Chapitre 04: Le cours de Musique de Madame Guérin

Enzo marchait dans les couloirs de l'établissement et descendait les grandes marches du deuxième étage qui se séparaient en deux couloirs. Ses manuels à la main, il passa une main dans ses courts cheveux bruns. Il détacha sa cravate qui l'étouffait légèrement et regarda la cour extérieure à travers les fenêtres du couloir centrale. Il voyait des étudiants assis dans l'herbe humide par la récente pluie, des étudiants jouaient au football, se cognant parfois et en riant. D'autres discutaient en marchant dans les chemins en gravier.


Il vit le ballon arriver à ses pieds et le regarda intensément avant de relever la tête vers les élèves qui l'interpellèrent en levant une main vers le ciel.


—HEY ! Peux-tu nous lancer le ballon ? demanda-t-il d'une voix forte pour qu'Enzo l'entende.


Enzo passa une de ses mèches rebelles à travers son oreille et déposa ses manuels de cours sur le rebord de la fenêtre. Il se recula et regarda le but derrière les étudiants. Il était un expert dans ce jeu familial et compétitif. Il avait tellement joué à ce sport avec son père avant que ce dernier ne soit...ne soit le sénateur du pays. Repoussant ces anciens souvenirs qu'il avait chérit avec son père, il se mit à reculer, se pencha vers l'avant pour prendre de l'élan et que son pied frappa le ballon noir et blanc.


Le ballon siffla l'air et le traversa. Le jeune homme qui avait interpellé Enzo, se baissa brusquement pour éviter que le ballon ne le frappe au visage et le regarda se planter dans les filets avec surprise. Les étudiants qui l'accompagnèrent restèrent choqués et regardèrent Enzo s'en aller tranquillement. Le footballeur se mit à courir vers Enzo, abandonnant ses compagnons de jeu et tapa l'épaule d'Enzo qui se retourna vers le jeune homme, intrigué.


—Qu'est-ce que tu veux ? demanda Enzo, en soufflant sur sa franche qui lui cachait la vue.

—Tu...Tu as l'air doué dans le football, dis-donc.

—Ouais, j'y jouais souvent. J'aimais bien ce sport, répondit Enzo.

—Dis, tu ne voudrais pas faire partie de l'équipe ? On va faire un match amical avec d'autres étudiants ce week-end et on a besoin de toi dans l'équipe. Tu as une force de frappe fulgurante. Je suis sûr qu'avec toi, on va gagner le match, décréta l'étudiant.

—Dis, comment tu t'appelles ? demanda Enzo en s'arrêtant et en se tournant vers son camarade.

 

Il ne semblait pas être plus âgé que lui. Il semblait gringalet et son physique disait tout. Lunette, cheveux lisses et mi-long, nez retroussé et joues légèrement rebondies.


—Dimitri Ernest, à votre service, salua celui-ci.

—Alors, Dimitri, c'est ça ? *hochement de tête du concerné avec un léger sourire charmeur* Je crois que vous n'aviez pas besoin de moi pour ça. Je décline ton offre, mais merci.


Enzo lui frappa amicalement son épaule droite avant de le laisser en plan. Offusquée, Dimitri courut à sa poursuite et le nargua encore quelques minutes de la proposition. Enzo fit la sourde oreille durant tout le reste du trajet jusqu'à son dortoir.


—Dis, tu n'as pas cours avec Madame Guérin ? demanda Dimitri.

—À quoi ça peut te servir de le savoir ? répliqua Enzo.

—Allez, ne me dis pas que tu sèches ses cours ? C'est la plus belle femme que je n'ai jamais vue et tu oses séchés ses cours ? demanda impressionner et outré Dimitri.

—Ça ne m'intéresse pas, fit-il.


Enzo se coucha sur son lit. Une balle de Baseball en main et la fit tournoyer entre ses mains. Parfois, il la lançait en l'air pour la rattraper juste après. Ses chaussures dépassaient légèrement le lit puisqu'il était installé à mi-chemin de la taie d'oreiller qui était collé au mur.


—Dis, tu m'écoutes ? demanda Dimitri en rattrapant la balle pour qu'Enzo le regarde furieusement.

—Laisse-moi tranquille et va en cours, toi au moins, tu devrais avoir une raison pour la supporter cette prof.

—Argh, ragea Dimitri en s'ébouriffant ses cheveux bruns.


Dimitri se leva subtilement en déposant la balle sur le lit du voisin d'Enzo et se dirigea vers son camarade. Il le releva brusquement et l'implora de venir avec lui.


