Chapitre 2 : Cauchemar
Chapitre 2
Cauchemar
/!\Ce chapitre contient un passage qui peut être dur pour certains.
Je me pousse au fond de la cage en entendant du bruit, espérant me faire oublier, qu'on ne me voit pas.
Ça doit faire trois jours que je suis là. Le seul signe de présence humaine est le plateau de nourriture qu'on m'apporte à chaque lever et coucher de soleil. Ce n'est donc pas normal que quelqu'un vienne maintenant, en pleine journée.
Un visage apparaît soudain devant la cage dans laquelle on m'a enfermée, me faisant sursauter. Je me colle contre la paroi rocheuse alors qu'il rit.
— Ça sert à rien d'essayer de te cacher, raille-t-il en ouvrant la cage. Allez sors de là.
Je ne bouge pas, ce qui semble l'énerver. Il m'attrape la cheville et me tire vers lui, m'écorchant les jambes et me faisant crier au passage. Il m'attrape par les cheveux et me force à me relever. Cet imbécile ne doit pas penser que je sache me défendre sinon, il aurait anticipé ce qu'il va arriver. En moins de deux, je lui attrape le bras et le tords de toutes mes forces jusqu'à entendre un craquement. Il hurle et m'insulte mais je ne l'écoute déjà plus et pars en courant vers la forêt. Mais, une vive douleur à la cheville me fait crier et tomber. Je regarde ma jambe et vois qu'une flèche la transperce. Nom de Dieu mais, où est-ce que j'ai débarqué ? Et qui sont ces malades habillé comme Cornac le barbare ?
Putain ça fait mal.
— Tu croyais aller où comme ça ?
C'est celui qui m'a envoyé la flèche qui a parlé. Il est assez grand, les yeux d'un bleu glacial. il est chauve mais a laissé suffisamment pousser sa barbe pour tresser son bouc. Son regard est illuminé d'un amusement malveillant. Un frisson de peur me secoue tout entière.
— Va te faire foutre, je hurle alors que la douleur m'assaille.
Il n'a pas l'air content et me relève par les cheveux. J'aimerais savoir ce que mes cheveux ont bien pu leur faire pour qu'ils s'en prennent à eux comme ça. Mais, je doute sincèrement que ce soit une question très importante pour l'instant.
— À qui crois-tu parler, hein ? crache-t-il.
Mon Dieu, l'haleine. Un instant, je ne pense qu'à ça, consciente de me focaliser sur les détails pour échapper à l'horreur de la situation.
Je ne réponds pas et il tire plus fort avant de me jeter au sol et de se coucher sur moi. Mon instinct prend le dessus et je me débats comme une lionne alors qu'il balade ses mains sur moi. J'ai envie de vomir et j'essaye du mieux que je peux de le repousser.
— Je vais te montrer moi, gronde-t-il en me giflant.
— Lâche-moi sale porc !
Je frôle l'hystérie alors qu'il ricane en mettant tout son poids sur moi, me coupant la respiration. Il se frotte de manière obscène contre moi, me faisant sentir à quel point la situation l'excite. Je veux rentrer à la maison.
— Pourquoi vous faites ça ? je hurle, au bord des larmes.
— Pourquoi pas ? raille-t-il avec une voix rauque qui me rend malade. Tu es plutôt mignonne.
— Ça suffit, ordonne une grosse voix.
Le porc se relève alors que je reste au sol, tétanisée.
— Relevez-la, ordonne la voix.
On me relève — par les bras cette fois — et je m'éloigne de cette personne en grimaçant de dégoût. Je fixe le nouveau venu avec haine. Il est tout aussi — si ce n'est plus — affreux que les autres. Il me fait penser à ses gros barbares du Moyen-Âge et ils en portent tous les habits. C'est une secte, je ne vois que ça. Espérons qu'ils n'organisent pas le sacrifice d'une jeune vierge — ils seront déçus, les barbares, je ne suis plus vierge depuis un moment déjà.
— Qu'est-ce que vous voulez ? je demande avec fureur.
— Beaucoup de choses, fait celui qui doit être le chef.
— Je veux rentrer chez moi, je réclame. Laissez-moi partir.
— D'où viens-tu ? me demande-t-il soudainement. Tu ne sembles appartenir à aucun peuple que je connaisse. Tu n'es pas romaine, ni picte, ni scots et encore moins saxonne.
— Nom de Dieu mais vous êtes qui ? je m'exclame.
