12. Emily
EMILY
Je gardais mes mains devant ma bouche, essayant de ne pas me faire remarquer. J'aurais tout donné pour deux choses : à la fois survivre, mais pour cela, il m'aurait fallu être assise au milieu, ou côté mur de ma rangée et non côté allée. Conclusion, j'étais très bien placée pour mourir. Et il était donc là mon second vœu, mourir. J'avais le visage inondé de larmes. Je ne savais pas qui était ce mec sur scène, mais je priais pour ne pas qu'il m'approche et comme pour me montrer que je n'avais pas de chance, il leva la voix vers moi :
- La chialeuse ! Ramène-toi !
Mon corps s'agita sous les pleurs. Je tremblais, je ne contrôlais plus mon corps. Le gars assis à côté de moi me donne un coup de coude. Il avait l'air de m'en vouloir. Il avait l'air de vouloir que je me dépêche. Un peu comme s'il redoutait que ma punition ne lui tombe dessus.
- Putain barre-toi
Il dit cela avec une telle froideur que mon cœur se brisa en mille morceaux. J'avais mes cheveux noirs collées contre mon visage. J'avais cette allure malheureuse et mon corps suait au point où quand je me frottais le bras pour me donner du courage, ma main glissa contre ma peau. Je regardais autour de moi, un acouphène dans l'oreille. Je finis par me lever, espérant ne pas mourir aujourd'hui. J'avais tout perdu dans cette vie, j'avais tout perdu, croyez-moi. Mais je ne voulais pas mourir. Je n'avais rien eu, mais j'avais eu le courage de tout obtenir de moi-même, et voilà que je n'allais pas avoir de seconde chance. J'avais été trimballé de famille d'accueil en famille d'accueil. J'avais été dans des familles qui m'avaient laissé des séquelles mentales. J'avais été - pendant de longues années - dans une famille dans laquelle la mère me détestait particulièrement. Je me souviens encore de la sensation qu'avait chacun des réveils qu'elle m'offrait. Chacun d'eux se faisait de la même façon. Je me réveillais à cause de l'eau bloquant ma respiration. Elle avait pris l'habitude de me noyer pour me réveiller. Alors, durant chacun de les réveils j'avais la tête plongée dans l'évier remplie d'eau froide. Elle me forçait aimait aussi particulièrement me pousser à manger des chiffons de tables si je voulais avoir mon repas. Voilà ce qu'avait été ma putain de vie. Sauf qu'elle ne pouvait pas se terminer aussi bêtement.
Une fois devant lui, je sursautais brutalement quand je vis le grand geste qu'il fit. Il leva sa main, la passa sans gêne derrière mon cou et m'attira à lui. Il avait un sourire mauvais. Un sourire très attirant ce qui le rendait encore plus mauvais. Ses dents, d'un blanc éclatant, son haleine fraîche, toutes ces choses qui indiquaient qu'il avait pris soin de lui avant de venir nous arracher nos vies.
- Regarde moi
Il resserra sa main sur mon cou.
- Putain, regarde moi !
Il dit ça, la mâchoire resserrée. Il postillonna contre mon visage. Je n'osais pas imaginer toutes les choses que gardait sa salive.
- Je te dégoûte, c'est ça ?
Il me demanda cela en se rapprochant encore plus de moi. Quand il me cracha tout à coup dessus.
- Regarde-moi
Sa salive si l'on pouvait appeler ça comme ça, coula le long de mon nez, tomba sur mes lèvres que je maintenais fermées par peur d'en avoir dans la bouche. Je levai finalement les yeux vers lui, un sanglot m'échappant alors au même moment. Il me fixa un moment, j'avais l'impression que plus personne n'existait, mais attention, je ne disais pas ça de manière sensuelle, nous étions si proches que son visage ne me permettait de ne voir personne d'autres que lui.
Il se jeta sur mes lèvres, par réflexe, je ramenai alors mes deux bras sur ma poitrine afin de l'éloigner le plus possible. Il tira sur mes cheveux m'arrachant un cri grave. Je ne tenais plus sur mes jambes et il le savait, dans cet échange dégoûtant, il sembla afficher un rictus contre mes lèvres rempli de sa bave.
Un relent me vint et je me dégageais alors précipitamment avant de vomir à ses côtés.
- CONNASSE
Il hurla au point que même sans avoir repris son arme, tout le monde hurla de peur qu'il ne fasse quelque chose. Je tombai à terre, les deux mains dans mes restes de petits déjeuners. L'odeur était immonde et la douleur des contractions de mon estomac douloureuses, mais je n'arrivais pas à m'arrêter de vomir.
Il utilisa alors la crosse de son arme qu'il rentra d'une violence effrayante dans mes hanches. Je tombais, le regardant au-dessus de moi.
- Toi, tu veux vraiment me pourrir la journée, c'est ça ?
J'entourais ma tête de mes bras et me mettais en boule, attendant le coup de feu qui signerai ma fin. J'avais honte, d'être dans un état pareil devant tous mes camarades de classes, à cause d'un mec que je ne connaissais même pas. Je n'avais rien fait pour mériter ça. Rien pour finir comme ça, et rien non plus pour être l'une de ses cibles.
- Lève-toi
Il rentra sa main dans mon short et me tira en avant jusqu'à ce que je puisse me tenir sur mes jambes.
- Tu vois la boîte là-bas ?
Je regardais alors en direction de la porte vers laquelle nos profs avaient l'habitude de rentrer pour nos petites cérémonies.
- Prends-la et ramasse tous les téléphones dans cette pièce. Celui qui aura le malheur d'en garder un seul, le paiera de sa vie et de celle de son voisin de gauche ET de droite. Assurez-vous donc que chacun mette son putain de portables dans cette boîte.
Je tremblai encore après avoir sursauté à son éclat de voix au moment où il s'adressait aux autres. J'étais comme pétrifiée. Mes jambes ne m'obéissaient plus. Je gardais les yeux fixés à l'endroit où il avait introduit sa main de merde. J'avais tant de colère en moi, mais je ne pouvais rien faire à part tout garder. Il avait bougé ses doigts dans mon short et personne ne s'en était rendu compte.
- Qu'est-ce que tu attends sale pute ?!
Il me regarda d'un air si sombre que je dus m'éloigner de lui.
- Tu as cinq secondes
Je n'arrivais plus à respirer. Je me détournais de lui, regardant autour de moi quand tout le monde se mit à hurler. Je me tournais alors v-
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Hommage à l'un des meilleurs amis, victimes des violences enfant.
Violences vécues par de millions d'enfants dans le monde au sein de leurs familles d'accueil.
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