prêt à s'en prendre physiquement au premier qui tenterait quoi que ce soit.

"Quelqu'un s'était plaint ?" pensa t-il alors qu'un rapide coup d'oeil lui donna la réponse.

Oui et il savait déjà qui et pourquoi. Mais alors qu'il se faisait ce constat, il vit le jeune homme reposer son plateau fermement et quitter la pièce d'un pas rapide, une pomme dans les mains.
Il n'allait tout de même pas manquer de manger, si ?

Ohm devait trouver un moyen de continuer leur conversation, mais surtout d'échapper à sa surveillance trop rapprochée et prête à tout pour s'en prendre à lui au moindre geste.
Pourtant, il trouva une occasion quand les enseignants proposèrent aux surveillants de se joindre à eux pour manger.

Dans la cohut, Ohm en profita pour se reculer doucement et se fondre dans la masse pour quitter tranquillement la salle et partir à la recherche du jeune enseignant.

- Excusez moi, vous aurez vu le professeur Natouch ?
- Oui, il est monté vers le toit je crois.
- On y accède comment ?
- Par là, tout droit et le premier escalier sur la gauche, puis tout en haut.
- Merci.

Ohm se précipita dans la direction indiqué en se disant que l'enseignant n'avait pas pu être plus rapide que lui, aussi devait-il être encore dans les escaliers.

BINGO !

Il le trouva au troisème étage, soit à peine deux plus haut.

- Phi ! s'écria t-il pour attirer son attention.
- Nong Ohm ? fit celui-ci surpris de le voir à sa suite. Qu'est-ce que tu fais là ?

Mais inquiet que les surveillants soient derrière lui, il lui fit signe de le rejoindre pour le suivre vers sa destination. Il ouvrit la porte d'accès et laissa Ohm passer pour refermer derrière lui afin d'être tranquille.

- C'est dangereux, vous savez ? lui lança le jeune homme un sourcil relevé, défiant l'enseignant.
- Et alors ? Tu t'es déjà échappé de ta surveillance, tu vas me dire que tu ne t'es pas déjà mis dans une situation dangereuse dès ton premier jour de sortie.
- Un point pour vous. Mais vous allez vraiment manger que ça ?
- Je n'ai plus très faim.

Ohm le regarda s'accouder à la ballustrade, croquant dans sa pomme bien rouge. Sa bouche se mouvait avec grâce, il voyait chacun des mouvements de son visage ou de sa gorge se contracter et lui donner l'eau à la bouche.

qu'avait-il à fantasmer sur cet homme qu'il ne connaissait pas ? Mais tout son corps désirait lécher le coin de sa bouche, mordiller sa lèvre et déterminer si elle avait le goût de cette pomme ?

- Que fais-tu là ? demanda alors Fluke, conscient qu'il l'étudiait avec beaucooup d'insistance.
- Je sais pas trop. Je vous ai vu avec le corps enseignant et partir rageusement. Vous sembliez épuisé ou irrité.
- C'est le mot, souffla Fluke.

Le vent balaya le silence qui leur était pourtant appréciable, apportant un moment d'intimité jusqu'à ce qu'une sonnerie d'alerte se mette à crier dans tout le bâtiment.

- Je crois que cette interlude est malheureusement fini. Suis moi.

Fluke n'avait finalement pas fini le fruit non plus... Il aurait sans doute faim plus tard mais ce n'est pas le plus grave, il devait trouver un moyen de faire gagner un peu de temps à Ohm et sa seule idée fut de l'embarquer dans une salle vide de son étage et de le faire asseoir au premier rang.

- Tu as tes affaires avec toi ?

Ohm montra son sac.

- Ouvre le et sors tes affaires, on va faire une petite diversion.

[...]

Ce soir-là, de retour au pénitencier, Ohm était comme dans un état second.

Après avoir subit les foudres des surveillants et du directeur du pénitencier, il avait été envoyé dans sa celule pour la nuit, rejoindre ses colocataires pressés d'entendre le récit de sa journée, mais Ohm n'avait plus rien dit depuis le moment où il avait été trouvé dans la salle avec l'enseignant, ce dernier lui avait formellement ordonné de ne rien dire et de faire profil bas.

