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ㅤㅤㅤ𝐂'𝐄𝐒𝐓 dimanche et l'hiver s'effiloche.
La neige fond sous les rayons spectaculaires du fougueux soleil. On aime bien prendre le thé dans le somptueux jardin de notre demeure, situé à la cour arrière.
À gauche se dresse l'architecture des balcons en pierre comme à l'ère des cités antique et les rideaux blancs qui s'envolent au moindre coup de vent. À droite, les arbres enneigés décorent la pente et bordent une route sinueuse qui descend jusqu'en ville.
En face, c'est Kim Gaeul.
Vêtue d'une combinaison blanche et noire au décolleté en forme de cœur. Un chapeau de paille de créateur, aussi large que ceux qu'on en portait à la cour d'Angleterre au dix-neuvième siècle. Ses lèvres vermeilles sirotent sans cesse ce thé amer, des lunettes de soleil cachant les pupilles rougies après une nuit épouvantable.
C'est une loque, tout ce qui reste d'une soirée arrosée.
Je nous imagine bien dans un cadre de télévision ancien à l'animation semblable à celle de la petite maison dans la prairie. Sauf que dans mon cas, il n'y aurait pas de couleur. Juste du blanc et du noir.
Amer comme le thé.
Amer et la vie sans saveur. Le manque se creuse, la douleur s'agrandit. Heeseung et son espèce d'amant ont passé décembre agglutinés l'un à l'autre. Les souvenirs de leur idylle me lacèrent l'esprit. Ils vivaient, joyeux, comme si la terre tournait autour d'eux. On se sentait effacé.
La jalousie m'a rongé l'âme jusqu'aux os. Parce qu'après tout, j'ai le cœur mauvais comme tout homme sur terre. Je me suis imaginé à la place de Jungwon. Les pensées ne se contrôlent pas, elles sont volages, assoiffées de liberté. Et elles ne sont pas toujours bonnes.
La phase examinatrice du premier semestre a pris fin en début février. Les jours qui ont suivit, ceux-là même que je vis en ce moment, sont offerts en guise de repos. Chacun attend en silence, les premiers résultats.
Et moi, je me morfond sur un tas de cendres, à collectionner les cigares. Je peins des fresques sur ma peau qui se craquelle, pensant boucher les fissures des blessures de mon âme.
Il me manque, tellement.
De mauvaise foi, j'ai évité Heeseung en utilisant l'excuse de la charge de travail qui ne me permettait pas d'entretenir ma vie sociale. Et c'est ainsi qu'on s'éloigne, que la distance s'étire. Voici comment je détériore mon amitié avec lui. Par le simple fait de mon caractère rigide, empoisonné par mes failles, ces défauts.
À quel moment j'apprendrais à faire les choses comme il faut ?
Les cloches sonnent. Je l'entends d'ici, cette sonnerie singulière. Mes pas me portent, sans prévenir la maîtresse de maison qui glousse derrière son téléphone et les actualités people.
Je traverse une pièce blanche qui sert de salle de séjour secondaire. Un peu plus loin, il y a le piano de famille. Et lorsqu'on lève la tête, un lustre énorme scintille sous les caprices lumineux du soleil.
Je me déplace, armé de mes vêtements qui me tiennent au chaud. Ma curiosité me pousse vers la porte d'entrée en voyant Mathilde affiche un sourire aussi vaste que le ciel.
— Monsieur Kim, bienvenu chez vous !
Mes sourcils se froncent tandis que ma poitrine se resserre de doute. Posté à l'entrée, c'est un homme élancé dans un manteau élégant, une montre au modèle ancien au poignet et des mocassins. Des cheveux bruns un peu en broussaille et les taches de rousseurs qu'il m'a transmis.
Finesse et charisme en un seul homme.
Dès lors que mes yeux croisent les siens caramel, je sens mes lèvres s'étirer petit à petit vers le haut, tandis que mon cœur pulse sous une décharge électrique.
— Papa !
Je lui saute au cou sous la joie qui jaillit comme les faisceaux d'un stroboscope. Mon corps asséché semble reprendre un semblant de vie. On ne peut pas savoir combien j'aime mon père. Combien malgré nos désaccords, il demeure un pilier nécessaire dans mon existence.
— Bonjour, Sunoo.
Durant les secondes qui suivent, mon corps gagne en vitalité et accompagne la flore qui, bientôt, s'éveillera au printemps.
