Chapitre 41: Sommeil léger
—Bon je vais y aller, j'ai une retenue à faire avec notre prof d'histoire, déclara Enzo.
—Déjà l'heure ? Eh ben... souffla Dimitri, surprit.
Enzo sourit et hocha la tête en s'éloignant après avoir fait un signe de main à ses amis. Enzo parcourra les couloirs de l'établissement scolaire alors que les rayons solaires frappaient les vitres extérieurs, prolongeant dans les couloirs une ombre étincelante au sol. Les mains dans les poches, Enzo arpenta le couloir ouest afin de se diriger vers le bureau de Gaspard. Une fois arrivé à celle-ci, il frappa mais aucun signe. Il fronça les sourcils et cogna encore à plusieurs reprises avant qu'une voix féminine n'intervienne.
—Ce n'est pas la peine de frapper autant, Monsieur Levalier. Gaspard n'est toujours pas revenu de sa salle de classe, déclara Célestine.
Enzo l'observa mécontentement, n'ayant pas apprécié son dernier échange qui remontait à présent à plusieurs semaines voir à peine un mois.
—Vous croyez ? demanda Enzo, incertain.
—Évidemment, je viens de le voir, assura Célestine en s'approchant du garçon.
Enzo recula faisant rigoler Célestine qui passa à côté de lui. Enzo l'observa comme au ralenti et remua le nez lorsqu'une mèche des cheveux noirs de Célestine lui passa sous le nez. La jeune femme ouvrit son bureau qui était juste en face de celui de Gaspard et elle se retourna vers Enzo avec un sourire niais.
—Si tu veux, je peux te la donner cette retenue en attendant, non ?
—N—Non merci, refusa Enzo en bégayant.
Célestine haussa les épaules, légèrement contrariée du refus de son élève. Elle remonta ses manches de son veston qui venait de s'éloigner de leur position initiale et elle regarda le jeune élève.
—Dans tout les cas, je serais là si tu veux revenir vers moi pour les retenues. Ça me ferait plaisir qu'on puisse rediscuter de tout ça et repartir sur de bonne bases.
—Votre phrase est toute contradictoire, professeur, déclara Enzo, méfiant.
Célestine élargit son sourire et rigola. Son rire percuta contre les parois du couloir et pénétra enfin dans son antre, laissant seul Enzo dans son rire derrière elle. Enzo frissonna d'horreur et attendit Gaspard, dos contre le mur. Il balança son pied gauche sur celui de droite et triturant ses doigts derrière son dos. Il releva la tête et regarda là où il était arrivé lorsqu'il entendit son prénom sortir des lèvres de son prof d'histoire.
—Enzo ?
—Oui, professeur.
—Que faites-vous là ?
Enzo harqua un sourcil, penaud et légèrement intrigué que son prof d'histoire ait oublié sa retenue.
—Je suis venu pour la retenue, professeur...expliqua Enzo.
—Oh, pas ce soir Monsieur Levalier, se reprit Gaspard en secouant la tête.
—Pourquoi cela ?
—Ce n'est pas l'heure. Et puis, je n'ai pas le droit de vous retenir aussi longtemps après les cours. Vous ferez mieux de retourner dans votre chambre, il se fait tard, décréta Gaspard.
Enzo le regarda et soupira. Il avait attendu pour rien. Après tout, il ne se ferait pas prier de ne pas faire sa retenue. Il en était même soulagé ! Il commença alors à marcher pour revenir sur ses pas, mais un regard en biais en direction de son prof d'histoire le fit arrêter.
—Est-ce que...Est-ce que vous allez bien, professeur ? demanda Enzo d'un ton inquiet.
Gaspard se retourna afin de surplomber de sa grandeur le petit étudiant. Il l'observa de ses yeux en amande. Pourquoi posait-il cette question qui lui semblait infâme ? Avait-il quelque chose qui le trahissait ?
—Pourquoi cela, Monsieur Levalier ?
—Vous semblez être...perturbé ?
Gaspard se tut lorsqu'il allait répliquer le contraire, qu'il était juste fatigué. Il soupira et regarda son élève.
—Cela ne vous regarde en rien, Monsieur Levalier. Vous êtes mon étudiant et rien d'autre. Je ne vois pas en quoi je dois tout vous expliquer mes états d'âme, riposta Gaspard après un moment de silence.
—Dit celui qui est venu voir mon père pour juger mon comportement de délinquant, répliqua ironiquement Enzo.
Gaspard leva les yeux au ciel.
—Vrai. Vous dites vrai, Monsieur Levalier. Sur ce, reposez-vous bien.
Gaspard se retourna afin d'entrer dans son bureau alors qu'il sentait toujours le regard de braise d'Enzo le scruter.
Plus les jours passaient, plus ce que pensait Enzo devenait craintive. L'état de santé de Gaspard dépérissait et il semblait de plus en plus fatigué comme s'il essayait de se terrer dans un mutisme inconditionnel qui le bloquait comme un poisson qui essayait de gravir les murs alors qu'il n'était pas fait pour.
En soit, il savait que quelque chose n'allait pas et Gaspard semblait mal en point à ce propos. Il voulait l'aider, mais comme Gaspard lui avait dit la vieille ils n'étaient pas faits pour être au-delà de la relation professeur et élève. De plus, le règlement l'interdisait. Ils se feraient exclure de l'établissement s'ils avaient ne serait-ce qu'un contact plus que ce qu'il était censé être. Mais ça, Enzo ne s'en préoccupait guère car il avait déjà franchi cette limite. Donc, peu lui importait ce qu'il pourrait lui arriver. Ses pensées étaient toujours autant obnubilées par Gaspard et il semblait jaloux lorsqu'une étudiante ou une femme plus âgé comme cette Catherina s'approchait trop de son homme inaccessible.