D'une sensation plus qu'étrange, il s'était sentit obligé de lui obéir sans rien dire, hypnotisé par ce jeune homme au regard brillant.

Le lendemain, après avoir passé une nuit à rêver du professeur ou plutôt... d'avoir fantasmé sur ce jeune homme au caractère bien trempé et dont il aurait eu envie de voir en tant que maître lui ordonnant de le satisfaire de moulte façon que ce soit, Ohm devait attaquer une nouvelle journée avec les souvenir de ce rêve en tête. Et dieu que son corps s'en souvenait également mais ça n'allait pas lui faciliter la vie, encore moins ça journée si il devait croiser ce jeune professeur.

Pourtant, quand il arriva à l'université, il ne le trouva pas.

Dans l'amphi où il devait avoir son premier cours avec lui, de la journée, une femme entra dans la salle.

- Madame ! s'étonna une des filles de la classe.
- Oui ?
- Professeur Natouch n'est pas là ?
- Non, il a posé un jour pour des raisons personnelles. C'est moi qui le remplacerait pour aujourd'hui uniquement. répondit la femme en posant ses affaires sur le pupitre. Il m'a donné les sujets à étudier aujourd'hui et m'a donné ceci pour... Ohm Thitiwat ?
- Oui ?

Elle se tourna vers le jeune homme pour s'en approcher et lui tendre un gros dossier qu'il ouvrit pour y trouver tout ce qu'il avait pu manquer durant ses années en prison. Il y avait répertorié tout ses cours mais également tout ceux des autres matières de son cursus.
Ohm était sans voix, ce jeune professeur avait dû y passer sa nuit et devait être épuisé, d'où sa journée off. Ohm était à la fois frustré de ne pas le voir mais très touché d'avoir ce genre d'enseignant de son côté.

- Ah j'oubliais. Monsieur ?
- Oui ? fit le surveillant.
- Je vous prierais de quitter la pièce durant mon cours, s'il vous plaît. J'ai besoin que TOUS les élèves soient concentrés durant mon cours.

Elle alla jusqu'à ouvrir la porte et lui indiqua la direction à prendre attendant que ce dernier ne bouge.

- J'ai pas tout mon temps, donc je vous prierais de partir le temps du cours. Vous pouvez attendre devant la porte si ça vous chante.
- Ouais ! s'exclama une fille un peu plus haut dans les marches, vous perturbez le cours !

D'autres se firent entendre, et finalement le surveillant se fit huer au point qu'il doive fuire la salle de classe.

- Nong Natouch vous a en haute estime jeune homme, fit la femme après avoir refermé la porte. J'ose espérer qu'il ne s'est pas trompé sur votre cas.
- Non, Madame...

Ohm était sans voix, pourtant, il sentait la peur chez cette femme qu'il voyait trembler et éviter de trop le regarder. La peur était légitime vu ce qu'on racontait sur lui, mais Ohm n'en avait rien à faire, il voulait tout autre chose.

Pourtant, la semaine passa sans que l'enseignant revienne du tout.

Pourquoi ? Que lui était-il arrivé ? Pourquoi ne revenait-il pas ? Ne voulait-il plus lui apprendre ? Pourtant, tout les jours il recevait un dossier de cours pour l'aider ainsi que des indications pour mieux comprendre ce qu'il avait raté.

Il fallut attendre deux semaines supplémentaire pour que ce dernier réapparaisse complètement épuisé.

C'est en sortant de l'université, que Ohm le croisa sur le point de s'effondrer sur le parking. Il se précipita vers lui, affolé et le souleva dans ses bras, cherchant à lui faire ouvrir les yeux.

- Phi ! Phi ! Ouvrez les yeux ! Phi, vous m'entendez ?!
- Tais.... toi... mes.... oreilles....
- Phi ? Phi, ça va ?
- Infir....me...rie...
- Tout de suite.
- Thitiwat ! l'appela son surveillant.

