CHAPITRE 8 - Eux
CHAPITRE 8
Jo
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Mercredi 1er novembre 2023
Alors que je grimpe les quelques marches menant au perron de la maison des Alpha Phi Zeta, ce sentiment de culpabilité que je ressens au plus profond de moi ne cesse de me tourmenter.
J'ai laissé ma mère à la maison et je ne peux m'empêcher de m'en vouloir. Elle est allée à sa séance de chimio cet après-midi et même si elle m'a assurée, certifiée et même promis que ça allait bien, j'ai accepté de la laisser seule pour aller m'amuser. Je me sens presque comme une merde, qui a abandonnée celle qui lui à donner la vie pour faire la fête, au moment où elle a le plus besoin de moi.
Ses paroles résonnent encore en moi.
— Je te jure, Jo ! Ça va aller pour moi ! Va rejoindre tes amis et amuse-toi !
Ma mère est tellement heureuse que je me sois fait des amis qu'elle aurait dit n'importe quoi pour que je profite de ma jeunesse et file rejoindre Aubrey et les garçons. Mais je ne suis pas bête. Je sais qu'elle m'a menti. C'est peut-être elle qui m'a porté, et non moi, mais je la connais par cœur.
Ma mère déteste l'idée que j'ai mis ma vie sociale entre parenthèses pour m'occuper d'elle. Si seulement elle savait que ce n'est pas de son fait que je n'ai pas d'amis. Pas depuis l'arrestation de ma sœur, faisant de moi la paria du lycée.
— C'est ici ? me demande Heaven en levant les yeux vers moi.
Mes yeux plongent dans les siens et un nouveau sentiment de culpabilité m'envahit. En plus d'être ingrate avec ma mère, je suis carrément irresponsable d'avoir emmené ma nièce avec moi. Heaven n'a pas sa place ici et ça, même si Aubrey m'a certifié que c'était une soirée tranquille : jeux vidéo et pizza.
C'est ma mère qui m'a suggéré l'idée d'emmener Heaven avec moi, quand je lui ai dit que je ne pouvais pas la laisser s'occuper de la petite, alors que les premiers effets de sa dernière séance de chimio n'allaient pas tarder à se pointer.
Maintenant que nous sommes arrivés, je suis encore plus convaincue que c'est une mauvaise idée. Une musique assourdissante pulse depuis les enceintes, à l'intérieur. Et si Aubrey m'avait menti pour me convaincre de venir et qu'il ne s'agissait pas d'une soirée tranquille ?
— Tante Jo ? m'interpelle Heaven, voyant que je ne lui réponds pas.
Je lui offre un sourire chaleureux et rempli d'amour quand son front se plisse d'inquiétude.
— Oui, c'est ici ! Frappe !
Elle s'exécute aussitôt.
— Moi aussi, je pourrais jouer ? demande-t-elle.
Je hausse les épaules.
— Manquerait plus qu'ils te l'interdisent, tiens !
Et me connaissant, je ne les laisserai pas faire.
La porte s'ouvre sur le sourire accueillant d'Aubrey. Habillée dans un survêtement extra large, qu'elle a sûrement dû emprunter à l'un des garçons et les cheveux relevés en un chignon négligé, je comprends aussitôt qu'elle ne m'a pas menti. Jamais elle ne se serait vêtue ainsi s'il ne s'agissait pas d'une soirée tranquille.
Les yeux de mon amie se déportent vers Heaven et je perçois sa surprise. J'aurais peut-être dû la prévenir que j'amenais une petite invitée de dernière minute.
— Je te présente ma nièce, Heaven.
Aubrey s'accroupit pour enlacer la fillette
— Bonsoir, dit timidement Heaven.
— Je suis ravie de te rencontrer, Heaven. Ta tante m'a beaucoup parlé de toi.
Elle se relève et nous invite à entrer. Heaven parait impressionnée, sûrement à cause de la musique qui a été poussée à fond.
— Je suis désolée, j'ai dû emmener ma nièce.
Aubrey secoue la tête.
