Chapitre 48: La Librairie

Ils étaient tous attroupé devant le tableau dans le couloir, à attendre les nouveaux résultats des derniers examens afin de savoir ceux qui seront accepté ou annulé pour le prochain tour du concours. Célestine approchait à grande enjamber avec un regard neutre et passant sa main gauche dans sa chevelure noire bouclée pour laisser voir sa clavicule.


Elle ouvrit avec une petite clé la petite fenêtre pour accrocher les feuilles et s'éloigna le plus rapidement possible avec un air dédaigneux qu'elle montra aux élèves. Les élèves se ruèrent en poussant et en criant vers les feuilles. Certains crièrent de joie et sautillaient, d'autres crièrent de désespoir d'avoir échoué tandis que pour certains ils affichaient juste une mine joyeuse ou faisait une moue pour rester en retrait de ce brouhaha monstrueux.


Enzo était de ce derniers élèves. Dimitri était dans les premiers étudiants à s'exciter de ses bons résultats. Samuel affichait un sourire tendre et fier sur son faciès. Enzo n'avait pas échoué, mais avait malgré tout une faible note. Il ne dépassait pas les soixante-dix pour cent comparé à Dimitri et à Samuel. Des trois, il était le petit dernier.


Il ébouriffa ses cheveux bouclés et sourit lorsque Dimitri vient se serrer contre lui en lui frottant l'épaule droite avec sa main robuste. Dimitri avait un œil au beurre noir et avait la lève éclatée depuis sa dernière altercation avec Guidever il y a quelques jours déjà. Laurent et Lier étaient resté en retrait et n'avaient pas embêté Enzo comme ce dernier avait craint lorsqu'il en avait discuté avec Dimitri. Les examens proposés pour le deuxième tour du concours étaient un examen de lecture en histoire, un examen de prestation en musique et un exposé en Latin. Pour le troisième tour, ils devaient faire un examen en sport, un en Art et un autre en philosophie. Le premier tour était sur les examens de français, de mathématique, de géographie et d'histoire. 


Évidemment, le top des meilleurs étudiants était sans aucun doute, Dimitri, le capitaine de l'équipe de foot, Samuel le capitaine du club de Baseball et Guidever à la grande surprise de tout le monde. Mais, Enzo le suivait de très près à son étonnement. Il était suivi de près par Lier, Fragael et Laurent. Pour Guidever, il faisait ses examens en temps et lieu. Il venait uniquement à l'école pour se présenter aux examens du Ministère. Parfois, lorsqu'il en avait l'occasion, Enzo le croisait et ils se plongeaient furieusement dans le regard de l'autre, montrant toute leur haine l'un à l'autre dans un laps de temps avant que Guidever ne se fasse emmener par Monsieur Valroy qui était le prof de sport et le concierge.


Après avoir découvert leur résultat, ils allèrent à l'extérieur se reposer en discutant des dernières heures, ils reparlèrent également de leur match avec l'équipe de Frosffal. L'un comme les autres, tous les trois ; ils voulaient revoir l'équipe adverse afin soit de se refaire une partie de foot soit se revoir en tant qu'ami tout simplement. Mais, ils ne savaient pas comment ils allaient faire pour se voir et planifier cette rencontre puisqu'ils n'auraient pas l'accord des enseignants après tout.


S'asseyant sur l'herbe au pied d'un arbre, ils commencèrent à discuter et à parler de leur examen, de leur ressentit et de la pression énorme que leur mettait les enseignants et le dirlo* par rapport à ça. Dans le même sens, ils détournèrent leur conversation pour parler de la situation avec Guidever et sa bande qui changeait subitement de comportement à leur grande surprise puisqu'ils ne s'y attendaient absolument pas. Ils en avaient peut-être marre de suivre les directives folles de Guidever et d'être leur petit toutou des familles.


Lorsqu'il ne parlait pas, Enzo écoutait attentivement Dimitri qui l'avait accueilli à grand bras ouverts. Il se rappelait drôlement comment il était devenu ami avec le jeune garçon à ses côtés. Et c'est de là, également, qu'il avait su qu'il avait des sentiments fébriles et fort pour son professeur d'histoire. Car, c'est de là, que tout à commencer et tout à continuer, grâce à l'altercation avec leur professeur de musique qui voulait toujours le punir pour un rien ou par offense. Puisque Gaspard l'avait aidé et une certaine admiration envers son prof, lui avait fait raviver son estime de soi pour quelques mois. L'absence de son père l'ayant rabaissé puisqu'il n'avait pas d'autorité paternel pour le soutenir, car Guidever en avait « profité » pour le maltraité en le tabassant. Comme si Guidever avait tout prévu alors que ce n'était pas le cas.


