𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟕
La nuit de Lucie fut terrible. Elle ne cessait de gémir de douleur, de bouger dans tous les sens, de donner des coups de pieds dans la couette, et parfois, son corps était parcouru de spasmes. Cela lui arrivait de plus en plus souvent. Elle savait qu'elle faisait des rêves peu recommandables, affreux souvent, mais elle avait eu la chance - ou la malchance - d'apprendre l'occlumencie, ce qui lui permettait de bloquer son esprit. A présent, elle ne faisait plus de cauchemars, ou plutôt, elle ne s'en souvenait plus. Mais aujourd'hui, ce qu'elle considérait comme un plus, s'avéra un problème. Car si Harry n'avait pas fait le même rêve, jamais il n'aurait pu trouver Arthur Weasley, et il serait certainement mort à l'heure qu'il est.
- Je ne comprends pas pourquoi Lucie devait être là, elle aussi, dit Harry à Dumbledore.
En effet, Lucie, Harry, et tous les Weasley encore à Poudlard, se trouvaient dans le bureau de Dumbledore. C'est Harry qui avait prévenu tout le monde, c'était donc normal qu'il soit en accompagné des Weasley, l'histoire les touchant de plein fouet. Mais Lucie n'avait rien à faire là, du point de vu des autres adolescents présents dans la pièce. Le plus étonnant pour eux, était le fait qu'elle ne semblait pas étonnée d'être là.
- Ta nuit a été plus agitée que d'habitude, Lucie? lui demanda Dumbledore, ignorant, comme il le faisait depuis des semaines, Harry.
Lucie acquiesça en guise de réponse. Elle n'avait rien à dire de plus. Malgré qu'elle soit incapable de savoir précisément les raisons de sa mauvaise nuit, elle sentait que le cauchemar qu'elle avait fait était extrêmement violent. Elle ne se souvenait de rien, mais les répercussions au réveil n'avaient pas été aussi brutes depuis longtemps. Et cela l'inquiétait - pas seulement elle d'ailleurs - plus qu'autre chose.
⁂
Harry lança un regard appuyé à Lucie. Plusieurs jours étaient passés depuis l'attaque de Mr Weasley. Il était en vie, au grand soulagement de tous, et se trouvait à présent à St Mangouste. Il devrait pouvoir sortir pour Noël, Noël que Lucie, Harry, et les Weasley fêteraient au 12 Square Grimmaurd, aux côtés de Sirius dans un peu plus d'un mois.
Depuis l'attaque, Harry et Ron regardaient étrangement Lucie, chuchotant parfois sur elle en espérant qu'elle ne les entende pas. Ils élaboraient des théories plus farfelues les unes que les autres, proposant un lien avec Voldemort, peut-être même qu'elle serait sa fille, ou encore qu'elle serait son amante cachée et qu'elle traînait avec eux pour avoir des informations sur eux à donner à Voldemort. Seule Hermione était restée elle-même, grondant les garçons à propos de leur comportement puéril. Elle était persuadée que Lucie avait ses raisons et qu'elle leur en parlerait lorsqu'elle se sentirait en confiance, et ce n'était pas leur comportement qui allait l'aider à se confier.
Malgré tout, Hermione était amie avec Harry et Ron depuis leur première année, et elle restait donc souvent avec eux.
Lucie se sentait trahie. Les trois amis étaient partis aussi vite qu'ils étaient arrivés, au moindre truc étrange. Elle commençait doucement, au fil des semaines, à leurs faire confiance, et ils la laissaient de plus en plus à l'écart. Hermione lui lançait souvent des regards désolés lorsqu'elle préférait partir avec les garçons, ce qui faisait serrer les poings à Lucie à chaque fois.
C'est donc avec sa seule amie de toujours, la solitude, que Lucie se dirigea vers la bibliothèque, histoire de réviser pour ses BUSEs qui arriveraient plus vite que prévu. En chemin, elle croisa les jumeaux Weasley qui, assis à même le sol, préparaient leur prochaine farce. Elle leur adressa un petit sourire, auquel ils répondirent. Ils lui proposèrent même de se joindre à eux, mais elle refusa, voulant vraiment réviser. Ils haussèrent les épaules, puis retournèrent à leurs occupations.
Les jumeaux Weasley étaient des amis de Lucie. Ils étaient les seuls qui n'avaient pas fait attention au fait qu'elle se trouvait dans le bureau de Dumbledore le jour de l'attaque, et n'avaient rien dit lorsqu'elle avait répondu qu'elle ne voulait pas en parler. Elle les aimait beaucoup. Ils étaient drôles, et ramenaient le rire partout où ils passaient, mais savaient être sérieux lorsqu'il le fallait. Lucie avait déjà fait une ou deux farces avec eux, et elle avait adoré. Lucie aimerait bien le refaire, mais aujourd'hui, elle n'avait pas la tête à cela.
Pensant aux jumeaux, Lucie n'avait pas tout de suite remarqué qu'elle était déjà arrivée devant la porte de la bibliothèque. Elle poussa la lourde porte en bois, et atterrit dans un monde complètement différent. Lucie ferma la porte et inspira un grand coup. L'odeur des vieux parchemins la rassurait, et le bruissement des feuilles que l'on tourne la rendait plus sereine. Une ambiance chaleureuse régnait, et Lucie se sentit plus chez elle que jamais auparavant.
