COOPER
Je ne bougeais toujours pas. Je regardais Noah faire son discours. Il avait pris en assurance. Il n'y avait pas de doute. Il parlait sans réfléchir à ses mots et déambulait avec confiance. Je le fixai de temps à autre, effrayé et remplis de culpabilité. J'avais honte, honte pour mes actions, honte pour mon passé, honte d'être sorti avec Avery et de le lui avoir caché.
J'avais du mal à respirer. J'avais été un imbécile de première et maintenant, nous en étions là. J'avais détruit ma vie et celle de centaines d'autres personnes et malgré tout ça, je n'avais pas ce courage. Je continuais d'avoir peur et je ne voulais rien révéler au monde. J'avais un goût amer au fond de la gorge rien qu'en appréhendant ce qu'il allait dire de moi. Mon ancien meilleur ami venait déjà de révéler au monde entier la négligence d'Avery en la mettant fautive de tout ça. Avery n'y était pour rien et elle avait le droit d'avoir ignoré ces courriers à la con, mais Noah avait cette facilité à se faire passer pour la victime ce qui était le cas par ma faute, mais pas par celle de ma copine. Je le regardais faire, il prenait un malin plaisir à tuer, à rabaisser tout le monde et à nous donner les titres de fautif.
Je fixai son arme, attendant qu'il mette fin à tout ça. Je n'avais besoin que d'un geste et je pouvais être sûr que j'étais le seul à vouloir mourir dans cette pièce.
Avery se tourna vers moi, avec des yeux apeurés, mais je ne la prenais pas dans mes bras. Je ne savais pas quoi faire. Qu'est-ce que j'aurais bien pu avoir comme comportement là, maintenant ?
« Viens dans mes bras, je suis un tueur, mais viens dans mes bras ». Je n'osais pas. Je ne pouvais pas, tout en sachant qu'elle allait bientôt me détester. Et puis, nous étions tous les deux malheureux, et je n'avais qu'une seule envie, et malheureusement ce n'était pas de rester pour le restant de mes jours aux côtés de qui que ce soit, et maintenant que l'occasion se présentait, j'allais attendre patiemment. C'était ça la culpabilité, j'avais pris une vie, alors je devais la mienne. Je n'en pouvais plus de mentir.
Il m'arracha un sursaut quand il se remit à tirer. Je le regardais de profil. Je pouvais voir sa sœur en lui... je pouvais voir l'objet de tous mes malheurs. Putain...
Flashback :
Je relisais attentivement ma feuille. Encore un examen que j'allais foirer. Encore des remarques que ma mère allait m'infliger, comme si je n'en avais pas déjà assez. J'avais toujours détesté le mélange des mathématiques et de la physique, et que je le veuille ou non, ma mère avait décidé pour moi que je devais exceller un peu partout, ce que je ne faisais pas. Je n'excellais nulle part et pour couronner le tout, cette connasse au gros cul de Riley refusait de soudoyer son ancêtre la vieille, de booster mes notes.
Voilà pourquoi je me retrouvais là à quinze heures en train de lire et de relire un cours pour la millième fois sans comprendre. J'étais sur le parking du lycée au milieu de quelques autres voitures, la musique monté à un volume sonore déraisonnable afin d'assimiler quelques notions. J'agitai la main avec une joie exagérée vers la directrice, accompagnée de sa chère petite fille fièrement habillée en cheerleader.
Elles passaient toutes deux devant moi et avaient l'air d'être en pleine conversation, je klaxonnais alors à leur intention. La directrice me toisa avec mépris. À force, elle ne prêtait plus attention à mes petits numéros tandis que Riley se comporta comme d'habitude : elle ne nous connaissait pas quand elle était avec sa grand-mère.
Elles continuèrent d'avancer sur quelques mètres quand la femme âgée poursuivie son chemin, et la petite-fille se détourna d'elle avec cette allure à la... Riley, toujours fière d'elle, toujours supérieur aux autres. Elle dirigea ses longues jambes qui étaient toujours dans de très belles converses, vers ma caisse. Je lui souris de toutes mes dents.
- Salut poupée
- Oh arrête
Elle rit, je fis de même :
- Comment va mamie ?
Elle s'appuya contre ma portière, rentrant sa tête dans l'habitacle. Elle sembla rapidement inspecter l'activité à laquelle je m'adonnais, au lieu d'être sur le terrain avec les autres.
- Eh Coop'
J'agitais la tête. Elle allait encore me faire son numéro de soumission qui ne marchait que sur ses sbires et sur ses amies sans cervelles. Je commençai alors à parler, mais madame me coupa sans hésitation :
- Tu l'emmerdes avec ta musique et moi aussi, donc baisse
- Quoi ? Tu n'aimes pas ?
- Je pourrais m'en passer
Je baissais la tête, amusé.
