10. Je t'aime
AVERY
J'étais totalement désarçonnée. Avais-je bien vu ? J'étais sûre que je rêvais. J'étais en plein milieu d'un très, très mauvais cauchemar. Pendant que les autres se dirigeaient vers l'avant, je restais bouche bée. Qui était ce mec ? La peur m'arracha un léger cri qui heureusement fut couvert par le brouhaha de mes camarades, eux aussi apeurés. Alors que j'étais à genoux, à côté d'Adam que je me devais de calmer, une petite larme roula lentement contre ma joue.
Comment était-ce possible que mon ex, ce mec que j'avais tant aimé, à qui j'avais tout donné, tout mon amour, tout mon temps, tout mon être, ce mec qui était si parfait et bienveillant, si gentil et attentionné, était en train de commettre un massacre.
Flashback :
Cette dernière semaine avait été particulièrement chaotique. Ça faisait quelques mois déjà que sa sœur était morte et ses parents étaient en instance de divorce. Et moins les choses allaient pour lui, plus j'avais l'impression de ne pas le connaître. Mon Noah, celui que j'aimais, devenait une tout autre personne.
On avait enchaîné les disputes. On se hurlait dessus comme on ne l'avait encore jamais fait, et rien ne pouvait nous arrêter. On ne se comprenait plus et malgré le fait que je l'aimais plus que tout, un peu trop même, pour ma propre santé, je me devais de me détacher. J'avais peur qu'il devienne une autre personne et que notre couple devienne ce que celui de mes parents avaient été : un couple vivant dans la violence. Il devenait de plus en plus colérique et c'était de plus en plus difficile pour moi de le calmer, d'être là pour lui, et même si j'essayais de le comprendre du mieux que je pouvais, ça commençait à aller au-dessus de mes capacités physiques et psychologiques.
Cependant, je n'allais pas le détester ou lui en vouloir pour ça. Il avait eu une année affreuse, et tout ça était uniquement le résultat de la vie horrible qu'il avait dû endurer.
Mais ma décision était prise. Je l'aimais, de tout mon cœur. Mais c'était fini. Ce matin avec Noah, on avait donc prévu de nous retrouver vers 21h à la plage, cet endroit qui nous tenait tant à cœur ; l'endroit dans lequel nous avions échangés notre premier baiser.
J'avais mal dormi la nuit dernière, et même si j'avais voulu être présentable pour ce soir, je n'avais pas pu faire de grand miracle. Je repassais alors une petite couche d'anti-cernes sous mes yeux. C'était à présent la cinquième et pourtant je n'avais pas l'impression que quelque chose avait vraiment changé. C'est tout ce que j'avais voulu essayer de faire à mon visage boursouflé : mettre un peu d'anti-cerne.
J'enfilais un petit legging noir, celui que je mettais dans mes périodes de mal-être, et au-dessus, mon sweat couleur lila. Une fois prête, je courais au rez-de-chaussée, mon sac bandoulière noir suspendu à mon épaule et rentrai dans la cuisine pour rejoindre Dakota, ma nouvelle sœur avec qui, dès mon arrivée ici, je m'étais immédiatement bien entendue. Elle m'avait fait comprendre que famille d'accueil ou non, elle était ma sœur, que je le veuille ou non. Elle m'avait bien fait rire ce jour-là.
- Koko ?? L'interpellais-je en enfilant mes converses blanches
- Hum ?? Fit-elle la bouche pleine de Grany au chocolat et au caramel
- Je vais voir Noah, quand papa et maman rentreront dit leur que je suis à la plage
Oui, je voulais qu'ils sachent où j'étais, je n'avais pas besoin de le cacher. Je préférai aussi que plusieurs personnes sachent où est-ce que j'allais car bien qu'il avait beau être mon copain, une rupture faisait toujours mal, et cette personne qu'on croyait ne jamais pouvoir nous faire du mal pouvait vite se transformer en personne la plus violente. Mon expérience me l'avait apprise.