***
Je soupire une énième fois.
— Cesse de soupirer ainsi, tu veux bien ?
Je m'amuse avec mes cheveux roux toujours lissés. La voiture longe une rue calme bordée de luxueuses propriétés. Nous sommes à Un village, c'est-à-dire l'endroit le plus huppé de Gangnam, et de tout Séoul je pense.
Mon père dit que ce dîner est important. Alors j'ai revêtu mes symboles de courage, mes piercings. Il y a un moment que je ne me suis plus vu avec ce septum. Je fais rouler la boule de piercing sur ma langue contre mon palais en me demandant si je ne devrais pas me faire percer à nouveau.
Nous nous arrêtons devant une façade moderne fait de bois et quelques plantes par ci et là. Mon père communique notre présence par l'interphone. Des secondes plus tard, la maison nous ouvre ses portes.
La cour est typique asiatique. Elle contient un bassin remplie d'une eau claire et des carpes blanches et oranges. Deux passerelles piétonnières et une allée en pierre conduisent à une terrasse sous un paillasson. Il y a aussi une statue en pierre de bouddha.
Mon père se gare près de la rangée de voiture de luxe.
Nous descendons, les portières claquent. J'avais presque oublié que notre famille et celle des Lee étaient très proches; depuis l'enfance. Ma mère biologique s'est lié d'amitié avec Mei Lee lorsque je me trouvais encore dans son ventre. Et papa en a fait pareil avec le père de Heeseung.
Il sonne, puis jette un coup d'œil sur l'ensemble de ma tenue. Un blouson ne convient pas à un dîner. J'ai alors rajouté un jean clair pour être définitivement hors thème. A-t-il vu le temps qu'on fait ?
— Quoi ? J'ai un flocon de neige sur le visage ?
— Non, m'assure-t-il, suivit d'un simple sourire.
Je souris aussi. J'ai du faire ça un nombre incalculable de fois depuis son arrivée. Ça me rappelle nos petits échafaudages secrets lors des célébrations ennuyeuses de la famille.
Nos plans pour fuir ces fêtes mondaines et se réfugier au jardin, partager une boite de chocolat. Je crois qu'au fond, mon père aussi avait soif de se sauver de ce monde.
On nous ouvre.
— Soyez les bienvenus. Entrez, je vous prie.
C'est madame Linn. Au service de la famille avant même ma naissance. Elle est vêtue d'une tenue traditionnelle chinoise simple, son chignon étiré, retenu par des épingles.
Le décor intérieur de la maison est à la fois moderne et traditionnelle. Les escaliers aux marches espacés au loin sont faites d'un bois clair. La rambarde industrielle qui donne sur l'étage. Là haut, il y a deux tableaux accrochés au mur.
Pour revenir au rez-de-chaussée, à côté des escaliers se trouve un petit arbre, un espace vert bichonné. Madame Linn avance en toute vitesse sans faire de bruit à son passage. C'est un peu effrayant ; à croire qu'il s'agit d'un spectre qui flotte à quelques centimètres du sol.
Alors que nous arrivons au centre de la pièce, un homme débarque. Très grand, bien plus que mon père, et imposant. Son style vestimentaire dénote du décor. Un costume élégant et une veste en fourrure. Des tresses qui, à mon sens, lui vont si bien.
Je me souviens que petit, monsieur Peyton me faisait peur.
D'origine noire américaine, célèbre producteur de musique dont le label trône au sommet en amérique. Les rappeurs comme Future, central cee, Drake, ont tous une fois signé avec lui. Mais avant d'être producteur, il a été à la NBA, puis coach sportif.
— Taehyung. Soyez les bienvenus !
Pas étonnant que son fils ait suivit ses traces.
— Bonsoir, Ty.
C'est le père de Heeseung. Il échange une poignée vigoureuse et chaleureuse avec mon père.
— Mais c'est le champion, Sunoo ! Qu'est-ce que tu as grandis.
— Bonsoir Monsieur Peyton, dis-je, un peu impressionné.
— Ty mon garçon, c'est Ty pour mes proches.
Il y a si longtemps que je n'ai pas croisé monsieur Peyton que j'en oublie comment m'adresser à lui. Il transpire la richesse à chaque pas.