Son esprit vagabonda jusqu'aux baisers qu'il avait échangé avec Gaspard récemment et il se sentit rougir. Il détourna le regard et ses flash-back s'arrêtèrent lorsque Dimitri le secoua, le poussant sur le côté et le faisant rire par la même occasion. Dimitri le chamailla et une partie de chatouille commença alors entre les deux garçons dès que le capitaine de l'équipe de foot se retrouva sur Enzo. Le rire d'Enzo retentit dans toute la cours, chassant quelques oiseaux qui s'étaient caché dans l'arbre au-dessus d'eux.


Le soleil frappait sur eux comme un fourneau et Dimitri se rallongea à ses côtés, le souffle court et rapide. Enzo le suivit et ils reprenaient une douce respiration régulière. Alors qu'ils discutaient tranquillement tous les deux, un jeune homme de la bande de Guidever revient vers eux, le regard furieux.


—C'est ta faute ! Je suis sûr que tu as fait quelque chose !


Enzo et Dimitri se regardèrent, hébétés et se redressa pour mieux voir l'inconnu.


—Qu'est-ce que tu veux dire?

—Ne joue pas les innocents. Tu as fait changé ton résultat d'échec à Monsieur Venderdrake pour avoir une meilleure note ? Hein ? Qu'est-ce que tu as fait pour qu'il accepte ?!

—Ne raconte pas n'importe quoi ! Je n'ai rien fait ! s'écria Enzo en se levant.


Furieux, le jeune inconnu d'Adam et d'Ève se jeta sur Enzo et le propulsa. Ils se retrouvèrent bien vite l'un sur l'autre en se battant. Dimitri essaya de calmer l'individu qui venait cherchez des noises à Enzo alors qu'il n'avait rien demandé. Au loin, Dimitri vit Monsieur Valroy venir vers eux pour éloigner l'étudiant colérique. Enzo reprenait son souffle alors qu'il voyait l'étudiant se retirer.


—Bon sang, qu'est-ce qui se passe ici ? demanda Monsieur Valroy furieux.

—Je ne sais pas, il est venu comme ça.

—Ah, les jeunes de ne jours ils ne savent pas se tenir ! s'écria-t-il.


Enzo les regarda s'éloigner tout les deux. Le jeune étudiant était tenu par la poigne ferme sur son bras droit et peinait à suivre les pas fugaces de son professeur de sport qui le disputait. Enzo ébouriffa ses cheveux, mal à l'aise de cette situation. Est-ce que l'étudiant avait raison ? Est-ce que Gaspard aurait changé sa note quelque part pour qu'il soit dans le top 3 des meilleurs étudiants ? Même avec la note qu'il a actuellement, il était out du concours. 


Seul Samuel et Dimitri se battaient pour être vu comme le meilleur étudiant de l'établissement Val-De-Rosey. Il arqua un sourcil lorsque le destin fit bien les choses. Il voyait Gaspard au loin, marchant prudemment et d'un pas légèrement pressé sur les chemins gravillonneuse. Il l'avait reconnu en reconnaissant la tunique marron de leur professeur d'histoire. Enzo le regardait oubliant la présence de Dimitri qui l'observait avec curiosité.


—Pourquoi regardes-tu notre professeur comme ça ? demanda soudainement Dimitri.


Enzo se retourna rapidement vers son meilleur ami, intrigué et en jouant des épaules.


—Le regarder comment ?

—Comme si tu allais le manger tout cru comme une huître.

—N'importe quoi ! T'es fou, railla Enzo.

—Oh allez ne soit pas gêné. Je suis presque sûr que tu rêves de lui la nuit. Tu as l'air bizarre quand il est dans les parages, Enzo. Je t'observe tu sais.


Enzo scruta son meilleur ami avec crainte. Aurait-il remarqué quelque chose si c'était le cas ? Allait-il lui demander des explications sur son comportement ? Mais un silence presque alourdissant les entourèrent et le fit soupirer de soulagement lorsque Dimitri ne comptait pas en parler comme si c'était tabou ou laissant une trace de mystère planer dans l'air.