- D'accord, acquiesça t - elle
- Merci, me relevais-je en lui souriant
- Ça va bien se passer, dit-elle en se levant et en venant vers moi tout en chassant les quelques miettes autour de sa bouche. Si tu as un problème, appelle-moi. Mais fais-toi confiance, et n'ais pas peur de lui dire ce que tu as sur le cœur. Vraiment.
Alors que je m'apprêtais à lui répondre, ma sœur tout juste plus vieille que moi - elle allait bientôt sur ses dix-huit ans - me serra dans ses bras.
Les larmes me montèrent alors lentement. Je n'avais pas envie de me remettre à pleurer. Plus maintenant. Pas maintenant. Je m'éloignais et la repoussais gentiment avant de lui sourire.
- Merci Dakota
- T'en fais pas
- Dis, tu me prêterais ta voiture s'il te plaît ?
Elle leva les yeux au ciel et dans un soupir exagéré me dit :
- Vas-y
- Mercii, tu es la meilleure !! Lui criais-je en m'éloignant d'elle avant de me précipiter vers le sous-sol pour me rendre au garage
Je poussais la porte blanche et appuyais sur les deux interrupteurs les plus proches : celui pour allumer la lumière et l'autre pour le volet roulant.
Je grimpais rapidement à l'avant, derrière le volant de la Jeep et jetai mon sac sur la place vide à côté de moi, mettais le contact et une fois que le volet fut suffisamment haut, je quittai la maison.
Il faisait nuit noire et le silence profond qui régnait dans l'habitacle m'angoissait. Mais honnêtement, j'avais beau dire ça, je ne savais pas ce qui m'angoissait le plus en fait. Ce silence étrange tandis que je conduisais en pleine nuit, ou ce que je m'apprêtais à faire.
Était-ce vraiment fini ? Est-ce que je faisais le bon choix ? me demandais - je tout en m'arrêtant à un feu rouge. Est-ce que moi aussi, j'allais finir par l'abandonner ? Je ne voulais pas faire l'égoïste, mais comment faire ? Je devais bien choisir : soit je restais avec lui et acceptait toute cette violence et toute cette colère dont Noah se remplissait peu à peu, soit je pensais à moi.
Je l'aimais tellement pourtant...
C'était mon amour à moi. Il était celui qui était le plus présent. Mais, je m'apprêtais à l'abandonner.
Ce sentiment créa une vraie déchirure, j'avais l'impression d'être privé d'air. De briser ce lien qui me maintenait en vie.
Quand le feu passa au vert, j'accélérais sans me préoccuper des autres voitures autour de moi. Un sentiment d'oppression, et de nausée m'emplit. Je n'allais jamais réussir à lui dire ce que j'avais sur le cœur. J'allais le briser et j'allais me briser par la même occasion.
J'étais maintenant en pleur, j'avais du mal à respirer et garder mes mains sur le volant sans trembler, me demandais un effort insurmontable. J'avais la vue brouillée et même les lumières de la ville devant moi ne me parvenaient plus que comme des points de couleurs allant du bleu au jaune, au vert ou encore au rouge.
Je ne pouvais pas le quitter.
Je n'allais faire ça.
Je n'allais pas lui faire ça.
Comment le détester ?
Il était si parfait.
Sauf en ce moment, où sa colère prenait le dessus, mais ce n'était pas de sa faute. C'était normal. J'allais prendre sur moi.
NON.
Pas une fois de plus...
Je voulais essayer.
Ce n'était plus sain.
Qu'est-ce que j'allais faire ?
J'essuyai alors le torrent de larmes qui me sortaient des yeux et tournaient le volant en direction du parking de la plage, le ventre complètement retourné. Je me garai sur une place près de l'accès à la plage avant de couper le contact.
Le simple fait d'être là, était une véritable épreuve pour moi. Je me sentais affreuse d'avoir à faire ça. Je ne me reconnaissais pas, et quand je disais ça, je ne parlais pas seulement du geste que je m'apprêtais à faire, mais aussi de l'état actuel de mon visage que j'avais essayé de rendre potable une heure plus tôt. Je fixais mon petit miroir de poche, et voyais avec horreur que j'avais de nouveau les yeux rougis et gonflés.