— Tu as bien fait ! Plus on est de filles, plus notre voix comptera. Elle est trop mignonne en tout cas. Et elle te ressemble beaucoup.
Mes lèvres s'étirent. Beaucoup de gens me disent qu'elle me ressemble et souvent, les personnes me demandent si c'est ma fille. C'est l'un des plus beaux compliments que l'on puisse me faire. Je l'aime tellement, et ça, depuis qu'elle est toute petite.
— Merci, je...
Aubrey lève son doigt pour me faire patienter et pianote sur son téléphone. Le volume de la musique se baisse aussitôt.
— Désolée, j'avais besoin de décompresser.
— Un souci ?
Elle grimace.
— Mon prof m'a pourri aujourd'hui. Un vrai con celui-là ! Mais ne parlons pas de choses qui fâchent ! Allez viens, entre.
Je fais quelques pas, suivant Aubrey et nous arrivons dans le salon. Je ne reconnais absolument pas la pièce, sans la centaine d'étudiants qui font la fête. Entre hier et aujourd'hui, le contraste est plus que flagrant.
Assise sur le canapé, faisant balancer ses jambes, Heaven patiente en scrutant la pièce.
— Tu es seule ?
— Oui, les garçons sont partis faire quelques courses pour la soirée. Ils ne vont plus tarder.
La soirée ? Mon Dieu, j'espère vraiment que cela ne va pas tourner en fête complétement déjantée. Elle semble lire dans mes pensées.
— Je te jure que c'est une soirée tout ce qui a de plus tranquille. On est juste à la maison, les mecs veulent essayer le dernier Mario qui vient de sortir et on va manger des pizzas. Il n'y a rien de fou. On n'est même pas une dizaine.
— Vraiment ?
— Mais oui, si je te le dis. Et Max et John partiront plus tôt car ils ont leur entraînement de hockey.
— OK.
La porte d'entrée s'ouvre à cet instant et je détourne aussitôt mon regard. J'aperçois Grayson entrer en riant, suivi d'Evan qui porte un pack de bières. Quand leurs regards se portent sur moi, ils me sourient pour m'accueillir.
— Oh ! Oh ! Mais ne serait-ce pas la charmante Jo ! s'esclaffe Grayson.
— En chair et en os !
Il m'enlace déjà, comme si nous étions de vieux amis, heureux de se retrouver.
Arch arrive alors à son tour, tenant un sac de courses dont un paquet de chips dépasse. Quand il me voit, ses lèvres s'étirent et je ne peux m'empêcher de l'imiter. Son accoutrement de la veille me manque presque. Lui aussi habillé d'un large survêtement, il est beau comme un dieu. Je soupire d'aise alors que Evan m'enlace à son tour pour me saluer.
Arch fait les quelques pas jusqu'à moi, après avoir déposé son sac de provisions sur le fauteuil. Il marque un temps d'hésitation et finit par me prendre dans ses bras à son tour. Le contact de son corps contre le mien m'électrise sur le champ. Sa chaleur m'irradie et quand il enroule ses bras puissants contre moi, pour me serrer encore plus, un long frisson court sur ma colonne vertébrale. Oh mon Dieu !
Et son parfum... Un mélange de cédrat et de gingembre qui m'enivre aussitôt.
Quand il se recule pour me libérer de son étreinte, je soupire à nouveau. Ces quelques secondes m'ont paru si courtes.
— Mais qui est cette adorable princesse ? j'entends alors.
Je sors de mes pensées qui tournaient un peu trop mal à mon goût et sourit à Grayson. Heaven parait impressionnée par la carrure de mon ami.
— Dis-lui comment tu t'appelles, ma puce, je l'encourage.
— Je m'appelle Heaven, réussit-t-elle à lâcher timidement.
Elle vient se planquer dans mes jambes et je caresse ses longs cheveux blonds par automatisme.
— Personne ne pouvait la garder, je précise en mentant à moitié, j'espère que ça ne vous dérange pas ?
— Pas du tout ! lâche Evan. Tant que tu ne me voles pas ma pizza !
