𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑

1 Septembre 1995, 10h

— Tout est prêt? questionna une voix sortie de nulle part.

Lucie sursauta, lâchant son sac. Elle le ramassa avant de se tourner vers Sirius, dont la tête se trouvait dans l'entrebâillement de la porte. Elle lui sourit, avant d'acquiescer et, valise à la main, sac sur l'épaule, elle sortit de sa chambre. Elle jeta un rapide coup d'oeil à la pièce, un brin nostalgique, avant de se retourner et de suivre Sirius dans le couloir.

Lucie venait à peine de poser un pied dans le corridor que Molly l'interpella :

— Ah ma chérie, tu es déjà prête. Si tu as faim, il reste encore un peu de biscuits que j'ai cuisiné hier. Donne moi tes affaires, je m'en occupe. Et si tu t'ennuies, tu peux aller aider les autres à finir leurs valises. Certains, comme Ron viennent à peine de commencer.

Molly adressa un grand sourire à Lucie, qui ne put s'empêcher de lui rendre la pareille, bien que son sourire fut plus léger, étirant à peine ses lèvres. Elle hocha la tête, remerciant Molly, et remonta les escaliers pour voir où en était la petite bande. La main sur la poignée de la porte de leur chambre, elle entendit son nom dans la conversation, et stoppa tout geste pour écouter :

— Vous pensez qu'on peut lui faire confiance? questionna une voix masculine.

— À qui? demanda une autre voix, cette fois-ci plus féminine.

— Bah à Lucie, qui d'autre? répondit une troisième.

La première voix ressemblant à celle de Harry, et la deuxième Hermione, Lucie conclue que la troisième appartenait à Ron.

— Pourquoi ne pourrait-on pas lui faire confiance ? demanda Hermione.

— Pourquoi? s'estomaqua Ron, pourquoi ? Récapitulons, Hermione : une fille inconnue sort de nulle part, elle connaît la moitié de l'Ordre mais on l'a jamais vu, d'ailleurs Dumbledore n'avait pas l'air content qu'elle soit là, elle connait Rogue, elle est mystérieuse, elle ne nous parle jamais, elle...

— C'est bon on a compris, Ron. Mais vous jugez sans connaître, soupira Hermione.

— Le premier jour, j'ai posé ma main sur son épaule, elle m'a attrapé le bras, je sais pas trop ce qu'elle a fait, je me suis retrouvé incapable de bouger à répondre à un interrogatoire, raconta Harry, se remémorant leur première rencontre.

— Peut-être, mais...

Une main se posa sur l'épaule de Lucie, qui sursauta brusquement, prise la main dans le sac.

— Tu comptes rentrer ou...

La main appartenait à une autre rousse, que Lucie reconnut comme étant la dernière des Weasley, et la seule fille de cette grande famille, Ginny Weasley.

— Je...

— C'est pas bien d'écouter aux portes. Mais ne t'en fais pas, je dirai rien. Il y eut une pause, avant que Ginny reprenne, haussant les sourcils. Bon tu entres ?

— Euhh... Lucie se décala vers la gauche, laissant le passage à Ginny. Non, vas-y. De toute façon, j'ai bien compris que je n'étais pas la bienvenue.

Ginny baissa les yeux, honteuse. Bien que la pique ne lui était pas clairement destinée, elle devait avouer que personne, elle non plus, n'avaient fait d'efforts pour l'intégrer.

Les valises dans les taxis, les provisions bien dans les sacs, les adolescents montaient un à un dans les voitures direction la gare King's cross. Lucie, en retrait, regardait les autres rires d'une énième blague des jumeaux, lorsque Sirius la prit à part, juste avant qu'elle ne monte en voiture. Après avoir échangé quelques mots banals, Sirius lui tendit une photo.

— C'est... remarqua Lucie, les larmes lui montant aux yeux.

— C'est nous, dit Sirius en souriant. Là, ce sont James et Lily. Ils n'arrêtaient jamais de se chamailler, c'était... leur marque de fabrique. Lucie rit, entre les larmes. Là, c'est Remus, avec un livre. Il avait tout le temps un livre. Le sourire de Lucie n'avait jamais été aussi éclatant. Elle rayonnait de bonheur, à ce simple souvenir. Et là, c'est moi, allongé contre l'arbre.

— Qui est la fille dans tes bras? demanda Lucie, curieuse.

