34. Supplier pour fuir un enfer




PETER


Une silhouette m'apparue derrière quelques sièges tachés de sang. Une silhouette que j'avais immédiatement reconnue.

- Alex

- Reste à plat putain, me tira t-il

Les balles de Noah fusaient autour de nous, mais je m'en fichais. Je ne pouvais pas rester là comme ça après celle que je venais de voir. Qu'est-ce qu'elle faisait là. Moi qui avait prié pour qu'elle soit en vie, je la voyais entrer dans cet antre maudite, un regard froid, comme si elle était prête à... mourir ? Je ne l'acceptais pas. C'était impossible que ce soit elle.

- Fais chier, murmurais-je en me laissant tomber en mettant mes mains sur ma tête.

Des corps tombaient ci et là, un peu partout autour de nous. Ils étaient tous en train de mourir et moi... Moi je ne voulais pas mourir. Je refusais de mourir. Qu'est-ce qu'allait devenir mes proches ? Mes proches, mais aussi et surtout ma copine.

- Angel est là

Alex leva les yeux dans sa direction. Cet enfer n'aurait pas pu être pire. Après avoir supplié pour sa vie, elle se retrouvait là. Elle se retrouvait avec nous.

Je grimpais dans sa direction quand les coups de feu se mirent à se calmer. Après tout ce qu'on avait appris, tout me semblait si étranger. Cooper qui avait été un connard, qui avait échappé à la prison après un meurtre, cette Avery qui avait ignoré les potentielles lettres pouvant nous sauver, pouvant ME sauver. Noah qui était fou, Noah que je pouvais comprendre, mais en même temps non, Noah qui avait souffert et qui maintenant avait voulu faire payer la directrice, Cooper et même ceux qui n'avaient rien fait.

Je continuais d'avancer en me râpant les coudes sur le sol de l'auditorium.

Je revoyais le '' suicide '' forcé de Cooper. Comment le sang avait explosé un peu partout, son corps s'effondrant. Les hurlements d'Avery qui n'osait rien faire.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Je l'attirai dans mes bras. Elle se mit à pleurer au-dessus de mon épaule.

- Tu vas bien

Elle renifla avant de s'éloigner :

- Ce n'est pas pour moi que tu devrais t'inquiéter... Tu n'as rien ?

- Sortons de là, dit Alex sans ne rien dire de plus

- La porte est ouverte. Ary est dehors, dit-elle avec inquiétude. Il faut que vous vous dépêchiez

- Je te demande pardon, chuchotais-je avec colère

- Je dois continuer à dire à tout le monde que la porte est ouverte

Je devais être en pleine hallucination. Pourquoi est-ce qu'il avait fallu que je me trouve une copine aussi bête ?! Les corps pleuvaient ici, et elle... elle, elle voulait prévenir des étudiants qui cachaient visiblement une tonne de secret et qui de toute façon ne saurait pas être discret. Certains pouvaient mourir, mais pas des gens qui avaient été miraculeusement épargnés par cette horreur. Angel, et même Ary avaient été mises hors de tout ça, et elles, elles tenaient à subir ce que chacun de nous tous avait vécu ici. Je ne savais pas dire si j'allais ressortir sain d'esprit d'ici, mais j'avais perdu beaucoup et les seules personnes que j'avais était mon groupe d'amis dont les deux filles s'étaient données le rôle de sauveteuses alors que l'on ne leur avait rien demandés.

- Je ne viens pas, désolée

Elle continuait...

- Ne fais pas chier, sors Angel

Alex passa au-dessus du bras d'un mec. Je ne voulais pas voir son âge sur son visage. Je ne voulais rien savoir parce que cela signifierait que je verrais peut-être à quel âge il venait de perdre la vie.

- Les balles se sont calmés, je vais voir pour me redresser un peu. J'irais plus vite

- C'est quoi ton problème ?

Ma voix s'était évanouie à la fin de ma phrase. Une boule de la taille d'un ballon de rugby s'était coincé dans ma gorge. J'avais envie de hurler ma colère, ou de faire un truc libérateur. J'étais peut-être égoïste, mais me sauver, moi, ma copine et mon meilleur ami était la seule chose qui m'intéressait.

- Vous ne pouvez pas comprendre, nous chuchota t - elle, on perd du temps, plus personne ne sort, mais tout le monde meurt à cause de cette discussion. Moi, comparé à vous, je n'ai rien vécu, je peux encaisser tout ce qui se passe ici.

Hors de question.

- On se voit dehors

Elle se redressa alors et comme si je l'avais vu arriver, les balles de cet enculé se remirent à fuser. Je me levais, attrapai ma copine quand quelque chose pénétra mon corps.

- Non....

C'était les mots d'Alex.

