Chapitre 4
C'est le week-end, ce soir c'est la fête. Je me suis habillée le plus normalement possible, un jean, une chemise, des converses et une chignon fait en cinq secondes. Je prends un sac pour mettre mon portable, des mouchoirs, mes clés et deux trois bricoles qui me suivent tout le temps. Ce soir il fait chaud alors je ne prends pas de veste. J'ai dit à mes parents que je ne savais pas quand je rentrerais, sûrement après minuit, mais je n'habite qu'à vingt minutes de chez Amandine. Je sors il est 20h15, la fête a déjà commencé depuis un quart d'heure mais j'ai fais exprès d'arriver en retard, pour faire "genre" même si c'est complètement ridicule en fait et que personne ne s'impatientera de ma venue. Je traverse mon petit jardin et arrive dans la rue, je prends à droite et arrive sur un boulevard. Il ne fait pas totalement nuit mais les lampadaires sont déjà allumés. Il n'y a presque personne, en fait je suis seule mis à part un vieux type allongé sur un banc qui rumine dans son sommeil. Le bruit que font mes pas résonne contre les murs alors je ralentis pour ne pas réveillé le vieux monsieur. Cela doit vraiment être difficile de vivre dans la rue et plus particulièrement sur un banc. Mais nous pauvres petites personnes qui passent sur ce boulevard chaque matin avec pour seul problème une chemise froissée nous ne nous soucions guère des gens qui vivent sur les banc. Je le regarde, il tremble, pourtant il fait chaud, peut-être qu'il fait un cauchemar, mais à son réveil il n'y aura personne pour lui dire que tout va bien. C'est vrai qu'il me fait de la peine, alors je m'approche à pas de velours et dépose une pièce dans son chapeau, qui est posé par terre, retourné. Puis je m'éloigne toujours en faisant attention de ne pas faire trop de bruit. Je continue de marcher en écoutant de la musique pour passer le temps. Après environ 15 minutes, j'arrive dans la rue d'Amandine et j'entends déjà la musique. Je pense vraiment qu'elle doit acheter ses voisins pour qu'ils n'appellent pas la police. Autour de la maison et dans le jardin il y a des paquets de gens qui discutent, rigolent, fument et s'embrassent. Encore une fois je me dis que je ne ferais pas parti de ces "paquets de gens" et que je vais rester seule toute la soirée. Mais je n'ai pas envie d'avoir d'amis, pas ici, pas ce soir, je vais enfin pouvoir être le mouton noir. J'entre, la musique de plus en plus forte vibre en moi, je vois Amandine qui danse follement avec un garçon puis finit par l'embrasser.
C'est Enrique un garçon qui est arrivé il y a trois mois d'Espagne, toutes les filles ont voulu sortir avec lui mais bien sûr c'est Amandine qui l'a eu. Franchement je ne sais pas ce qu'elle lui trouve, il est beau, grand, musclé, a de l'humour, nan je ne vois pas. Là vous devez sûrement vous dire que je fais de l'humour, que si ce garçon est aussi parfait que je le décris je devrais forcément tomber amoureuse de lui, mais non. Moi aussi au début je suis dit "Mais putain Mila c'est le plus beau mec du lycée qui n'a pas encore de copine et t'es même pas foutu de le dévorer des yeux !" . Mais depuis le jour où il est arrivé au lycée avec déjà une dizaine de filles à ses trousses jusqu'à ce soir où il danse comme un dieu acconpagné d'Amandine, je n'est jamais rien éprouvé pour lui.