C'est un homme d'affaires qui prospère dans tous les domaines. C'est aussi l'époux de Mei Lee. Heeseung a hérité du nom de famille de sa mère, plutôt que celui de son père, car la tradition l'exigeait.
— Venez, venez. Allons nous installer dans le salon. Ça fait plaisir de te revoir Taehyung.
— De même. Merci pour l'invitation.
— Toujours aussi poli, se moque gentiment l'homme alors que nous descendons quelques marches. Mei ne devrait pas tarder à rentrer. Gaeul n'est pas avec toi ?
Je grimace au même moment que mon père, qui le cache bien mieux que moi.
— Elle a préférée décliner. À cause de sa santé.
Oh le menteur !
Papa et Gaeul se sont disputés comme d'habitude. Cette femme est une véritable plaie et je suis heureux qu'elle ne soit pas venue. Madame Mei gère des hôtels et spa de luxe dans le monde ; alors qu'avec toute la fortune de ses parents, elle aurait pu vivre comme une reine toute sa vie.
Sérieusement, je ne compte plus les richesses de cette famille.
— Oh, je vois. Installez-vous ! Nous invite Ty.
Mon père esquisse un léger sourire avant de s'assoir. Lynn arrive avec du thé blanc. Je me pose à mon tour en me demandant où peut se trouver Heeseung.
En attendant, j'observe la céramique tandis que Ty et mon père se sont lancés dans une conversation en anglais. Ces vases valent sur le marché. Ce sont des trésors datant de l'empire de Chine.
Il y a une photo de famille au mur.
Une photo jugée inhabituelle pour beaucoup. Des gens que je trouve fermés d'esprit. Parce que sur ce cliché on voit une « chinoise » à côté de « trois hommes noirs » et « un garçon issus d'un métissage » à la place d'une famille heureuse.
Je vais vous dire, la relation entre la princesse Mei et Ty est digne d'une romance à l'échelle des couples les plus marquants de l'histoire ! Disons que leur relation n'était pas vu d'un bon œil à l'époque où ils ont commencé à se fréquenter. Parce qu'ils étaient de mondes trop différents.
Le choc de culture qui, en général, est capable de fragiliser un lien. De plus, Ty était déjà père de deux enfants de son ex femme. Mais Mei était du genre à se foutre du reste du monde et de son avis. Elle n'en a toujours fait qu'à sa guise.
Aujourd'hui, les voilà toujours mariés avec Heeseung comme fruit de leur union. Même moi trouve le caractère du couple à l'opposé.
Or ils semblent avoir trouvé la corde parfaite sur laquelle jouer des accords cohérents. Je suppose que c'est l'insouciance de Mei et ce côté facile à vivre de Ty qui a dû minimiser l'impact du choc des cultures.
Je suis tiré de mes pensées lorsque de nouvelles voix apparaissent.
— Yo Ty, lance l'une des deux silhouette.
— Hey, Terry.
C'est le cadet, Terry, couvert de tatouages, des braid locks court, portant un maillot de son équipe de basket et faisant tourner son ballon sur son doigt. Il paraît le plus décontracté et échange un check avec son père.
— Bonsoir, papa, salut le second, plus posé.
C'est l'aîné de la fratrie. Dimitri. Lui aussi est passé par la NBA avant de rapidement lâcher sa carrière d'athlète pour embrasser celle d'avocat. Les cheveux coupés court, il porte une chemise blanche et un short noir confortable de vue, une montre à la main.
— Dimitri, le salue Ty.
— B'soir m'sieur Kim.
— Terry, cela fait un moment.
— Un sacré bail !
Dès lors que les yeux de Terry quittent mon père, il se dirige vers moi.
— Yo, Sun' ! Putain t'as poussé.
— Salut Terry ! Dis-je, enjoué.
— Bonsoir monsieur Kim, j'entends en fond.
Dimitri est si... poli. Il doit bien s'entendre avec mon père. Ils discutent un petit moment, s'échangent les formalités. Mais celui que je cherche n'est toujours pas là.
— ...Sunoo.
Hein ? Je croise le regard de Dimitri et hoche la tête.
— Bonsoir Dim'.
On l'a toujours appelé ainsi. Je pense qu'il m'a salué. J'espère que c'était ça. Je trouve raison lorsqu'il me sourit avant de retourner vers son père.
— Viens, suis-moi !
Je me lève aussitôt sous la demande de Terry. Les trois autres semblent plongés dans une discussion et nous, nous quittons la salle à manger, empruntant un couloir qui mène à l'arrière de la maison.