Merde.
Je n'avais même pas pris ma trousse à maquillage, donc Noah allait savoir que j'avais encore pleuré, et honnêtement, je ne voulais pas que ma tristesse soit le sujet de conversation principal de cette soirée. Je tirai donc un mouchoir de la petite boite en carton rangée dans la boîte à gant et je m'en servais pour sécher mes joues humides. Je me forçais de sourire pour détendre mon visage et ma peau.
Une fois fait, je jetai le petit mouchoir dans mon petit sac bandoulière et quittai l'habitacle en veillant à ne rien laisser transparaître.
- Courage, me chuchotais-je alors en claquant ma portière derrière moi.
Il faisait froid, et je pouvais le sentir à travers mon pull, j'étais donc bien contente d'avoir opté pour cette tenue au lieu de mettre une de mes robes à bretelles fines. De toute façon ce n'était pas une bonne idée de me faire belle pour ma rupture. C'est donc les mains enfouies dans mon sweat chaud, sur ce parking pratiquement vide que je m'en allais retrouver Noah.
Mon téléphone vibra tout à coup, je le sortis de ma poche me demandant qui cela pouvait bien être. C'était un message de Noah.
Je cliquai sur la petite notification et lisais ce qu'il disait. Il n'était pas très long.
Je t'attend aux criques.
Un léger soupir quitta mes poumons. Ce n'était pas très loin. Je ne lui répondais que d'un simple " OK ", et continuais d'avancer et sans même m'en rendre compte, j'y étais déjà. J'aperçus Noah assis, les yeux rivés sur la mer devant lui. Je regardais autour de moi, il n'y avait personne d'autre que nous. L'endroit était parfaitement calme, et le seul bruit ambiant était le son des vagues qui s'écrasaient sur la plage.
Je l'approchais silencieusement, me demandant s'il s'était rendu compte de ma présence, quand il se retourna avant de me sourire, de ces lèvres que j'aimais tant. Il se leva et épousseta rapidement son jean bleu avant de venir vers moi. Je lui souris à mon tour en réprimant une larme qui essayait de s'échapper.
Il me prit dans ses bras et me serra contre lui pendant de longues minutes. J'enfouis doucement ma tête dans son cou. Erreur. Grosse erreur de ma part. Je sentis son parfum. Parfum que je ne sentirai jamais plus ensuite. Parfum si réconfortant. Une flopée de larme s'échappèrent alors et ce, contre mon gré. Alors, en plein câlin, j'essayais de discrètement m'essuyer les yeux.
- Tu m'as manqué, me chuchota t - il de sa voix douce et calme dont j'étais aussi tombée amoureuse
- Toi aussi, essayais - je d'articuler
Il s'éloigna alors, et sans me regarder, me prit par la main et me conduit vers l'endroit où il était assis.
Il y avait, empilé, trois grosses couvertures sur lesquels reposait un écrin. Je décidai d'oublier ce petit détail et priai intérieurement pour que celui-ci ne soit pas pour moi. Il se pencha sur la pile de couverture, et après avoir glissé l'écrin dans sa poche, il en déplia une, puis une seconde qu'il déposa par terre, sur le sable éclairé par la lumière de la lune qui dominait le ciel exceptionnellement étoilé.
- Installe - toi, me sourit - il heureux
J'obéissais sincèrement touchée par tous ces offerts. Il me rejoint quelques secondes plus tard en me couvrant de la troisième couverture qui était en laine. C'était si doux.
Je retirai mes chaussures et mon sac que je mettais de côté, avant de me retourner vers lui. Il était en train de m'observer, un sourire charmeur aux lèvres.
- Qu'est - ce qu'il y'a ? riais-je doucement, rire qui à cause de mon nez bouché sonnait bizarre.
