𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟎
- C'était vraiment n'importe quoi votre bagarre avec Seamus, soupira une énième fois Lucie en tapotant un coton imbibé d'alcool sur une plaie.
- Ce serait plus rapide, plus facile, et plus efficace de se servir de la magie, esquiva Drago.
- Tu en es dépendant, répliqua Lucie. Comme bon nombres de sorciers. Et lorsque vous vous retrouverez sans votre baguette, vous serez perdus, vous ne saurez plus quoi faire. Alors tais-toi et apprends, un jour tu me remercieras.
- Je vois pas pourquoi... Aïe! Couina le blond alors que Lucie venait d'appuyer plus fort son coton sur la plaie.
La rouquine lui lança un sourire sonnant faux avant de recommencer à désinfecter ses blessures, enfin dans le silence.
- Tu sais que cette position serait très étrange dans un contexte différent?
Ah bah non, finalement le silence ne dura pas longtemps.
- Tu ne sais donc jamais la fermer? Soupira la Gryffondor.
- Tu ne peux avouer le con... Aïe! Ça fait deux fois, t'as pas le droit d'utiliser ce moyen pour me faire taire!
- Bien sûr que si, j'ai le droit, répliqua Lucie. Et si tu continues il se pourrait que malencontreusement j'appuie à chaque fois trop fort.
Drago ne dit rien mais lança un regard noir très explicite sur ses pensées.
Alors que le silence était enfin présent et semblait vouloir rester, au grand bonheur de Lucie, la porte de la classe dans laquelle se trouvait les deux étudiants s'ouvrit brusquement, claquant contre le mur.
- Mais qu'est-ce que vous fabriquez ici tous les deux? s'exclama Harry Potter en entrant brusquement dans la pièce, l'air passablement énervé. Et dans cette position en plus?
Bien que Lucie s'était reculée dès qu'elle avait entendu Harry entrer, le jeune homme avait eu le temps de voir la rouquine debout entre les jambes du blond, qui lui était assis sur une des nombreuses tables en bois de la salle de classe.
Harry n'était pas dupe. Son amie était proche, trop proche, de celui qu'elle était censée considérer comme son ennemi.
- On élève des dragons Potter, ça ne se voit pas? Répondit sarcastiquement Malefoy,
- Pas trop non, répliqua le brun.
- Et toi Harry, que fais-tu là? Demanda Lucie, tentant de détourner la conversation qui n'était point en sa faveur.
- Je voulais te parler. Seuls, ajouta Harry en lançant un regard oblique au blond.
Drago sauta de la table sur laquelle il était assis, tout en élégance et en finesse. Il ne voyait pas l'utilité de rester dans la pièce s'il n'était plus seul avec Lucie.
- Je vous laisse alors... Mais si vous pouviez éviter de faire des mini-Potter, ce serait gentil. Un suffit.
Le blond sourit faussement, de la même façon que Lucie l'avait fait quelques minutes plus tôt, avant de sortir de la salle de classe à l'abandon, sans oublier de donner un coup d'épaule à Potter.
Le brun soupira en levant les yeux au ciel avant de se tourner vers Lucie, très sérieux.
- Qu'est-ce que tu fais avec lui, Lucie? C'est de la graine de Mangemort, sans oublier tous ses autres défauts.
- Je fais ce que je veux, Harry, tu n'es pas mon père, répliqua Lucie en croisant ses bras sous sa poitrine, prise par une bouffée de colère. Et Drago n'est pas une graine de Mangemort.
- Alors c'est Drago maintenant? répondit Harry, prenant la même position que la rousse. Son père est un Mangemort, comment veux-tu qu'il n'en devienne pas un lui aussi? Peut-être même qu'il l'est déjà et qu'il s'est rapproché de toi dans le seul but de te faire du mal et par extension de me faire du mal.
- Tu délires, Harry.
- Son père est un Mangemort, c'est parfaitement logique. C'est même peut-être un ordre de Lucius Malefoy lui-même.
- Son père ne me... Et puis pourquoi tu es là Harry? Comment m'as-tu trouvée?
- Ça ne ferait pas plaisir à Sirius en plus, esquiva le brun.
- Je traîne avec qui je veux, Sirius n'a rien à dire à propos de mes fréquentations. Surtout quand on voit ce qu'il faisait avec les siennes, répliqua la rouquine.