Dimitri et Samuel regardaient Enzo avec intriguassions durant les pauses midi puisque ce dernier ne parlait aucunement et semblait être dans une réflexion intérieure très développé pour qu'il ne mange pas son assiette. Dimitri et Samuel se regardaient, tout autant inquiet qu'Enzo l'était pour Gaspard.
—Enzo ? Enzo ? l'appela Dimitri en secouant son avant-bras de sa main gauche.
Aucune réponse.
—Ah ! Il est quelle heure, Samuel ? demanda enfin Enzo en se relevant.
Samuel sursauta et regarda sa montre.
—Presque midi et demi. Pourquoi ?
—Merde, je vais être en retard. J'ai une retenue, expliqua-t-il en s'ébouriffant les cheveux.
Dimitri haussa un sourcil.
—Maintenant ? Tu ne l'avais pas fait l'autre fois ? demanda Dimitri.
—Si, enfin, non. Le professeur ne voulait pas me retenir aussi longtemps pour ne pas couper mes heures de sommeil. Alors, il a annulé la retenue et depuis quelques jours, il semble patraque, expliqua Enzo penaud.
—Dis-moi, tu sembles beaucoup observé notre prof d'histoire pour remarquer ce genre de chose...
Enzo détourna le regard en rougissant. Dimitri sourit niaisement et en baissant la tête, il regarda Samuel du coin de l'œil. Samuel ne se préoccupa pas plus que ça du clin d'œil de son partenaire de table et regarda Enzo s'éloigner, quittant le self à la porte de droite menant dans les couloirs de l'école après avoir déposé son plateau repas sur la cuisine du self.
Enzo parcourra les couloirs de l'établissement et se dirigea dans le couloir ouest pour rejoindre le bureau du prof d'histoire. Il toqua à la porte du bureau et l'ouvrit promptement en n'entendant aucune réponse de sa part. Était-il en classe ? Non, il était bel et bien dans son bureau. Enzo parcourra le petit hall et il regarda les grandes bibliothèques de Gaspard. Il longea celles-ci et de ses doigts, toucha la tranche de chaque livres ne se préoccupant même pas de lire les grands titres avant de regarder Gaspard allongé sur son fauteuil. Il avait la tête penché à l'arrière, sa main gauche tenant entre son pouce et son index l'arrête de son nez. Il avait même les yeux fermés et semblait peu présent comme profondément endormi. Enzo se rapprocha de lui tandis que ses pas parvenaient contre les parois murales et il arqua un sourcil en le voyant ainsi pour la première fois : vulnérable.
Enzo vit le cadre de fiançailles baissé comme si Gaspard ne voulait plus regarder sa magnifique femme et il fronça les sourcils. Pourquoi le cadre était-il baissé alors que les autres fois Gaspard en était fier ? S'était-il passé quelque chose entre les deux amoureux ? Il se mordillât la lèvre inférieure qui était charnues à force d'être maltraité ainsi à plusieurs reprises et il tritura les doigts, ne sachant que faire. Devait-il le réveiller ? Dormait-il seulement ou faisait-il semblant ? Enzo pencha la tête sur le côté, penseur et il secoua la tête. Il passa une de ses mains dans sa chevelure et finit par contourner le bureau afin de se rapprocher encore plus qu'il ne l'était déjà de l'homme. Son cœur battait incroyablement fort et sa rougeur déjà présente à cause de Dimitri s'amplifiait. Que comptait-il faire exactement ? Son estomac se tordait. Des papillons s'envolaient dans son corps paralysant de bonheur son corps qui était rempli de tremblement. De peur ? De gêne? Un peu des deux.
Il se positionna entre Gaspard et le bureau au vu qu'il y avait un petit espace entre les deux. Ses jambes touchaient légèrement ceux de Gaspard. Il déglutit. Que voulait-il faire ? Qu'espérait-il à ce contact ? Il regarda ses jambes trembler contre ceux inertes de Gaspard. Ses mains devenues moites et sa gorge sèche, il s'approcha du visage de Gaspard et regarda de plus près les traits fins et à la fois dur de son visage légèrement blanc comme de la neige ; à force du manque de soleil sur sa peau.
Son souffle se répercuta contre la peau de son prof et bougea sa tête afin de mieux regarder en profondeur les traits de Gaspard. Seulement, alors qu'il allait toucher inconsciemment du bout des doigts les joues rebondies de son prof d'histoire, il se fit attraper le poignet. Il se tourna vers ledit poignet et regarda avec ébahissement son interlocuteur. Il plongea son regard dans le sien tandis qu'il sentit son cœur battre alors que Gaspard le rapprochait brusquement. Son corps rencontra le sien.
Torse contre torse tandis qu'il se retrouvait entre les jambes légèrement écarté de Gaspard. Sa main gauche empoigné par celle de Gaspard et sa main droite posée contre la cuisse de Gaspard. Son souffle se répercuta contre le menton de son prof d'histoire et leurs iris étaient plongé dans le regard de l'autre, n'en sortant plus.
—Que comptais-tu faire, Enzo ? demanda Gaspard en finissant par le tutoyer.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top