𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟒

Sur le quai de la gare de King's Cross, l'euphorie était à son comble. Ça et là se trouvaient des familles qui pleuraient le départ de leur enfant, des élèves ravis de retrouver leurs amis et des premières années stressées par leur rentrée.

Lucie Boulois, se trouvait pour la première fois dans le Poudlard Express, à la recherche d'un compartiment vide. Arpentant les wagons les uns après les autres, elle ne fit pas attention au blond qui trainait au milieu du passage, en compagnie d'une brune à la tête de pékinois et d'un métis au cheveux courts. Percutant de plein fouet le blondinet, Lucie jura, les fesses au sol. Elle se releva rapidement, époussetant son pantalon moldu, et se tourna vers celui qu'elle venait de percuter. Ce-dernier la jaugeait du regard, la regardant de haut en bas, avant de lui adresser la parole. En effet, la jeune fille devant lui semblait avoir son âge, pourtant il ne l'avait jamais vu à Poudlard.

— Je ne t'avais jamais vu à Poudlard, tu es ? demanda-t-il.

— Ça ne te regarde pas, rétorqua-t-elle froidement.

— Tu sais à qui tu parles, petite peste? cracha la brunette, s'incrustant, sans y avoir été conviée, dans la conversation.

Le blondinet leva la main devant celle qui venait de parler, dans le but qu'elle se taise. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit, obtenant un regard narquois de Lucie.

— Etant donné que tu es nouvelle et que tu ne connais pas grand chose de Poudlard ni des élèves qui s'y trouvent... reprit le blond, finalement coupé par Lucie avant d'avoir pu finir.

— Jamais je n'ai dit que j'étais nouvelle.

— Je suis persuadé que tu l'es, rétorqua-t-il, balayant ses paroles d'un revers de la main. Je disais donc, puisque tu es nouvelle, tu ne sais pas encore qui sont les personnes que tu dois respecter, et celles que tu dois éviter. Moi, Drago Malefoy, suis quelqu'un que tu dois respecter. En revanche, si tu croises par inadvertance Potter et sa clique dans les couloirs, je te conseille de t'éloigner. Ou de leur mettre des bâtons dans les roues, c'est une possibilité aussi.

— Je prendrai en considération tes conseils, Drago Malefoy.

— Vraiment ? demanda le métis, qui n'avait pas encore parlé.

Lucie leur jeta un regard moqueur, avant de les dépasser, la tête haute.

— Bien sur que non.

Ces derniers mots clôturèrent la conversation, laissant planer un mystère sur la nouvelle.

Assise sur la banquette du compartiment vide que Lucie venait juste de trouver, elle souffla d'épuisement. Les retrouvailles ne s'étaient pas exactement passées comme prévu, et elle ne pouvait s'empêcher d'être déçue.

Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite que le trio d'or venait d'entrer dans son compartiment, stoppant bien vite son moment de tranquillité.

— Hum, commença Hermione, légèrement gênée.

En effet, Lucie dégageait le respect de manière naturelle, et son charisme rendait souvent les personnes autour mal à l'aise.

— Quoi ? fit Lucie, déjà exaspérée.

— On... On voulait savoir si on pouvait se mettre ici. Tous les compartiments sont pris, dit-elle rapidement, comme si c'était une bonne excuse. Ron et moi ne resterons pas longtemps, seul Harry sera là. C'est surtout pour déposer nos affaires enfaite.

— Vous laissez Harry tout seul ? Avec moi ? dit Lucie, un sourire narquois, et une lueur d'amusement brillant dans ses yeux.

- C'est que... On n'a pas tellement le choix, Ron et moi sommes préfets, et...

— Pardon ? la coupa Lucie. Vous êtes, vous deux, préfets ? Ron, et toi ?

— Heu... Oui, pourquoi ?

— Toi, Hermione, ça ne m'étonne pas, mais Ron ? Pourquoi ne pas avoir pris Harry ? C'est tellement plus logique et évident...

— Merci, hein, cracha Ron, vexé. Et je peux savoir pourquoi ça te paraît si improbable ?