— Heeseung est là ?
Terry éclate de rire.
— Ah ouais ! À peine arrivé que tu demandes déjà d'après lui. J'ai compris, je suis invisible !
— Non mais, t'en fais pas. C'est cool de te revoir.
— Mouais. T'es pas crédible.
La vérité est que dans d'autres circonstances, j'aurais montré plus d'enthousiasme. Mais je suis désespéré, tiraillé entre plusieurs émotions et je privilégie les moins chaotiques.
À savoir, mon désir soudain d'arranger les choses entre mon ami d'enfance et moi.
— T'inquiète, il m'a dit de t'emmener dès que tu seras là en fait.
Il a dit ça ? Mon cœur se réchauffe tandis que je ralenti mes pas. C'est fou comme une attention, même minime de sa part, me met dans un état pareil.
On passe par la salle de billard plus américanisé. Les doubles portes françaises donnent sur une partie de la cour extérieure. On débarque sur un terrain de basket. Un ballon heurte de façon répétitif le sol sous la force de frappe du joueur.
Mon cœur agit de la même façon si je compte mes battements cardiaques un peu trop conséquents.
Il est de dos, dans un large pull bleu ciel et un pantalon de sport. Il effectue quelques bonds, des feintes dans le vide comme s'il faisait face à un adversaire invisible, suivi d'un dunk puissant. Le cerceau a du le sentir passer au vu de la façon dont il a tremblé. Ici, c'est calme, froid, silencieux. Et on n'entends que ses pas et ses tirs.
— Yo Hee, par ici !
Soudain, Terry s'introduit dans le jeu et tous les deux se lancent dans un affrontement. Terry est bien plus élancé que son petit frère. Cependant, cela n'a pas l'air de gêner Heeseung qui le confronte. C'est un jeu d'un tout autre niveau qui se déroule sous mes yeux. Digne de ces matchs de star de la NBA.
Et j'y pense, je n'ai jamais vu Heeseung jouer dans un match officiel. Malgré mes piètres connaissances dans ce sport, je peux affirmer que son niveau est bluffant.
Là, le fait que Heeseung faisait partie d'une équipe aux USA fait écho en tête. Et j'y pense; pourquoi, lui qui visiblement semblait avoir un sentier pavé de succès en amérique, décide de rentrer en Corée et intégrer une équipe de la fac ?
Sans rabaisser notre université.
Heeseung a tout pour une carrière, entouré des meilleurs entraîneurs. Ce détail vient s'ajouter à l'intrigue principale qui gravite autour de son retour soudain. Je ne peux pas m'empêcher de me poser des questions.
— Tu deviens vraiment de plus en plus doué ! Je gagne avec seulement un point d'avance !
— Fais gaffe, rétorque Heeseung, amusé. Je te rattrape.
Et moi, je fond.
Littéralement. Sa voix me retourne le cerveau.
Cependant, dès qu'il se retourne en remarquant ma présence, je ne peux pas m'empêcher de laisser l'angoisse me gagner. Sur le champ, j'aurais voulu avoir le soutien de mes cachets car sans eux, je ne suis rien face aux émotions qui m'envahissent. L'anxiété qui se bâti en mon sein et me ronge.
Le regard de Heeseung est si glacial que j'ai envie de disparaitre sur place.
Tu le savais Sunoo. Il ne veut plus te voir.
Est-ce pour ça qu'il voulait me voir ? Pour clarifier les choses ?
Ça fait mal. Je ressens le besoin de m'expliquer, de m'excuser de m'être emporté la dernière fois, de l'avoir ignoré. Mais le simple souvenir de Jungwon et lui qui afflue comme un poison tenace, m'empêche de faire le premier pas.
— Oh ho ho ! Mais c'est que le p'tit dernier prend la confiance !
Heeseung reporte son attention sur son frère.
Il vient de me regarder. Et il m'a tout simplement ignoré. Comme si mon existence pesait encore moins qu'un grain de sable. Mes lèvres tremblent, mes yeux picotent. Je me gratte les bras malgré moi, ma respiration devenue laborieuse, et me détourne d'eux.
Les larmes s'accumulent dans mes yeux. Cette fragilité qui dépend des anxiolytiques refait surface. Je me mord la lèvre comme si cela suffisait à faire passer l'envie. Alors c'est cela que ça fait, ne plus exister dans les yeux de Heeseung ?