—Si c'était si grave que ça, je t'aurais demandé ce qui ne va pas. Mais, ce n'est qu'une amourette. Je te connais, Enzo, ne fais pas le singe.

—Q—Quoi ? Ce n'est pas vrai !

—Arrête de dire n'importe quoi. Va le voir, je suis sûr que tu en meurs d'envie.


C'est vrai. Dès qu'il l'avait vu et que leur regard se sont croisé une infime seconde, une envie de se lever et de se rapprocher de lui, lui tenaillait l'estomac. Il ne voulait pas faire d'illusion à Dimitri pour leur relation.


—Vas-y je te dis, commenta Dimitri brisant leur silence.


Enzo hocha la tête et se leva afin de se rapprocher de Gaspard qui allait au parking. Bizarrement, une trame à vélo ornait le parking étroit aux côtés des voitures des enseignants et du Directeur.


—Professeur, j'ai quelque chose à vous demander !

—Qui y'a-t-il, Monsieur Levalier ?

—Est-ce vrai que vous aviez changé ma note pendant un examen ?


Gaspard s'arrêta et regarda rapidement l'étudiant avant de reprendre sa marche. Ce fait suspect accorda le doute à Enzo.


—Pourquoi avoir fait cela ? Je n'ai pas demandé de faveur, professeur.

—Je n'ai pas changé votre note, jeune homme. Croyez-le ou non, cette note vous la méritez comme les autres étudiants font des efforts pour y parvenir. Vous avez atteint votre but.

—Je ne crois pas que ma copie aurait été excellente à ce point-là, professeur.

—Pensez ce que vous voulez. J'en ai fait le nécessaire pour votre réussite. Votre père sera fier de vous.


Enzo soupira d'agacement à l'entente de cela. Il vit alors que Gaspard se dirigeait vers le parking de l'école. Il arqua un sourcil, intrigué.


—Où allez-vous, professeur ? demanda Enzo.


Gaspard se retourna et il lui ligua un tendre sourire en apercevant son étudiant.


—En ville. Je dois aller chercher un livre à la librairie.

—Est-ce que je...je peux venir avec vous ?

—Je ne peux pas emmener un étudiant, Enzo. Vous devez rester ici, refusa Gaspard.


Enzo frissonna en entendant pour la seconde fois son prénom sortir de la bouche de son professeur. C'était presque tellement jouissif. Il en avait un peu honte de ressentir de tels effets juste pour cela, mais ça lui faisait tellement plaisir de l'entendre prononcer son prénom comme ça, en imprévu ou par un sens autoritaire de refus à chaque fois. Un duel de regard se fit entre eux deux jusqu'à ce que Gaspard soupir d'exaspération. Enzo était très insistant les concernant.


—Il n'y pas assez de place sur le vélo, tu ne peux tout de même pas venir.

—Vous croyez ? Ou c'est juste pour argumenter votre refus concernant notre relation ? Vous...Vous ne voulez pas qu'on soit plus proche que ce que l'on est déjà, c'est ça ?

—Si vous le savez si bien Monsieur Levalier, vous n'avez pas à être aussi insistant. Vous devez me comprendre.

—Vous craignez de perdre votre métier, n'est-ce pas ? C'est ça qui vous retient?


Gaspard soupira en voyant Enzo s'énerver par tant de rejet. Il savait très bien que ce refus le blessait énormément, mais il n'avait pas le choix. Il regarda son vélo qu'il avait à peine sortir de son socle d'anti-voleur et son regard se laissa obséder par sa selle.


—Montez avec moi, capitula Gaspard.


Enzo crut rêver. Il regarda Gaspard monter sur la selle avec gracieuseté et il croisa son regard amende qui n'attendait que lui. Ses mains tenant fortement le guidon et ses pieds étaient de chaque extrémité du vélo, maintenant l'équilibre avec facilité. Il voyait un petit espace libre pour lui sur la selle puisque Gaspard s'était légèrement avancé vers le devant afin qu'il vienne s'installer. Enzo déglutit et sentit son estomac tourner lorsqu'il s'installa peu serein sur la selle. Était-ce une bonne idée finalement ? Son corps ne répondait plus de lui-même.


—Accroches-toi bien, commença Gaspard.


