04 - Seconde fois
Charlène Enderson
Je me pince l'arrête du nez, concentrée sur ma thèse. Parce que oui, l'université ce n'est jamais joyeux ou presque. Il y a la possibilité de faire des soirées et de boire de l'alcool jusqu'à pas d'heure mais c'est tout. Parce que les études sont toujours là et qu'elles sont même bien plus dures et contraignantes que celles d'avant. Et franchement, parfois j'ai vraiment envie de retourner en rénovée et refaire une nouvelle fois ma dernière année parce que même si c'était dur et compliqué, ça restait quand même beaucoup plus simple et moins étouffant que celles universitaires. Qu'est-ce qui m'a prit de faire des études, d'ailleurs ? Ah oui, c'est vrai, de nos jours avec juste ton Bac en poche, tu ne sais pratiquement rien faire.
Je tape encore quelques lettres sur mon clavier lorsque je sens qu'un regard est posé attentivement sur moi. Quelqu'un est entrain de me fixer intensément et ça me dérange vraiment. Surtout si c'est un gars, car les hommes, je les veux uniquement bien en ami mais pas plus. Car que je ne suis pas fais pour l'amour d'un homme, mais d'une femme car une femme comprend mieux comment je vis parce qu'elle est « comme » moi à la base. On peut dire, en quelque sorte que je suis lesbienne. Mais comme je n'aime pas ce mot, je vais avoir plutôt tendance à dire que je suis homosexuelle. C'est mieux, beaucoup mieux.
Je tourne lentement la tête pour voir qui me regarde mais dans les hommes présents, aucun ne me fixent intensément et si c'est le cas, c'est parce qu'il a sentit mon regard sur lui. Je passe donc aux femmes, car ce n'est donc pas un homme puisque je sens toujours ce regard intense me déshabiller du regard. Et je tombe sur Becca. Moi qui m'attendais à ne probablement plus jamais la revoir, je tombe de haut. Nous avons pas mal rigolés la dernière fois et franchement, je dois avouer que c'était agréable de rencontrer quelqu'un comme elle, qui change de mes sentiers battus.
Je dirais que Becca est quelqu'un de très drôle, de très juste et qui croque littéralement la vie à pleine dents. Du reste ? Elle s'en fout totalement et passe à côté en levant son majeur très poliment. Je crois qu'elle est du genre à s'en foutre du reste, mise à part du moment présent qu'elle vit à fond. Je crois qu'elle est du genre à ne pas se prendre la tête et à faire comme bon lui semble. Elle fait toujours comme elle en a envie et si le reste ne suit pas, je crois bien qu'elle ne s'en préoccupe pas. Je pense vraiment qu'elle est une personne simple d'esprit et douce. Elle ne se prend pas la tête et fait tout quand elle en a envie et quand elle juge bon de le faire. J'aimerais tellement être comme elle. Elle profite de sa jeunesse avant que la vie ne devienne trop compliquer pour les personnes simples comme elle. Elle profite de sa vie, tant qu'elle le peut encore. Et je n'ai pas le temps de laisser mes pensées filées encore un peu plus vers elle que déjà, la concernée a prit place sur le siège juste en face du mien.
-Bonjour Charlène, lance-t-elle en approchant son visage du mien pour qu'on se fasse la bise.
Je mets quelques secondes à comprendre et je lui fais la bise. Je m'attendais presque à ce qu'elle tourne la tête au dernier moment pour que nous nous embrassions. Et je dois avouer que j'aurais aimé, mais il ne faut pas que je commence à rêver et fantasmer sur ma nouvelle amie. Ce serait complètement débile. Et puis, je suis quand même étonnée que deux semaines après notre rencontre, elle se souvient encore de mon prénom.
-Salut Becca, répliquais-je en me pinçant les lèvres et en passant une mèche derrière mon oreille.
J'ai presque l'impression d'être l'une de ses adolescentes niaises et écervelées dans les films d'amour pour adolescentes en dépression qui rêvent d'amour. Je pousse un léger soupire et me reprend, parce qu'une attitude comme celle-ci ne me ressemble pas et puis, je ne suis pas amoureuse. Je suis juste amie avec Becca, rien de plus. Et même, je ne suis pas sûre que nous puissions utiliser le terme d'amitié pour décrire la relation que j'ai avec elle. Je passe ma main dans mes cheveux et lui sourit. Elle me le rend en retour, prenant ainsi la parole.
-Comment ça va depuis la dernière fois ? Demanda-t-elle doucement.
-Ca va, et toi ? Lui retournais-je la question.
-Ca va, répondit-elle avec un sourire aux lèvres. Tu faisais quoi ?
-Une dissertation sur l'impact des médias sur la perception des femmes de leur corps et de ceux des autres, expliquais-je avec entrain.
Ça a l'air vraiment chiant, je vous l'accorde mais comme je fais des études de journalisme, j'adore ce que je fais. C'est chiant, mais j'aime bien comme quoi, l'humain est déjà masochiste à la base. Becca hausse les sourcils et écarquille les yeux, n'en revenant simplement pas sur ce que je fais. Je lui souris tendrement, parce que je peux comprendre que ça paraît vraiment énorme et conséquent mais lorsqu'on aime, la taille ne compte plus.
-Tu en as du courage, dîtes donc, parce que c'est notamment pour ce genre de travail que j'ai fais une année sabbatique et que maintenant, je n'ai pas trouvé d'université que me veut, je dois encore attendre presque un an, rétorque-t-elle étonnée. Si tu veux, je veux bien t'aider pour ton travail, enchaîne-t-elle ensuite.
Maintenant, c'est à mon tour d'être étonné. Parce que je ne m'attendais pas à ce qu'elle veuille m'aider. Je ne m'attendais déjà pas à la revoir tout court, donc bon. Je passe ma main dans mes cheveux –c'est nerveux, un toc à la con- et le regarde droit dans les yeux. Je croyais qu'elle étudiait, mais c'est vrai que vu le genre de personne qu'elle est, ça m'étonnerait vraiment qu'elle soit une adepte de rester sur une chaise pendant des heures durant à écouter un vieux monsieur balbutier sans cesse et pratiquement sans pause d'un sujet qui pourrait très bien être totalement inintéressant tel que la l'influence des rayons du soleil sur les saignements de nez.
-D'accord, pas de problème. On commence maintenant ? M'enquiers-je avec un sourire en coin aux lèvres.
Becca acquiesce et je commence ainsi à lui poser quelques questions auxquelles elle répond avec pas mal de franchise et d'honnêteté. Cette interview va me rajouter un sacré plus à ma dissertation, et je crois que je pourrais presque rater mon examen en passant quand même à l'année supérieure. Je suis tellement contente d'avoir fait la rencontre de Becca, sa simplicité va calmer ma complexité, je le sens.
***
Musique ; Into You - Ariana Grande
NDA ; Bonjour ! Comment ça va ?
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