-Lando, on pense à échanger les positions.

Le pilote fronce les sourcils, restant concentré sur sa course. Il ne s’attendait pas du tout à ce message radio, et à vrai dire, même s’il devrait, il ne lui plaît pas vraiment.

-Quoi ? Pourquoi ?

-Parce que tu as plus de rythme qu’Oscar.

Bon, Lando doit bien l’admettre, c’est un bon argument. Sauf que lui, il n’a pas envie de prendre la tête de la course. Finir deuxième derrière Oscar, ça lui va bien.

-Et derrière ?

-Ça va, pour l’instant. Mais…

-Alors, on reste comme ça.

La réponse met du temps à lui parvenir, signe que de l’autre côté, tout le monde est un peu surpris de ce qu’il demande.

Tu m’étonnes. Ils ne doivent pas souvent l'entendre, celle-là.

-Lando, tu as besoin des points pour le championnat. Oscar est ok.

Le numéro 4 secoue la tête, même si personne ne peut le voir. Ils ont carrément été lui demander, et Oscar, en bon samaritain, a répondu que d’accord, il voulait bien laisser Lando passer.

N’importe quoi.

-On en reparle dans quelques tours. Pour l’instant, on peut rester comme ça.

Son ton indique qu’il n’est pas ouvert à la discussion, et son ingénieur semble s’en rendre compte, puisqu’il répond simplement qu’il a entendu. Lando soupire avant de se reconcentrer sur la course, et les messages radios suivants sont à propos de pneus et de chrono pour le meilleur tour, ce qui le laisse penser que l’idée de le faire gagner cette course a été abandonnée.

À tort.

-Lando, on pense toujours à échanger les places. Ne me demande pas pourquoi, mêmes arguments que plus tôt.

-J’ai pas envie de gagner.

Silence. Lando sourit en réalisant l’ironie de sa réponse.

-Qu’est-ce que tu racontes ? Oscar va te laisser passer.

-Ça sert à rien, je passerai pas. Dîtes-lui de ne pas ralentir, on va juste creuser l’écart avec ceux qui sont derrière.

-Mais tu es borné, aujourd’hui, où est passée ta compétitivité ?!

-Pas de compétitivité avec Os. Il est P1, je suis P2. Pas de meilleur place pour moi pour le voir gagner sa première course en Formule 1 !

Il entend un rire à la radio.

-Comment est-ce qu’on s’est débrouillés pour avoir deux âmes sœurs dans la même écurie, hein ?

-Allez, ça change rien pour vous, l’écurie aura le même nombre de points peu importe l’ordre. Je rattraperai mes points de championnat pilote plus tard, ou pas, mais je pourrais m’en prendre qu’à moi-même. Laissez-le gagner, il mérite.

-C’est bon, Lando. Qu’est-ce qu’on lui dit ?

-D’aller gagner cette course. Il ne peut pas refuser, parce que it’s a love story, baby, just say yes.

-Noté. T’es mignon, quand tu t’y mets.

-Je suis mignon tout le temps, mais on discutera de ça quand je roulerai pas à 300 en même temps !

Les neuf derniers tours passent à la vitesse de l’éclair, et Lando est à un peu plus d’une seconde de lui quand il voit Oscar passer la ligne d’arrivée.

Et une victoire de son amoureux, finalement, c’est un peu une victoire pour lui aussi.

Les monoplaces sont garées, et Lando se précipite pour le féliciter. Les casques sont toujours sur leurs têtes, mais les visières relevées suffisent à voir les yeux qui sourient.

-Tu m'as laissé gagner, souffle Oscar, et Lando rit.

-Non. Je t'ai regardé gagner.

La discussion est coupée court par la suite des événements : les félicitations, les protocoles et les festivités. Une heure plus tard, Lando sourit en voyant Oscar s'asseoir à côté de lui.

-On va faire la photo d'équipe. Ils préparent nos panneaux.

Lando hoche la tête.

-Alors ? Ça fait quoi de gagner un Grand Prix ?

Oscar sourit.

-Tu sais bien. Iréel.

Il hausse les épaules.

-Puis ça a failli être toi.

Lando soupire avant de poser sa main sur celle d'Oscar.

-Il n'y avait aucune raison pour que ce soit le cas. Puis dans un couple, on partage tout, même les victoires.

Oscar sourit.

-On va fêter notre victoire, alors ? Tu ne peux pas refuser, parce que it's a love story baby, just say yes.

Lando rit avant d’attraper son menton pour l'embrasser.

-Je te suis. Ils nous attendent.