Enzo serra de ses bras légèrement musclé le corps de son prof d'histoire. Il colla son torse contre le dos robuste de l'adulte devant lui. Gaspard le regardait faire avec hésitation et tendresse. Il soupira lorsqu'il vit qu'Enzo s'était accroché faiblement. Il prit ses amis, se redressa pour sentir le torse de son étudiant avec maladresse et il empoigna de ses mains celles d'Enzo afin de resserrer leur emprise sur son ventre.


Enzo rougit en sentant la proximité s'agrandir et en sentant le rythme de la respiration de Gaspard sur ses bras. Il appuya sa joue contre le dos de Gaspard et regarda le paysage défilé. Les arbres allaient de plus en plus vite, se faisant plus progressivement en pixel et le vent lui fouettait au visage. Gaspard pédalait rapidement tandis que lui essayait de ne pas perdre l'équilibre afin de ne pas tomber sur la route. Les voitures défilaient autour d'eux alors qu'ils étaient sur un passage cycliste qui les menaient à la ville.


Gaspard s'arrêta lorsqu'ils dépassèrent un léger rond-point et une petite fontaine sur la place de la ville. Les bâtiments autour d'eux étaient des maisons en colombage comme à l'ancienne et des magasins de nourriture locale.


—Nous devons continuer à pied après. Les rues sont plus étroites et le vélo ne passe pas. Et c'est plus charmant en se promenant à pied dans la ville, déclara Gaspard.


Enzo ne fit qu'hocher la tête. Le soleil tapait sur les maisons, agrandissant leur ombre jusqu'à eux. Il pouvait entendre quelques oiseaux chanter et voler au-dessus d'eux. Quelques habitants de la ville passaient à côté d'eux, ne se préoccupant même pas de leur présence. Gaspard attachait son vélo dans la trame exprès pour empêcher quelqu'un de voler les vélos. Et il se tourna vers Enzo afin de commencer à se diriger vers ladite librairie que convoitait Gaspard.


Ils y parviennent rapidement et Gaspard se dirigea rapidement vers un jeune qui avait un petit bonnet tricoter de couleur rouge et or. Enzo resta derrière lui et regardant autour de lui, l'étendue de la librairie. Une odeur de bouquin parvint à ses narines et le picotait agréablement. Il avait envie de plonger son nez dans les livres alors qu'il ne lisait déjà pas beaucoup de base car il détestait la lecture. Ce n'était pas sa passion première évidemment. Les étagères alignés parallèlement dans toute la largeur de la boutique étaient rempli de divers romans de tout les styles pour faire plaisir aux clients. Un lustre ornait le plafond marron et opaque pour illuminer la boutique. À l'entrée vers la gauche, le bureau du vendeur ornait le plancher usée.


—Je suis venu pour chercher ma commande, déclara-t-il au vendeur.

—Très bien. Votre nom ? demanda le vendeur en prenant un gros livre faisant office de registre sous le bureau.


Il posa le gros registre dans un petit bruit qui enleva quelques peu la poussière sur le dessus du bureau en forme de « L » légèrement tourné vers un cercle déformé. Des ornements faisaient office de décorations sur le bois fait à la main.


—Gaspard Venderdrake. J'ai commandé un roman fantastique et fantasy de Stephen King. C'est la saga « La Tour sombre », déclara-t-il.

—Oui, je vois très bien. Il doit être dans l'arrière-boutique. Je vais aller le chercher.


Enzo regarda le jeune vendeur remettre correctement son bonnet tricoter et parti à l'arrière-boutique via une porte au fond des rangées de bibliothèque. Il put entendre alors une petite musique très faiblement retentir dans la librairie, mettant une petite ambiance cosy.


Le vendeur revient bien rapidement avec un gros livre qu'il passa à la caisse avant de le tendre à Gaspard.


—Ça vous fera neuf dollars et douze cents.


Gaspard tendit l'argent que le vendeur mit dans la caisse. En attendant l'achat, Enzo avait pu voir la couverture du livre. En gros titre, il y avait le nom de l'auteur de couleur blanc. La couverture était assez sombre faisant en rappel le titre du roman. Une gigantesque tour comme un building était entourée de brume blanche et menait jusqu'en haut du livre. Un homme à capuche noire et le dos tourné était en bas de la tour et il semblait la regarder avec véhémence. Le titre de la saga était inscrit et incrusté dans l'écriture de l'auteur avec une autre couleur plus opaque.


Gaspard salua le vendeur et il fit signe à Enzo de sortir de la boutique. Il mit sa nouvelle acquisition dans son sac-à-dos brun tandis que l'air frais les fit frissonner légèrement. L'automne approchant à grand pas.


