Chapitre 8. En avance
Il est presque 19h30, et franchement, je m’ennuie à mourir...
Depuis deux heures, je traîne dans mon lit, l’esprit en vrac, à fixer le plafond comme si j’espérais y trouver l’inspiration.
Spoiler : y’a rien.
Même l’idée de chanter m’a traversé l’esprit, mais la motivation n’a pas suivi.
À quoi bon, de toute façon ?
Je jette un regard à mon téléphone posé sur la table de nuit.
Je pourrais appeler Mike... mais non, ce n’est pas une bonne idée.
Il est sûrement avec sa femme, comme d’habitude en semaine. Ça ne sert à rien de lui compliquer la vie ou de me compliquer la mienne.
Au début, ça me foutait la nausée, cette relation avec lui...
Jouer le rôle de l’amant secret d’un mec marié et “hétéro”...
C’est le combo parfait pour se sentir comme une merde. Mais avec le temps, j’ai compris.
Mike est tout aussi coincé que moi dans cette histoire. Prisonnier de ses choix, de ses peurs, de son foutu mariage.
Je pousse un soupir et me redresse au milieu de mon lit.
Les draps froissés témoignent de ma flemme abyssale.
Je pourrais sortir, aller boire un verre quelque part… mais non, Marc ne va pas tarder.
Et franchement, je ne peux pas me permettre d’être à moitié pompette quand il débarquera avec son gamin.
Je finis par attraper Passe-temps-sympa.
Ouais, je donne des noms à mes jouets, et alors ?
Ça m’occupera au moins un moment. Direction la salle de bain.
Je retire mes fringues et me fixe un instant dans le miroir.
Mon reflet me renvoie l’image habituelle : tatouages qui couvrent presque tout mon torse, cheveux noirs qui tombent sur mon front.
Les couleurs de certains motifs commencent à s’effacer. Il va falloir que je prévoie une retouche bientôt. Je grimace en détournant les yeux. Pas le temps de m’attarder là-dessus.
Sous la douche, l’eau chaude glisse sur ma peau, et je prépare mon corps pour ce qui vient ensuite...
Prendre son temps, c'est le truc obligatoire pour ne pas se faire mal ensuite.
Je me caresse avec minutie, détend mes muscles et me touche un peu.
Juste assez pour que mon corps réagisse ensuite sans tension.
Une fois prêt, je ressors, encore trempé, et je retourne sur mon lit. Je ne perds pas de temps. Je règle la cadence comme je l’aime, laissant la tension s’accumuler.
Ces moments-là, c’est mon échappatoire.
Pas besoin de parler, de plaire à qui que ce soit. Juste moi, mes sensations, et la dopamine qui s’accumule.
Je m'enfonce le jouet délicatement, me caressant le torse en même temps, et commence à bouger mes hanches.
Le plaisir grimpe au fur et à mesure où mes mouvements s'accélèrent.
L'objet vibre en moi, contracte mes muscles internes et réveille mon sexe qui pulse au rythme de mes pulsations cardiaques.
C'est si bon. Juste moi, et mon plaisir.
J'y suis presque là, à la limite, quand… Bzzz.
Mon téléphone vibre.
Sérieusement ? Pas maintenant.
« Ah non, pas besoin d’un autre truc qui vibre ! » je râle en l’ignorant, le souffle haletant.
Mais le téléphone insiste, encore et encore. À croire que c’est urgent.
Avec un grognement de frustration, je m’arrête, attrape l’appareil d’une main tremblante et décroche.
« Oui ? »
« Bonsoir Nao, je… j’espère que vous allez bien. » La voix de Marc de l’autre côté est hésitante, presque timide. « C’était pour vous dire que nous sommes en avance avec Nathan. J’ai vu que la boutique était fermée alors nous sommes restés dans la voiture. »
Je lève les yeux au ciel. Pas moyen de finir tranquille, apparemment...
« Ouais, laisse-moi une minute. J’arrive. » Je raccroche aussitôt, repoussant Passe-temps-sympa sur le côté avec une moue dépitée.
Quelques minutes plus tard, je suis habillé, débarbouillé, mes draps vaguement arrangés, et je descends à la boutique pour ouvrir les grilles.
Le vent frais me fouette le visage quand je sors.
À quelques mètres, une voiture est garée, moteur allumé. Je plisse les yeux juste au moment où la portière conducteur s’ouvre.
Marc sort, suivi de près par son gamin.
« Bonsoir, » il lance avec un signe de la main.
Je me contente d’un hochement de tête, mes bras croisés pour garder un semblant de chaleur.
Il ouvre le coffre et sort deux valises pendant que Nathan bâille à s’en décrocher la mâchoire.
« Entrez vite. Il fait pas chaud, » je leur dis en frissonnant.
Ils s’activent pour rentrer, et je referme la grille derrière eux. Nathan s’arrête net en découvrant l’intérieur du salon de tatouage.
Ses yeux s’écarquillent, et il s’exclame :
« C’est trop la classe ! »
Un petit sourire m’échappe malgré moi. « Vos chambres sont tout en haut, » j'explique en ouvrant la porte menant aux étages.
Le gosse s’engouffre aussitôt, suivi de Marc qui porte les valises. Je les observe un instant, notant la fatigue sur le visage de Marc.
Est-ce qu’ils ont passé la journée dehors, avec ce froid ? Mauvaise idée. Pas que ça me concerne vraiment, mais bon...
Je reste dans le salon pendant qu’ils montent. Les éclats de voix joyeux de Nathan me parviennent, et, allez savoir pourquoi, ça me fait sourire.
Je relève la tête juste à temps pour croiser le regard de Marc. Il est figé dans l’escalier, me fixant. Puis il sourit à son tour.
« Merci d’avoir changé d’avis… » murmure-t-il, l’air sincèrement soulagé.
Je hoche la tête sans répondre, me contentant de détourner les yeux.
Pourquoi ça me perturbe autant, ce sourire ?
Mon corps est encore plongé dans l'euphorie ou quoi ?
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