06 - Rejeter ouvertement
Charlène Enderson
Je dois avouer que je n'ai jamais vraiment assumé mon orientation sexuelle alors, lorsque Becca me regarde intensément, je perds encore plus mes moyens qu'auparavant. J'essaye de faire comme si de rien n'était, parce que je n'assume pleinement pas mon orientation sexuelle. Est-ce si mal que ça ? Surtout lorsque l'on commence à ressentir des choses ? Je n'en sais rien mais en tout cas, je ne suis pas sûre de ce que j'avance quant à mes sentiments et puis, je ne suis pas prête de les assumer parce qu'à la base, ce n'est pas censé être humain. Ce n'est pas censé être comme ça, l'amour.
L'amour, c'est censé amener à la reproduction et la reproduction se fait entre un homme et une femme et non entre deux femmes ou deux hommes. Mais bon, je suppose qu'il y a aussi une part de normalité à aimer des personnes du même sexe que soi –probablement qu'il comprendrait mieux nos tracas du quotidien. Mais je ne peux pas me risquer à me dévoiler à Becca s'il n'y a rien pour finir entre nous. Ce serait complètement stupide et je n'accepterais pas d'avoir mal une fois de plus à cause d'elle et de lui faire du mal aussi. Alors, je me brosse encore les cheveux, même si tous les nœuds sont défaits parce qu'ainsi, nous ne sommes pas obligés d'avoir de sujet de conversation. Je peux être dans mes pensées et elle dans les siennes sans que pour autant il y ait un malaise. Je doute fort de pouvoir continuer ainsi encore longtemps. Car nous avons une belle amitié que je n'ai clairement pas envie de gâcher pour des conneries telle que l'amour.
Certains se préoccupent de tracas du quotidien pendant que je suis entrain de m'en faire pour l'amour et pour la personne que je crois aimer. Je me pince les lèvres alors que je pose la brosse à cheveux sur la coiffeuse et qu'à travers le miroir, j'observe Becca. Elle est si belle Seigneur. Elle est tellement belle que j'en jure carrément sur Dieu alors que le pauvre –même si je n'ai jamais cru en lui ni en aucun autre- il s'en prend plein à la gueule avec moi ces derniers temps. Je ne peux pas tourner le dos à Becca alors qu'elle a besoin de moi et qu'en plus, après tout ce qu'elle a fait pour moi, ce serait vraiment déplacé et irrespectueux. Je croise son regard dans la glace et mes joues virent dans une teinte rosée tandis qu'un timide sourire fend mon visage tandis qu'elle sourit simplement de son côté.
Je vois Becca se lever et se diriger vers moi. Il n'y a que nous dans ma chambre, dans mon appartement et je ne suis plus sûre que ce soit une bonne chose parce que rien ne nous empêche de faire des choses que l'on regretterait probablement après. Elle prend tous mes cheveux dans sa main, et je la regarde faire à travers la glace. Elle prend ma brosse et se met à brosser mes cheveux, doucement et lentement. Elle est très méticuleuse franchement, sur le coup. Elle fait attention à tout, aux moindres détails. Et j'apprécie vraiment ce geste.
Soudainement, elle baisse la tête et vient la placer dans le creux de mon cou, près de la base de ma nuque et mon lobe d'oreille. J'en oublie de respirer et me retrouver avec une respiration coupée momentanément et lorsqu'elle reprend, elle est saccadée. Je ferme un instant les yeux, sentant sa respiration sifflante dans mon cou et son parfum m'enveloppé. Je sais que je me suis promis et juré de ne jamais laisser un moment comme celui-ci arrivé, mais maintenant qu'il est là j'ai trop peur de le stopper et qu'il me file entre les doigts –surtout s'il n'y en a plus après.
-Becca..., soufflais-je doucement, essayant de calmer ma respiration et mon rythme cardiaque.
Sauf que cette dernière n'a décidément pas envie de m'écouter et bouge mes cheveux pour avoir un libre accès à ma peau. Elle y dépose quelques baisers par-ci par-là et ma respiration qui était déjà défaillante à la base n'arrivera probablement plus à s'en remettre. J'inspire un grand coup en fermant durement les paupières et instinctivement –comme si mon corps savait ce qu'il savait sans même solliciter mon cerveau- je dégage mon cou en mettant la tête vers l'arrière et légèrement sur la côté gauche car la tête de Becca se trouve sur ma droite.
-Tu sens si bon, dit-elle dans mon cou qu'elle s'arrêta de baiser pendant quelques secondes pour me dire ces mots avant de repartir de plus belle.
Je me mords la lèvre inférieure et retient un grognement provenant du fond de ma gorge lorsqu'elle commence à suçoter ma peau. Je ne m'y attendais vraiment pas et j'ai presque l'impression que je vais mourir en place. Puis, il y a cette sorte de boule qui se forme au bas de mon ventre que mon premier et seul mec n'a jamais réussit à me donner même lorsque nous avons fait notre première fois. Et c'était depuis cette nuit-là que je savais que je suis lesbienne et c'est depuis lors que je refuse aussi de l'accepter.
L'homosexualité, c'est inhumain à la base, non ? Car le propre de l'humain, c'est de pouvoir se reproduire, non ? Je ne dirais pas que je suis homophobe, c'est que je ne supporte pas de savoir que je puisse être de la partie que l'on rejette simplement pour des goûts et une orientation. D'ailleurs, une orientation sexuelle ça ne s'invente, ça se découvre parce que c'est en nous depuis toujours. Et c'est ainsi que je reprends mes esprits et que je redresse d'un coup, foutant un coup d'épaule –enfin je crois que c'est ce membre-là qui a tapé le visage de Becca- dans sa tête.
-Arrête, s'il te plaît, murmurais-je en vain en reprenant doucement mon souffle.
-Jamais bébé, rétorque-t-elle en plongeant à nouveau sa tête dans mon cou.
Becca y parsème quelques baisers, posant ses mains sur mes épaules et qu'elle pose ensuite sur mes hanches. Puis, elle dépose un baiser sur ma joue, passant ainsi de mon cou à la ligne de ma mâchoire pour finir au bord de mes lèvres. Et j'ai presque l'impression que c'est là que se joue l'histoire de toute une vie, que si on passe ce cap nous ne pourrons plus jamais revenir en arrière.
J'ai l'impression que si nous allons jusque là, nous ne pourrons plus revenir en arrière et devrons accepter ce geste ; ce que je ne suis pas sûre de pouvoir en être capable. Elle reste en suspension devant mes lèvres, expirant juste dessus. J'ai les yeux fermés et je n'arrive pas à rouvrir les paupières. Je suis cuite, c'est finit. Ou bien on ne s'embrasse pas et on reprend notre vie comme si de rien n'était, ou bien on s'embrasse et là tout volera en éclat et nous devrons tout assumer.
Et sans que je ne le demande ou que je me rende compte, mais les lèvres de Becca se déposent sur les miennes comme si elles avaient été faite pour cela. Et les miennes se meuvent avec. Putain, mais qu'est-ce qu'on est entrain de faire ?
***
Musique ; Nathan Sykes ft. G-Eazy - Give It Up
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