— Parce que c'est toi, déjà. C'est Ron. Tes notes ne sont pas exceptionnelle, et tu n'es pas vraiment du genre à respecter le règlement. Enfin remarque, ce n'est pas la première fois que Dumbledore fait des choses inattendues, confia Lucie, autant pour eux que pour elle-même, les yeux dans le vague. Était-ce une erreur ? Personne ne le sait vraiment.

— Déjà comment connais-tu mes...

Mais Ron fut coupé par Harry.

— Ah bon ? questionna Harry, qui avait une confiance aveugle en Dumbledore, et qui ne pouvait pas croire que son cher directeur ait fait une erreur. Qu'est-ce qu'il a fait ?

— Il... commença Lucie, un sourire nostalgique sur les lèvres. C'est Sirius qui me l'a raconté. C'était à leur époque, et...

Mais elle fut coupée par Hermione qui, horrifiée, fixait la montre à son poignet.

— Oh mon Dieu, Ron, s'écria-t-elle, tu as vu l'heure qu'il est ? On doit être dans le wagon des préfets dans deux minutes ! Et c'est à l'autre bout du train !

Hermione, complètement paniquée à l'idée d'arriver en retard pour son premier jour en tant que préfete, saisit Ron par la manche et l'entraîna à sa suite dans une course folle. Il eût juste le temps d'écarquiller les yeux de surprise, qu'il se trouvait déjà hors de vue de Lucie et Harry.

Les deux étudiants se regardèrent, stupéfaits, avant d'éclater de rire. Harry se tenait le ventre, plié en deux, tandis que Lucie essuyait les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Alors que les deux étaient toujours entrain de rire, Ginny Weasley, Neville Londubat et Luna Lovegood ouvrirent la porte de leur compartiment, que Lucie avait réussi à fermer on ne sait comment, toujours pliée de rire.

Ginny ressentit une point de jalousie de voir Harry et une presque inconnue rire comme cela. Mais elle ne dit rien, préférant se racler la gorge pour leur faire savoir qu'ils étaient là.

Harry et Lucie les regardèrent, et le sourire que Lucie arborait disparu dès qu'elle vit la rousse. Harry eut la même réaction que Lucie, ce qui vexa Ginny. Mais avant qu'elle ne fasse une remarque qu'elle aurait plus tard regretté, ce fut Luna qui prit la parole.

— Bonjour tout le monde, commença-t-elle, de sa caractéristique voix rêveuse. On peut s'installer ici s'il vous plaît ?

Harry lança un regard à Lucie, qui avait sorti un livre, désintéressée. Il fallait tout de même l'avouer, elle était aussi agacée par la présence des autres étudiants, dont la venue avait coupé court à leur moment de joie.

Elle haussa donc les épaules en direction d'Harry qui, prenant son silence pour un oui, acquiesça.

Les trois arrivants s'installèrent, puis Neville prit la parole :

— Merci Harry, c'est le seul compartiment qu'on a trouvé. D'ailleurs, tu n'es que rarement seul, où sont Ron et Hermione ?

— Je ne suis pas seul, je suis avec Lucie, répondit Harry, présentant d'un geste de la main la jeune fille en face de lui.

Il ne savait pas vraiment quoi dire d'autre, il ne savait rien d'elle. Pourtant, il avait la sensation étrange qui lui disait qu'il pouvait lui faire confiance, surtout avec ce qui venait de se passer. Et puis, Hermione avait bien dit qu'ils ne la connaissaient pas, et que donc ça pouvait parfaitement être quelqu'un de confiance. Surtout qu'elle connaissait vraiment bien Sirius. Se posant mille et une question, il n'entendit pas Neville qui l'appelait.

— Harry, ouhou, Harry, on te parle.

— Pardon ? demanda Harry, sortant de ses pensées.

— J'étais, enfin on était, entrain de te demander où étaient Ron et Hermione. Et puis qui c'est cette fille ? dit Neville, pointant du doigt Lucie.

Lucie ferma brusquement son livre, et ouvrit la bouche pour répondre à Neville, mais Luna la coupa.

— Ce n'est pas très poli de montrer du doigt, tu sais, dit-elle de sa voix rêveuse. Tu devrais lui demander, je suis persuadée qu'elle te répondra.

