Partie 1 : Trois mois avant la rencontre...

Trois mois avant la rencontre...

8 H 05.

-Bienvenue dans l'entreprise Monsieur Evans. Vous commencerez demain à 6 h tapante. -Me dit mon nouvel employeur d'un ton enjoué.

-Excellent ! Merci Monsieur, passez une bonne journée ! -Lui dis-je en serrant sa main dans une poigne ferme.

Il hocha la tête et je partis en masquant mon sourire.

Je ne pouvais pas rêver mieux : j'avais un emploi concret au Wilson's Holding.

Une des fibres d'entreprises les plus fructueuses du moment.

Là où travaillait Alec Wilson également.

Cet homme était magnifique. Inaccessible. Mystérieux.

Un Apollon aux cheveux châtain clair, au visage carré, au teint de porcelaine, aux yeux vert étincelant et la bouche ourlée...

Un biznessman de 35 ans qui faisait tomber tous ceux qui avaient la chance de se trouver sur son chemin...

Non, je n'avais pas postulé ici spécifiquement pour le voir...

Bon, d'accord, c'était en partie vrai...

Une très grosse partie même.

Mais l'entreprise était très attrayante en elle-même : une vue panoramique sur tout New-York, un salaire plus que très bien rémunéré et une bonne renommée dans le milieu...si on y survivait bien-sûr.

Le Paradis pouvait bien se révéler être un Enfer...

Je quittai les locaux de l'immeuble avec le sentiment d'avoir enfin accompli quelque chose de grand...qui me sortirait de ce misérable cercle vicieux dans lequel je tournais sans cesse...

Allons annoncer ça à Jennie !

Jennie, 25 ans, célibataire décomplexée, amie en or et un amour de colocataire.

Blonde, grande aux yeux bruns, gentille et attentionnée, avec un joli minois et une paire de jambes interminables...

Elle aurait pu m'intéresser...dans une vie antérieure.

Une vie où je n'aimais pas les hommes, par exemple.

Je n'ai jamais caché mon homosexualité à qui que ce soit : je partais du principe que les hommes pouvaient aimer ceux qu'ils voulaient puisque l'on n'aimait pas avec le corps, mais le cœur et l'esprit.

Mais ça n'a pas été aussi simple pour tout le monde...

Je n'ai eu aucun problème avec ma famille, puisque j'ai perdu la mienne dans un incendie il y a 24 ans de cela.

Mon foyer, lui, n'a pas vu ça d'un très bon œil. Et cela m'a valu d'être exclu de la part des autres jeunes de mon âge, d'être rejeté et malmené de la part des adultes.

Plusieurs demandes d'adoptions se sont rétractées en raison de ce « petit problème » qui avait toute son importance dans cette foutue société.

Comme si le fait d'être gay était une maladie dégénérative contagieuse...

Regardez-moi les gars : je suis toujours vivant et ma colocataire se porte bien !

J'ai donc traîné dans le même centre toute ma vie, jusqu'à l'âge où je pus enfin voler de mes propres ailes et partir loin de tous ces préjugés et remarques homophobes.

Je n'avais qu'un Bac S en poche et pas l'argent nécessaire pour m'inscrire dans des universités: trop peu suffisant pour toutes les personnes chez qui j'ai demandé du travail...

J'ai donc enchaîné les petits boulots : facteur, serveur dans un bar, plongeur au restaurant du coin...avant d'aider Madame Ashley dans son magasin de souvenirs: une petite boutique assez rustique qui faisait le bonheur de ses habitués.

Cette petite dame de 85 ans aux airs de Mary Poppins et de Mamie Gâteau était une vraie force de la nature : elle avait commencé à travailler à l'âge de 12 ans dans une usine de blanchisserie avant de se marier à 18 ans et s'occuper en alternant le travail, l'éducation de ses 4 enfants et la pauvreté des sans-abris de la ville dont elle s'occupait à plein temps.

Dix ans plus tard, son mari, Claude, eut une terrible attaque après deux arrêts cardiovasculaires et Grandma' ou Grammy comme elle aimait qu'on l'appelle, dut prendre en charge sa vie et celle de ses enfants d'une main de fer...

Ce qu'elle réussit avec brio.

J'ai travaillé 8 ans avec Ashley avant d'en arriver là.

La tâche n'était pas si rude, Grammy était merveilleuse : elle me nourrissait et me blanchissait gratuitement lorsque je n'avais pas assez pour le faire moi-même.

Puis, un jour, je rencontrai sa petite-fille : Jennie, qui cherchait un colocataire dans un petit appartement à la bordure de la ville.

J'ai aussitôt sauté sur l'occasion.

Depuis, me voilà avec la colocataire la plus controversée du moment : au programme, alcool, soirées cinéma en pyjama rose avec Dédé le cochon en peluche, et anecdotes sympathiques sur les collègues du boulot ou les ex complètement stupides.

Un régal en soi...

Mais ce n'était rien comparé au marathon Glee, Gossip Girl et Vampire Diaries, et aux après-midi « pose de vernis troooop beau acheté hier ».

Quand vous êtes un homme et que vous êtes en colocation avec une femme...il y a plusieurs règles à respecter.

Premièrement : ne JAMAIS laisser traîner vos slips sales partout dans la maison.

Deuxièmement : effacer son historique internet AVANT qu'elle ne se serve de l'ordinateur.

