Chapitre 3
Aujourd'hui j'ai décidé d'aller parler à Anouk. Peu importe si elle est accompagnée de Nathalia et de Salomé, il faut que je lui parle, que l'on s'explique on ne peut pas rester fachées pour toujours. J'espère qu'elle comprendra pourquoi j'ai accepté l'invitation d'Amandine et puis ça pourrait être drôle si on allait toutes les deux à cette fête. J'irais lui parler à la récréation.
Je la regarde, elle est assise sur un banc et n'arrête pas de rire depuis au moins cinq minutes aux blagues de Nathalia. Elle m'exaspère, je sais très bien qu'elle sait que je suis là mais elle ne daigne même pas m'adresser un regard. Finalement je ne sais pas si j'ai envie d'aller lui parler, car je sens que je vais m'énerver et lui foutre une claque (à Nathalia, je ne pourrais jamais frapper mon amie, mais pour la folle qui est assise à côté d'elle tout ce qui est gifle ou coup de point me va très bien). Mais tant pis je me lance et s'il faut user de violence je le ferais ! Je m'avance d'un pas décidé et arrivée au niveau d'Anouk j'attends. En fait je ne sais pas vraiment ce que j'attends, peut-être une réaction de la part d'Anouk mais rien ne se passe et ça en devient gênant. Elle continue de rigoler et m'ignore complètement. Au bout d'une minute comme ça j'essaye de m'énerver, j'essaye de lui crier que j'existe mais aucun son ne sort de ma bouche. Finalement au bout d'une deuxième minute affreusement longue c'est Salomé qui m'adresse la parole :
-Qu'est-ce que tu veux ?
-Ben je... (ressaisis toi voyons, tu es censée être en colère !) Je voulais parler à Anouk.
-Tu vois pas qu'elle est occupée ! rétorque Nathalia.
-Si mais je vois aussi qu'elle a une bouche et que si elle a quelque chose à me dire elle n'a pas besoin de quelqu'un pour parler à sa place ! lui est-je répondu en criant.
Nathalia s'apprétait à contrattaquer quand Anouk a enfin pris la parole.
-C'est bon les filles laissez tomber, elle ne mérite pas toute l'attention qu'on lui porte.
-Alors tu te décides enfin à parler madame la carpe ! sérieusement je ne sais pas pourquoi j'ai sorti "madame la carpe" ça m'a complètement décrédibilisée, je pense que c'est l'émotion.
-Nan mais vous l'entendez, c'est une blague, on dirait qu'elle est en maternelle ! a répondu Anouk à l'intention de ses deux complices.
-Bon très bien, je vois que tu ne veux pas me parler ou peut-être que tu n'oses pas. En tout cas saches que c'est peut-être la dernière fois qu'on se parle car comme tu le sais je vais déménager. Alors je te dis au revoir et bon courage pour ta vie future.
Je l'ai dis sur un ton tellement solennel que ça en devient ridicule. Heureusement que je ne suis pas parti en marchant comme un soldat sinon on se serait cru à une cérémonie officiel pour je ne sais quel évènement. Mais bon comme on dit le ridicule ne tue pas, sinon je serais déjà morte depuis longtemps, comme la plupart d'entre nous d'ailleurs.
Après avoir parcouru quelques mètres, je me retourne, espèrant secrètement qu'Anouk va arriver vers moi en courant pour me faire un big câlin. Mais non, elle est toujours assise sur ce banc en train de glousser comme une poule. Tant pis alors, je n'aurais plus d'amie jusqu'à ce qu'on déménage et puis maintenant qu'est-ce qui me retient d'aller à cette fête ? Je n'ai plus à écouter ce qu'Anouk pourrait me dire "Faut vraiment avoir deux neurones pour aller à cette fête" , "De toute façon c'est pour les populaires et nous on n'est pas comme eux, pas vrai Mila ?" ou encore "T'as pas intérêt à y aller, sinon j'te cause plus !" et là elle avait raison.