Je n'ai jamais été très assidue en cours, encore moins en histoire. Mais je reconnais tout de même certains noms des peuples que cet individu énonce. Et ils datent du Moyen-Âge.
— Le chef des Saxons.
— Faut arrêter les jeux de rôle mon vieux, ça te monte à la tête si tu veux mon avis.
Il rit alors que je viens juste de lui dire qu'il lui manquait une case. Il va vraiment falloir lui trouver un hôpital psychiatrique approprié aux troubles sévères.
— Un sacré caractère, rit-il. On va devoir arranger ça. Vous pouvez jouer avec, dit-il aux hommes présent alors que je recule, terrifiée de comprendre. Mais je veux qu'elle reste en vie alors allez-y doucement. Je te fais confiance, fils.
Il passe devant moi, me caresse la joue alors que je recule violemment la tête pour briser ce contact et il s'en va, me laissant en pâture à ses barbares.
Celui qui doit être son fils et, au passage, celui qui m'a blessé la jambe s'approche en souriant. Il me prend dans ses bras alors que je me débats mais, cet enfoiré tient bon. Il me balance sur le sol, près de ma cage. Il agrippe ma jambe, tient la flèche et la retire d'un coup sec alors que je hurle de douleur. Les larmes finissent par arriver et coulent le long de mes joues. Il rit et s'allonge de nouveau sur moi, je ne songe même plus à me débattre. Un bourdonnement résonne dans mes oreilles alors que mon cœur bat dans ma gorge. Ma jambe me brûle et du sang coule de ma plaie sans s'arrêter.
Je suis fatiguée, ailleurs. C'est quand je sens ses mains passer sous ma nuisette que je reviens à l'instant présent. J'essaye de le frapper, de le mordre. Il me gifle, en venant au poing quand il voit que ça ne marche pas. Mes ongles sont rougis par son sang et sa peau s'accumule en dessous. Mais il ne s'arrête pas. Je lui crache au visage et il semble comprendre que je me battrais jusqu'au bout. Il m'attrape par la gorge et me tape l'arrière du crâne contre le sol. Je me retrouve à moitié sonnée alors qu'il s'essuie rapidement le visage. Il me bloque ensuite les bras au-dessus de la tête avec l'une des siennes et bloque mes jambes, se mettant entre elles.
Alors que sa deuxième main passe entre nos deux corps, je supplie cette chose en moi. Peu importe son nom, peu importe de quoi il s'agit exactement, je la supplie de m'aider. Je l'implore d'envoyer cette brute loin de moi. De le tuer. De tous les tuer.
Mais rien ne se passe et la fatalité me frappe aussi durement que l'homme au-dessus de moi. J'ai perdu.
Je me déconnecte, essayant de partir loin d'ici, loin de ce cauchemar. J'y arrive un instant, je ne suis plus là. Je suis dans ma chambre avec ma mère, au chaud et en sécurité. J'ai un sursaut de conscience en sentant une vive douleur dans mon bas ventre. Le calvaire a commencé. Mais je refuse de rester consciente pour ça. Alors, je me concentre d'autant plus pour me déconnecter de la réalité, pour ne pas subir les assauts de ce sale porc dégoûtant. J'oublie la douleur, les mots crus.
J'oublie sa respiration saccadé, sa langue qui récolte mes larmes.
Je me transforme en corps vide, le temps d'un cauchemar.
Je me reconnecte dans ma cage, une douleur au niveau de l'intimité, une brûlure. Je me recroqueville sur moi-même en me disant que c'est, malheureusement, la réalité et que je ne pourrai jamais me réveiller.
***
Les jours passent suivis par les semaines. Ils me nourrissent, me battent, me prennent et me soignent, histoire de pouvoir recommencer. J'ai pensé me laisser mourir de faim mais, ils l'ont remarqué et me l'ont fait amèrement regretter. Leur but est de me briser et ils fournissent toujours plus d'effort dans l'humiliation et la douleur, sans pour autant que je ne cesse de me débattre.
Leur dernière nouveauté est de m'attacher, tel un chien, avec une chaîne autour du cou qu'ils ont reliée aux barreaux de ma cage. S'ils savaient que je suis brisée depuis le premier jour ici, mais que le peu de fierté qu'il me reste m'empêche de le montrer.
Des larmes coulent le long de mes joues alors que le souvenir de ma famille, de mes amis, de Julian reviennent. Je me demande ce qu'ils font, s'ils s'inquiètent pour moi. Je veux rentrer à la maison.
Je veux rentrer, je veux rentrer.
