Chapitre 33: Tour de table
Gaspard était retourné à l'arrière de son bureau, la chaleur stagnante était devenue insupportable. Il corrigeait les copies de d'autres classes et un peu plus tôt, il s'était permis une courte pause pour reposer son poignet qui ne faisait que des croix, des crochets pour les bonnes réponses et des cercles pour les fautes d'orthographe ou des courbes pour des réponses incohérentes. Il avait regardé les étudiants courir le long des pistes de la cour extérieure et son regard s'était attardé sur Enzo qui se reposait.
Il repensait à sa rencontre avec son père. Cela ne devait pas être facile pour son étudiant lorsqu'il était chez lui...Le frappait-il ? Était-ce pour cela qu'Enzo semblait perturbateur et en même temps, lunatique ? Probablement. Avec un père tellement autoritaire comme le Sénateur devait être problématique et malsain pour la famille. Enzo se sentait-il désarmé face à l'absence paternel ? Il ne s'était pas aperçu qu'il avait observé tellement longtemps Enzo jusqu'à ce que celui-ci ne dédaigne le regarder avec ces yeux noisette.
Il passa une main dans ses cheveux délicatement bouclés qui caressaient sa nuque. Il se mordillât la lèvre lorsqu'il repensa à sa femme. Il se demandait ce qu'elle faisait. Était-elle toujours avec le même groupe de touristes ? Était-elle toujours à Barcelone ou avait-elle changé de destination ? Il pensait récemment à sa femme. Normal, puisqu'il ne l'avait pas vu depuis quelques mois. Devait-il prendre congé et se faire remplacer pour quelques semaines afin d'être au côté de sa dulcinée ? Non, il devait assurer son travail jusqu'à la fin. Reprenant ses esprits, il continua la correction en soupirant lacement. Devait-il finalement accepter la compagnie de Catherina ? S'ils ne faisaient que discuter, ça irait non ? Évidemment que non, il ne devait pas s'accrocher à l'idée de se distraire avec cette femme qu'il ne connaissait qu'à travers les propos de Benjamin.
Il se leva lorsque la cloche du dîner sonna. Il se dirigea au self et regarda celui-ci avec un regard quand même attendrissant. Il aimait beaucoup les jeunes et surtout leur joie de vivre. Un brouhaha de voix, des chaises qui raclent le sol pour laisser l'étudiant s'asseoir dessus, des plateaux-repas qui se posaient lourdement dans un tintement lourd sur la table et du bruit de casserole, de couvert provenant des étudiants et de la cuisine parvenaient facilement à ses oreilles. Gaspard se dirigea tranquillement vers le comptoir pour prendre son repas du jour : spaghetti à la sauce bolognaise, avec une pomme, un petit désert, du pain et un verre de lait chaud au chocolat.
Gaspard continua de longer le petit comptoir et se tourna afin de se diriger vers la table des professeurs et rencontra Enzo dans le chemin. Il regarda avec surpris le jeune étudiant qui l'observait avec ébahissement également. Apparemment, il ne l'attendait pas de sitôt.
—Monsieur Levalier ? appela Gaspard.
—O-oui, professeur ? Je voudrais savoir...quand serait-ce ma prochaine réunion avec vous, répondit Enzo.
—Après-demain. Mais, Monsieur Levalier, préparez-vous bien pour le concours. J'en parlerais cet après-midi en cours.
Enzo hocha la tête et s'installa au côté de Dimitri, qui parlait avec ce Samuel. Il l'avait vaguement vu dans leur classe. Il était arrogant parfois, mais Enzo savait qu'on pouvait compter sur lui. Il l'avait bien vu dégommer verbalement Guidever l'autre jour au temps du sport de Baseball. De plus, ils avaient tous les trois la même passion : le sport.
—Puis les gars, c'est bientôt la fin de l'année, qu'est-ce que vous allez faire après ?
—Intégrer une équipe de foot et m'y exceller, déclara Samuel.
—Tu es bon en sport, donc c'est normal ta décision. Mais je parlais du côté « amour », que comptez-vous faire ? demanda à nouveau Dimitri.
Enzo leva les yeux au ciel sachant très bien que Dimitri allait encore déblatérer sur la perfection de ce Makoto qu'il avait vu il y a quatre semaines.
—Bah pas grand-chose...Ça ne m'intéresse pas, fit Samuel.
—Hein ? Sérieux ? Un beau gosse comme toi ne s'intéresse pas à l'amour ? explosa Dimitri.
—Tu peux le crier sur tous les toits aussi, comme ça tout le monde sera au courant, je ne t'en empêcherais pas, déclara Samuel en se renfrogna lorsque les yeux des autres étudiants les observaient.
Dimitri tiqua au ton ironique qu'à prit Samuel pour lui parler. Il regarda autour de lui et c'est gêné qu'il se rasseye.
—Non c'est bon, ne t'inquiète pas...souffla Dimitri en prenant sa pomme pour la croquer.
Samuel soupira et un petit silence se fit. Enzo réfléchissait à ce qu'avait dit Dimitri. Qu'allait-il faire ? Tous les ados de son genre avaient au moins une petite-amie pour l'été. Que devait-il faire ? Devait-il aller sur une application de rencontre pour se trouver une petite copine afin d'explorer ce rempart de sentiment amoureux ou d'explorer son côté romantique ? Ou devait-il aller directement le demander à une fille de l'école de sortir avec lui ? Ou peut-être...à un gars ? Ça marcherait aussi... Après tout, il pense être bi. Peu importe le choix, ça ferait l'affaire. Il regardait du coin de l'œil Dimitri et Samuel.
—Dis Samuel, on ne se connait pas vraiment, mais j'ai une question à te poser.
—Oui ?
—Pourrais-tu m'apprendre ?
—T'apprendre ?
Samuel le regarda avec un air neutre tandis que Dimitri l'observait, décidément choqué.
—Non, t'es sérieux Enzo ?
—On ne peut mieux...Et c'est peut-être mieux que de regarder tes revues pornographiques, Dimitri.
Dimitri lâcha un rire erroné à la réplique de Samuel. Il continua de croquer dans sa pomme tandis que Samuel scrutait et analysait Enzo.
—Tu peux être plus précis, Enzo ?
—Bah voyons, je te pensais plus vif que ça...
—C'est sûr ! Espèce d'idiot, je voulais m'assurer que tu porterais tes couilles.
Enzo rougit de gêne tandis que Dimitri rigolait de sa timidité sur ce sujet qui concernait les hormones masculins.
—Sinon, pour répondre à ta question, c'est non. Je ne veux pas, j'ai déjà un copain.
—Quoi ? C'est qui ? demanda Dimitri.
—C'est secret.
—Roohhh, allez tu peux nous le dire, râla Dimitri.
Samuel soupira et sous les yeux ébahis de Dimitri il quitta promptement la table. Il débarrassa son plateau et quitta le self.
—Voilà, tu l'as fait fuir. Super Dimitri, bravo.
—Quoi ? Mais c'est aussi ta question stupide ! Tu croyais quoi ? Qu'il allait accepter ? T'es fou ! Raah tu m'énerves !
Dimitri se leva de table et quitta le self.
—Dimitri ! essaya de le retenir Enzo.
Il se leva et se dépêcha de le rattraper. Seulement, il se convint qu'il le retrouverait dans la salle de classe de son prof d'histoire. Il souffla et prit sa place initiale à côté de la fenêtre.
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