𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐

Lucie se réveilla dans une chambre familière, qui lui avait d'ailleurs beaucoup manquée. Le sourire aux lèvres, elle s'habilla d'un vieux T-Shirt trop grand pour elle à l'effigie de Gryffondor et d'un short de Quidditch tout aussi vieux et rouge, et descendit les escaliers jusqu'à la cuisine, où elle se prépara un petit déjeuner très moldu.

Alors qu'elle se dandinait sur une musique qu'elle fredonnait, une main se posa sur son épaule. Elle sursauta, puis se retourna brusquement. Par réflexe, Lucie fit alors une clé de bras à la personne qui l'avait touchée, sans regarder qui c'était. Elle ne reconnut pas la chevelure brune de son pseudo-agresseur, et commença alors un interrogatoire :

— Nom, prénom, âge, date de naissance, année scolaire, baguette et groupe sanguin.

— Potter, Harry, 15 ans, 31 juillet 1980, j'entre en 5e année, houx, plume de phénix, 27,5 cm souple et facile à manier, et bah... je pense pas que mon groupe sanguin ne te serve à quelque chose. De toute façon je ne le connais pas.

Lucie avait, au fur et à mesure des informations, relâché la pression qu'elle tenait sur Harry. Elle le lâcha finalement complètement, et s'excusa rapidement.

— T'inquiète pas, c'est pas grave, je comprends. Par les temps qui courent, mieux vaut se méfier de tout et de tout le monde.

Il lui adressa un petit sourire, auquel elle répondit faiblement.

— Et toi ? la questionna Harry.

— Moi quoi ? répondit Lucie, en fronçant les sourcils.

— Bah, comment tu t'appelles, quel âge as-tu, tu es née quand... Enfin tout ça quoi.

— Lucie, 15 ans. C'est tout ce que tu dois savoir pour le moment.

Harry fronça les sourcils. Tout cela était bizarre pour lui. Une fille qui débarque de nulle part, qui l'attaque sans raison, et qui ne se présente pas vraiment... Il avait des raisons de s'inquiéter. Elle cache quelque chose, pensa-t-il immédiatement.

Un silence pesant s'était installé entre eux. Ils hésitaient tous les deux à le briser, quand une voix féminine retentit :

— ROOOON ! SORS D'ICI TOUT DE SUITE ! RONALD WEASLEY EST-CE QUE TU M'ÉCOUTES ?!

— C'est Hermione qui crie, l'informa Harry. C'est ma meilleure amie.

— Ah, répondit Lucie, ne sachant quoi dire de plus.

— Et elle crie sur Ron, ajouta-t-il. Mon meilleur ami.

— T'as beaucoup de meilleurs amis dis donc.

— Euh... Ouais... Fin... Je... balbutia Harry, ne sachant plus quoi dire.

— C'est pas une critique, hein, dit-elle, en essayant de détendre l'atmosphère.

Ils ne parlèrent plus pendant un long moment. Bien que chacun essayait tour à tour, la discussion finissait toujours par retomber, et le silence reprenait sa place.

— Ahh, vous vous êtes enfin rencontrés les enfants, dit une voix sortie de nulle part.

— Sirius, comment vas-tu aujourd'hui ? demanda Lucie.

— Tout va pour le mieux maintenant que je sais que vous êtes en sécurité, répondit Sirius. Toi en revanche, tu n'as pas l'air bien reposée.

— Je... tenta Lucie.

— Elle s'est réveillée tôt pour nous préparer un petit-déjeuner, enchaîna Harry, voyant que Lucie ne savait pas quoi dire.

— Bah oui, j'ai préparé des tartines de Nutella, tu en veux ? hasarda-t-elle.

— Du Nutella... Qu'est-ce que c'est ? Je ne me souviens pas en avoir acheté... répondit Sirius, surpris par cette nouvelle chose.

— Je l'ai acheté dans une boutique moldue. C'est délicieux, tiens, dit Lucie, en tendant une tartine à Sirius.

— Wow, exquis. Nupla, c'est ça ?

— Nutella, par... Sirius, Nutella, se rattrapa Lucie.

— Une merveille pour les papilles, continua Sirius.

— Moi aussi je peux goûter ? demanda Harry, qui avait été oublié par les deux autres.

— Oui bien sûr, s'empressa de dire Lucie. Tiens.

— Ah ouais, c'est trop bon, dit Harry après avoir goûter. Je peux...

— Tiens, répondit Lucie en lui tendant une assiette pleine. Je n'ai plus faim de toute façon.

— Que faites vous tous réunis? demanda une autre voix.

— Ah Molly, Lucie nous a fait goûter quelque chose de délicieux, c'est moldu et...

Mais Lucie n'écoutait plus. Elle était discrètement partie, tandis que la cuisine se remplissait peu à peu. Elle se promenait dans la maison, pourtant loin d'être inconnue.

Elle se souvenait encore très bien du jour où elle avait découvert cette maison ; à l'époque, sa vie n'était pas encore trop compliquée. Cela lui arrivait souvent de transplaner d'une ville à l'autre pour découvrir de nouveaux horizons. Bien sur, transplaner était interdit à cet âge là, mais le cas de Lucie était... particulier.

