8. Le vrai visage de nos amies
COOPER
Tous nos profs étaient à présent morts. Je retirai alors violemment ma casquette avant de la jeter loin de moi.
- MERDE !! M'écriais-je
- Coop'
Une voix si faible qu'elle était comparable à un souffle me détacha tout à coup de cette scène d'horreur. Je me retournai alors et vis Ave' se raccrochant au siège devant elle, se tenant la poitrine. Elle avait le visage rougit et peinait à respirer. Je portais les mains à ma tête, totalement dépassé.
- Je n'arrive pas à respirer, geint Avery à mes pieds
Putain.
Je me jetai à côté d'elle, avant de lui prendre la main.
- Tu m'entends ?
- Il y a trop de bruit, me souffla t - elle
- Non, écoute mon cœur, dis-je en passant mon pouce contre sa joue humide de sueur, je sais que c'est dur, et pour être sincère, ça va encore l'être pour un bon bout de temps, mais si on reste là, on mourra. Toute cette agitation te rappelle beaucoup de choses, mais tu dois prendre sur toi,
J'essayais de la réconforter du mieux que je le pouvais, mais comment le faire sans la brusquer. On allait mourir putain, et je n'avais clairement pas le temps pour de longs et beaux discours.
- Tu as vu pire hein ? Essayais-je de lui sourire tout en regardant autour de moi les autres se précipiter vers les portes.
Je cherchais aussi Riley. C'était notre amie et la plus proche des amies d'Avery, et peut-être que celle-ci trouverait les mots pour calmer Avery pendant que je réfléchissais à un moyen de nous sortir de ce pétrin. Après l'avoir cherché des yeux, je finis enfin par la trouver. Elle était quatre rangées plus haut que nous. Elle passait au-dessus de plusieurs sièges avec une adresse impressionnante.
Je hurlai alors son prénom dans l'espoir que mon cri lui parvienne, et mon souhait fut exaucé. Elle finit par se tourner vers moi.
- Respire Ave', Riley va venir nous aider, lui chuchotais-je
Cependant, moi qui m'attendais à voir le visage d'une Riley triste et compatissante, fis plutôt face à une Riley détachée et déterminée à ne pas venir nous aider.
Dans un dernier espoir, j'agitais la main vers elle. Mais rien. Elle voulait survivre. Elle me toisa alors tout simplement, et continua sa course contre la vie.
Comment lui en vouloir ? Ça aurait été égoïste de ma part de le lui reprocher. Elle n'avait pas à mourir pour des choses qui ne la concernaient pas directement.
Abattu, je me tournais vers Avery quand je me rendis compte à ce moment-là, que lorsque la mort nous courait après, dans ce genre de moment, il n'y avait plus d'histoires d'amitié. Chacun pensait à sa vie. C'était donc dans ce genre de moments qu'on découvrait le vrai visage de ceux qu'on considérait comme nos amies. Une rage immense s'empara alors de moi, parce que Riley avait toujours été ma meilleure amie, je l'avais toujours soutenue, et elle, elle m'abandonnait. Je chassai rapidement ces pensées afin de pouvoir réfléchir correctement.
Je baissais les yeux sur ma copine effrayée. Quand je vis qu'à côté d'elle se tenait une fille que j'avais toujours trouvée bizarre et qui, pour moi, n'avait jamais vraiment fait partie de mon groupe d'amis : Bethany. Elle était en train de chuchoter un truc à Avery qui peu à peu essayait de se détendre.
Je souris à cette fille maigrichonne dont dorénavant, je n'oublierais plus jamais le prénom.
Je posais ensuite mon regard sur Avery. En larmes, mais essayant de son mieux de faire abstraction de l'événement affreux qui se déroulait en ce moment-même. Je me rassis à ses côtés lui faisant insidieusement comprendre qu'on devait oublier Riley.
Je fus tout à coup pris à la fois d'une nausée affreuse et d'une tristesse profonde. J'étais triste pour mes profs, j'étais triste pour moi, pour mes camarades qui se démenaient pour survivre. Mais j'étais aussi et surtout triste pour ma copine.
Dès l'enfance, Ave' avait su ce qu'était la violence. Issue d'un viol, elle avait vécu avec l'homme que sa mère avait finalement choisit et qui ne l'avait jamais accepté, elle. Celui-ci, par vengeance, avait donc commencé à être violente envers elle. Puis, le jour où sa mère s'était interposée, elle était, elle aussi, devenue une cible. Cependant, le bonhomme avait fini par mourir plus tard d'un cancer.