Il touche le bout de son nez, ce qui fait aussitôt rire ma nièce. J'adore son rire. Il est tellement spontané, naturel et doux. Mes yeux se relèvent vers Arch qui observe Heaven avec intérêt. Son visage est grave et je vois qu'il se pose un tas de questions.
La porte d'entrée s'ouvre à nouveau et trois hommes entrent à leurs tours dans le séjour. Je ne les connais pas mais il me semble qu'Aubrey m'a mentionné un certain Max, et un certain John.
Une fois les présentations faites, Aubrey se charge de commander des pizzas alors qu'Arch distribue déjà des bières fraîches. Il m'invite à m'asseoir sur le canapé et Heaven, toujours aussi impressionnée, vient s'installer sur mes genoux. Elle ne cesse de fixer Grayson, qui finit par capter son attention sur lui.
— Alors Princesse, tu as quel âge ?
Les joues de ma nièce s'empourprent instantanément.
— Tu peux lui répondre, tu sais, je l'encourage.
Elle tend sa main et montre ses quatre doigts levés.
— Elle a bientôt cinq ans.
Pour confirmer, Heaven hoche la tête.
— Mon anniversaire, c'est bientôt. C'est le 12 décembre
— C'est cool ! Tu m'inviteras à ta fête ?
— Si tu veux.
— Alors je viendrais ! C'est promis !
Je ricane.
— Tu seras le bienvenu à la Princesse Party. En revanche, c'est robe de bal et diadème obligatoire.
Le sourire de Grayson s'efface aussitôt, ce qui provoque l'hilarité générale. Je mentirais si je disais que je ne rêverai pas de voir ce grand costaud, affublé d'un diadème et d'une robe de princesse rose bonbon.
— Tu t'es engagé, mec ! rit Evan.
— Il me semble même qu'il a promis, précise John.
— Tu ne vas tout de même pas briser le cœur d'une fillette en te dérobant, rit Max.
— Je suis volontaire pour le maquiller, propose Aubrey, qui essuie une larme du coin de son œil.
Mon regard se porte sur Arch qui est drôlement muet depuis tout à l'heure. Le front plissé, il ne cesse de fixer Heaven, occupée à piocher dans le saladier de chips, sans participer à la conversation. Je sens que quelque chose le gène et je me demande ce qui le rend aussi silencieux.
Plusieurs minutes passent quand on toque à la porte. Arch en profite pour se lever et je l'observe au loin régler les pizzas au livreur.
— Enfin ! râle Evan. Je crève de faim !
La distribution de pizzas se fait dans une ambiance bonne enfant et je me penche vers Aubrey, assise sur ma gauche.
— Je pourrais prendre une assiette pour Heaven ? je demande.
— Bien sûr ! La cuisine est juste derrière.
Je me relève, positionne ma nièce sur le canapé et file vers la cuisine. Je n'oublie pas de récupérer tout mon matériel pour tester ma glycémie, routine obligatoire avant chaque repas.
Une fois seule, dans la cuisine, je m'exécute en silence. Seuls le petit bip de mon testeur et les conversations de l'autre pièce comblent le silence. Je grimace en voyant mon taux. Je suis à la limite et je ne dois pas abuser, sous peine d'exploser mon taux post repas. Je range tout mon matériel, jette ma languette usagée dans la poubelle et m'apprête à ouvrir un placard quand la porte de la cuisine s'ouvre. Arch me fixe et esquisse un petit sourire.
— Je me suis dit que tu aurais peut-être besoin d'un petit coup de main.
Je crois que ce sont les premiers mots qu'il m'a dit depuis mon arrivée dans la Frat 'House. Sa voix grave me fait instantanément frissonner. Bordel ! Y'a t-t-il un truc en lui qui n'est pas sexy ?
— Tu suggères bien. Il me faudrait une assiette et des couverts pour Heaven.
— C'est juste là !
Il pointe du doigt un placard en hauteur et je lui souris timidement en guise de remerciement. Je tends le bras, ouvre le placard. Comme d'habitude, il me manque dix bons centimètres et je dois me hisser sur la pointe des pieds. Mes doigts tâtonnent les assiettes.