Elle adressa un sourire rayonnant à Mrs Pince, qui la regarda de haut, avant de se diriger vers une table au fond de la bibliothèque. C'était la place parfaite. Personne aux alentours, non loin du feu de cheminée, et juste sous une fenêtre. Un rayon de lumière solaire éclairait la table en bois, créant un endroit parfait pour poser ses parchemins et bien voir ce qu'elle faisait.
Avec un sourire encore plus grand, si cela était possible, Lucie se dirigea vers la table de ses rêves. Elle s'y installa, sortit ses affaires de son sac en bandoulière, et lorsque tout fut prêt pour qu'elle commence à travailler, elle inspira un grand coup, puis se leva et se dirigea vers les étagères pleines à craquer de livres en tous genres, de tous âges et de toutes générations.
Elle prit tout d'abord les livres dont elle aurait besoin pour la métamorphose, puis, les bras pleins à craquer, elle alla s'assoir à sa table et commença son devoir à propos du sortilège de Disparition. Elle devait faire 50 centimètres de parchemin sur ce sortilège, avant qu'ils ne passent à la pratique au courant des prochaines semaines.
Lucie passa quasiment une heure sur ce devoir, qu'elle voulait le plus juste possible. Souvent, elle se levait de sa chaise pour chercher un nouveau livre qui pourrait l'aider, ou pour en reposer un qui ne lui serait d'aucune aide. La tête posée sur sa main gauche, une plume dans la main droit, Lucie put enfin poser le point qui signifiait la fin de son devoir. Elle le relit plusieurs fois, cherchant la moindre faute, et lorsque tout parut parfait, elle sourit, satisfaite de son travail et fière d'elle.
La métamorphose finit, Lucie enchaîna avec son devoir de Botanique qui portait sur le Chou mordeur de Chine. Au bout de vingt minutes, elle arriva à la fin de ce chou étrange, et dut se concentrer sur son pire cauchemar, les Potions. Cette année, ils avaient commencé par la pratique du Philtre de Paix, et Lucie avait lamentablement échoué. Elle avait toujours détesté cuisiné, et les potions étaient quelque chose qui s'en rapprochait grandement. Elle n'était pas quelqu'un de patient, et préférait faire du à peu près, espérant que cela passerait. Mais cela ne marchait pas pour cette matière, et c'est pour cela que la rouquine avait décidé de travailler la théorie de long en large et en travers du Philtre de Paix, une potion susceptible d'atterrir dans les BUSEs. Mais les minutes passaient, et Lucie s'arrachait toujours plus les cheveux. Comment était-il possible que rajouter de la poudre bleue et remuer dans un sens ou dans l'autre la fasse changer de couleur alors que la poudre était toujours bleue? On ne passe pas du vert au violet comme cela, quand même!
Lucie n'en pouvait plus, elle ne comprenait strictement rien, et cela l'agaçait au plus haut point. Perdue dans ses révisions et ses questions, elle ne sentit pas de suite la présence de quelqu'un qui regardait par dessus son épaule ce qu'elle faisait.
En effet, depuis une dizaine de minutes, un blondinet l'observait, appuyé contre une des étagères. Il ne pouvait s'empêcher de la trouver belle, le soleil couchant se reflétant sur ses cheveux auburn. Un air concentré tirait ses traits fatigués, mais toujours aussi gracieux. Ses sourcils froncés par la concentration, les cheveux attachés en un chignon lâche, Lucie ne faisait pas attention à ce qu'il se passait autour d'elle, et Drago en avait profité pour la détailler.
Lorsqu'il en eut assez de se faire ignorer, il se rapprocha doucement de l'objet de ses pensées, et se plaça dans son dos. Il rapprocha sa bouche de son oreille, et chuchota un "Bouh", tout en posant brusquement ses mains sur les épaules de la jeune fille. La rousse cria de surprise et de peur, et se retourna brusquement. À peine eut-elle reconnu la chevelure platine de son pseudo agresseur, qu'elle se saisit d'un lourd grimoire sur la table et se mit à le frapper sur la tête avec. Les bruits résonnèrent dans la bibliothèque silencieuse, et Mrs Pince se rua vers les fauteurs de troubles. Elle cria sur Malefoy qui était celui avait provoqué tout ce boucan, mais le laissa rester, au plus grand étonnement des deux étudiants. Mrs Pince maugréa dans se barbe inexistante des choses comme " les jeunes de nos jours " ou " fichu directeur de Serpentard " ou encore " sans Rogue, je les aurais bien fichu dehors ces deux zigotos ". Les deux jeunes se regardèrent un instant, puis le blond, haussant les épaules, prit la chaise en face de celle où était assise Lucie et s'assit. Il plaça sa tête dans ses mains, les coudes sur la table, et regarda intensément Lucie, bien décidé à l'embêter et, au mieux, à l'énerver au maximum.
