Chapitre 44: Enfermé.
C'était tout nouveau comme sentiment. Il en était sûr. Il n'avait jamais ressenti ça par rapport à Valentine et il s'inquiétait. Avait-il ne serait-ce qu'une seule fois regardé Valentine comme sa femme ? Pourtant, il en était presque certain que son cœur battait lorsqu'il était prêt d'elle, que son estomac se serrait en l'embrassant, que son corps était fait pour se mouver avec celle de la jeune femme. Ce flagrant fait le fit tressaillir tandis qu'il sentit quelque chose de dur se former contre son bassin. Gaspard amplifiait le baiser qu'il échangeait avec Enzo, mais s'arrêta au bout d'un moment sous le regard interrogateur d'Enzo qui lui caressait sa mâchoire.
Gaspard se redressa et secoua la tête. Sa pression sur le corps et les cailloux dans l'eau diminua. Il se releva et Enzo se redressa sur ses coudes, les sourcils froncés. Les rayons lunaires les éclairaient, surtout Enzo qui était sous celle-ci. Son reflet se multiplia dans l'eau qui ondulait autour de lui, le rendant plus...séduisant ?
—Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Enzo en finissant par se redresser.
L'eau ruissela sur son visage et les gouttes tombèrent lentement entre ses vêtements, disparaissant à vue d'œil dans l'inconnu. Gaspard déglutit et se plongea dans les iris de son jeune étudiant.
—Nous ne pouvons guère faire cela, Enzo, tu le sais, décida-t-il d'avouer.
Enzo se mordillât la lèvre inférieure et hocha la tête.
—Je le sais, mais je veux quand même qu'on le fasse. Peu importe ce que les autres disent ou pensent, j'ai aimé ce que l'on vient de faire et je veux recommencer autant de fois que je le pourrais, mais seulement si tu me le permets, déclara Enzo en se rapprochant.
Gaspard recula de force lorsqu'il vit Enzo qui se rapprochait de lui et qu'il allait lui toucher son bras. Il ne voulait plus qu'Enzo ne le touche. Il ne voulait plus revivre ces sensations étranges et inconnues. Il ne voulait plus ressentir ce plaisir enivrer son corps d'un parfum mystérieux. Il ne voulait pas regretter.
—Non Enzo. On ferait mieux de s'arrêter là.
—Mais Gaspard, apostropha Enzo.
Entendre son prénom de la bouche d'Enzo le fit tressaillir et le dérangea énormément puisqu'il ne s'y attendait pas. Personne n'avait encore osé, en tant qu'étudiant, de prononcer son prénom. Il fusilla Enzo du regard et celui-ci baissa le sien en se rendant compte de sa bourde.
—Je pense réellement qu'on devrait s'arrêter là, on ne peut pas, c'est contre le règlement.
—ON S'EN FOUT DU RÈGLEMENT ! hurla Enzo, hors de lui.
Il n'en pouvait plus. Il n'en pouvait plus qu'on le dénigre, qu'on ne veut pas de lui, qu'on le rejette et qu'on le rabâche sur les règles de l'école. Son cœur allait exploser.
—Enzo, tu ne comprends pas. C'est contre les règlements de l'école, mais aussi de la société actuelle. Nous ne pouvons tout simplement pas. C'est contre les traditions.
—Mais moi je veux être avec toi ! Je l'ai su dès notre rencontre cet après-midi-là, quand tu m'as fait la lecture. Je n'arrête pas de penser à toi. Mon corps te veut. Mon esprit te veut. Mon cœur ne veut que toi. Je suis fait pour être avec toi, Gaspard, s'il-te-plait, comprend-le.
—Je regrette.
Gaspard commençait à s'éloigner et à sortir de l'eau. Enzo le suivit en courant et le rattrapa en attrapant son poignet, le faisant se retourner. Gaspard le regarda avec surprise et en perdant contenance.
—Dis-moi que tu n'as pas regretter notre moment ce soir, demanda Enzo les yeux abattus de tristesse.
Gaspard hoqueta et se laissa emporter par ses propres décisions. Il ne voulait pas écouter le plus jeune. Il ne voulait pas écouter les interdictions. Il ne voulait pas s'enivrer d'une chose éphémère et il ne voulait surtout pas le blesser, se blesser également. Il ne voulait pas davantage faire d'erreur.
Le professeur commença tout doucement à se rapprocher d'Enzo et posa sa main droite contre la nuque d'Enzo qui ferma les yeux au contact. Ses petites boucles chatouillèrent sa nuque et il plongea son regard dans celui amende du professeur. Ce dernier laissa sa main vagabonder contre les omoplates d'Enzo, tandis que l'autre s'immisça contre la hanche gauche du jeune garçon qui finit par se rapprocher du corps de Gaspard par un petit mouvement réalisé par celui-ci.
