Becca Donovan

Je passe rapidement ma main dans mes cheveux pour leur donne une quelconque forme. Ça n'avait pas vraiment d'importance l'allure qu'ils ont de toute manière. Je ne compte sortir que pour aller m'acheter quelque chose à manger à l'épicerie presqu'en bas de chez moi, rien de plus. Je n'ai donc pas besoin d'avoir une allure mannequin ou de femmes sortant toutes droites d'un magazine people ou de mode féminin. Je referme la porte de chez moi et descends les marches rapidement. Je m'avance dans la rue et alors que je fredonnais un air inconnu et que je m'apprêtais à pousser la porte de l'épicerie, j'entends mon prénom résonné au loin.

-Becca ! Cria une voix masculine.

Je soupire, lasse et me tourne vers les possibles lieux d'où proviennent la voix. Je crois reconnaître celle de Jacob Salom, un ami d'enfance et qui je peux le dire d'une certaine manière, est mon meilleur ami. Quelques hauts et quelques bas de temps à autre, mais c'est ainsi dans toutes les relations qu'importent en quoi elles consistent. Et je ne me suis pas trompée, c'est Jacob qui me fait un signe de la main en compagnie d'une magnifique brunette aux yeux sombres qui me fixent de là où elle se trouve. Je m'avance vers eux, remettant un peu de tenue dans mes cheveux –que je tente en vain de dompter- et dans ma tenue qui rayonne de fainéantise et de manque d'envie.

-Bonjour, lançais-je en arrivant à leur hauteur.

-Bonjour, rétorqua la belle brunette.

-Salut ! S'écrie à son tour Jacob, me faisant la bise et m'enlaçant prestement.

Je reste un peu figée parce que je ne m'y attendais simplement pas. Je pince les lèvres et joue avec mes doigts, gênée lorsqu'il met fin à notre étreinte passagère. C'était rapide, confus et assez maladroit je trouve mais bon, venant de Jacob il faut s'attendre à connaître les deux pôles en quelques secondes. Il faut s'attendre de passer du câlin raté ou mal foutu à la preuve de tendresse amicale la plus sincère et parfaite du monde. Il me lance un sourire et pose sa main sur mon épaule, me faisant tourner légèrement le buste vers la belle inconnue.

-Becca voici Charlène, une amie, et Charlène voici Becca, ma meilleure amie, dit-il alors que son cellulaire se met à vibrer et à sonner au creux de sa paume.

Il nous laisse seules, Charlène et moi. Je me mords la lèvre inférieure parce qu'elle est extrêmement belle et je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas quoi faire non plus. Elle vient de me faire perdre tous mes moyens. Elle me sourit légèrement, plutôt en une grimace. On dirait un sourire forcé, ou crispé au moins. Je tente de sourire correctement, mais le mien se crispe aussi. Sauf que quelques secondes plus tard, on rigole sans trop savoir pourquoi. Je crois que je viens juste d'avoir un coup de foudre. Amical, j'entends par là, parce qu'elle a beau être belle je doute qu'elle soit dans les mêmes trippes que moi. Puis, mes délires sont souvent fous, et complètement maladroits, sans oublier qu'ils sont assez malchanceux parce que c'est souvent dans ces moments-là que je me fous dans des merdes pas possibles. Mais bon, c'est la vie alors c'est à prendre ainsi. Sans modération et sans non plus abuser.

-Je suis désolé mais je dois vous abandonner, annonce soudainement Jacob dans mon dos.

Je sursaute légèrement alors que mon cœur fait une embardée. Il pose ses deux mains sur mes épaules respectives et je souris légèrement tandis qu'il dépose un baiser sur ma joue. Il se retire et s'en va faire la bise à Charlène et puis nous fait un dernier signe de la main en continuant sa route. Il partait dans la direction dans laquelle je regardais, si bien que Charlène doit se retourner légèrement et ainsi, je peux admirer sa poitrine magnifique et son si joli cul. J'aime ce que je vois, vraiment. Et je ne remarque pas assez vite qu'elle se retourne vers moi, et c'est ainsi que je me fais cramer. C'était une rencontre douce et délicate, qui apparemment n'est pas prêt de le rester car elle fronce les sourcils.

-Tu aimes ce que tu vois, pas vrai ? Me charrie-t-elle avec un sourire en coin sur les lèvres.

-Bien sûr, et tu n'imagines même pas à quel point, continuais-je sur sa lancée.

Et nous rigolons parce que j'ai enfin trouvé quelqu'un avec le même humour que moi ; l'ironie par excellence. Je passe ma main dans mes cheveux tandis que nos deux rires ne sont que deux sons passagers de la rue. Personne ne nous remarque vraiment, à par ceux qui se demandent pourquoi on rigole aussi fort et autant ou encore, ceux qui regardent quelques endroits stratégiques –comme moi précédemment sur Charlène. Même si j'étais dans l'ironie, je dois quand même avouer –au moins à moi-même – que j'aimais quand même ce que je voyais et que j'apprécie toujours ce que je vois. Même de plus en plus. J'ai toujours eu une préférence pour le corps d'une femme que celui d'un homme et je ne sais même pas d'où cela peut bien provenir. Je ne sais pas, j'aime les femmes et pas les hommes ; c'est comme ça, un point c'est tout.

-Tant mieux alors. Sache que j'aime aussi ce que je regarde, renchérit-elle en riant à gorge déployé avec quand même une pointe de sérieux sur la fin.

Je ne peux m'empêcher de rigoler avec elle, parce qu'elle a un rire contagieux mais aussi parce que c'était dans la lancée du même genre d'humour que celui que je préfère au monde. Je retire une mèche de cheveux rebelle qui allait dans ma bouche et continue de rire. Elle aime ce qu'elle voit ? Elle aime ce qu'elle regarde, c'est-à-dire moi et mon corps ? Je n'en reviens pas, parce qu'habituellement les gens ne me le disent pas. Ils le gardent pour eux et prétendent le contraire parfois sous forme de commentaires haineux. Je ne compte même plus le nombre de fois que j'ai eu le droit à des « Tu n'es pas mince avec des formes, mais grosses. Va faire du sport, putain ! ». Et j'en ai eu d'autres des comme ça aussi, mais souvent dans le même genre. Sauf que Charlène est différente et je le sens, heureusement pour moi.

-Je sens qu'on va bien s'entendre toi et moi, m'exclamais-je avec un sourire aux lèvres.

-Moi aussi, rétorque-t-elle avec aussi un sourire sur les lèvres.

***

Musique ; Like I Can - Sam Smith
NDA ; Bonjour ! Comment allez-vous ? Que pensez-vous de ce chapitre ?