- Malefoy, commença Lucie, sur les nerfs à cause de cette maudite matière et du blondinet en face d'elle, ce n'est pas parce que nous sommes binômes en potions que tu peux te permettre de me coller aux basques. Nous ne sommes pas amis, loin de là, dit-elle, en s'asseyant sur sa chaise.
En effet, Rogue avait eu la brillante idée de mettre Lucie en binôme avec Drago, vu son niveau minable. Il aurait pu la mettre avec n'importe qui d'autre, mais, sadique comme il est, il avait décidé de lui enticher le Serpentard qu'elle détestait le plus. Le-dit Serpentard avait tout d'abord râler, devant s'occuper de la rousse qui n'arrivait à rien dans cette matière, puis avait soudain eu une illumination. Il allait profiter de l'idée merveilleuse de son parrain pour la faire sortir le plus souvent possible de ses gonds. Puisqu'il était à Serpentard et elle à Gryffondor, c'était sûr que ce serait elle qui prendrait, et non lui. Voir sa tête lorsqu'il atteignait ses limites était jouissif pour le malicieux serpent, et il ne manquait pas de le faire encore et encore.
Mais là, Lucie était bien décidée à l'ignorer, et s'était déjà replongée dans ses révisions après sa remarque acerbe. Le blondinet la regarda fixement, attendant qu'elle s'agace de sa présence et de son regard pesant. Pourtant, aujourd'hui, cela ne marcha pas. Si d'habitude au bout d'une minute et demi elle pétait un plomb, là, Lucie était tellement concentrée sur ses révisions qui n'aboutissaient à rien qu'elle remarqua à peine la présence du blond.
Lucie poussa un soupir de désespoir et laissa sa tête retomber entre ses bras croisés. Elle n'en pouvait plus, elle avait passé l'après-midi à la bibliothèque mais rien n'y faisait. Drago, qui avait des facilités dans la matière qu'enseignait son parrain, eut soudain pitié pour Lucie. Il voyait bien qu'elle n'y arrivait pas alors, dans un élan de charité, il se leva de sa chaise et tira celle qui se trouvait à côté de Lucie.
Le crissement des pieds de la chaise à ses côtés fit lever la tête à Lucie, qui regarda qui venait s'assoir à ses côtés. Elle fronça les sourcils lorsqu'elle se rendit compte que c'était l'agaçant Malefoy. Elle soupira, partant du principe qu'il allait à encore une fois l'embêter, mais il n'en fit rien. Il prit un des parchemins de révision que Lucie avait passé la journée à écrire, et le lut rapidement. Ses sourcils se froncèrent au fur et à mesure de ce qu'il lisait. Tout avait beau être juste, ce n'était pas cela dont elle avait besoin pour s'améliorer. Il lui fallait de bonnes explications, et surtout, beaucoup de pratique. Une idée lui traversa l'esprit, et il se mordit la lèvre. Il pourrait peut-être... Non. Enfin... Il allait lui montrer aujourd'hui, et après elle se débrouillerait. Voilà, ça c'était parfait. Il était là et il s'ennuyait alors il allait l'aider, mais c'était exceptionnel et il ne recommencerait plus jamais. Parfait.
- Regarde, dit-il, la secouant par l'épaule avec sa main droite, le regard rivé sur ses notes. Tout ça ne sert à rien, la plupart est futile.
Lucie releva la tête, les sourcils encore plus froncés qu'habituellement, mais se pencha vers le blond pour voir ce qu'il lui montrait du doigt.
- Tu n'as pas besoin de toutes ces informations. Si tu veux avancer réellement, tu dois connaître les propriétés des différents ingrédients, au moins les plus utilisés, et leurs réactions au contact de tel ou tel ingrédient. Savoir qui a découvert tel ou tel réaction peut faire parti de ta culture générale, mais ça n'a rien à faire dans des fiches de révisions. Tu dois un maximum rassembler tes idées, et tu n'as pas besoin de faire des textes, tries juste les ingrédients et leurs réactions à l'aide de points ou tirets.
Lucie recommença tout avec l'aide de Drago, et elle dut reconnaître que son aide lui avait été plus que précieuse. Elle n'avait jamais autant avancé, et le moment passé entre les deux ne fut pas désagréable. Aucune pique ni remarque acerbe ne fut adressée à l'autre, cela leur arriva même de plaisanter quelques fois. Ils passèrent donc un agréable moment ensemble, si agréable que la bibliothécaire fut obligée de les sortir presque de force de la bibliothèque lorsque l'heure de la fermeture sonna.
Ils se séparèrent presque à contre-cœur, l'une partant à droite en direction de son dortoir pour y déposer ses affaires, l'autre à gauche allant directement à la Grande Salle. Mais au moment où Lucie s'apprêtait à tourner au coin du couloir, Drago se retourna et l'appela.
- Bon, c'était sympa, mais cela ne se reproduira plus, dit-il, reprenant son air supérieur qu'il avait retirer au cours de l'après-midi, et tu n'en parles à personne.
Il tourna les talons, laissant derrière lui Lucie, qui ne put s'empêcher d'avoir un pincement au coeur.
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