J'entends des bruits dehors, des bruits de lutte mais n'y prête pas vraiment attention. Ces barbares se battent souvent entre eux. Seulement, là, ils ne s'arrêtent pas, aucune voix ne leur demande de se taire. Je sais que le chef et son fils sont partis hier car le fils est venu me dire au revoir. Cependant, celui qui a été choisi pour veiller au respect de leurs lois devraient intervenir.
Je me recroqueville dans le fond de ma cage, espérant me cacher s'ils viennent me voir. Une habitude stupide puisqu'ils me voient toujours et rigolent de mon geste pitoyable. Il y a un silence, des murmures et j'entends quelqu'un arriver.
Je me rapproche encore plus de la surface rocheuse si c'est possible. Ma main agrippe la pierre, me servant de repère. J'entends la personne s'accroupir et pousser une exclamation. Il y a une conversation que je ne comprends pas puis, on revient vers moi. Je tourne légèrement la tête et me retrouve face à un homme qui ouvre ma cage et me tend la main. Je la fixe avec méfiance, tentant de me rappeler à quoi peut servir une main tendue mis à part faire mal.
— Ne t'en fais pas, me dit-il. C'est fini, tout est fini, tu ne risques plus rien. Allez, viens.
Je refuse d'un signe de tête et il soupire.
— Je m'appelle Arthur et toi ?
Je ne réponds toujours pas. S'il doit me faire mal, qu'ils viennent jusqu'ici. Je ne vais pas en plus lui faciliter la tâche. Je le fixe intensément. Ses cheveux sont bruns et légèrement bouclés. Ses yeux bleus reflètent une bienveillance oubliée.
— Tu peux me faire confiance, m'assure-t-il.
Je le regarde dans les yeux, sondant son âme. Il y a du mouvement derrière, me rappelant qu'il n'est pas seul. Je tente de les occulter, me concentrant sur cet homme. Il respire la bonté. Un regard que je n'ai pas vu depuis ce qui me semble une éternité. Je ne regarde pas ceux qui l'accompagnent. Je n'ai besoin que d'un regard, un seul point d'ancrage pour que mon esprit ordonne à mon corps douloureux de réagir.
Je montre alors la chaîne à mon cou avec mes mains ligotées.
— Nom de Dieu, s'exclame l'un d'eux en regardant autour de lui. Ces enfoirés de sales chiens l'ont traitée comme un animal.
Je sursaute et me plaque contre la paroi rocheuse face à cette animosité. Sans doute trop habituée que cette haine et cette colère soit dirigée vers moi.
— Bors, tu pourrais être un peu moins... toi ? dit un autre. Tu as fait sursauter la gamine.
— Pardon, grommelle-t-il. Arthur, tu vas te décider à lui retirer ce truc, oui ?
Arthur approche sa main doucement alors que je darde un regard méfiant sur celle-ci. Il détache lentement la chaîne de mon cou et je déglutis difficilement tellement elle était serrée.
L'homme me laisse quelques secondes pour m'habituer à la sensation de ma peau nue. Je n'ai osé retirer cette chaîne qu'une fois. Les conséquences ont été désastreuses pour mon pauvre corps. Alors, je ne l'ai plus jamais ôtée, cédant une fois de plus à l'humiliation qu'on m'imposait. Y consentant malgré moi.
Le dénommé Arthur défait ensuite les liens de mes poignets que je masse avant de les passer sur ma gorge. Il me tend ensuite une main pour me faire sortir, j'essaye de bouger mais tous mes muscles protestent et je gémis douloureusement en me mordant la lèvre. Arthur se baisse un peu plus et passe ses bras dans ma cage pour me tirer vers lui, tout en douceur. J'accroche mes mains à son cou alors qu'il me soulève. Il me fait passer dans les bras d'un autre des hommes présents. Je me crispe, mais ne proteste pas, n'en ayant plus la force.
— Prends-la avec toi et avance devant pour nous guider, nous devons faire vite, elle a besoin de soins.
— Tu ne sais même pas qui elle est Arthur, proteste l'un d'eux. C'est peut-être l'une des leurs.
— Ne sois pas stupide, grommelle celui nommé Bors. Cette gamine était dans une cage et à en croire ses réactions et les coups qu'elle porte, ce n'était pas par choix.
— Enora, je murmure.
— Qu'est-ce qu'elle a dit ?
— Mon nom... Enora, je souffle.
Ce sont mes dernières paroles avant de sombrer dans l'inconscience.
***
Voilà, n'hésitez pas à laisser un petit message ! ;)
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