Mais il leur passa à côté, ignorant totalement les hurlement en colère qui le poursuivaient. Il allongea ses foulés pour retourner dans le bâtiment et trouver l'infirmerie, Fluke épuisé et fiévreux, dans les bras, accroché à sa blouse d'ingénieur de dernière année bleue.

- On y est presque Phi, tenez bon, lui dit-il en grimpant les marches quatre à quatre pour enfin arriver devant la porte de l'infirmerie encore ouverte à cette heure-ci. Phi !
- Oui ? Oh mince, professeur Natouch ? Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ?! s'exclama l'infirmière en voyant l'élève entrer et porter le jeune homme dans un sale état.
- Je l'ai vu s'effondrer sur le parking. lui expliqua Ohm en total panique ne sachant quoi faire.
- D'accord, d'accord, tiens, tu veux bien prendre la bassin là et me la remplir là bas d'eau chaude ?

Ohm fonça vers les deux directions indiquées, chippant un gant au passage qu'il apporta à l'infirmière tandis que les surveillants entrèrent dans la salle en sueur et soufflant comme des boeufs.

- Thitiwat ! gronda l'un des deux, qu'est-ce que... oh bah merde alors !
- Dehors ! s'exclama l'infirmière, un seul assistant c'est déjà assez !
- Mais...
- Dehors !

Ils en avaient bien marre de se faire rejeter depuis des jours des salles de cours alors que la procédure d'accompagnement avait été expliqué pour le cas de Ohm. Pourtant, avoir un sujet violent dans leur établissement en total liberté ne semblait faire peur à personne chez les enseignants proches de ce jeune enseignant. Même les élèves avaient finalement accepté sa présence sans surveillance, bien qu'elle ne soit que tolérée, ils avaient quand même tous peur de lui, mais Ohm semblait dans un autre monde, toujours seul, le visage fermé, il restait le plus souvent dans son coin, étudiant les dossiers donnés par Natouch. Il était très assidue et cela étonna chacune des personnes qui pouvaient le voir la tête plongée dans ses fiches ou les bouquins recommandés par l'enseignant très préoccupé par l'apprentissage de son élève particulier.

- Tu veux bien lui appliquer le gant sur le visage et le cou ? Je vais aller chercher de quoi calmer sa fièvre.
- D'accord.

Ohm s'installa sur le lit, posa la bassine sur la petite table de chevet, trempa le linge dans l'eau, l'essora et l'appliqua sur le front, les joues, la gorge et le début de son buste, dont il avait facilement accès avec sa chemise ouverte sur deux boutons.

- Phi, je vais devoir vous déboutonner un peu plus pour éponger le reste.

Il hésita pourtant à le faire, si il osait, cela donnerait plus de matière à ses rêves incessants et érotiques qui lui pourrissaient la nuit et le jour suivant. Mais le jeune homme allongé était souffrant, la sueur perlait sur son front délicat, mouillant ses cheveux courts, trempant sa chemise grise. Il était en sueur, essoufflé comme si il avait couru un marathon pour venir à l'université, son front était brûlant et son visage était creusé par le manque de sommeil.

- Fait... l'entendit-il souffler.

Il le vit porter lui-même ses mains tremblantes à ses boutons pour les défaire. Ohm l'aida, mais alors que du bruit se fit entendre, Fluke l'arrêta. Il semblait vouloir cacher quelque chose et le jeune homme fut obligé à suspendre son geste.

- N'Natouch ?
- P'Elisa...
- Comment tu te sens ?
- J'irais mieux bientôt. Merci.
- Je vais vous laisser un peu, le temps que tu lui essuie tout ça et fait lui boire ce médicament. Tiens. je serais dans mon bureau juste à côté. Appelle moi quand tu seras plus apte à te lever, Nong.

Fluke hocha la tête et attendit qu'elle soit partie pour se redresser. Ohm l'aida à s'installer contre la tête du lit, lui donna le médicament et le verre.

Fluke l'avala et se laissa finalement déboutonner sa chemise, mais quand Ohm découvrit son buste, il figea son geste.

- Phi...
- Personne ne doit savoir.

***

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