- Tu es si belle, me dit - il allongé sa tête soutenue par sa main
C'était assez drôle de l'entendre dire ça, vu l'état actuel de mon visage. J'avais essayé de tout camoufler et moi qui voyais des imperfections sur mon visage, devais finalement avoir bien réussi mon coup. Il me trouvait belle malgré mon visage boursouflé.
- Toi aussi, Noah
À peine avais-je finis ma phrase, que j'étais déjà dans ses bras, passant mes doigts sur sa peau plus douce et parfaite que la mienne.
- Si tu savais comme je t'aime, lui dis-je
Cette rupture allait se révéler plus difficile que prévu.
- Moi aussi Avery,
Je l'embrassais alors d'abord doucement, et quelque chose en moi me fit mal. Je continuais cependant avec plus d'ardeur. Il glissa sa main dans mon dos et m'attira contre lui. Il fit tout à coup ce truc que j'aimais beaucoup : il me mordit doucement la lèvre inférieure et un torrent de papillons envahirent mon ventre. Encore un truc de plus qui allait me manquer. Cependant, étant donné que c'était notre dernière nuit ensemble, je comptais bien en profiter.
Il mit fin au baiser, et s'allongea, le visage tourné vers le ciel. Je posai alors ma tête contre son torse, et inspirai profondément, remplissant mes poumons d'air de la brise marine qui soufflait doucement autour de nous.
- Qu'est - ce que tu as fait aujourd'hui ?
- Rien de particulier, commença t - il. J'ai essayé de trouver un job. Je pense que je vais être pris comme serveur à la cafet' des employés de KMA
- KMA ?
- Tu sais, les employés du PDG du building en centre-ville
- C'est génial, m'exclamais - je sincèrement heureuse pour lui
Je déposai un doux baiser contre sa joue et il sourit simplement.
- Et toi ?
- Rien de particulier. J'ai dormis toute la journée. J'étais beaucoup trop épuisé après ma nuit, essayais - je de dire dans un ton le plus naturel possible
Son sourire s'évanouit. Il se redressa, et moi aussi. On s'assit alors en tailleur en nous faisant tous les deux face.
- Désolé, dit - il à voix basse
- Je ne voulais pas que cette dispute dérape autant
Je disais la vérité. Je ne voulais pas que cette dispute aille aussi loin. Je l'aimais et jamais je n'aurais pensé que ça irait aussi loin.
Il posa doucement sa main sur la mienne, que je retirai rapidement.
- Désolée, m'excusais-je en sentant une profonde tristesse m'envahir de nouveau
- Ave', je te promets que je ne pensais rien de tout ce que j'ai dis, dit - il d'un ton suppliant
Je secouais alors lentement la tête sans oser le regarder.
- Je n'ai jamais pensé que tu ne me comprenais pas pour mes problèmes, au contraire ! Et si j'ai dit que je savais que tu me trompais, c'est parce que je me demandais pourquoi tu restais encore avec moi
Merde, me disais - je intérieurement.
- S'il te plaît, regarde - moi
Je levai alors les yeux vers mon copain qui se tenait en face moi.
- Tu m'as dit d'arrêter de me plaindre, d'arrêter de tout le temps avoir des angoisses alors que je n'avais pas de problèmes dans ma vie, alors que j'avais une famille, de vraies amies, un copain, une s-
- Tu sais très bien que je ne le pensais pas Avery
- Je te l'ai déjà dit : pour moi c'est, dans ce genre de moment que l'on dit souvent ce qu'on pense sincèrement des gens
- Mais je t'assure que je te crois et que je ne le pensais pas du tout. Je sais que tes angoisses sont dues à des traumatismes de ton enfance. Je te promets que je n'en doute pas me, dit - il en prenant mes mains dans les siennes. Hier, j'ai simplement explosé car ça devient très dur pour moi
- Mais on dirait que pour que cette colère et cette souffrance que tu as s'en aille, rien ne te suffit jamais, même pas moi
- Ce n'est pas ce que j'ai dis hier ;
- Tu l'as insinué. Tu m'as dit que je ne comprenais rien et que " de toute façon, je ne pouvais pas t'aider et que je ne t'apportais aucune solution utile " et pourtant j'essaie Noah ! Vraiment craquais-je
- Je suis sincèrement désolé, mon cœur
- Si tu savais comme j'essaie de t'aider à oublier ta sœur, à mieux gérer ton deuil, le divorce, les changements. J'essaie de trouver de l'aide pour toi, et même pour nous, mais la vérité, c'est que j'ai du mal pourtant j'essaie, dis-je en pleur
Il m'attrapa doucement par-derrière la tête et me fit de nouveau un câlin.