— Attends, souffle une voix, tout près de mon oreille.
Mon Dieu... Ce parfum...
Il saisit l'assiette sans mal et me la tend avec un petit sourire.
— Merci, je murmure.
— Tu es toute petite, rit-il.
C'est vrai que je n'ai jamais été très impressionnante du haut de mon mètre cinquante-sept.
— Ne te moque pas ! La vie ne m'a pas donné la même chance que toi, apparemment. Et les couverts ?
Cette fois ci, il ouvre un tiroir en dessous du microondes.
— Elle est mignonne, me dit-il.
Je l'interroge du regard. Qu'est-ce qu'il me raconte ?
— Heaven, précise-t-il avec douceur.
— Oh !
Il me tend les couverts que je saisis aussitôt. Le contact de ses doigts contre les miens m'offre un nouveau frisson. C'est dingue comment son contact peut me faire autant d'effet !
— Elle te ressemble.
— Merci, je réponds d'un large sourire.
— Où est son père ?
Mon sourire retombe aussitôt. Cet enfoiré est en prison. Mais je ne peux définitivement pas lui donner cette réponse. Avoir une sœur derrière les barreaux n'est pas une honte, mais ce n'est pas ce que l'on crie sur les toits non plus. Son choix de vie m'a déjà suffisamment pourri la vie, perdant tous mes amis et je n'ai pas envie de retenter l'expérience.
— Je ne préfère pas le savoir.
Je mens à moitié. Lors du procès, il a été transféré dans une centre de détention près de Nashville et depuis presque cinq ans, nous n'avons jamais eu de nouvelles. Peut-être y est-il toujours ? Ou bien transféré dans une prison ? Ce salaud pourrait être bien être mort que ça ne me ferait ni chaud ni froid.
— Oh ! Je vois, murmure-t-il.
— Jo ! j'attends depuis le salon. Magne toi ! Evan est en train de baver sur ta pizza ! Il veut te la piquer !
Mes yeux s'écarquillent. Hors de question ! Je déteste partager ma nourriture. L'assiette et les couverts en main, je tourne les talons, suivie par Arch et menace Evan du regard.
— Interdiction de toucher ma pizza sinon, je mords ! Le premier qui y touche, je le...
— Aucun risque, me coupe Grayson. À part Evan qui serait capable de bouffer de l'herbe, personne ne veut de ta fausse pizza.
Je m'agenouille à même le sol et observe ma boîte ouverte.
— Ma fausse pizza ? Bah qu'est-ce qu'elle a ?
Ils grimacent tous, hormis Evan qui me fait les yeux doux pour avoir une part et Heaven qui salive d'impatience.
— L'ananas ! me précise Grayson
— Bah quoi ?
— C'est interdit ! Ça ne devrait même pas exister ! intervient Arch, qui semble de meilleure humeur.
Je crois que la présence d'Heaven le trouble mais depuis notre conversation dans la cuisine, il semble plus détendu.
— Mais vous êtes fous ! L'ananas sur une pizza, c'est une tuerie ! je m'exclame.
— Mais c'est toi qui es folle ! balance Grayson.
J'interroge du regard Evan, espérant que celui-ci va me venir en aide. Je le grille en flagrant délit de vol d'un bout d'ananas. D'ordinaire, j'aurais râlé mais là, j'ai vraiment trop besoin de son aide pour les convaincre de tenter.
— C'est mangeable ! intervient-il.
Je râle. Tu parles d'une intervention !
— Franchement, le mec qui a eu la stupide idée de mettre de l'ananas sur une pizza mériterait la chaise électrique ! lâche Aubrey.
— Tu as déjà goûté au moins ?
Aubrey grimace.
— L'essayer, c'est l'adopter ! je ris en agitant une part sous son nez.
— Non merci. Jamais tu ne me feras bouffer ce truc dégueulasse !
Ma nièce place sa main près de mon oreille et me souffle.
— Elle a dit un gros mot, la belle fille !
