Chapitre 5. soulagement
Marc
Je ferme doucement la porte de la chambre d’hôtel, la valise de Nathan dans une main et la mienne dans l’autre.
Il est fatigué, je le vois à ses yeux qui peinent à rester ouverts, mais il refuse de le dire. Nathan est comme ça, il ne se plaint presque jamais, même quand il en aurait le droit.
« Allez, chaton, on se prépare pour aller au lit. »
Il grogne un peu mais ne proteste pas. Je l’aide à enlever ses chaussures et son pull, puis il file dans la petite salle de bain pour se brosser les dents.
En attendant, je range rapidement nos affaires dans les valises en désordre : ses jouets d’un côté, mes papiers de l’autre.
Le bordel me stresse encore plus que la situation elle-même.
Quand il revient, il grimpe directement dans le lit, tirant la couette jusqu’à son menton.
Ses boucles blondes sont en bataille sur l’oreiller, et son visage déjà fatigué me fait sourire, malgré moi.
« Papa, dis-moi, on va devoir dormir ici pendant tout le reste des vacances ? » demande-t-il soudain, sa petite voix remplie d’une inquiétude qu’il essaie de cacher.
Je m’assois sur le bord du lit et caresse ses cheveux. « Je n’en sais rien, chaton. Dors. Demain, on ira faire un tour au lac, d’accord ? Tu dois être en forme. »
Il hoche la tête, capitule enfin, et ferme les yeux.
En moins de cinq minutes, il s’endort, son souffle devenant régulier et paisible.
Je reste là un moment, le regardant, comme si ça pouvait me donner un peu de courage pour affronter ce qui m’attend.
Je me lève doucement, attrape mon téléphone et mes papiers, et m’installe à la petite table près de la fenêtre.
La lumière tamisée de la lampe éclaire à peine la pièce, mais c’est suffisant pour que je voie les chiffres que je redoute.
Je refais rapidement les calculs, mais je sais déjà ce que je vais trouver.
Si on reste ici deux semaines, je vais me retrouver dans le rouge...
Entre le prix de l’hôtel et les repas à l’extérieur, ça va être trop.
Et je ne peux même pas bosser pendant les vacances scolaires.
Je soupire profondément, pressant ma main contre ma bouche pour contenir la panique qui monte en moi.
Je suis coincé...
L’appartement qu’on avait à la capitale…
C’était déjà trop cher, et après la mort de Clara, j’ai vite compris que ça n’allait pas marcher.
Nathan allait manquer de place en vivant avec moi à temps plein. Avant, c’était simple : Clara l’avait une semaine sur deux. On s’était séparés en bons termes, et l’arrangement était parfait.
Mais maintenant, tout ça est derrière moi.
Derrière nous.
Je relis l’annonce de l’appartement que j’ai visitée aujourd’hui, celle de ce type, Nao.
C’était parfait.
Propre, bien situé, pas trop cher, et assez grand pour Nathan et moi.
Mais ce gars…
Dès qu’il a appris pour Nathan, j’ai senti que ça n’allait pas le faire.
C'était fichu.
Je pose mon téléphone, mes doigts tapotant nerveusement contre la table.
Demain, je devrais peut-être trouver une autre solution.
Rechercher une annonce, appeler des amis, quelque chose.
Mais ce soir, je suis à court d’idées.
Je jette un coup d’œil à Nathan, profondément endormi. Il a l’air si paisible.
Je ne peux pas échouer. Pas pour lui.
Je referme doucement mon carnet de notes et pousse un long soupir.
Mes pensées ne me laissent aucun répit.
Alors, pour tenter d’échapper à cette spirale d’anxiété, je me lève, attrape ma trousse de toilette et file dans la salle de bain.
Le miroir me renvoie mon reflet fatigué.
Des cernes commencent à se creuser sous mes yeux, et mes cheveux, aux pointes légèrement défaites, témoignent du stress de ces derniers jours.
Je me brosse les dents rapidement, retire mon haut, enfile mon bonnet de nuit, et retourne dans la chambre.
Nathan dort toujours paisiblement, son petit corps recroquevillé sous la couette.
Je m’allonge à côté de lui, essayant de me concentrer sur sa respiration régulière pour apaiser la mienne.
Mais ce n’est pas si simple. Mes pensées reprennent le dessus.
La rentrée scolaire est dans deux semaines, et Nathan va être le nouveau à l’école.
Je m’en veux déjà...
Non seulement il devra s’adapter à un nouvel environnement, mais il le fera sans maison stable, sans sa maman… Rien de ce qu’un enfant de huit ans ne devrait avoir à traverser.
Non.
Ça ne peut pas se passer comme ça.
Je refuse.
Je serre les dents, le cœur battant trop vite.
Alors que je suis sur le point de me relever pour reclasser encore une fois mes papiers, mon téléphone vibre sur la table de chevet.
Je fronce les sourcils.
À 21h45 ?
Qui peut bien m’écrire à cette heure-là ?
Je m’assieds sur le bord du lit et attrape mon portable.
L’écran affiche un numéro inconnu. Avec un soupçon d’appréhension, j’ouvre le message.
« Bonsoir. J’ai bien réfléchi, c’est ok pour moi. »
Je reste figé un instant. Ok pour quoi ?
Un peu perdu, je réponds rapidement :
« Pardon, mais vous êtes ? »
Quelques secondes plus tard, une nouvelle notification apparaît.
« Nao Tanoki. C’est ok pour la colocation. »
Mon cœur rate un battement.
Je bondis hors du lit, trébuche presque sur la valise posée au sol, et file dans la salle de bain pour ne pas réveiller Nathan.
Je compose son numéro en tremblant légèrement, mais il ne répond pas.
Je mords ma lèvre, hésitant, puis lui renvoie un message :
« Je vous remercie ! Je peux passer pour signer quand ? Vous verrez, mon fils ne causera aucune vague. »
Je fixe l’écran, les secondes s’étirant comme des heures.
Et si ce message n’était pas pour moi ? S’il s’était trompé de destinataire ?
Le téléphone vibre à nouveau, brisant le silence oppressant de la salle de bain.
« Ok. Demain soir je suis dispo. Venez directement avec vos affaires. »
Je relis le message trois fois, incrédule.
Une vague de soulagement m’envahit. Je lâche un rire nerveux, essuyant une larme qui menace de couler.
En retournant dans la chambre, je m’allonge à côté de Nathan, tenant le téléphone contre mon cœur comme si c’était un talisman.
Ça y est, chaton.
On va avoir un vrai toit.
On va s’en sortir.
×××
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