6. film / j.draxler
Quand Julian entendit trois coups à la porte, il dût faire un effort surhumain pour marcher jusqu'à celle-ci et l'ouvrir. En voyant Presnel de l'autre côté, il fronça les sourcils.
-T'as l'air super content de me voir, il lança, mais comme à son habitude, il avait un grand sourire au visage.
-Je suis toujours content de te voir, babe, il répondit avec un sourire en coin, et Presnel hocha la tête.
-Ouais, j'aime mieux ça. Je peux entrer ou tu préfères qu'on reste sur le palier ?
Julian se poussa pour laisser le défenseur entrer, avant de refermer la porte derrière lui.
-Je suis venue te rapporter ton bas de jogging. Enfin, je sais pas vraiment si c'est le tien, en fait, parce que j'ai mis tous les joggings qui traînaient chez moi dans la même machine. J'espère que ça te dérange pas trop de devoir porter un des miens, du coup, mais j'ai—
-Non, c'est pas important, Julian secoua la tête, surpris de voir que Presnel était vraiment inquiet. J'ai porté ton maillot de l'équipe de France, c'est beaucoup plus pire.
-Ne parle pas comme ça de mon maillot de l'Equipe de France ! Presnel le frappa. Et puis je suis probablement le dernier à pouvoir te corriger, mais « plus pire », ça existe pas.
-D'accord, professeur Kimpembe, Julian se moqua, et Presnel rit.
-Ne te moque pas. Je pourrais t'apprendre plein de trucs. Genre, l'allemand.
-Bien sûr. Parle-moi allemand, pour voir ?
-Hallo, ich bin Presnel, il déclara très sérieusement, n'essayant même pas de faire un semblant d'accent allemand. C'est tout ce que je sais dire. Avec ich liebe dich.
-Redis-le ? Julian demanda.
-De quoi, ich liebe dich ? Te moque pas de ma prononciation, j'ai jamais fait d'allemand !
-Tu le prononces très bien, il répondit.
C'était faux. C'était complètement faux, mais il aurait pu écouter Presnel le prononcer aussi mal pendant des heures.
-Vraiment ? Presnel demanda, tout content. Génial, je parle allemand ! il déclara, comme si savoir dire cette phrase voulait dire qu'il parlait couramment l'allemand.
Julian secoua la tête, un sourire aux lèvres. Et pour la première fois depuis toujours, il réalisa à quel point il était heureux d'avoir Presnel comme âme sœur. Heureux de savoir que c'est avec lui qu'il allait passer le restant de ses jours.
-Qu'est-ce que tu fais, ce soir ? Presnel l'interrogea, et Julian haussa les épaules.
-Je reste avec toi.
-Bonne réponse, il sourit. Pizza ou sushi ?
-C'est toi qui choisis, décida Julian, et le français secoua la tête.
-Nope. On est chez toi, donc c'est toi qui choisis.
-C'est toi l'invité, c'est toi qui choisis.
-Ok, ok, ok, très bien. Sushi. Et comme j'ai choisi, je paie. C'est un rendez-vous, il fit un clin d'œil avant d'éclater de rire, et Julian décida de faire comme si ce n'était pas une blague du tout, et que Presnel était sérieux.
-Merci babe, il répondit avec un grand sourire.
Et c'est comme ça qu'à peine trente minutes plus tard, ils se retrouvèrent affalés sur le canapé devant un film. Et pas n'importe quel film : Le Livre de la Jungle. Presnel avait proposé qu'ils regardent un Disney—c'était plus facile pour Julian de se concentrer sur un film qu'il avait déjà vu en allemand, et Julian a choisi Le Livre de la Jungle parce que c'était un de ses préférés et qu'il ne se lasserait jamais de le regarder.
-Le meilleur de tout le film, c'est Kaa, Presnel déclara tout à coup, et Julian haussa un sourcil.
-Tu veux dire Baloo. Il apprend tout à Mowgli.
-Il est surcoté.
-Ne parle pas de Baloo comme ça ! Julian croisa les bras sur sa poitrine, et Presnel secoua la tête.
-T'es trop susceptible, on dirait que j'ai insulté ton joueur préféré.
-C'est toi mon joueur préféré, répondit Julian du tac-o-tac sans réfléchir.
-Aww, Juju, Presnel sourit. Tu sais qui est mon joueur préféré ?
-Non ?
-Thiago Silva, répondit Presnel, essayant de rester le plus sérieux possible, et Julian hocha la tête, le visage complètement neutre. Ça te dérange pas de pas être mon préféré ?
Julian sourit. Ça aurait probablement dû l'agacer qu'il dise ça—même s'il savait qu'il se payait sa tête—, mais ce n'était pas le cas. Parce qu'il savait très bien qu'il était son âme sœur.
-C'est une photo de moi que t'as sur ton casier avec écrit « mon amour ». Et c'est moi que t'appelles « babe », il énuméra, réalisant petit à petit à quel point ils agissaient...comme un couple.
-C'est chez toi que je passe la soirée, ajouta Presnel, et Julian sourit.
Ils se reconcentrèrent sur le film, et Julian ne se rendit même pas compte qu'il s'endormait.
- - -
-...il est en train de dormir. Je suis sa secrétaire si je veux. J'ai juste répondu à son téléphone parce que ça fait trois fois que tu appelles et que tu vas le réveiller. Mmh, ouais, je lui dirais. Mmh mhh. Salut Kev, à demain.
Julian cligna plusieurs fois des yeux, s'habituant à la lumière de son salon. Il fronça les sourcils avant de réaliser qu'il avait sa tête posée sur les jambes de Presnel, et se redressa, frottant ses yeux.
-Hey, babe, je t'ai réveillé ? lui demanda Presnel, et Julian secoua la tête.
-Non, la lumière. C'était qui ?
-Kevin. Sur ton téléphone. Ok, j'aurais pas dû répondre, mais j'ai vu que c'était lui, et t'étais trop mignon quand tu dormais—
Julian arrêta de l'écouter à ce moment-là. Il n'avait pas besoin d'entendre la suite, le plus important venait d'être dit.
-Qu'est-ce qu'il voulait ?
-Il a pas voulu me dire. Il a juste dit que tu devais le rappeler. Tu peux le faire maintenant, si tu veux.
-Non, je vais pas le rappeler alors que je suis avec toi, il répondit en fronçant les sourcils, et Presnel sourit. Désolé, je me suis endormi avant la fin.
-Ouais, moi aussi, t'inquiète.
-Petit dej ? proposa Julian en se levant. J'ai des Lion, il sourit, sachant que c'était les céréales préférées de Presnel.
-Si t'as des Lion, bien sûr qu'on petit dej, il hocha la tête, se levant pour suivre l'Allemand dans la cuisine.
Ils prirent leur petit-déjeuner ensemble dans la cuisine, à parler de tout et de rien, à rire.
Et Julian ne pouvait s'empêcher de penser au fait qu'il pouvait définitivement s'habituer à ça.
(Publié le 25.04.18)
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