10 - Assumer
Charlène Enderson
La plupart du temps, j'évite de montrer à mes parents la personne dont je suis amoureuse pour éviter que justement, ils émettent un jugement sur cette dernière. Sauf qu'ici, je n'ai pas eu le choix. Becca est arrivée de nulle part et m'a embrassé, je ne m'attendais pas à ce qu'elle rapplique chez moi en réalité. Je m'attendais plutôt à ce qu'elle continue de m'envoyer des messages et à m'appeler mais apparemment, j'ai surestimé sa patience et sa tolérance. J'encadre son visage de mes mains, les pressant fermement contre ses joues car en ce moment, c'était tout ce dont j'avais envie et tout ce dont j'avais envie. Le reste devient complètement débile et futile. Même la présence de mes parents ne me dérange plus, sûrement parce que j'avais oublié qu'ils existaient pendant que mes lèvres se mouvaient contre celles de Becca. Sauf que j'ai l'impression que trop rapidement, je tombe sur le cul et je reviens à la réalité. Je redescends sur Terre et ça fait mal, putain.
Toutes les personnes présentes me regardent avec de grands yeux écarquilles et même que certains contractent la mâchoire. Sauf que je m'en fous parce que ce qui compte pour moi avant tout, c'est mon bonheur et normalement, ils devraient s'en foutre d'avec qui je suis ou de qui j'aime tant que je suis heureuse, non ? Si ce n'est pas le cas, je crois bien que ces personnes n'avaient rien à foutre dans ma vie. Sauf que je n'arrive pas à m'en convaincre et je me détache de Becca pour tourner la tête vers mes invités. Personne n'a l'air enchanté après la scène à laquelle ils viennent d'assister. « Il est maintenant venu le temps d'assumer ton homosexualité, ma chérie » me souffle ma putain de conscience à la con. Comme si je ne le savais pas déjà !
-Papa, maman, voici Becca et-..., commençais-je dans un murmure.
-Charlène ! S'exclama mon père en me coupant la parole. Peux-tu m'expliquer ce qu'il vient de se passer ou alors j'ai déjà tout compris ?
-Papa, j'aime Becca et-..., essayais-je une nouvelle fois.
-Non Charlène ! Ta gueule ! Qu'est-ce qui te prend, Seigneur ? Qu'est-ce que ta mère et moi avons pu rater dans ton éducation pour que tu deviennes une guine ? S'extasia-t-il me coupant une nouvelle fois la parole.
-Rien ! M'écriais-je en surprenant tout le monde, même Becca qui ne savait plus où se mettre si bien que je pris sa main dans la mienne et je la serra fermement. Oui Papa, je suis homosexuelle et alors ? N'es-tu pas censé vouloir que mon bonheur, même si ce dernier est causé et composé par une femme telle que Becca ? N'es-tu pas censé accepter que je sois heureuse peu importe la manière à laquelle je m'y prends ? N'es-tu pas censé ne vouloir que cela, mon bonheur et un sourire sur mes lèvres ? Et bien sache, que ce n'est pas toi qui me rend heureuse avec ta conservation à la con et ton extrémisme religieux mais Becca avec sa simplicité et le fait qu'elle ne se prend jamais la tête, ou presque ! Continuais-je d'une seule traite si bien que j'en ai oublié de respirer et que je dois reprendre mon souffle.
Mon père me regarde avec rage et colère. Il n'est clairement pas content et je ne sais pas comment faire pour calmer les tensions avec lui. Durant mon adolescence, ça n'a pas été très glorieux avec lui et je remarque bien maintenant les marques que cela à laisser sur nous. Je me mords la lèvre inférieure alors que Becca serre sa main autour de la mienne pour me soutenir, pour me montrer qu'elle est toujours là et je crois que vraiment, je n'aurais pas pu rêver meilleur soutient. J'aurais dû venir depuis le début avec Becca pour expliquer tout à mes parents plutôt que de devoir élever le ton pour se faire entendre et comprendre comme maintenant.
-Tu n'es plus ma fille, rétorqua-t-il sèchement.
Mon père se leva du canapé et me contourna sans me jeter un seul regard. J'ai quand même essayé de l'attraper au vol, mais je n'ai fais que de frôler l'une de ses manches. Ma mère qui n'a rien dit depuis le début, me regarde complètement dépitée. Mais je ne sais pas à cause de qui. De moi ou de mon père ? Lequel de nous deux l'énerve et l'a déçoit ? Je crois bien que c'est moi puisqu'elle détourne le regard lorsqu'elle se rend compte que l'on se regardait dans le blanc des yeux depuis quelques minutes.
Je me mords l'intérieur des joues pour ne pas pleurer alors que je sens toujours la pression de la main de Becca sur la mienne. Je ne sais pas comment gérer cette crise familiale et parentale, puisqu'il n'y avait pas que mes parents à l'intérieur, mais aussi mes frères et sœurs ainsi qu'un cousin et deux cousines. Aucun n'osent me regarder vraiment, hormis pour me montrer leur déception et leur rejet envers ma personne. Ils vont devoir l'accepter et je me doute bien que ça va leur prendre du temps.
J'avais omis de dire à Becca que personne ne savait pour mon orientation sexuelle hormis elle, et maintenant elle doit bien s'en douter et je me demande si elle m'en veut pour cette connerie ou non. Il ne manquerait plus cela, d'ailleurs ! Mais vu comment elle me soutient, je ne crois pas qu'elle m'en veuille, ou alors juste pour le fait d'avoir coupé les ponts et tout contact avec elle pendant un mois le temps de prendre du recul et de savoir ce que je désire vraiment. J'ai eu le temps de réfléchir à « nous », à notre baiser et à mon orientation sexuelle que je comptais assumer très prochainement mais elle a accéléré le tout. Merci Becca.
Toutes les personnes présentes hormis Becca et moi quittent l'appartement, me jetant un dernier regard en biais ou en baissant la tête de honte. Je vis dans une famille très fermée au niveau de la religion, alors si une lesbienne se fait savoir dans la famille, elle sera exclue et donc, je vais être exclue. Pourquoi on m'a foutu dans cette famille, sérieusement ? Dieu croyait que j'allais savoir gérer le coup, que j'étais à la hauteur et assez forte ? Et bien moi je crois plutôt qu'il s'est trompé de personne pour subir cela, mais ce n'est pas grave, je suis avec Becca donc tout devrait s'arranger normalement.
Je n'arrive pas à croire que ma religion pourrait m'empêcher d'aimer qui je voudrais ou que simplement parce que j'aime telle personne, je ne pourrais pas vivre ma religion ou y croire simplement. C'est complètement stupide à mes yeux, mais totalement censé pour mes parents. Comme quoi certains évoluent avec leur temps pendant que d'autres continuent de stagner parce qu'ils se refusent à l'évolution, à l'acceptation et surtout aux changements. En tout cas, tout ce qui compte pour moi pour le moment, c'est la présence de Becca à mes côtés ainsi que son amour qui va me tenir chaud au cœur durant cette sale période.
***
Musique ; Puggy - When You Know
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