La soirée vient à peine de commencer mais les paquets de chips et les boissons sont déjà à moitié vides. Je regarde autour de moi, je ne me souvenais plus qu'une fête c'était...comme ça. En même temps la dernière fête où je suis allée ça devait être en CM1 pour l'anniversaire d'Anouk, et encore on était cinq. Soudain un garçon se plante devant moi. Qu'est-ce que je dois faire ! Il me regarde puis me souris. Essaye t'il d'entrer en communication avec moi ? Finalement le suspens ne dure pas plus longtemps, il me tend un verre, puis s'en va. Je reste plantée là avec un gobelet à la main. J'avoue que je suis un peu déçue qu'il ne m'ait même pas dit un mot. Tant pis de toute façon je ne suis pas là pour me faire des amis. Je regarde ce qu'il y a dans mon verre. Un liquide verdâtre, peu ragoûtant. Ah et puis quand on le mélange il vire au bleu. Intéressant, je devrais peut-être le garder pour le montrer à mon prof de Physique Chimie. Mais ce qui est sûr c'est que je ne vais pas boire ce truc. Je m'approche de la table où sont posées les boissons, il y a effectivement cinq carafes remplies de cette boisson verte mais à côté, et heureusement, il y a diverses boissons comme des jus de fruits ou des boissons gazeuses. Je me sers un verre de jus de raisin (pas très festif je sais) avec quelques glaçons. Sinon je ne pense pas que le dicton "Sans alcool la fête est plus folle" est sa place ici, car à côté de la table sont entassés une dizaines de pack de bières et je pense que la fête sera largement assez folle.
Deux heures sont déjà passées et je suis restée dans mon coin à taper du pied en rythme avec la musique. J'ai dû boire au moins dix verres de jus de raisin et manger un kilo de chips. Et maintenant forcément j'ai une envie pressante d'aller aux toilettes. Il faut que je trouve quelqu'un qui ne soit pas trop bourré pour m'indiquer le chemin. Je scrute la pièce à la recherche de mon sauveur. J'aperçois une fille qui est seule elle aussi, je décide d'aller la voir.
-Salut !
-Salut, me répond-elle.
-En fait je cherchais les toilettes, alors peut-être que tu sais...
-Ah non désolé, je suis encore jamais venue chez Amandine.
-Ah, tant pis alors, merci quand même, je lui souris et m'en vais.
Bon la première technique qui consistait à demander aux personnes où sont les toilettes, n'a pas vraiment marchée et je pense que le temps que je demande à toute le monde ce sera déjà trop tard. Il faut donc changer de technique. La maison d'Amandine est plutôt grande et de ce fait contient beaucoup de portes, mais derrière une de ces portes se cache forcément des toilettes. Alors même si je dois fouiller toute la maison je les trouverai. Je commence donc par le rez-de-chaussé, il ne contient pas beaucoup de pièces et j'en ai vite fais le tour, il y a effectivement des toilettes mais ils sont occupés et je n'ai pas l'impression que ce soit pour leur usage initial. Je monte à l'étage, j'ouvre une première porte et découvre une salle de bain, il n'y a pas de toilettes mais deux personnes occupées à s'enlacer, l'une d'entre elles me demande même de les rejoindre, je décline l'offre. Je continue dans le couloir en essayant de ne pas marcher dans les flaques de coca où sur les miettes de gateaux. J'ouvre une deuxième porte, une troisième porte, mais aucune ne contient ce que je cherche. Après avoir ouvert cinq portes qui menaient sur des chambres où j'ai vu des choses que je n'aurai peut-être pas dû voir, une denière porte se dessine devant moi. C'est forcément la bonne, au fur et à mesure que j'approche ma main de la poignée la pression monte, si il n'y a pas de toilettes je crois que je vais me mettre à pleurer. Je baisse la poignée et ouvre la porte et là...miracle c'est une salle de bain avec des toilettes ! Mais il y a un problème, un type est à genoux en train de vomir dans les toilettes, ou plutôt à côté des toilettes. Il en fout partout, sur la cuvette, sur le