— Je sais ma puce. Mais tu es assez grande pour savoir qu'on ne répète pas les gros mots.
Heaven semble convaincue et je dépose la part que je tiens dans mes mains dans l'assiette avant de lui tendre. Elle ne se fait pas prier pour croquer dedans. Voilà ! Elle, elle sait ce qui est bon ! On l'a bien éduqué cette petite !
— Quelqu'un veut essayer ? je propose avec un large sourire.
Je sais que je ne risque rien. À la vue de leurs visages écœurés, personne ne semble vouloir tenter l'expérience de la meilleure saveur au monde. Quelle belle bande d'ignorants !
— Non ! s'écrie-t-il tous en chœur.
— Moi ! réclame Evan.
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Arch
Ouais je sais, c'est con mais j'ai dû mal à accepter l'information. Pas que je sois déçu ou quoi que ce soit d'autre, et ça même si j'ai été très surpris de voir la gamine dans notre salon. C'est juste que jamais je ne me serai imaginé qu'elle était maman.
Pourtant, quand je les observe toutes les deux, je ne peux m'empêcher de voir leur ressemblance ou découvrir des mimiques en commun. Elles ont les mêmes yeux, la même couleur de cheveux et la petite a également des taches de rousseur, semblables à celles de Jo. Les deux sont extraordinairement complices et fusionnelles. N'importe qui le verrait.
Je les fixe depuis plusieurs minutes et je les trouve belles à voir. Heaven est comme une mini Jo. La mère encourage sa fille, qui est assise sur mes genoux, comme si cette partie de Mario était une question de vie ou de mort. Elles sont vraiment belles à regarder.
— Vas-y ma puce ! Saute ! Saute ! Attention, la fleur ! Elle va sortir du tuyau, sors de là !
— Eh ! Il m'a poussé dans la trou ! râle Heaven.
Comme pour prendre la défense de sa fille, Jo mitraille du regard Grayson qui a osé pousser Heaven dans le vide.
— Sale tricheur ! lâche-t-elle.
— Mais je n'ai pas fait exprès, se défend mon pote.
— Ouais ! Tu es un sale tricheur ! râle la gamine.
Elle fait la moue et croise les bras sur sa poitrine. La règle est simple, si tu perds une vie, tu passes la manette. Heaven me tend la sienne, l'air déçu.
— Vas-y Princesse, je te laisse mon tour.
La fillette retrouve son sourire et se concentre à nouveau sur l'écran. Je vois Jo se lever, non sans oublier d'embrasser le sommet du crâne de sa fille et partir en direction des toilettes. Je l'observe toujours aussi choqué par cette révélation.
La gamine a dit qu'elle aura cinq ans dans quelques semaines. Jo a dû tomber enceinte quand elle avait quatorze ou quinze ans. C'est jeune quand on y pense, très jeune mais c'est aussi très mâture d'avoir voulu assumer son enfant. Elle ne peut que mériter le respect pour ce choix.
Ça a dû être difficile pour elle, de se savoir maman aussi jeune. Et si j'ai bien compris, le père ne fait pas parti de l'aventure. Elle ne sait même pas où il est et ne semble pas vouloir de ses nouvelles. Et si ce mec avait été un salaud avec elle ? Mais genre un vrai salaud qui se serait tiré ou pire, qui l'aurait forcé ?
— Heaven, on ne va pas tarder à partir ! déclare Jo en revenant.
Je grimace. Oh non, pas maintenant, c'est trop tôt. J'aurais voulu qu'elles restent plus longtemps, surtout Jo.
— Oh non ! S'il te plaît. Encore un peu !
— Il y a école demain, ma puce !
— Juste une minute, supplie-t-elle sa mère.
Jo laisse échapper un petit rire.
— Allez, je te laisse jusqu'à ce que tu perdes une vie.
La petite paraît satisfaite et je menace du regard Grayson pour qu'il ne pousse pas le personnage dans le vide. Je n'ai pas envie qu'elles partent. Heaven non plus apparemment.
Malheureusement, Heaven loupe un saut et elle soupire de tristesse.
