08 - Y repenser

Charlène Enderson

Je n'arrête pas d'y penser. C'est tellement fou, tellement grand et surtout, tellement fort et puissant que je n'arrive pas à retirer cet instant dans mon esprit, comme s'il y était gravé à jamais à partir de maintenant. Je passe ma main dans mes cheveux trempés par ma douche. J'ai essayé de prendre une douche pour me calmer, pour essayer de faire passer cela et aussi, pour essayer de me rafraichir les idées mais apparemment, cela n'a pas fonctionné puisque je suis toujours entrain d'y penser et que je dirais même que c'est encore pire qu'avant. Moi qui n'ais pas l'habitude de prendre une douche à passer 3 heures du matin, je ne suis pas si sûre que cela que ça fonctionne. Putain, la facture d'eau va encore augmenter, merde !

-Becca, tu tiens chaud à mon cœur, certes, mais tu refroidis mon cerveau, dis-je à moi-même dans un murmure à peine audible.

Je me laisse tomber sur mon matelas, alors que je sens à nouveau la présence du suçon qu'elle m'a fait toute à l'heure. Je frôle le suçon du bout de mes doigts, mais rien n'y fait, je le sens toujours de plus en plus fort et donc, il ne s'efface pas. Parce que j'aimerais en même temps effacer cette scène de mon esprit, mais d'un autre côté, j'aimerais tellement qu'il y en ait des milliers d'autres comme celui-là. Parfois, il arrive à ce que nous n'arrivions pas à nous départager entre deux choses. Une partie de nous aimerait ceci et l'autre aimerait cela, et le souci là-dedans n'est pas tant dans cette division de l'esprit mais plutôt dans le fait que ce soit deux parts totalement égales. Et là, malheureusement pour moi, je suis divisée en deux parties égales concernant la scène qui a amené à ce suçon.

Il y a des fois où j'aimerais vraiment que tout soit plus facile ou que l'humain et le cerveau ne rendent rien aussi compliqués. Parce que là, le cœur il pense facilement et rapidement tandis que le cerveau pense à tout en même temps et en ressort avec plusieurs possibilités. J'aimerais tellement ne pouvoir qu'écouter mon cœur, mais malheureusement pour moi je suis comme tous les humains dotée d'un cerveau qui m'empêche la plupart du temps d'agir comme je le devrais ou de dire ce qui serait le mieux. Je réfléchis trop. Je pense trop. Et c'est ça, mon problème. Et ce problème, en plus d'être un problème, il pose aussi un problème. Voire même deux, d'ailleurs. Parce qu'en plus d'être chiant, parce qu'en plus d'être un problème, il est aussi indispensable et aussi omniprésent. Je ne peux ni m'en passer ni le retirer de moi. Il est là et je dois faire, malheureusement encore une fois, avec.

Et je crois que le pire dans tout cela, n'est pas tellement que j'ai un problème ou autre, c'est autre chose. Le pire c'est que malgré tout, je n'arrive pas à souhaiter d'avoir une autre vie. Je n'arrive pas à me dire qu'avoir une autre vie serait mieux puisque je n'arrive pas et plus à imaginer ma vie sans la présence de Becca dedans. Je n'arrive plus à me faire à l'idée qu'elle est arrivée un jour, parce qu'à mes yeux c'est devenu presque comme si elle avait toujours été là. Comme si j'étais née et qu'elle était là, qu'elle a continué d'être là et qu'elle l'est toujours. C'est comme si je l'avais toujours connu et qu'elle était présente depuis le début du tout début. Avant même ma naissance, mais non ce n'est pas le cas. Je l'ai rencontré lorsque j'avais 21 ans et maintenant, je m'approche des 25 et pourtant, pratiquement rien à changer hormis notre relation.

La plupart du temps, dans une relation, on en oublie la plus grande partie et on se souvient de certains moments clés et marquants. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est en même le cas et en même temps pas le cas avec Becca. J'ai l'impression qu'il y a un « plus » dans notre relation que dans toutes celles que j'ai eu avant peu importe que ce sont en amitié ou en amour, ou simplement familier. Je fixe mon plafond depuis toute à l'heure et maintenant, j'en ai mal aux yeux. Je cligne plusieurs fois des paupières en me mordant l'intérieure de la joue pour ne pas pleurer. Car ce n'est clairement pas le moment. Je n'ai pas l'habitude de pleurer à la base, mais alors encore moins à passer 3 heures du matin croyez-moi si vous le voulez ou non. Qu'est-ce qui cloche chez moi pour être ainsi, franchement ? Je commence à douter de ma stabilité mentale et psychologique.

-Putain, Becca, qu'as-tu bien pu me faire pour que je devienne ainsi ? Me demandais-je à moi-même et en même temps à la femme que je refuse d'aimer.

Je refuse de l'aimer, car c'est contre ma nature d'aimer les gens de cette façon. La dernière fois a été un véritable désastre que je n'ai pas envie de me revivre et dont je préfère refouler tous les souvenirs. Je préfère m'en passer, de tous ces souvenirs. Et puis, il y a aussi le fait qu'elle soit une femme et que je n'assume toujours pas mon orientation sexuelle. Ça doit bien faire 10 ans au moins que je sais que je suis homosexuelle et pourtant, je n'arrive toujours pas à l'accepter, ni à m'y faire. Pourtant, je crois bien que Becca m'aie percée à jour mais qu'elle ne dit rien pour me mettre en rogne ou mal à l'aise. Elle fait attention, mais je me doute bien qu'elle en a marre et qu'elle a dure. Sinon, elle ne m'aurait pas embrassé, elle n'aurait pas déposé des vingtaines de baisers dans mon cou et elle ne m'aurait pas fait non plus un magnifique suçon dans le cou. Et je ne peux pas lui en vouloir de baisser sa garde et de baisser les bras. Elle a le droit, comme moi de ne pas accepter ce que je suis vraiment parce qu'à cause de mon éducation et de tout ce qui m'entoure, je trouve cela inhumain.

Becca, je t'aime mais je ne l'assume pas, excuse-moi...

***

Musique ; What I Did For Love - David Guetta ft. Emeli Sandé

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