sol, ne parlons même pas de ces habits, et moi je suis là à contempler ce spectacle. Mais deux garçons me bousculent et entrent dans la pièce à leur tour. Ils ont des cannettes de bière à la main et après avoir bu une gorgée ils vident leurs cannettes sur le type qui vomit. C'est dégeulasse, je plains les personnes qui devront nettoyer ça demain. Et comme si ça ne suffisait pas une fille débarque et film la scène, quand la vidéo va se retrouver sur facebook demain je crois qu'ils rigoleront moins. Mais je me dépêche vite de sortir, j'ai toujours autant besoin d'aller aux toilettes. Je dévale les escaliers pour retourner au rez-de-chaussé, il n'y a plus qu'une seule solution, je fonce vers la baie vitrée et sors dehors, il fait déjà nuit mais des petites lampes éclairent le jardin. Il me faut un buisson. J'en repère une qui est assez grand et cours en direction de celui-ci. Une fois arrivée je me jette derrière et baisse mon pantalon. Enfin, c'est le soulagement, j'ai cru que je n'y arriverai jamais. Mais je ne suis pas sereine. Je suis à seulement quelques mètres de la maison, à tout moment un invité pourrait surgir et me découvrir dans cette position légèrement humiliante. Franchement j'étais loin de me douter qu'en venant à cette fête je me retrouverai à faire pipi dans l'herbe, observée par le chat d'Amandine perché dans un arbre juste à côté. Non vraiment je ne pensais pas que ça m'arriverai. Après avoir fini ce que j'avais à faire, je me dirige vers la maison et passe devant un groupe de filles qui rigolent. Quand soudain j'entends l'une d'entre elles qui s'exclame.
-Vas-y fait le avec elle !
Celle à qui la phrase était destinée lui répond.
-Bon ok d'accord.
Elle s'approche alors de moi puis passe ses bras autour de mon cou. Elle me murmure quelque chose à l'oreille dont je ne comprend pas toute suite le sens "T'inquiètes pas c'est un gage". Puis elle rapproche son visage du mien, ferme ses yeux, et colle ses lèvres contre les miennes. Au début je suis surprise, puis quand je comprend réellement ce qui se passe, je panique. Je sais c'est con mais je panique. De toute façon je n'ai pas le temps de me débattre car la fille m'a déjà lachée. Je la regarde, elle sourit et j'arrive seulement à murmurer un "pourquoi ?". Elle me répond l'air de rien.
-Je te l'ai dit c'était un gage, me répond-elle.
Puis elle part se rassoir avec ses amies, hilares. Il faudra m'expliquer pourquoi ce genre de choses n'arrivent qu'à moi. Je rentre dans la maison quand un mec me demande d'aller lui chercher un bière. Stop, j'en ai marre maintenant, marre que les gens m'utilisent. Je lui répond sèchement "Vas-y tout seul", mais de toute façon je crois qu'il est trop bourré pour comprendre ce que je viens de lui dire. Cette fois ci je suis bien décidée à m'amuser un peu. Je me laisse entrainer par la musique et danse, ou du moins essaye. Je m'emmêle les pieds, je bouscule des personnes, je me déhanche sur la piste, mais tant pis, car pour la première fois depuis quelques jours je me sens bien.
Plusieurs heures sont passées, ma chemise est trempée de sueur et mon jean a une grosse tâche de bière car un abruti a poussé un autre abruti sur moi, qui bien sûr avait une cannette à la main. Je sors dehors pour prendre l'air car à l'intérieur j'ai l'impression d'être dans un four. La musique est un peu moins forte et mes oreilles me remercient. Je tourne la tête à droite et aperçois la fille qui m'a embrassée, contre mon gré, tout à l'heure. Elle est assise sur les marches qui mènent à la piscine. Soudain elle tourne la tête vers moi et me souris.
-Viens t'asseoir avec moi !
-Moi ?
-Oui toi, t'es bien la fille à qui j'ai roulé une pelle nan ?
-Euh oui effectivement c'est moi, je lui répond, légèrement hésitante. Puis je m'approche et m'assois à ses côtés.
-Alors t'es qui toi ?
-C'est-à-dire ?
-Ben tu viens d'où ?
-Je suis en seconde 2 et toi je t'ai jamais vu au lycée ?