Angel hurla avant de pousser mon corps encore conscient d'elle. Je gémis de douleur, je ne savais pas où la balle s'était logé, mais je savais que c'était la fin pour moi. Je regardais mon ami, ma copine, j'imaginais Ary là dehors. Je sentais mes forces m'échapper. Une larme glissa contre ma joue. Je n'osais même pas pleurer. J'en voulais au monde entier de me faire ça. J'avais encore tellement de chose à faire, à voir, à vivre... et maintenant... Maintenant, c'était fini.

Mon sang se répandait déjà autour de moi. Mon t-shirt avait changé de couleur même si c'était imperceptible vu la luminosité de l'endroit. Mes parents... Qu'allait devenir ma mère. Je ne voyais que ça, je n'arrivais plus à me concentrer sur les hurlements autour de moi... Rien ne pouvait me sauver... C'était donc ça de mourir. Si j'avais su, j'aurais été plus attentif à mon entourage, j'aurais plus vécu, j'aurais plus profité.

Angel me secoua :

- Je suis terriblement désolée

La voir comme ça, en train de visiblement souffrir, m'arrachait le cœur.

- On va te sortir de là, me dis Alex, paniqué.

Il ne pleurait jamais. On voyait très peu de ses émotions, mais cette fois-ci, ce n'était pas pareil. Cette fois-ci, je voyais autre chose. Je voyais autre chose que du calme. C'était inutile de me sortir de là... J'allais mourir, c'était évident, et ça ne servait à rien de me déplacer ou quoi que ce soit de ce style.

- Angel

Je suffoquais. C'était le seul mot que j'essayais de prononcer malgré l'effort considérable que ça me demandais.

- Je t'aime, pleura t - elle encore

Moi aussi, je l'aimais tellement, je voulais pouvoir le lui répéter pour l'éternité. J'aurais voulu mourir d'une autre façon, mais c'était impossible. Impossible de me donner un peu plus de temps. Je voulais être avec Angel toute ma vie ou au moins avoir plus de temps.

- Je t'aime Angel



ALEX

Angel secoua le corps sans vie de Pet'. C'était terminé. Il était parti, Noah lui avait pris la vie. Je le revoyais se débattre comme s'il n'en avait même pas conscience. Il s'agitait dans tous les sens comme s'il voulait se sortir cette foutue balle de son corps.

- Je vais le tuer

Angel se leva quand une énième larme coula. J'avais perdu un ami. Mon seul vrai ami. Comment expliquer la douleur que ça pouvait faire ? Le sentiment de voir un mort avec qui on a tout vécu et savoir qu'on allait peut-être tout continuer sans lui.

Elle tenta de se lever, mais trébucha :

- Tu es complètement malade !

Je la tirai vers le bas quand elle lança un cri qui me déchira le cœur :

- Alex, Peter est mort ! TU COMPRENDS CA ?! IL EST MORT, C'EST FINI POUR LUI

Ses larmes coulaient. Je pleurai avec elle. Je savais ce qu'elle ressentait, Peter était le meilleur ami que quelqu'un aurait pu avoir dans sa vie, il était con, drôle, toujours présent. Il aimait vraiment sa copine. Il aimait vraiment tout le monde...

- Je vais le tuer. Je ne peux pas ressortir d'ici

Je me débattais contre elle, avec violence. Je pouvais et devais faire ça pour mon meilleur pote. Je ne pouvais pas la laisser se tuer.

- Tu vas sortir avec moi maintenant !

- Va te faire foutre

Elle me repoussa, je glissais sur le sang d'une autre victime qui avait coulé le long des marches, Angel se releva et... elle tomba elle aussi à terre.

Elle venait de mourir. Je restais là, bouche ouverte, sans savoir quelle réaction adopter. Ils étaient tous les deux morts. Je venais, en ce jour de merde, de perdre mon meilleur ami, sa copine qui était aussi mon ami. Comment annoncer ça à Ary.

Comment...

Pourquoi est-ce que de nous trois, nous étions trois, trois balles, une seule aurait suffi à me tuer à la place de l'un d'eux... Pourquoi est-ce qu'il avait fallu que je survive à la place d'Angel qui avait encore tout à vivre, ou à la place de mon meilleur ami qui ne le méritait pas. Je me mettais sur les coudes. J'observai les corps. Les corps dont je m'en fichais au début, et qui maintenant comptais aussi mes proches. Je n'arrivais plus à respirer. J'avais un trop-plein d'oxygène qui m'empêchait de vraiment respirer. J'étais en colère, je n'imaginais pas la douleur de ma copine.

Je n'aurais jamais dû les laisser partir, tout était de ma faute.

Je regardais leurs deux corps... Tout était allé si vite. Ce n'était pas possible. Je ne les avais pas perdus. Je n'y croyais pas. Impossible. Tout c'était passé sans naturel. Moi qui voulais la faire sortir, elle qui se relevait un peu, et puis fin. De même pour lui qui avait voulu défendre sa copine... Ce n'était pas possible. Ils n'étaient pas morts, me dis-je, le visage imprégné de larmes.

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