- Personne ne peut se passer de Friends de Chase At-
- Moi si, alors baisse
- Bien cheffe
Je tournais le bouton volume et baissai sous les ordres de son altesse. Elle me sourit gentiment :
- Merci, bébé
Elle s'en alla avec ce déhanché qu'elle faisait à tous les chiens de ce lycée. Elle le faisait car elle savait que c'était tout ce qu'elle avait pour m'attirer. Elle était une très belle femme, mais elle ne m'attirait pas, et bien qu'elle était mon amie, c'était aussi une emmerdeuse donc je ne voulais pas d'elle comme petite amie alors, ce qu'elle faisait, c'était d'appliquer à moi ce qui marchait sur tous les autres, sauf que je n'étais pas tous les autres. Quand elle fut loin de dix mètres, je remettais ma musique au volume qui me plaisait. Il était hors de question que j'obéisse à qui que ce soit. Riley ne se retourna pas, mais m'envoya un doigt d'honneur en continuant de s'éloigner.
Je continuais ma lecture en agitant la tête face à son audace, quand une autre personne s'introduisît dans ma voiture. Je soupirai alors et refermai mon livre, déconcentré.
Je me tournais vers l'intrus et voyais que c'était elle...
- Comment est-ce que tu as fait pour rentrer ?
- Ce n'était pas fermée
Elle m'amusait, mais pas dans le bon sens. Elle était du genre à m'apporter des problèmes depuis que je ne parlais plus à son frère.
- Tu m'as très bien compris Lizzie
- Tu révises ?
- Qu'est-ce que tu veux ?
Elle passa sa main dans ses longs cheveux en gloussant doucement. Elle ressemblait à Noah. Tout le monde aurait pu savoir qu'ils étaient frères et sœurs. Les mêmes yeux sombres et perçants. Cette aura visiblement gentille à l'égard de tous. Je baissai les yeux sur son corps. Elle avait mis un short qui lui allait parfaitement bien.
- Je ne suis pas là pour ça
- Ne t'en fais pas, tu es la dernière personne que je baiserais
- Pourtant tu me baiseras bientôt les pieds
- Sors de ma caisse et va réviser tes cours
Elle approcha la main de mon tableau de bord et éteint la radio.
- Ta musique me fais chier
J'éclatai de rire :
- Qu'est-ce que vous avez tous avec ma musique aujourd'hui ?
D'abord Riley et maintenant elle. Elle monta sa vitre avant de me faire signe de faire de même. Je la regardai silencieusement, elle renouvela son invitation. J'obéissais alors et tirai sur le petit bouton afin de monter ma vitre. Elle m'intriguait cette gamine. Je l'avais apprécié à un moment mais maintenant, je l'évitais. En fait, non, je ne l'évitais pas à proprement dire, mais je ne voulais pas côtoyer l'entourage de Noah.
- Bon, qu'est-ce que tu veux ?
- De la ritaline
J'éclatais de rire de toute ma voix. Mon rire résonna, elle me regarda comme si j'étais devenu fou, alors que non ! C'était elle la taré.
- Je veux de la ritaline, répéta-t-elle
Elle était sérieuse ? Je cessais de rire et me penchai brusquement sur la poignée de sa portière :
- Dégage
Je poussais sa portière afin de la chasser. Elle était malade. Je l'avais toujours su. Elle avait une obsession pour les études et elle s'était dit j'étais là pour l'aider, la bonne blague.
Elle plaqua alors violemment une liasse de billet contre ma poitrine, je reculai par réflexe, elle referma sa portière.
- Je veux de la ritaline
- Je ne suis pas une putain de pharmacie, maintenant barre-toi
- Tu crois que tu es la première personne que je vois ?
Je la regardais avec dégoût avant de baisser les yeux vers la liasse de billets coincé entre mon frein à main et son siège.
- 100 dollars
- Tu me donnes ce que je veux et je te donne cent dollars par aide apportée
- Va te faire soigner
Son regard ne s'assombrit pas, au contraire. Quand je disais que cette fille était un aimant à problème, je ne mentais pas.
- Va t-en Lizzie
- Tu n'auras rien à faire. Mon frère n'est pas au courant donc maintenant, tu m'aides.
Je la regardai comme si j'examinais son état mental. Elle avait l'air décidé, comme si elle avait déjà pensé à tout.
- 100 dollars sans rien faire ?
- Je savais que Cooper Fred-Rick ne refusait jamais rien
- Barre-toi
J'avais un cours à réviser, des choses à faire, des choses à penser et je ne voulais pas de problèmes.
- Tu as besoin d'avoir de bonnes notes n'est-ce pas ?
- Je me débrouille très bien tout seul
- Je ne pense pas. Ta meilleure note est un A et c'est en sport. Le reste tourne entre le C- et le C+. Ah si ! Tu as obtenu un B une fois... en art
- Qu'est-ce que ça peut te foutre, sort de ma caisse
Je restais très cordial avec elle.
