Chapitre 4
21 mars ~
Nous sommes dimanche, alors j'ai tout le loisir de me prélasser devant la télé avec mes parents. Alors pourquoi sont-ils en train de s'activer à ranger la maison ? Aurions-nous de la visite ? Pourtant, ils ne m'ont pas prévenue que nous en avions. Mais alors que ma mère passe devant moi, elle m'ordonne d'aller me changer et de ne surtout pas rester en pyjama.
- Pourquoi ? On attend quelqu'un ? je lui demande.
- C'est une surprise, me répond-elle simplement avec le sourire.
Je m'exécute sans rechigner. Alors que je réalise qu'il ne me reste rien de présentable à porter, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir et mes parents discuter avec des gens. Oh non, je dois me dépêcher de trouver quelque chose ! Ah ça, ça devrait faire l'affaire. C'est alors que ma mère m'appelle pour que je vienne saluer les invités. Juste à temps. Je me demande bien qui ils ont pu inviter pour ne rien avoir voulu me dire...
- Salut Max, comment ça va depuis hier ?
Oh non, cette voix. Je lève les yeux et je découvre nos convives du jour : la famille Spencer. Les parents sont toujours aussi beaux et froids à la fois. Rien qu'en les regardant, on devine qu'ils sont de la haute société avec une attitude de vrais businessmen. S'ils lançaient leur propre entreprise, je suis sûre qu'ils y arriveraient, si bien que je me demande pourquoi ils restent dans l'ombre de mes parents. Je baisse la tête et les salue poliment.
- Je peux voir que votre fille est toujours aussi gentille et sage, contrairement à notre incapable de fils, fait Mme. Spencer.
Ça m'agace quand elle nous compare, et je suis sûre qu'Elmeth est de mon avis, au vu de sa moue.
- Et si vous nous laissiez discuter entre adultes ? On vous appellera lorsque le repas sera prêt, me fait mon père.
Il sait très bien que j'aurais préféré rester avec eux pour les écouter parler et en apprendre davantage sur le monde de l'entreprise, mais peut-être qu'ils vont aborder des sujets beaucoup plus sérieux, voire secrets. C'est sûrement pour cela qu'ils ont été conviés. Etrange, d'habitude, ils n'organisent pas ce genre de rencontres ici, mais au siège de la société. J'obéis et invite Elmeth à me suivre. Alors que je le devance dans les escaliers, je commence à paniquer un peu car je n'ai pas rangé ma chambre.
Afin d'y remettre un peu d'ordre pour que nous y tenions à deux, je lui demande de patienter quelques minutes derrière la porte que je referme avant même qu'il n'ait le loisir de jeter un coup d'œil à l'intérieur. Je prends les livres qui traînent sur le sol et les range sur les étagères où ils sont censés se trouver. Quant aux feuilles qui sont éparpillées sur mon bureau, je les range dans une pochette, tant pis si elles sont mélangées, je les trierai plus tard. Alors que je m'apprête à rouvrir la porte, je croise mon reflet dans le miroir.
Ma tête ne ressemble à rien ! Je m'empare d'un élastique et me fait une queue de cheval à la va vite. Je me regarde de nouveau dans le miroir puis rentre mon large tee-shirt dans mon short. Voilà, je suis beaucoup plus présentable comme cela. Mais qu'est ce qui me prend bon sang ? C'est juste un ami d'enfance, et en plus hier il m'a vue dans un état pire que celui-ci. Je lui ouvre enfin la porte et l'invite à s'asseoir sur la chaise de bureau. Quant à moi, je m'assieds sur mon lit.
- Dans mon souvenir, c'était plus grand ici, il fait en observant la pièce.
Sa technique pour entamer la conversation est nulle. Après il a essayé. Mais nous n'allons quand même pas faire un jeu de société, nous avons clairement dépassé l'âge. Je saisis donc un livre sur l'économie des Etats-Unis. Je n'ai pas le temps de terminer ma page qu'Elmeth fait déjà une bêtise. Il s'est emparé d'un des attrape-rêves que Jeanne m'a confectionnés lorsque je suis tombée malade et se met à l'agiter sous mon nez après être monté sur mon lit.