C'est quand même dingue comment en quelques jours on peut passer de "BestFriendsForever" à "BestEnnemiesForever". Mais maintenant que j'avais effectué ce changement, je m'en fichais de ce que pouvait penser les autres et j'étais décidée à aller à cette fête. Il fallait tout de même que je trouve quelque chose de convenable à me mettre, en fait non. Bientôt je ne serais plus dans ce lycée alors quelle importance si les gens se souvenaient de moi comme une fille coincée et mal habillée. Tout compte fait je ne voulais même pas qu'on se souvienne de moi, je voulais juste passer une bonne soirée et me faire oublier pour tout recommencer dans une nouvelle ville, une nouvelle maison, un nouveau lycée et j'espère avec une nouvelle amie. Et puis si je pouvais me trouver un petit copain aussi ça ne me dérangerai pas.
Après les cours je n'est pas envie de rentrer chez moi. Je repense encore à la discussion (si on peut appeller ça une discussion) que j'ai eu avec Anouk. Je décide alors d'aller me promener dans un parc près de chez moi. Il fait bon, un léger vent souffle mais c'est tant mieux car sinon je crois que j'aurai trop chaud. Je me dirige vers un stand de churros où j'ai l'habitude d'aller et commande un paquet de quatre churros avec du nutella (of course). Ensuite je m'assois sur un banc et plonge mes churros dans la pâte à tartiner. Mais comme cette journée a déjà mal commencé elle ne peut pas bien se finir, la preuve j'aperçois Nathalia, Salomé et Anouk au stand de churros. Je pense une seconde à m'enfuir lâchement, mais non, car comme je l'ai dit, c'est lâche. Je reste donc sur mon banc prête à les affronter. Tel un soldat qui voit l'armée ennemie s'approcher mais qui ne bouge pas car de toute façon il sait qu'il va mourir. Alors il se tient debout le dos bien droit devant l'entrée du château, près à se battre jusqu'au bout. Quand enfin les filles arrivent et me voient, elles se mettent à rigoler. Décontenancée je ne sais pas comment réagir, elles m'ont piégées, ça va être à moi d'entamer la conversation.
-C'est à croire que vous me suivez ! (Ça va ça commence plutôt bien, mais surtout pas de nom d'animaux.)
Elles rigolent encore. Ça ne va pas du tout, qu'est-ce que je peux répondre à des rires ? Rire à mon tour ? Non, elles me prendront vraiment pour une folle. Alors j'enchaîne, je passe à l'attaque.
-Bon sérieusement si vous n'avez rien a me dire vous pouvez dégager.
-Ouais il a raison laissons le tranquille le pauvre petit cochon, me répond Anouk.
Nan mais je rêve, elle me traite de bébé quand je dis "madame la carpe" et elle elle dit "petit cochon". Il y a vraiment un truc qui tourne pas rond dans sa tête. Moi qui pensais la connaître depuis toutes ces années, je me suis trompée. Pendant ce temps les filles sont partis, la bataille fut brève. Je me demande quand même pourquoi elle m'a dit ça, mais bon tant pis maintenant il est l'heure de rentrer. J'attrape mon sac et commence à marcher mais il se met à pleuvoir alors je cours. Quand j'arrive chez moi je vais directement dans la salle de bain, le seul jour où je ne met pas du mascara waterproof il pleut. Et là catastrophe ! Certes mon mascara a coulé mais ce n'est pas le plus important. Je comprends enfin pourquoi elle m'a appellé petit cochon. J'ai des grosses tâches de nutella aux coins de la bouche. Quand je pense que j'ai fais tout le trajet du retour ainsi, sans m'en rendre compte. Je ne le dirais jamais assez mais le ridicule ne tue pas, non vraiment, il blesse un peu les première secondes mais ensuite on s'y habitue, et puis je crois qu'en fait sans lui je ne pourrais même pas vivre. Décidement cette journée a été un vrai désastre !
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