—Ça te dit une petite promenade en ville ? Ça changera de l'école.


Enzo ne prononça pas un mot et hocha tout simplement la tête. Ils déambulèrent dans les rues commerçantes avant de s'arrêter à un parc presque isolé du public. Il n'y avait pas un chat et le vent faisait virevolter les feuilles des arbres qui tombèrent sur l'herbe humide.


Ils se décidèrent de s'arrêter au parc et ils s'y aventurèrent dans les tréfonds de cette étendue naturelle et paysagiste. Ils finirent par s'allonger dans l'herbe et regarder le ciel très légèrement nuageux. Enzo pouvait voir des nuages portant d'étranges formes qu'il pouvait facilement dessiner avec leurs courbes respectives.


Enzo plaça ses bras derrière son crâne et soupira d'aise. La brise aidant à une ambiance chaleureuse presque romantique. Le vent léger caressait son visage d'une tendresse infinie et amicale, abaissant la chaleur qui avait enivré son corps lorsqu'il observait Gaspard depuis tout à l'heure. Gaspard, à tout étonnement, était moins stressant et introverti que la dernière fois dans la rivière. Il semblait être plus à l'aise auprès d'Enzo ce qui fit enivrer le corps du jeune garçon de bien-être.


Un moment de silence apaisant naît entre les deux jeunes hommes. Seul la brise faisait bouger leur vêtement et leur chevelure et la haute herbe qui les entouraient du parc qui n'a pas été tondu depuis bien longtemps ; et la pluie de la vieille ayant fait du sien également faisait le charme du paysage actuellement.


Gaspard leva son bras droit vers le ciel et essaya de positionner sa main contre une courbe d'un nuage en forme de rond pour compléter la main. Il pouffa légèrement de rire et Enzo le regarda intriguer avant de reprendre sa contemplation du ciel.


—On est bien ici, tu ne trouves pas ? demanda Enzo brisant le silence.

—Oui, confirma Gaspard d'un ton tendre.


Il rabaissa son bras et le joint à son autre main derrière la tête faisant un appuie-tête. Il se repositionna et son geste le fit légèrement éloigner de son étudiant qui ne le remarqua pas particulièrement. Celui-ci remonta sa jambe gauche afin d'être dans une position différente de celle de Gaspard. Enzo se sentait agréablement bien, il pouvait rester ici des heures sans se soucier de quoi que se soit d'autre, même pas de son père qui était le Sénateur. Il oubliait même les altercations qu'il avait eu avec Guidever et sa bande. Il oubliait l'air hautain de Célestine. Il frissonna lorsqu'il repensa à sa retenue d'il y a plusieurs mois ou il devait ranger la salle de rangement de musique.


—À quoi tu penses ? demanda Gaspard en tournant son faciès vers le jeune étudiant.


Enzo le regarda brièvement, avant de repartir son regard vers le ciel.


—À rien particulièrement.

—En es-tu sûr ?


Gaspard se rapprocha dangereusement d'Enzo en se redressant gracieusement. Il s'appuyant sur son coude et chatouilla légèrement les hanches d'Enzo, touchant le tee-shirt marin que portait le jeune garçon. Enzo sourit et laissa faire Gaspard, ne riant pas pour ne pas lui faire plaisir.


—Ça ne te rend pas chatouilleux ? demanda Gaspard.


Enzo secoua négativement la tête. Gaspard sourit, joueur et il remonta sa main robuste vers le haut du corps de son vis-à-vis. Il faisait des petits cercles, des arabesques sur le côté gauche de son jeune étudiant et partit sa main vers l'épaule d'Enzo, tournant vers la droite afin de remonter le bras. Il remonta vers le visage et parcourra chaque trait de son visage.


—Et là ? Tu es chatouilleux ? demanda Gaspard.

—Non.

—En es-tu sûr ?


Gaspard continua son manège et se pencha pour que son nez touche le cou d'Enzo. Il fit quelque chatouillis avec son nez et devient de plus en plus entrepreneur tandis que ses doigts parcourraient toujours le faciès du jeune garçon sous son emprise. Il passa sa bouche dans le cou d'Enzo qui tendit son corps tandis qu'un soupir d'aise sortit de sa fine bouche. Gaspard sourit et continua. Ses doigts caressèrent le front d'Enzo, ils partirent sur la droite, formant la courbe de sa tempe, passa sur la pommette et toucha le nez fin d'Enzo. 