- Avery, je suis sincèrement désolé pour toutes ces choses que je t'ai dites hier. Je ne te trouve pas conne ou inutile. Je sais que tu es et tu seras toujours là pour moi, souffla t - il doucement dans mes cheveux
J'entourai son corps de mes bras et le serrai encore plus contre moi. Je l'aimais tellement, je ne pouvais pas lui faire ça...
Il mit de nouveau fin à cette étreinte et se rassit en face de moi, avant de ressortir l'écrin que j'avais aperçu à mon arrivée.
- Qu'est - ce que c'est ? demandais - je en essayant de faire passer mon ton pour celui de quelqu'un qui n'avait pas peur de ce qui se préparait
Il ouvrit la petite boite en cuir noir. À ma grande surprise, mais aussi joie, il n'en sortit qu'un petit pendentif en or. Au bout de la chaine de celui - ci : deux anneaux tous les deux liés.
- Noah...
- Je l'ai acheté ce matin, j'ai essayé de trouver quelque chose de beau mais c'était compliqué. Alors, j'ai opté pour celui - ci, il est en plaqué or, ça évitera que tu ne le rouilles en oubliant de le retirer sous la douche
J'étais bouche bée.
Le petit pendentif était magnifique. Je plongeai alors mes yeux dans celui de mon copain. Ils brillaient. Cependant, je comprenais aussi que ce geste de sa part me compliquait encore plus cette rupture.
- Je t'aime, essayais-je de lui dire sans trop vraiment oser
Il se pencha sur moi et m'accrocha le petit bijou au cou tandis que moi, j'essayais de sourire malgré moi...
- Il te va bien, chuchota t - il avant de m'embrasser tendrement la joue, cependant je le repoussais doucement et le fis se rassoir.
- J'ai quelque chose à te dire, commençais - je anxieuse, et j'aimerais sincèrement que tu m'écoute jusqu'au bout
Il sourit simplement tout en acquiesçant.
- Ce que je m'apprête à te dire, je te promets Noah, j'y ai vraiment réfléchi. Je ne dis pas ça sur un coup de tête, je te promets, répétais-je, et saches que je t'aime, je t'aime tant Noah, bafouillais-je
- Tu me fais peur Avery dit - il alors qu'il essayait de continuer de sourire
Je marquai une courte pause, il me prit ma main qu'il embrassa doucement. Main que je ne retirai pas, car je savais qu'après ce soir, je n'aurai plus ce genre de contact avec lui, j'en profitais alors.
- Ces derniers temps, tu as traversé des épreuves très difficiles, entre sa mort, le divorce de tes par-
- Va droit au but s'il te plaît
Il perdait patience, ce qui était compréhensible. Et plus il voulait précipiter la chose, plus je sentais les larmes remonter, jusqu'à couler.
- On a toujours été heureux toi et moi, nous avons partagé de très bons moments
Il lâcha tout à coup ma main.
Je poursuivais.
- Moments, que je ne regrette pas. Tu as toujours été là et moi aussi. Nous avons été ceux qui nous sommes toujours le mieux comp-
- Pourquoi est-ce que tu parles au passé Avery ? rit - il nerveusement
De nouvelles larmes me quittèrent et s'échouèrent sur mes cuisses.
- Qu'est - ce qu'il y'a !!! m'hurla t - il brisant le silence reposant, nous entourant
- Je suis tellement désolée Noah
- AVERY me secoua t - il comme pour me remettre les idées en place
- Je suis désolée
- Avery s'il te plaît, agita t - il lentement la tête de gauche à droite, me fixant alors incrédule
- Noah je t'aime... pour toujours...