Et sa mère, pour palier à toutes ces souffrances avait sombré dans l'alcool, puis la folie. Avery, la douce enfant qu'elle était, avait donc dû se séparer de sa mère. Elle avait fini par rentrer dans une famille d'accueil qui il y a deux ans avait fini par l'adopter définitivement. Elle était heureuse maintenant, mais de nombreux traumatismes de son enfance lui était resté en mémoire.
Parmi ceux-ci, la peur des grands bruits, des hurlements et des cris, et surtout, des mouvements brusques.
Elle avait toujours pensé aller bien et ne pas en être traumatisée, mais la connaissant depuis petite, j'avais su reconnaître les moments de panique d'Avery. Quand je lui avais proposé de voir un psychologue ou un mec fait pour les traumas, elle avait toujours refusé, se disant qu'elle n'avait rien, même si des angoisses de ce genre, elle en avait eu un tas.
Peut-être que si elle avait bien voulu remédier au problème, on n'en serait plus là, pensais-je en me grattant la tête.
Elle finit par se redresser, mais resta assise. Maintenant que les coups de feu avaient cessés, on retrouvait un peu de calme. Je posais alors un léger baiser sur sa tempe avant de lui sourire.
- Tu vas mieux ? Demandais-je en m'en voulant d'avoir échoué là où cette Bethany avait réussi.
- Oui, expira t - elle lourdement
- Merci, me tournais-je vers la fille
- Faut remercier les profs de secourisme émotionnel rit - elle
Je me souviens maintenant de pourquoi je trouvais cette fille étrange. Elle avait des comportements inadaptés dans de nombreuses situations. Comment pouvait-elle rire en ce moment ?
J'évitais alors de la fixer du regard et me redressais, me disant qu'au moins il y avait quelqu'un dans cet enfer qui relativisait.
Alors que j'étais presque debout, Avery tira sur le bas de mon pantalon pour me faire signe de me rassoir.
- On doit y aller, la suppliais-je
- Cooper regarde ;
Elle pointait Adam, dans la rangée d'à côté qui pleurait à sa maman. C'était l'autiste du lycée et le voir recroquevillé de cette façon, sur lui-même de façon si infantile, n'était pas surprenant.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- On doit l'aider Coop'
- Avery on a assez perdu de temps comme ça. Dans cet amphi, nous ne savons pas où il est, ni ce qu'il fait. On doit se dépêcher de regagner les portes, dis-je en regardant de nouveau les corps autour de moi qu'Avery, elle, n'avait pas vu.
- Il a raison. Nous ne savons pas pourquoi il s'est arrêté de tirer, mais une chose est sûre, c'est qu'on doit se barrer.
- Non, je refuse d'être un monstre, s'énerva t - elle. Le pauvre, nous n'allons pas tous nous sauver comme ça, sans lui. Vous aimeriez, vous, être laissés tous seuls, apeurés, avec un tireur et que personne ne vous aide ou ne vous réconforte ?
On ne dit rien. Elle avait peut-être raison, mais l'heure n'était pas aux aides mais à la survie.
- Mon cœur, dis-je en prenant sa tête entre mes mains. Tu ne seras pas un monstre. Personne ne te le reprochera ou ne t'en voudra pour ça, dis-je en entendant les plaintes constantes de l'autiste derrière nous. Ce sera de la simple légitime défense. Tu ne seras pas une criminelle parce que tu ne l'auras pas aidé
- Moi, moi, je me le reprocherais Cooper, moi je m'envoudrais de ne pas être allée lui porter secours. Au final, nous aurons fait ce qu'à fait Riley : fuir et ne penser qu'à nous.
Bethany et moi étions sans mots. Riley avait pas fait son choix. Ce n'était pas notre problème. Simplement, on voulait tous et son envie avait été plus forte. Cependant, Avery avait ce truc pour convaincre. Je l'embrassais alors comme si c'était le dernier baiser qu'on échangeait.
- S'il te plaît Coop'
- Si tu meurs, je l'aurai sur la conscience
- S'il meurt, je l'aurais sur la conscience parce que je saurais que, si les choses se terminent bien, il aurait encore pu être en vie
- Je comprends...
Elle n'attendit pas ma réponse, se leva et me dit, aide les blessés, mais c'est comme tu veux, si tu ne veux pas je comprendrais, mais moi, je vais aller aider Adam.
Et elle s'en alla me laissant avec Bethany, bouche bée.
Bethany se leva à son tour, me tendit une main pour m'aider et pendant qu'on se remettait à couvert, au cas où, elle se dirigea vers les blessés de la rangée d'Avery, et moi vers ceux de la mienne.
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