-Première L. J'espère que tu t'es remise de ce baiser, me répond-elle malicieusement.
-Tu veux vraiment qu'on parle de ça ?
-Nan c'est bon je te taquine, c'est mes amies, elles sont un peu spéciales, un peu beaucoup folles aussi. C'est elles qui ont eu l'idée de se donner des gages et manque de bol c'est tomber sur toi. En même temps j'ai l'impression que tu as plutôt apprécié !
-Quoi ! Nan mais pas du tout, alors là tu te trompes complètement, je répond offusquée.
-Mais c'est bon, aller quoi, on peut pas rigoler un peu !
Je m'apprêtais à lui répondre quand des cris se sont fait entendre. Nous avons descendu les escaliers pour arriver à la piscine et voilà ce que nous avons vu : une bande de garçons qui avaient manifestement un peu trop abusé de l'alcool était autour de la piscine, l'un d'entre eux tenait quelque chose dans les mains et ils criaient tous "Aller vas-y jette le à l'eau", "On va bien voir si il aime nager" et d'autre encore s'agitaient comme des fous en faisant "miaou". Pourquoi miaou ? La fille qui était avec moi (je me rends compte que je ne lui est même pas demandé comment elle s'appellait) me dit :
-Amandine va pas être contente...
-Pourquoi ?
Mais elle n'eu pas besoin de me répondre, je compris vite ce qu'il se passait, les garçons voulaient jeter le chat d'Amandine dans la piscine. Trop c'est trop ! Je ne pouvais pas laisser faire ça, je pris mon courage à deux mains et descendi pour sauver cette petite bête. Une fois arrivée au bord de l'eau je m'adressa au garçon qui tenait le chat dans ses mains.
-Je te déconseille de faire ça, lui dis-je le plus fermement possible.
-Oh mais regardez qui voilà, une bonne soeur !
-Donnes moi ce chat s'il te plaît.
-Ah ah ah ! Non, il me regarda méchament et dans un geste me poussa.
Je n'ai jamais vraiment aimé nager. J'allais seulement à la piscine avec des amis et j'étais toujours la première à sortir de l'eau pour aller bronzer. Non vraiment ça ne m'a jamais attiré plus que ça. Alors quand cet imbécile m'a poussé, j'ai d'abord essayé de me retenir pour ne pas tomber puis quand j'ai compris que j'allais être mouillée j'ai détesté le kidnappeur du chat. Ça m'a paru une éternité, je faisais des moulinés avec mes bras dans le vide, jusqu'à ce que je sente la fraîcheur de l'eau m'envelopper. Sous l'eau je n'entendais pas trop les rires des personnes qui avaient assisté à la scène, jusqu'à ce que je remonte à la surface et qu'ils deviennent beaucoup plus distincts. J'eu à peine le temps d'ouvrir les yeux que je sentis sur ma tête quelque chose qui gesticulait. Ce con avait jeté le chat dans l'eau et il essayait de ne pas couler en s'accrochant à mes cheveux. J'étais complètement paniquée, je nagea vers le bord et remonta, le chat lui avait vite sauté à terre dès qu'il avait pu. J'étais trempée mais surtout très en colère. Je chercha du regard le coupable, mais avant que je ne puisse l'étrangler moi même la fille que j'avais rencontrée ce soir lui sauta dessus et ils tombèrent tout les deux dans la piscine. Puis ils furent vite rejoins par toutes les personnes autour. La soirée se transforma en swimming pool Party.
Une heure après mes habits sont presque secs. La plupart des invités ont migré vers la piscine, je me retrouve alors quasiment seule à l'intérieur. Je sirote un jus de raisin tout en regardant ma montre : il est une heure du matin. La soirée fut plutôt amusante mais je pense que maintenant il est l'heure de rentrer. Je prends alors mes affaires et me dirige vers la sortie. Une chose est sûr au moins, cette nuit je vais bien dormir.
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