- Moi aussi je t'aime se jeta t - il sur mes lèvres
J'acceptai alors ce dernier baiser qui ne l'était peut-être pas pour lui. Une dernière fois. Rien que nous. Rien que tous les deux. Je prenais son visage entre mes mains, continuais de l'embrasser langoureusement. Je passais mes pouces contre ses joues, pour sentir une dernière fois ce que je ressentais en le touchant. Il poursuivit en passant sa main derrière ma tête, pour me rapprocher de lui.
La raison finit par me gagner et je m'éloignai.
- Mais toutes les bonnes choses ont une fin... n'est - ce pas ? murmurais-je contre ses lèvres, les yeux floutés à cause de toutes ces larmes versées
- Quoi ? s'éloigna t - il
- Pardon Noah, je suis sincèrement désolée, dis-je tristement
- Aver-
- C'est fini...
J'essuyais mes joues avant de me lever afin d'enfiler mes chaussures. J'attrapai mon sac et me retournais vers lui qui venait lui aussi, de se lever. Il avait un regard à la fois perdu et profondément briser.
- Tu ne peux pas me dire ça
- Désolée Noah, essayais-je d'articuler
- Mon cœur
- Nous avons passé de vrais bons moments et tu occuperas toujours cette place si spéciale dans mon cœur mais parfois, pour que ce soit sain pour nous deux, il faut qu'une personne se détache
- Qu'est - ce que tu veux dire ?
- Ça devient trop compliqué pour nous deux cette relation
- Je sais mais...
Il cherchait ses mots.
Il se gratta la tête
- On peut toujours essayer. S'il te plaît Avery, ne me fais pas ça...
- Désolée Noah chuchotais - je
Je portai mes mains derrière mon cou tandis que lui, me fixait comme s'il ne réalisait pas ce qu'il se passait en ce moment. J'essayai de détacher le petit pendentif quand il posa une main contre mon bras relevé.
- S'il te plaît...
Je baissai les bras.
- Garde au moins ça... s'il te plaît, dit-il la voix remplit d'émotion
- No-
- En souvenirs de tout ce qu'on a vécu... Garde - le. Ces deux anneaux nous représentent, j'aimerais que tu gardes ça
Je le remerciais doucement. Avant de me retourner, essayant de réprimer mon envie atroce de le prendre dans mes bras. J'avançai en larme, détruite et une envie atroce de crier. J'avais l'impression d'avoir perdu une part de moi.
Un cœur qui a cessé de battre peut-il encore se briser ?
Les jours ayant suivi cette rupture, j'avais reçu des tonnes et des tonnes de lettres provenant toutes du même expéditeur : Noah. Puisque je l'avais bloqué partout, il n'avait plus que ça comme moyen pour me parler.
Je les avais toutes ouvertes au début avant de me rendre compte que cela me faisait plus de mal que de bien.
Dans les lettres que j'avais lues, il me disait qu'il m'aimait, que je lui manquais, qu'il n'arrêtait pas de pleurer et que mes notifications absentes sur son portable le torturaient, si bien qu'il l'avait cassé.
Un jour l'idée de lui répondre me traversa, mais quand je me souvins du fait que c'était son changement de comportement qui m'avait poussé à faire ça, je m'étais retenue.
Dans une autre, - je me souviens encore de son contenu -, il disait : qu'en ce moment, c'était particulièrement dur pour lui. Qu'il avait perdu son nouveau job dont il m'avait parlé, car les patrons le trouvaient trop '' blasé '', trop lent. Il me disait qu'il ne voulait pas que je pense que c'était de ma faute et il me rassurait, il me disait qu'il en trouverait un autre. Il me parla aussi de son père qui avait recommencé à boire tout en pleurant l'absence de sa fille et en insultant la terre entière, en particulier sa femme qui allait bientôt, pour de bon, être son ex-femme aux yeux de la loi. Ce soir-là, il était allé aux criques et avait espéré que par un pur coup du destin, je l'y eus rejoint. Mais je ne l'avais pas fait. Il avait revu tous nos souvenirs et avait beaucoup pleuré, crié, ce que son cœur essayait tant de garder en lui. Il avait aussi un peu nagé, et pendant cette nage, pour la première fois, que tout ça cesse.