Lorsque je tente de l'attraper, il le tire vers le haut et il m'échappe. Il sourit, fier de m'avoir joué un tour. Il veut jouer à ça ? Je tente alors de l'attraper de nombreuses fois, mais il est plus malin que moi et je manque mon coup à chaque fois. Finalement je m'arrête, énervée qu'il ose se moquer ainsi de moi. Alors je prends mon livre et le frappe avec. Le temps de sa surprise est suffisant pour que je reprenne mon attrape-rêve. Ce que je n'avais pas remarqué, c'est qu'il était en équilibre, et qu'il perd pied au moment où je parviens à l'atteindre.
Il me tombe alors dessus et nous basculons tous les deux en arrière. Je ferme les yeux, pensant que nous allons nous faire très mal, mais lorsque mon dos touche le matelas, aucune masse n'est venue s'écraser sur moi. Je rouvre prudemment les yeux, et je vois qu'Elmeth a réussi à se rattraper. Sauf que son visage est si près du mien que je peux sentir son souffle. Je n'avais jamais remarqué qu'il avait les yeux d'un bleu aussi foncé et que son visage était aussi beau. Mais qu'est-ce que je raconte bon sang ? Et pourquoi ne réagit-il pas ? Nous restons immobiles durant quelques secondes, jusqu'à ce que nos prénoms retentissent depuis le rez-de-chaussée.
- Heu... Je crois que les parents nous appellent, je lui fais alors qu'il ne bouge toujours pas.
- Encore un peu, il me répond.
Nous restons ainsi quelques instants supplémentaires puis il se redresse. J'en fais de même, surprise et gênée de la situation dans laquelle nous nous trouvions. Nous arrivons finalement en bas, d'où s'échappe une délicieuse odeur de lasagnes. Nous nous asseyons et mangeons sans un mot. Lorsque l'on nous pose des questions, nous répondons évasivement. Même moi, d'habitude bavarde lorsque la discussion s'oriente vers la financequi dat, je ne décoche un seul mot de tout le repas. Une fois le déjeuner terminé, les Spencer retournent chez eux. Lorsque la porte est close, mon père se tourne vers moi.
- Bah alors ? Qu'est ce qui s'est passé ? Tu ne te sens pas bien ? Tu n'as rien dit de tout le repas !
- C'est vrai ça, ajoute ma mère, on aurait dit que tu étais ailleurs. Tout s'est bien passé avec Elmeth ?
Je suis sûre que je rougis, mais si mes parents apprennent ce qu'il s'est passé, ils risquent de s'imaginer des trucs, je les connais.
- Non, non, rien. Je crois que j'ai pris un peu froid hier, je me sentais un peu fiévreuse, je vais donc aller me reposer dans ma chambre à présent. Bisous.
Et je m'éclipse sans attendre leur réponse. Une fois que je suis sûre d'avoir fermé la porte de ma chambre, je me jette sur mon lit avec pour seule envie de dormir. Je n'ai pas totalement menti à mes parents : il est vrai que je me sentais fiévreuse tout à l'heure. Je prends mon téléphone afin de checker mes messages, et je me rends compte qu'un numéro inconnu m'en a envoyé un.
Numéro inconnu : C'est Elmeth, comme ça tu as mon num. C'est mes parents qui ont insisté
Je l'enregistre puis lui réponds.
Moi : Pas de problème. D'ailleurs on doit commencer les poèmes
Sa réponse est instantanée.
Elmeth : Les vacances commencent vendredi, tu ne veux pas qu'on attende d'ici là ? En plus, on habite juste à côté
Moi : Plus vite ce sera fait, plus vite en on sera débarrassé
Elmeth : Ok, si tu veux
On décide alors d'aller chez l'un ou l'autre après les cours pour travailler sur le projet de français. Lorsqu'il me salue, j'ai envie de le retenir, que l'on continue de chater un peu plus ensemble, mais de quoi pourrions-nous bien parler ? Je ferme finalement la conversation à mon tour. Je m'aperçois alors qu'Alix m'a envoyé un message peu après que les Spencer aient quitté ma maison :
Alix : Il faut qu'on parle.
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