Il y eut une pause, durant laquelle les yeux de Sirius se remplirent de larmes.

— Emilie. Emilie Stanford. Je l'aimais, comme jamais je n'avais aimé personne.

— Que... Que lui est-il arrivée?

— Un... Un jour... je... j'étais en mission, et...

Sirius avait du mal à lui raconter ce qui s'était passé. Malgré James, qui lui répétait sans cesse que ce n'était pas sa faute, la culpabilité le hantait. Peut-être que s'il n'était pas parti en mission ce jour-là, elle serait toujours là, à ses côtés. Lucie le ramena à la réalité :

— Elle... elle est morte?

— Je... je sais pas. On n'a jamais su.

— Je ne comprends pas, dit Lucie, en fronçant les sourcils.

— On avait une piste, sur l'endroit où se cachait les Rosier. Ils avaient brusquement disparu de la circulation, pile au moment où on avait des preuves pour les envoyer tout droit à Azkaban jusqu'à la fin de leurs jours. Mais ce n'était qu'un leurre, pour m'attirer loin de chez moi. On y est allé, avec James et d'autres Aurors, mais il n'y avait personne. J'ai senti que quelque chose clochait, j'avais un mauvais pressentiment. A l'époque, si nous avions un point faible, c'était Em'. Elle était appréciée par tout le monde, c'était un peu la petite sœur à protéger, bien qu'avec moi c'était différent. S'il y avait quelqu'un à qui les Mangemorts devaient s'en prendre pour atteindre tout le monde, c'était bien elle. Mais ça, ils n'étaient pas censés le savoir.

— Comment ça?

— Elle avait une prestance qui incitait le respect. Je ne sais pas si tu comprends, mais elle avait ce truc... Ce truc qui te disait qu'elle était invincible, et que ça ne servait à rien de s'en prendre à elle, elle vous battrait. C'était une cause perdue pour eux. Mais ils ont appris qu'elle avait des failles, et que ce serait un énorme coup s'ils la kidnappaient, s'ils lui faisaient du mal.

— Comment l'ont-ils appris? demanda Lucie, passionnée par ce petit brin d'histoire de Sirius et de ses parents.

— Peter.

— Oh le...

— Je sais. Je disais donc, ce jour là, j'étais en mission, j'avais ce pressentiment, et dès qu'on s'est rendu compte que c'était des bobards cette nouvelle piste, je me suis précipité chez nous.

— Nous? questionna Lucie, un sourire en coin et les yeux brillants d'une lueur d'amusant.

— Nous avions pris un appartement ensemble, répondit Sirius, les joues légèrement rouges.

— Oh...

— Arrête avec ce sourire en coin ! Lucie éclata de rire. Bref, je disais donc, avant que tu ne me coupes pour des futilités...

— Ce ne sont pas des futilités ! s'exclama Lucie, faussement outrée.

— Tu veux que je finisses ou..?

— Vas-y, termine, on va bientôt y aller. D'ailleurs ça m'étonne que Molly ne m'ait toujours pas appelée.

— RONALD WEASLEY, s'écria subitement la voix de la concernée. EST-CE QUE JE PEUX SAVOIR POURQUOI JE VIENS DE TROUVER UN CALEÇON À TOI ACCROCHÉ À UNE LAMPE DE CHEVET ?! J'ESPÈRE POUR TOI QU'IL N'EST PAS USAGÉ !

Ron sortit brusquement du taxi dans lequel il était installé, rouge comme ses cheveux de honte, se faisant charrier par les jumeaux. Sirius et Lucie se regardèrent un bref instant avant de rire aux éclats. Le fou rire passé, Sirius reprit son histoire, avant qu'il ne soit trop tard, assombrissant l'atmosphère.

— Lorsque je suis arrivé, l'appartement était dans un état lamentable. Les meubles étaient en morceaux, nos affaires étaient déchiquetées et on pouvait voir sur le mur des traces d'explosion. C'était un véritable carnage. Je me suis précipité dans notre chambre, dans l'espoir de la trouver, mais elle n'était pas là. Je ne sais même pas si elle est encore en vie.

— Tu... tu gardes espoir?

— Toujours.

Le regard perdu dans le vide, la bonne humeur de Sirius s'était envolée. Comme il l'avait dit, il gardait espoir. Parce que c'était tout ce qui lui restait. L'espoir.

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