Il avait repensé à sa sœur, à sa mère et à son père, à ce que sa famille était devenue. À ma perte. Il me répéta, trois fois, qu'il avait tout perdu et qu'il n'avait plus de raisons de vivre. Ce soir-là, il avait essayé de suicider par noyade sous l'eau mais malheureusement pour lui, un joggeur extrêmement matinal l'avait vu. Il l'avait sorti de l'eau. L'eau quitta finalement ses poumons inondés. Ils avaient parlé quelques minutes en attendant les secours que l'homme avait appelés, pour que Noah subisse une batterie d'examens pour s'assurer qu'il allait bien.
Comme il était encore mineur, il allait être reconduit en hôpital psychiatrique et séparé de ses parents, le temps qu'il aille mieux.
Il finit par me dire que malgré cela, il allait pouvoir continuer à m'écrire car en psychiatrie, les lettres aux familles étaient autorisées et que comme j'étais sa seule famille, il avait inscrit mon adresse dans son dossier de personne à qui il allait envoyer des lettres.
Il signa et m'écrit trois fois qu'il m'aimait.
Ce jour-là comme pendant ceux qui suivirent, je pleurai beaucoup, jours et nuits. Je m'en voulais énormément de l'avoir abandonné, moi, sa famille. Sa seule famille. J'avais essayé d'aller le voir, mais Dakota m'avait retenue. Elle me dit que s'il avait fini en psychiatrie, alors c'est qu'il devait y avoir autre chose, autre chose qu'une tentative de suicide. Pour la première fois, on s'était disputées elle et moi. Et comme je n'acceptais de parler à personne, même plus à mes amies, Cooper était passé à la maison après avoir appelé ma sœur parce qu'il s'inquiétait. On avait beaucoup parlé, et pour la première fois après des semaines, j'avais ri, j'étais même allée manger avec ma famille en bas au salon, comme avant, et Cooper et moi étions même un peu sorties dehors. Même si ce n'était qu'au jardin, c'était déjà quelque chose.
Cependant ce n'était pas pour autant que le chagrin était passé. Je continuais de recevoir les lettres de Noah, qu'après avoir voulu brûler, je finis par me dire que j'allais simplement les retournés. Toutes. Toutes autant qu'elles étaient. Sauf une. Une dans laquelle il avait l'air si heureux.
~~~
Des vagues de larmes envahirent mes yeux tandis que je fixais toujours Noah marchant dans le sang de ses victimes. Comment avait-il fait pour atteindre de tels extrêmes.
Il se remit à parler d'une façon charismatique qu'il avait toujours eu, comme cette éloquence qu'il avait toujours cachée. Cela me dégoutait d'ailleurs, qu'il utilise une si belle qualité pour terroriser. Mais, étrangement, cela ne me surprenait pas, il avait toujours aimé être sous les feux des projecteurs, c'est d'ailleurs pour ça qu'il avait toujours travaillé sur son image au lycée. Il avait tout fait pour être le garçon populaire, mais aimé, gentil, bienveillant, pour être parmi ceux qu'on admirait au quotidien. Il parlait d'une voix posée, mais hurlait aussi de temps en temps, il maîtrisait l'art du spectacle et savait comment attirer notre attention.
Il passa son regard sur tout le monde pour s'assurer de, je ne sais quoi, quand son regard croisa le mien.
Merde.
Un petit sourire narquois apparu sur ses lèvres.
Il cessa de me fixer, fit une pause...
Et il éclata de rire.
D'un rire profond et sombre.
D'un rire moqueur, et je savais déjà qu'il prenait son pied à me voir, moi son ex qui l'avait abandonné, présente dans cet enfer.
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