Je sursaute, avant de me laisser entièrement envahir par les sentiments négatifs, lorsque le ballon rebondit tout prêt de moi. Effaré, je me retourne pour leur faire face.
Ou plutôt, lui faire face. Car Terry n'est plus là. Et, esseulé, je dois combattre l'expression orageuse de Heeseung.
Tandis qu'il débute une démarche lente mais intimidante vers moi, je recule inconsciemment. Me voyant m'éloigner, une grimace se taille sur le faciès de l'athlète. Ses pas se font plus rapides, provoquant l'affolement de mes sens. Je halète et me cogne brusquement contre un mur, alors qu'il me rejoint enfin.
— Encore combien de putain de temps tu vas m'ignorer ?
Perplexe, mes yeux s'écarquillent.
— Je ne t'ignore pas, menté-je.
Un sourire mauvais s'inscrit sur ses lèvres. Sa présence semble aspirer une quantité importante d'oxygène, ne me laissant que des brides qui ne me suffisent pas.
— Ouais, toi t'es Kim Sunoo, personne d'autres n'existe dans ton putain de monde à part toi.
Ses paroles me prennent de court. Et je leur cherche un sens, dans le but de comprendre. Qu'est-ce qui se passe ?
La colère exposée sur son faciès, ses veines se dessinent sous sa peau pourpre, les yeux injectés de cette frustration dévorante. Il me donne l'impression de se contenir. Je le remarque à ses poings qui tremblent et se resserrent.
Heeseung recule, ne me laissant apercevoir que son dos. Ma bouche s'assèche.
— De quoi tu parles ?
Un rire rebondit sur ses lèvres.
— J'me demande parfois si tu le fais vraiment exprès. De ne jamais rien savoir.
— Je ne t'ignore pas. Je, j'étais pris par l'examen.
Je tente d'apaiser la situation mais, c'est à croire que chacun de mes mots ne sera qu'une pincée supplémentaire pour attiser l'humeur courroucé contre lequel lutte Heeseung.
— Arrête de me prendre pour un con.
Il me fait de nouveau face.
— T'étais occupé toi aussi, avancé-je aussitôt pour me défendre. Avec ton nouveau pote. Tu sais ? Le mec pour qui la terre n'existe plus.
Le subtil écart de ses paupières qui se plient m'indique la surprise qu'a du provoquer mes reproches. Je me sens stupide la seconde d'après. C'est tout le contraire de ce que j'étais censé lui dire.
— T'es mal placé pour m'en vouloir.
Pour m'enfoncer, je décide de retourner à l'intérieur dans une démarche mélodramatique. C'est de pire en pire. Heeseung s'accroche à mon poignet, me tire en arrière comme si je ne pesais qu'une plume.
— C'est quoi ton problème à fuir à chaque fois ?
Je ne sais pas. T'es la seule personne que j'arrive pas à affronter.
— On a finit de parler.
— J'ai pas finis.
— Moi si, dis-je en voulant retirer sa main.
Vaine tentative, sa prise est animée d'un désir plus solide.
— Bordel tu, tu vas me rendre dingue !
— Bah j'sais pas, arrête de me parler pour préserver ta santé mentale si je te fais autant chier.
Je m'enfonce. Je n'aide en rien. Son silence m'inquiète. Je sais qu'il me regarde. Je préfère suivre de près nos ombres qui dansent sous le soleil qui s'évapore dans la nuit qui progresse, sentant le vent crépusculaire sous ma peau.
— C'est ce que tu veux ?
Mon manque de réponse me condamne. Heeseung me relâche, comme n'en croyant pas ses oreilles. Non, c'est loin d'être ce que je désire.
— C'est toi qui dit que je te saoule.
— C'est ce que tu veux Sunoo ? Répète le blond.
Je me mord la lèvre, retenant le plus possible les larmes, refusant d'exposer ma vulnérabilité.
— Même à ça, t'es pas capable de répondre ? Ok.
La panique me gagne lorsqu'il s'apprête à s'en aller.
— Tu, t'es compliqué !
— Tu t'es vu ?
Sa réplique me laisse sans voix. Heeseung s'en va. Et moi, je ne peux que me blâmer. D'être l'unique responsable d'une amitié qui vient peut-être de se briser pour de bon.
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