Lucie adressa un petit sourire à Luna, avant de se tourner vers Neville.

— Pour répondre à ta première question, Ron et Hermione sont dans le wagon réservés aux préfets, oui, moi aussi ça m'a étonnée que Ron soit préfet, dit-elle en voyant les yeux de Neville s'agrandirent sous la surprise. Pour répondre à ta seconde question, je m'appelle Lucie Boulois, j'ai quinze ans et j'entre à Poudlard en 5e année.

Lucie reprit son livre, l'ouvrit, et lança un regard aux quatre élèves de son compartiment très clair, qui voulait dire : " Ne me dérangez plus ou je vous fais bouffer vos baguettes". Bien que le message soit clair comme de l'eau de roche, Luna ne le comprit pas et déclara, à l'égard de Lucie:

— Moi c'est Luna Lovegood et j'entre en 4e année. Je suis ravie de te connaître Lucie.

Cette dernière lança un regard doux et bienveillant à Luna par dessus son livre, avant de revenir à sa lecture. Elle l'aimait bien cette fille.

Lucie fulminait. Elle se trouvait à présent dans le hall devant la Grande Salle, les cheveux encore humides, frigorifiée. Ses yeux lançaient des éclairs, et elle se retenait d'exploser de colère. Sa rentrée dans l'école de sorcellerie la plus prestigieuse du monde était loin de se passer comme prévue, et elle avait envie d'égorger la bande de premières années qui se trouvait un peu plus loin et qui la regardait, apeurés.

En effet, cette bande de petits merdeux, comme les surnommait dorénavant Lucie, l'avait faite tombée à l'eau. Puisque c'était la première année de Lucie à Poudlard, elle avait eu le privilège d'arriver en barque ; mais hélas elle s'était retrouvée avec des premières années déchaînés et euphoriques, à qui les parents avaient raconté la légende du calamar géant du Lac Noir. Ils s'étaient donc mis en tête de le voir et avaient passé le trajet à se pencher vers le lac. Au début, il y avait deux des quatre garçons de son côté, et deux de l'autre, ce qui équilibrait. Mais, lorsque l'un des quatre avait crié avoir vu une tentacule, les deux autres garçons assis à côté de Lucie s'étaient rués de l'autre côté, se penchant au maximum. Lucie avait donc mis tout son poids de son côté pour empêcher la barque de se renverser, mais lorsque les quatre garçons avaient couru vers elle, disant que la tentacule était passée de l'autre côté, Lucie n'avait pas eu le temps de faire quoi que ce soit que la barque s'était brusquement penchée de son côté, et qu'elle s'était retrouvée à l'eau, embarquée dans son élan. Les quatre garçons avaient réussi, par chance - ou malchance, cela dépendait de quel point de vu on se plaçait - à ne pas faire renverser la barque, et donc à ne pas tomber. Lucie, nageant pour regagner la barque, n'avait pas manqué de leur hurler dessus et de les insulter, les menaçant des les torturer jusqu'à ce que mort s'en suive. Rarement les quatre garçons avaient eu l'occasion de voir quelqu'un aussi énervé. Mais nager dans une tenue inappropriée, dans un lac regorgeant de créatures en tout genre tout en hurlant à pleins poumons n'était pas l'idée de l'année, et Lucie s'était bien vite retrouvée épuisée, tandis que les barques s'éloignaient. Le professeur Gobe-Planche se trouvant dans la première barque et les quatre premières années dans la dernière, personne de compétant n'était en mesure de l'aider. C'était finalement le calamar géant, au grand bonheur des quatre idiots, qui avait attrapé Lucie et l'avait ramenée sur la terre ferme. Lucie avait maugré un merci, tout en traversant un grand parc. C'était après avoir traversé tout le parc qu'une Lucie frigorifiée avait atteint Poudlard. Minerva McGonagall, après avoir elle aussi hurlée sur les quatre étudiants ainsi que sur le professeur Gobe-Planche, qui ne s'était pas laissée faire et avait dit que c'était de la faute de Lucie si elle était tombée, avait aperçu la jeune fille morte de froid dans le parc. Elle avait accouru auprès d'elle, l'avait réchauffée à l'aide d'un sort, et lui avait offert un chocolat chaud. Lucie était ensuite partie prendre une bonne douche chaude et s'était changée, ce qui avait retardé la Répartition d'une bonne demi-heure, bien qu'elle n'en eut rien à faire.