Je l'avais toujours vu comme une proche à cause de la proximité que j'avais avec son frère, mais j'avais des limites qu'elle atteignait peu à peu sans s'en rendre compte, et son numéro d'inspectrice de résultats scolaire commençait à m'agacer.
- Je ne pourrais rien faire pour cet examen, mais je te propose de faire tes devoirs à venir en plus de te payer comme ça toi aussi, tu pourras te payer un de ces mecs qui fouille le bureau de la grand-mère de ta copine. Tu as ce que tu veux, et ta mère aussi, et moi... j'ai ce dont j'ai besoin
Je la regardais parler. C'est bien ce que je me disais, elle avait pensé à tout. Elle avait toujours été comme ça. Observatrice, discrète et fouineuse, mais en plus de cela, elle était maligne et sournoise.
- Tu es vraiment malade
- Appelle ça comme tu veux mais la seule chose que je te demande ce sont des ordonnances
Je n'en revenais pas. Je riais à gorge déployée. C'était ça son truc. Que je lui fournisse des ordos.
- Tu es folle, tu le sais ?
- En attendant tu ne dis pas non
Je me taisais. Un silence pesant se mit à planer entre nous. J'avais l'impression que tout devenait sombre, pourtant non. Tout était clair, il faisait jour et sa demande était limpide.
Elle me fascinait.
Elle était pleine de ressources et ne reculait devant rien. Elle avait une audace déconcertante.
- Ta mère est médecin, n'est-ce pas ?
Je ne répondais pas.
- Tu sais que c'est dangereux ?
- Ça ne te regarde pas.
Elle sortit une feuille de sa poche, écrite à la main. Son écriture, nette et claire.
- C'est écrit là. J'assume toute responsabilité
- Tu sais quels sont les effets secondaires ?
- Ohh, tu m'énerves Cooper ! Oui, je sais
Je la regardais étrangement et prenais le papier qu'elle me tendait...
« Je soussigné, Lizzie Dentark, née le dix-huit novembre deux mille deux, refuse catégoriquement que Cooper Fred-Rick ne soit poursuivi en justice en cas de conséquences dû aux effets secondaires engendrés par la prise de Ritaline. En effet, le traitement m'ayant été refusé par de nombreux médecins, j'ai été contrainte de le forcer à me fournir des ordonnances volées à sa mère médecin, le Docteur Fred-Rick. Cooper n'est en aucun cas responsable de mon sort, et en accord avec mes droits personnels, je refuse que des poursuites soient intentées contre sa personne.
De plus, sa mère n'étant en aucun cas responsable de la pression exercée sur son fils, je donne selon ma propre personne un nouveau refus catégorique d'intenter des actions en justice envers elle. Celle-ci n'étant au courant de rien, ne doit payer pour mes erreurs.
Étant mature et consciente, j'atteste aussi avoir conscience des risques que la prise de ce stimulant peut avoir sur ma vie ».
Elle avait signé à la fin et avait ajouté son empreinte à l'encre noire. Quand je disais qu'elle était intelligente... Elle avait même pensé à ma mère.
- Il ne t'arrivera rien
Je la fixais. Elle reprit le papier qu'elle glissa dans une enveloppe, et y introduisit la liasse de billet avec.
- Trouve un ordonnancier, au nom de ta mère et signe. La signature importe peu
- Tu veux que je signe à la place de ma mère, sur l'une de ses ordonnances, un médicament que l'on t'a refusé ?
- C'est ça, affirma-t-elle
Elle était à interner cette gamine. Elle venait de signer un papier, annulant toutes poursuites et dans lequel elle disait prendre la responsabilité sur sa vie. La ritaline était une connerie stimulante que beaucoup d'étudiants prenaient dans le but d'augmenter leurs capacités intellectuelles, leur concentration et diminuer leur fatigue.
Et cette merde avait pour effet d'augmenter le rythme cardiaque des gens, mais à long terme, il n'était pas aussi sain. Ma mère m'avait expliqué quand moi aussi, j'avais eu mes épisodes '' ritaline '' que celui-ci conduisait à des dépressions, à d'importantes pensées suicidaires même chez les personnes n'ayant pas de troubles particuliers, chez certains, il déclenchait de l'anorexie, et il pouvait même conduire à des arrêts cardiaques.
- Ne me remercie pas Coop', c'est moi qui te remercie.
Elle me prit dans ses bras, avant d'ouvrir sa portière et de la claquer. Elle baissa sa tête vers la fenêtre afin de me voir :
- Je te laisse une semaine pour la première ordonnance. Envoie-moi tes devoirs ce soir et n'ai pas peur... il ne m'arrivera rien
Elle rit d'un rire sincère.
Puis elle s'en alla...
Je baissai les yeux sur son siège. Elle m'avait laissé les cent dollars et sa feuille qui servait apparemment d'assurance en cas de problème.
Je restais bouche bée.
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