Harry recula d'un pas en voyant la colère qu'il avait déclenché chez la jeune fille, avant de se rapprocher d'elle, déterminé.
- Ce mec est nocif, toxique, tout ce que tu veux. Il ne t'apportera que des problèmes.
- Je suis née dans le pétrin, Harry. Et ce n'est pas avec toi que ça s'est réglé.
Harry répondit par un regard noir, avant de jeter sur une table un parchemin. Des lignes noires s'étalaient un peu partout sur le papier, et lorsque Lucie s'en saisit et l'observa de plus près, elle put même voir des traces de pas avec au-dessous de petites étiquettes indiquant le nom de la personne à qui appartenaient les pas.
- La... La carte des Maraudeurs? murmura Lucie, calmée comme par magie.
- Yep, elle appartenait à mon père, Sirius, et Remus. C'est eux qui l'ont créé, dit Harry en s'approchant doucement de Lucie, ému lui aussi. Ce sont les jumeaux qui me l'ont donnée lors de ma troisième année. Ils m'ont expliqué comment l'utiliser, comment sortir discrètement de Poudlard pour aller à Pré-Au-Lard...
- Mais c'est que tu étais déjà un délinquant à 13 ans! S'esclaffa la Gryffondor en donnant un coup de coude dans les côtes de son ami.
- Ouais, c'est venu tôt, rit Harry.
Ils restèrent plongés dans le silence quelques minutes, regardant pensivement les petites étiquettes se déplacer, leur colère envolée.
- Je connaissais l'existence de la carte, reprit Lucie, coupant le silence agréable qui s'était installé entre eux. Sirius et Remus m'en avaient parlé.
Harry hocha la tête, ne sachant que dire.
- C'est bizarre, reprit finalement le garçon. J'ai l'impression que ton étiquette a un problème.
- Un problème? S'inquiéta immédiatement Lucie.
- Ton nom se floute parfois, répondit Harry, concentré. Il m'arrive d'avoir l'impression de voir un P ou un T au lieu d'un B ou d'un L. Mais il me suffit de cligner des yeux pour que tout redevienne normal.
- Tu devrais changer d'opticien Harry, rit nerveusement Lucie en tapotant l'épaule de son ami.
- Tu dois avoir raison, dit Harry en haussant les épaules.
Lucie se détourna du brun et commença à ranger son matériel d'infirmière, avant qu'il ne reprenne :
- Toi aussi tu le sens, n'est-ce pas?
- Pardon?
- J'ai un mauvais pressentiment. Mais je suis persuadé que tu le ressens aussi.
- Je... oui. Oui je le sens; il va se passer quelque chose de grave dans très peu de temps.
- J'ai peur, Lucie, murmura l'adolescent.
Un adolescent qui avait grandi trop vite, et vécu trop de choses pour son jeune âge.
- Je ne l'avoue jamais, reprit-il, mais j'ai peur. Peur de la guerre, peur de perdre mes proches, peur de tuer.
- Peur de mourir?
Harry baissa la tête vers le sol, regardant fixement ses pieds.
- Je n'ose pas l'avouer, j'en ai même honte.
- Tu ne devrais pas, Harry, le réconforta Lucie en s'approchant de lui, avant de le prendre dans ses bras. C'est normal d'avoir peur.
L'étudiant hocha doucement la tête, cette dernière enfouie dans le cou de son amie. Il tenta comme il put de les retenir, mais les larmes franchirent la barrière de ses cils et coulèrent le long de ses joues, mouillant le col de la robe de Lucie.
Ils restèrent là, un long moment, dans les bras l'un de l'autre. Les larmes dévalaient les joues, les yeux rougissaient, les reniflements augmentaient, mais malgré tout ils restaient là, dans leur bulle. C'était un moment de faiblesse diraient certains, mais pour eux, c'était un regain d'énergie.
Concluant qu'il n'entendrait plus rien d'interessant, Drago Malefoy s'éloigna définitivement de la salle dans un léger bruissement de cape. Maudit Potter, marmonna-t-il entre ses dents. L'abruti de Gryffondor lui avait volé son moment, et se trouvait maintenant dans ses bras.