Lucie se trouvait donc là, les cheveux humides à cause de la douche qu'elle venait de prendre, appuyée contre un mur, à regarder les quatre imbéciles de premières années avec un regard à faire pâlir - si c'était encore possible - Voldemort.

Dans la Grande Salle, l'atmosphère était tout autre. Si d'habitude le temps d'attente avant le buffet semblait insurmontable pour certains, aujourd'hui, tous pensaient qu'ils allaient mourir de faim. Pourquoi ça prend autant de temps? C'était la question qui tournait en boucle dans les conversations. À priori, disaient certains, quelqu'un est tombé dans le lac. Beaucoup se moquaient, se demandant si la rumeur était vraie, mais ils allaient bien vite se refroidir lorsqu'ils verraient qui était tombé dans le lac. L'année dernière, quelqu'un est tombé dans le lac, se rappelaient d'autres, mais la Répartition n'avait pas été autant retardée. Ils finissaient souvent par hausser les épaules, avant que le sujet de conversation ne change.

Du côté des lions, Harry avait un mauvais pressentiment. La rumeur de quelqu'un qui serait passé par dessus bord était parvenue à ses oreilles, et il avait l'étrange sensation que ce serait Lucie, bien qu'il ne puisse expliquer comment il était arrivé à cette conclusion.

Ce fut quelques minutes plus tard que la porte de la Grande Salle s'ouvrit, montrant la directrice de la maison Gryffondor, un vieux chapeau et un tabouret à la main, suivie par une trentaine de nouveaux élèves impressionnés par la beauté de la Grande Salle, plus particulièrement par le plafond de cette dernière. Au bout de la file, fermant la marche, se trouvait une jolie rouquine aux yeux émeraudes. Ses cheveux humides attachés en chignon vite-fait, ses vêtements neufs et la mine particulièrement énervée de Lucie confirmèrent les doutes chez le Survivant : c'était bien Lucie qui était tombée dans le lac. Et ses futurs camarades allaient passer un sale quart d'heure.

Après une chanson du chapeau bizarre et la répartition des premières années que Lucie n'avait pas écouté, vint son tour. Elle se fit rapidement présentée par le directeur, chose qu'elle n'écouta pas non plus, avant de s'avancer, la tête haute, en direction du tabouret. Elle s'assit, se tint droite, son regard prenant une teinte hautaine, scrutant la salle. Elle reconnut plusieurs visages familiers, notamment les quatre imbéciles, à qui elle lança un regard encore plus froid que la normale, avant de commencer une discussion avec le chapeau, appelé Choixpeau, à présent sur sa tête. Elle eut une grimace de dégoût, ne voulant même pas savoir combien de têtes étaient passées là dessous, avant de se concentrer sur ses paroles.

- Mmm, tu es intelligente... très intelligente... Mais ta place n'est pas à Serdaigle, bien que tu aies les qualités requises, tu ne t'épanouirais pas comme tu devrais. Poufsouffle? Bien que tu sois loyale et travailleuse, tu ne te développerais pas au mieux, comme Serdaigle. Mmm, j'hésite... Les deux prochaines maisons te conviendraient parfaitement... Tu es quelqu'un de très courageux, très très courageux, et tu mourrais pour protéger les tiens... Cela me rappelle ton père, tiens... Et ton intelligence me rappelle ta chère mère... Mmm, pourtant je pense que ta place est à Serpentard. Oui... Tu es maligne, tu sais te servir de ton intelligence pour te sortir des pires situations... Et tu es déterminée... Tu as de grand projets, et... Non? Pas Serpentard? Pourtant... Tu es sur? Ah, tu veux le rejoindre, pour le protéger... Bien, si tu es sûre, je vais t'envoyer là-bas. Tu t'épanouiras très bien là-bas aussi, ce ne sera pas un choix que je regretterai... je dis donc... GRYFFONDOR !

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