-Max.

Le pilote relève la tête de son téléphone, surpris de voir Daniel débarquer en trombe dans son motorhome. C'est-à-dire que ce n'est pas trop dans les habitudes de l'Australien, il n'a pour ainsi dire jamais mis les pieds ici. Même quand ils étaient coéquipiers.

-Salut, lance Max, déposant son téléphone à côté de lui.

Daniel voit bien qu'il a envie de poser une question, mais il ne sait pas par laquelle commencer, alors il le fixe simplement, attendant qu'il parle.

-Je suis désolé que tu aies si mal pris mon départ de chez Red Bull.

Max plisse les yeux, surpris.

-C'est rien. C'est passé.

-Ben, oui, mais ça n'empêche que ça t'a blessé. Et je pensais pas. Je pensais pas à mal quand j'ai fait ce choix, je pensais surtout à moi.

Max hoche la tête.

-D'accord. Pourquoi on reparle de ça ?

-Parce que tu me l'as reproché quand j'ai fait mes essais, rappelle-t-il.

-Oui, donc mon reproche date pas d'hier. Écoute, c'est moi qui suis désolé d'avoir dit ça. Je... voulais pas te le dire. C'est passé, comme j'ai dit. Je sais que tu faisais ça pour toi, ta personne, ta carrière, pas en fonction du petit Max Verstappen. Je t'en veux plus. Est-ce qu'on peut oublier que j'ai dit ça ?

Daniel se pince les lèvres.

-Je peux pas oublier, Max. C'était mon tatouage.

Le visage du néerlandais, qui était resté sans émotion jusqu'à présent, se décompose.

-Tu... j'ai dit ton... non, tu mens.

Daniel rit jaune.

-Non, je mens pas, non.

-Mais j'ai dit ça sur le coup de la colère, parce que tu avais dit mon tatouage !

-Je sais, ça n'en fait pas moins que c'était mon tatouage, Max.

-Tu sais ?

Daniel fronce les sourcils, surpris par le ton dur utilisé pour prononcer ces deux mots, et encore plus en voyant Max se mettre debout, les poings serrés.

-Tu sais que t'as dit mon tatouage ? Et tu dis rien ? Tu... t'as toutes les informations, bordel, Daniel, tu...

L'australien lève les yeux au ciel en voyant Max s'approcher, et quand il arrive à son niveau, il attrape les poignets du néerlandais. Il ne remarque pas que les yeux de ce dernier se posent sur leurs peaux en contact, ni que son rythme cardiaque augmente. Ses yeux à lui observent le visage de Max, une activité qu'il a toujours aimé faire.

-Je viens de l'apprendre, c'est pour ça que je suis là, tu peux te détendre ?

Il attend patiemment que les yeux du plus jeune remontent vers les siens, et quand ils se rencontrent enfin, Daniel réalise qu'il ignore ce que Max compte dire ou faire.

Le pilote est imprévisible, pourtant, Daniel n'a pas peur de sa colère, n'a pas prévu d'encaisser, ne compte pas s'écraser. Parce qu'ils ont grandi. Ils ne sont plus le Max et le Daniel de chez Red Bull, ils sont d'autres personnes, plus matures, plus réfléchis.

Alors quand Max se détache de l'emprise de Daniel pour attraper son visage et l'embrasser de toutes ses forces, l'australien est surpris.

Mais pas déçu.

Il sait que tout arrive à point à qui sait attendre.

Et pour eux, c'est maintenant.