— Bon, bah j'ai perdu, dit-elle, déçue.
Elle me tend sa manette, malheureuse, que je délaisse sur le canapé. Je me relève, prends soin de déposer Heaven au sol, qui était installé confortablement sur mes genoux.
— Tu dis aurevoir, Heaven.
La fillette obéit et je les observe tandis que Jo l'aide à enfiler son manteau. Elle lui met un petit sac avec le chat d'Alice au pays des Merveilles sur le dos.
— Je vous raccompagne, je dis.
Mes amis semblent aussi surpris que moi par ma proposition. D'ordinaire, ce n'est pas dans mes habitudes mais j'ai l'impression que je n'ai pas passé assez de temps en sa compagnie. J'aurais voulu plus de temps.
Je me pointe devant elle, qui ferme son manteau à son tour. Elle enroule son cou de son écharpe.
— Tu fais quoi demain ? je lui demande.
— La même chose que toi !
Je l'interroge du regard.
— On a cours, je te rappelle. À 9 heures.
— Ah oui ! Euh, je parlais du soir. Il y a une soirée chez les Segma Segma Alpha si ça te tente.
— Merci pour ta proposition mais je travaille au restaurant demain.
— Jusqu'à quelle heure ?
— Je finis mon service à 22 heures.
— Tu pourrais nous rejoindre après. Ça pourrait être sympa.
— En effet, ça pourrait. Mais...
— Allez dis oui ! je la supplie presque.
Elle grimace, signe qu'elle va refuser ma proposition.
— Je ne sais pas, Arch. Tout va dépendre de ma mère et d'Heaven.
— Tu peux peut-être t'arranger pour faire garder ta fille ? Je suis sûr que tu connais une baby-sitter ou...
— Ma fille ?
— Ouais. Heaven.
Pourquoi je le précise. Elle connaît forcément le prénom de sa fille. Il y a de fortes chances que ce soit elle qui l'a choisi.
— Heaven n'est pas ma fille, déclare-t-elle alors.
Elle explose de rire alors que mon front se plisse. Hein ? Qu'est-ce que c'est que ces conneries ?
— C'est ma nièce, continue-t-elle.
Mais quel con ! Comment j'ai pu déduire qu'elle était sa fille ? En y réfléchissant bien, pas une fois j'ai entendu la petite appeler Jo « Maman ». Mais pour ma défense, il ne me semble pas qu'elle l'ait appelé « Tante Jo » non plus...
— Mais arrête ! Je n'avais pas compris ça !
— Je te le confirme. Je suis juste sa tante.
— Mais... Je n'ai pas compris. Moi qui pensais que...
Elle rit à nouveau et finit par déposer un baiser sur ma joue, comme pour vouloir me faire taire. La douceur de ses lèvres sur ma joue me fait tout oublier.
— Allez, bonne soirée, Arch !
Sans un mot de plus, elle saisit la main de la gamine et passe la porte.
Bordel ! C'est sa nièce ! Pas sa fille ! Quel con !
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Hello les LoveAddict !
Je commence par m'excuser. Je devais publier mercredi dernier mais ma semaine a été blindée et je n'ai clairement pas eu le temps de faire la relecture et les corrections. Vous savez comment je suis maintenant... Maman hyperactive qui est sur tous les fronts et qui possède parfois une mémoire un peu défaillante...
Alors, comment allez vous ? Quoi de neuf dans vos vies ? Ravi(e)s que les beaux jours pointent enfin le bout de leurs nez ? Perso, je suis plus que ravie ! J'en pouvais plus de ce froid, cette humidité. Je veux du soleil et des oiseaux qui chantent. Et j'ai grave envie de vacances !
Parlons de ce petit chapitre... Arch et Jo s'apprivoisent de plus en plus et je ne sais pas vous mais j'ai l'impression que ces deux là, ça va faire des étincelles !
J'ai hâte de vous faire découvrir la suite et bonne nouvelle, elle sera disponible dès demain (je dois bien me faire pardonner).
Je vous embrasse.
Lau
LoveWritter
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