Enzo ouvrait la bouche de plus en plus au toucher de Gaspard et sortant d'étranges bruits. Son souffle s'accélérait et il ferma les yeux pour mieux sentir le toucher de son professeur. Au rythme de ses doigts, Enzo baissa sa jambe droite relevé inconsciemment et murmurait le prénom de Gaspard qui souriait de plus en plus lorsqu'il baisait chastement le cou frêle d'Enzo. Enzo humectait ses lèvres et sa gorge s'asséchait.


Gaspard passa son index autour des lèvres d'Enzo, formant le contour de celles-ci et Enzo bougea sa langue, la faisant dépasser de ses croissants de chair à la recherche du doigt. Gaspard souriait lorsqu'il redressa son visage pour croiser le regard fiévreux d'Enzo. Ils pouffèrent de rire au geste enfantin d'Enzo. Finalement, Gaspard fit tourner la tête d'Enzo et oubliait complètement tout règles. Il était hypnotisé par la beauté d'Enzo. Les rayons du soleil filtrant avec charme le visage d'Enzo d'où il le parcourait de son index pour retracer les traits qu'il n'avait jamais vue d'aussi près. Ces gestes qu'il venait de produire avait fait une sensation de bien-être et de tendresse dans son corps, le faisant frissonner d'un plaisir intense qu'il n'avait jamais ressentit auprès de Valentine.


Il se demandait même si sa relation avec Valentine n'était qu'amourette passagère et enfantin presque mensongère. Il n'avait jamais presque rien ressentit d'aussi intense qu'avec Enzo. Il recula légèrement lorsqu'il vit Enzo se redresser brusquement, s'appuyant sur son coude. Leur regard était si près, il pouvait voir les reflets de ses prunelles, la couloir marron rempli celles-ci avec une intention particulièrement charmante. Ils se rapprochèrent et reculaient, jouant avec l'envie de l'autre qui se faisait progressivement plus intense qu'au début. Ils ne se préoccupaient plus des autres. Ils étaient dans une bulle qu'eux seules pouvaient éclater. Et puis, il n'y avait personne dans ce parc.


Tenant qu'à lui, Gaspard toucha de son index et de son pouce le menton d'Enzo pour le rapprocher de lui. Ils jouèrent avec leurs lèvres, leur nez se touchant et les faisant sourire. Enzo sentait l'envie de l'embrasser plus que présente et son cœur battait le tocsin, heureux qu'enfin Gaspard prenne autant d'aisance dans cet échange. Il finit par lécher la lèvre inférieure de Gaspard pour le prévenir de son envie presque pressente de l'embrasser. Gaspard sourit et le laissa faire, montrant son sourire comme un feu vert. Enzo rougissait et se rapprochait de Gaspard comme s'il ne l'était déjà pas autant. Il ouvrit à nouveau sa bouche qui était tout autant près de celle de Gaspard et ses lèvres rencontrèrent rapidement celles de son vis-à-vis. Leurs souffles se mélangeant et s'embrasant comme un volcan qui prenait feu.


Ils s'embrassaient ardemment et passionnément. Gaspard prit la mâchoire d'Enzo dans sa main gauche pour amplifier le baiser puisqu'Enzo reculait et s'avançait à nouveau comme s'il hésitait alors qu'il ne voulait que l'amplifiait. Gaspard l'aida dans sa tâche et leur nez se frôlaient toujours face à leur proximité, faisant des petites compresses de chatouillement. Enzo se positionna plus correctement en allongeant ses deux jambes nues —puisqu'il portait un short bleu— et appuya plus avec véhémence les lèvres de Gaspard. 


Son corps réagissant au rythme de leur baiser. Enzo rompit le baiser et reprit de l'oxygène pour repartir de plus belle un nouveau baiser qu'il échangea avec Gaspard. Cependant, Gaspard recula et tourna la tête alors qu'Enzo commençait à devenir plus entreprenant puisqu'il avait les mains contre les boutonnières de la chemise blanche de son professeur. Enzo posa son front contre le torse de Gaspard et soupira d'agacement.


Enzo se retourna pour reprendre sa contemplation vers le ciel, les joues rouges tandis que Gaspard tourna son visage de l'autre côté, ne regardant pas Enzo comme s'il oubliait son existence quelques secondes.


oOo


*Synonyme/argot/acronyme voulant dire Directeur.

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