—Quoi ? Où ça ? demanda Enzo en se débattant.

—Viens, ne te pose pas de question, je vais te montrer un endroit, fit-il.


Enzo soupira et suivit nonchalamment son nouvel ami. Enfin, il supposait que c'était son nouvel ami. Sinon, pourquoi Dimitri resterait auprès de lui ? Il regarda le dos légèrement courbé de son nouvel ami et regarda leur main liée. Il détourna le regard et Dimitri finit par s'arrêter devant une salle de classe. Il écarquilla les yeux en voyant le vieil écriteau indiquant « Musique » en haut de la porte en bois. Enzo regarda Dimitri les yeux ronds tandis que celui-ci lui fit un signe de « v » comme le signe de la victoire avec sa main droite et un grand sourire Colgate s'inscrit sur son visage.


Crétin, crétin, crétin, s'insulta Enzo intérieurement.


Dimitri frappa à la porte et une voix ferme retentit jusqu'à leurs oreilles. Dimitri ouvrit la porte de sa main droite et pénétra dans la salle de classe tandis que les étudiants se retournèrent pour voir les retardataires. La professeure avait les bras croisés sur sa poitrine et regardait les nouveaux arrivants d'un œil noir. Son bâton de bois dans une main et son index gauche tapotant son coude droit, signe de son mécontentement. Son sourire légèrement retroussé et ses sourcils froncés.


—Je peux savoir le motif de votre retard, Messieurs ? demanda-t-elle d'une voix glaciale.


Célestine Guérin détestait qu'on l'interrompe dans son cours, surtout quand c'était question de retardataire.


Elle est tellement resplendissante, même quand elle est énervée, c'est dingue ! pensa Dimitri, le cœur battant.


—On est désolé, Madame, on n'a pas vu l'heure passez, commença-t-il.

—Peu importe le motif de votre retard, finalement. Vous serez en retenue ce soir pour le cas. Pas de discussion, sur ce sujet. Asseyez-vous et faites-moi la pièce d'aujourd'hui. J'espère que vous avez pratiqué durant la semaine. Si j'entends une seule fausse note, vous aurez double retenue, dit-elle de sa voix glaciale.


Dimitri et Enzo se jetèrent un coup d'œil. Qui aurait énervé leur professeur de musique ? C'est indécent comme comportement ! Ils n'avaient rien fait ! Enfin, ils étaient juste arrivés en retard. Y'a pas mort d'homme, non ?


Enzo soupira et se plaça à sa place habituelle pour prendre sa flûte à bec et suivre son nouveau camarade vers l'avant. À chaque récital, ils devaient aller en avant pour que toute la classe les voit se ridiculiser. Il nettoya de son chiffon le bout de sa flûte à bec, mit le chiffon gris dans sa poche et amena la flûte à sa bouche pulpeuse. Il plaça ses doigts et regarda du coin de l'œil son nouvel ami qui l'attendait.


—Allez-y. 1 et 2, et 3, répéta-t-elle inlassablement pour indiquer le tempo.


On pouvait parfaitement entendre le bruit des flûtes à bec de l'instrument jouant une célèbre pièce de Beethoven dans la salle de classe et dans les couloirs. Enzo et Dimitri jouaient « La Lettre à Élise » de son nom original « Für Elise ». Le bruit fatiguant du bâton de la professeure, qui retentissait dans la salle de classe, rencontrait le bout de son lutrin et qui se levait dans des cercles infatigables, montrant où il fallait respirer.


—S'il-vous-plaît, les garçons, jouer avec plus d'entrain. C'est mou ! Faites ressortir vos émotions ! Je ne ressens rien ! C'est une pièce très émotive écrit par Beethoven ! Allez, du nerf ! Reprenez à Si, Mi, Mi, Re, Mi, Chantonna-t-elle, sa voix s'adoucissant, mais était malgré tout téméraire.


Enzo soupira et reprit sa flûte à bec dans un même mouvement commun avec Dimitri. La cloche sonna au bout d'une certaine heure. Enzo avait les lèvres enflées, à force d'avoir trop joué de la flûte pendant trois heures interminables. Il pouvait sûrement entendre encore la voix jacassant de Célestine dans sa tête et son bâton cognant avec frénésie le lutrin.


Il marchait dans les couloirs de l'établissement et s'arrêta en voyant son professeur d'histoire marcher au côté du professeur de latin, marchant côte à côte dans la cour extérieure. Brusquement, deux étudiants vinrent réceptionner Enzo et l'emmenèrent dans les dortoirs.


—Hey ! Lâchez-moi ! cria-t-il. 

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