Il allait se venger, parole de Drago Malefoy.
***
- C'est toi, n'est-ce pas? murmura Lucie, les yeux embués de larmes.
Drago ouvrit la bouche, mais aucun mot n'en sortit.
- Je veux juste savoir pourquoi, dit Lucie la voix tremblante.
Drago tendit une main vers Lucie, mais elle se recula vivement. En voulant se venger, il avait tout brisé.
- Il... il était si proche de toi, et... balbutia le blond.
À présent, il avait l'impression de n'être qu'un imbécile.
- Il est entre la vie et la mort! s'écria Lucie, les larmes coulant à flots. Et tu me dis quoi? Qu'il était proche de moi?!
Drago se mordit la lèvre.
- Il... il va se remettre, a assuré Pomfresh, répondit-il d'une petite voix.
- Mais quand! cria une nouvelle fois la rousse, démunie, ses bras retombant le long de son corps. Dans deux heures, peut-être... ou bien deux ans!
- Je... je suis désolé.
Jamais Drago ne s'était excusé.
Jamais il ne s'en était voulu.
Jamais il n'avait ressenti cette culpabilité qui semblait lui ronger les entrailles.
Mais jamais il n'avait eu ce besoin irrépressible de montrer le vrai lui à quelqu'un.
Jamais il n'avait eu envi d'être parfait pour quelqu'un.
Jamais il n'avait ressenti l'ombre des sentiments qu'il éprouvait pour Lucie.
Jamais son coeur ne s'était mis à battre plus vite lorsque quelqu'un s'approchait de lui.
Jamais il n'avait remarqué que dans des yeux, on pouvait y voir autant de nuances de vert.
Jamais il n'avait cru qu'on pouvait observer autant une personne sans jamais s'en lasser.
Jamais... jamais il n'était tombé amoureux.
- Je suis désolé, d'accord! s'écria-t-il soudainement, comme s'il se réveillait. Mais j'étais jaloux!
- Jaloux! répéta Lucie. Pourquoi, hein?! Parce qu'il est mon ami?
- Parce qu'il a une relation avec toi dont je ne pourrai jamais avoir le tiers!
Un long silence, pesant, s'installa dès que les mots sortirent de sa bouche. Lucie cligna des yeux une, deux, trois fois, mais son cerveau ne semblait pas vouloir comprendre ce que Drago venait de dire.
- C'est vrai, continua le blond, prêt à tout déballer. Vous êtes tellement complice, toujours ensemble, à vous comprendre en un seul regard, à...
- Mais on est meilleur ami! s'exclama la rousse, au bord du désespoir.
- Meilleur ami, hein? répéta Drago, bien qu'il n'en crut pas un mot. Ça se voit comme le nez en plein milieu de la figure que vous êtes bien plus, lorsque vous êtes seuls, cachés des autres dans votre Salle Commune. Je parie même qu'il vient te voir la nuit, dans ton lit...
- Mais on est frère et soeur! s'écria Lucie, n'en pouvant plus d'entendre ces atrocités sortir de la bouche du Serpentard. On est jumeaux!
Elle ne se rendit réellement compte de ce qu'elle venait de dire que lorsqu'elle vit le teint de Drago blanchir encore plus qu'il ne l'était avant. Elle était pourtant certaine qu'il ne pouvait être plus pâle.
- Ju... jumeaux? Toi et Potter, vous....vous êtes... de la même famille? balbutia Drago, éberlué.
Lucie ouvrit grand les yeux, se rendant compte de la gaffe qu'elle venait de commettre.
- Je... oui. En réalité, je m'appelle Lucie Lily Potter. Et je suis la jumelle de Harry Potter.
Drago cligna des yeux plusieurs fois, le temps que l'information et ce qu'elle entraînait monte jusqu'à son cerveau.
- Mais alors... il n'y a jamais rien eu entre vous?
- Non. Jamais.
- J'ai... j'ai tout gâché? murmura le blond, sa vue se flouttant.
Lucie se mordit la lèvre, tandis qu'une larme dévalait sa joue. Elle se détourna et partit, sans un mot.
Et Drago pleura pour la première fois de sa vie.
***
Révélations révélations! Mais je parie que vous vous en doutiez déjà...
À la semaine pro'!
Lucilemim
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top