Le corps d'Enzo buta contre celui de Gaspard. Enzo entoura de ses bras légèrement musclé par les cours de sport, les hanches de son vis-à-vis. Il posa sa joue contre le vêtement noir du jeune adulte et se laissa bercer par le petit massage du professeur qu'il commençait dans son dos. Il se fit subitement reculer et ferma les yeux lorsqu'il vit son interlocuteur se pencher. Enzo pensait qu'il allait l'embrasser, mais il ne sentit rien sur ses lèvres. Il rouvrit les yeux et vit que Gaspard s'était arrêté en chemin. Il pouvait sentir son souffle chaud se mélanger au sien et le vit s'éloigner afin de déposer ses croissants de chair contre son front et briser toute la magie qui s'était installé.
Gaspard se sépara d'Enzo et s'éloigna complètement cette fois-ci, sortant de la petite forêt afin de se diriger vers le dortoir pour retrouver sa chambre. Enzo resta bloqué sur le fait. Il scrutait l'aller sombre, espérant que Gaspard ne se retourne et l'embrasse réellement, cette fois-ci. Mais rien. Rien ne se passa. Gaspard ne revenait pas.
Triste, le jeune étudiant tapa son pied dans un petit caillou qui se fit propulser contre un arbre et ricocha contre un autre afin d'atterrir quelques mètres plus loin qu'initialement. Furieux et chagriné, Enzo suivit les précédents pas de Gaspard et se dirigea dans sa propre chambre, n'oubliant pas d'aller se doucher pour éloigner le froid qui commençait à le faire tousser.
Le lendemain, mangeant sa purée de patate au self, Enzo ne suivit pas la conversation qui fusait autour de ses deux seuls amis de l'établissement. Il repensait aux sensations qu'il avait ressenti hier et jeta à coup d'œil Gaspard qui était à la table des professeurs. Il savait très bien que les professeurs et les élèves ne se mélangeaient pas, seulement en cours. Il n'y avait pas d'autres interactions entre eux. Ça, Enzo le savait très bien, mais il voulait à tout prix être aux côtés de ce mordu d'histoire. Ils se sont même tutoyés pour la deuxième fois. Il voulait vivre une aventure magique avec lui. Il repensa aux propos qu'il avait soutenu et presque crier au professeur. Il sentit son estomac se torde de gêne, ses joues se réchauffer et il déglutit. Il retourna son attention sur son met du dîner et ne soutient même pas le regard de Dimitri.
Enzo jouait avec sa nourriture et ne faisait pas attention à ce qui l'entourait. La vieille au soir lui revenait sans cesse en accéléré le mettant dans tout ses états et se leva brusquement, faisant sursauter Dimitri. Samuel tiqua et le scruta faire, n'intervenant pas.
—Où vas-tu, Enzo ? demanda Dimitri.
Enzo ne répondit pas. Il longea le mur du couloir et se dirigea vers la classe de Gaspard. En après-midi, ils passaient leur temps à écouter la voix grave de Gaspard parler de l'histoire, des grandes guerres, mais cette fois-ci, c'était pour un énième examen. Bizarrement, il avait réussi à avoir d'excellentes notes dans toutes les matières, alors qu'il savait très ben qu'il n'étudiait pas nécessairement sauf pour faire les devoirs de toute la classe sauf ceux de Samuel et de Dimitri qui reprenaient leur cahier une fois qu'ils se retrouvaient sur son bureau de chambre.
Enzo s'arrêta lorsqu'il vit Lier et Laurent couvrirent à l'extérieur via les fenêtres. Ils semblaient pressés. Intrigué, Enzo quitta le couloir et se mit à leur poursuite. S'il pouvait arranger les choses avec Guidever et sa bande, cela serait bien surtout ces temps-ci il n'avait pas très la tête à ça.
Courant à l'air frais, Enzo s'arrêta derrière un mur au bout d'un certain temps à courir. Il se pencha légèrement hors du mur pour pouvoir espionner les deux jeunes qui entraient dans le Hangar à rangement. Il n'y avait rien de bien intéressant dans ce mini-entrepôt que gardait l'école un peu plus loin des établissements, presqu'isolé. Il n'y avait que des chaises, des bureaux, des tableaux en trop que l'école avait commandé pour la prochaine année. Pourquoi Lier et Laurent entreraient dans ce rangement ?
Enzo les poursuit jusqu'à l'intérieur. L'intérieur n'était pas très espacé et le matériel se superposait et comblait l'espace, n'en laissant que très peu pour circuler.
—Lier ? Laurent ? appela-t-il, incertain si son idée était bonne.
Subitement, alors qu'il allait rebrousser chemin, il cogna son pied contre un pied de chaise qui la fit reculer et il entendit un gros « boum » qui s'entrechoqua contre les parois en métal du Hangar. Il se retourna et se mit contre le battant de la porte, la cognant de toute ses forces.
—Hey ! Hey ! Je suis là ! OUVREZ !!
—Tu y resteras jusqu'à ce qu'on te trouve, ria la voix de Guidever.
—Guidever ? appela Enzo incertain.
Le rire s'intensifia et s'éloignait, laissant seul dans ses pensées, Enzo —pour le restant de l'après-midi— dans le petit Hangar de l'école.
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