Et enfin troisièmement : lorsqu'elle vous pose une question sur sa tenue du jour, TOUJOURS répondre qu'elle est magnifique, quoi qu'elle porte.

Bon...les deux premiers points ne me concernaient pas vraiment : à savoir que j'étais quelqu'un de plutôt maniaque depuis que l'on m'avait pris mes caleçons pour en faire un drapeau au-dessus du toit du foyer à l'âge de 8 ans, m'obligeant à utiliser une culotte « Barbie et son Poney magique » afin d'aller rechercher mes affaires...

Merci les copains, j'en garde un très bon souvenir !

Ensuite, je ne me considère pas comme un homme entrant de cette catégorie-là. A savoir que je ne vais jamais m'amuser à regarder sur ce genre de site...les gémissements de ma gentille coloc' et de ses conquêtes du soir me suffisant largement.

Je pense néanmoins que tous les gars sur terre devraient se souvenir de la règle n°3 : les filles portaient parfois de drôles de choses...

Prenez l'exemple d'hier matin : Jennie en short/salopette kaki avec des chaussettes en laine noires montantes jusqu'aux cuisses, un bandana rouge sur les cheveux, des chaussures de drag queen noires à paillettes et un top Mickey.

La meilleure chance de survie dans ses cas-là ?

Le mensonge...

-Mais bien-sûr, Jennie chérie, tu es magnifique ! Comme tous les jours !

Et je ne vous parle même pas de cette affreuse collection de peluches roses dans sa chambre : ours, pandas, crocodiles, pingouins, chiens, chats...

Une petite centaine environ.

Ou bien de toutes ses affiches de Justin Bieber collées sur les murs, encadrées avec un petit cœur au stylo rouge indélébile...

Sa lubie des choses affreuses me désarçonnait : j'avais quand même dû lui interdire de coller des affiches Taylor Lautner dans les WC...

Oui, oui, à ce point-là.

Malgré cette lubie et son obsession de vouloir mettre du lait de noix de coco dans tous mes plats, Jennie était quelqu'un de facile à vivre...

Si perspicace qu'elle n'avait d'ailleurs pas mis longtemps avant de comprendre qui j'étais...

-Comment ça tu ne veux pas aller à ce speed-dating ? Toutes les femmes célibataires de moins de 40 ans y vont ! Clay, c'est bien ce que tu voulais, non ?

-J'ai dit que je voulais une personne de moins de 40 ans mais...

-J'ai trouvé : tu es gay. C'est ça non ? Quand on y pense : tu aimes bien les comédies, tu pleures devant Titanic et tu adores le jasmin !

-J'aime les comédies, et alors ? Oui, ce putain de film me fait pleuer...et non, je trouve juste que le jasmin sent meilleur que la rose...mis à part cela, oui je suis gay. Des remontrances à me faire à ce sujet ?

-Tu aurais pu me le dire avant, crétin ! Ça m'aurait évité d'avoir l'air d'une cruche à vouloir te caser avec une de mes connaissances... Dis-moi, si je sors avec un beau mec, genre Apollon et tout ça, tu ne me le piqueras pas, hein ?

Et c'est à partir de ce jour que je pus enfin voir la vie un peu plus sereinement...

Nous avions même prévu d'adopter un chat, Jennie et moi. Un « bébé » que nous élèverions tous les deux et qui aurait toutes les peluches du monde...à supposer qu'il ne les balance pas à la figure de sa mère dès le premier jour...

Evidemment, elle était au courant de mon coup de cœur pour Alec, et s'amusait à me lancer des piques dessus, ce à quoi je répondais que Matt Bomer était gay lui aussi, et qu'elle ne pourrait jamais l'avoir, récoltant un oreiller dans la figure de sa part...

Vengeance quand tu nous tiens.

Aujourd'hui, nous avions prévu d'attendre la réponse de mon futur employeur ou non, et de se bourrer la gueule ou de fêter ça en mangeant mexicain.

Fajitas, nous voilà...

J'ouvris la porte de notre petit F3 et pris une mine impassible.

Jennie m'attendait, assise sur le canapé, les yeux empreints d'anxiété.

-Alors... ?

Je la regardai fixement pendant de longues minutes.

-Oh putain, je n'y crois pas ! Ils ne t'ont pas pris ! Non mais quels connards, sérieusement ! Attends que je vienne faire un tour dans leurs locaux, ils vont m'entendre, crois-moi ! Je vais leur dirent clairement ce que je pense et...

-Je suis accepté.

-....j'ai encore une bouteille de vodka dans le frigo. QUOI ?

Elle se releva d'un bond avant me sauter au cou.

-Espèce d'andouille, tu as de la chance que je t'apprécie ! Pour la peine, tu nettoieras le linge sale pendant une semaine et ce soir ce sera marathon Twilight !

Oh non...pas encore.

-Tu es vraiment cruelle quand tu t'y mets...

Je soufflai pour la forme.

-Et ce mexicain ?

Elle m'embrassa sur la joue et partit commander le menu.

J'espérais que la vie soit toujours aussi simple et joyeuse qu'aujourd'hui...

Je ne savais pas encore à quel point j'allais me tromper...



Et voilà pour cette première partie !

Vos avis ?

Je tiens à précisée que les Jennie existe bien, prenons l'exemple de ma meilleure amie qui adooore ses ourses en peluche et dont je me suis servie pour Dédé ;) Si tu regard ma belle !

Bonne lecture !



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top