Ce jour là, elle avait décidé de transplaner direction Londres, la capitale dont elle avait tant entendu parler, et qui l'avait toujours fascinée. Elle s'était d'abord dirigée vers les monuments connus, avant de s'éloigner et de profiter des rues moins fréquentées. Elle s'était, à l'époque, trouvée une nouvelle passion, en rapport avec celle du transplanage: regarder le numéro de chaque maison pour qu'au bout de la rue elle sache le nombre de maisons qui composaient la rue. Une passion plus que bizarre, mais qui l'amusait malgré tout.

C'est comme cela qu'elle avait remarqué qu'il manquait le numéro douze du square Grimmaurd. Elle n'arrêtait pas d'y penser, lorsqu'une maison était apparue, semblant s'étirer et écarter les autres. Lucie avait alors souri. C'était astucieux, et personne n'y aurait fait attention, à moins d'être passionné par les numéros de maison.

Oui, vraiment, personne n'aurait fait attention.

Elle s'était alors approchée de la grande porte en bois, et avait toqué timidement. Ne recevant aucune réponse, ni réaction, elle avait poussé la porte de cette étrange demeure. Des tableaux représentant des personnes qui lui étaient inconnues, étaient accrochés aux murs de l'entrée. Puis l'une avait crié, lui ordonnant de déguerpir. Lucie était alors partie en courant, poussant un cri de frayeur.

Elle était revenue quelques jours plus tard, approfondissant chaque fois son expédition de la maison. Lucie avait alors fait de cette demeure son abris. Jusqu'au jour où elle avait rencontré Sirius. Mais cela, c'est une autre histoire.

Lucie était plongée dans ses pensées, et ne se rendit pas compte tout de suite que ses pieds l'avaient emmenée devant une porte, puis s'étaient arrêtés. Cette porte lui était bien connue, mais elle n'osait pas la pousser.

Une main se posa alors sur son épaule, la faisant sursauter:

— Un jour, tu réussiras à y entrer comme avant. Mais je doute que ce soit aujourd'hui. Et puis, de toute façon, tu as tout le temps dont tu as besoin, la rassura Sirius. Cette maison te sera toujours ouverte. Même après ma mort.

— Ne dis pas ça, lui répondit Lucie. Ton heure n'est pas encore arrivée.

— Peut-être l'est-elle. Peut-être que c'est pour bientôt. Qui sait? La contredit  Sirius.

— Moi, je le sais. Ton heure n'est pas encore arrivée. Tu as encore des milliers de choses à faire et à vivre, rétorqua Lucie.

Un petit sourire s'était dessiné sur les lèvres de Sirius. Il avait toujours adoré Lucie, plus particulièrement son caractère déterminé. Il savait qu'ils allaient la gagner, cette guerre, Lucie en étant même l'élément clé. Beaucoup pensaient que c'était son filleul, Harry, mais lui savait que c'était elle.

Bien sûr, Harry y jouerait un grand rôle lui aussi, mais Lucie encore plus. Il l'avait vue, elle était capable de grandes choses, et était dotée d'une puissance magique hors norme. Elle allait devoir surmonter des épreuves. De lourdes, qui la détruirait. Mais il savait aussi qu'elle réussirait. Et lorsque tout sera enfin fini, ils vivraient ensemble, tous les trois. Il ne restait plus qu'à attendre, et à être fort.

— Tu vois, tu ne dis rien. Tu sais que j'ai raison. J'ai toujours raison de toute façon, répliqua Lucie.

— Oui petite puce, lui répondit Sirius en lui caressant les cheveux. Tu as toujours raison. Allez, maintenant va te reposer.

— Quoi ! s'exclama Lucie. Mais je viens de me réveiller !

— Certes, mais tes cernes ne trompent pas. Tu as besoin de beaucoup plus que d'une bonne nuit de sommeil. Tu as au moins besoin d'une semaine.

— C'est bon t'as gagné...

— Aussi vite? S'étonna Sirius.

Un sourire diabolique étira les lèvres de la jeune fille. Son regard malicieux ne trompait pas, elle s'apprêtait à faire une bêtise.

Elle se mit alors à courir le long du couloir. Avant que Sirius n'ait pu comprendre quoi que ce soit, Lucie avait déjà dévalé la moitié des escaliers. Sirius s'élança donc à sa poursuite, riant aux éclats. Lucie aussi riait. Elle était heureuse avec Sirius, il était comme un père pour elle. Elle savait que ces moments de bonheur se feraient de plus en plus rare, alors elle s'y accrochait comme à une bouée de sauvetage, pour ne pas se noyer.

Attirés par le boucan que provoquait Sirius et Lucie, les personnes présentes dans la demeure se précipitèrent vers la source de bruit. Qu'elle ne fut pas leur surprise, lorsqu'ils virent la rouquine de 15 ans riant aux éclats, coursée par le trentenaire. Lucie, qui avait les larmes aux yeux tant elle riait, ne vit pas la dernière marche. Une expression de frayeur prit place sur son visage, avant qu'elle ne s'écrase la tête la première dans un bruit sourd. Sirius n'eut pas le temps de comprendre ce qui venait de se passer, qu'il trébucha lui aussi et s'allongea de tout son long sur la jeune femme. Il y eut un blanc, où plus personne ne riait, inquiets pour les deux à terre. Puis, Lucie éclata de nouveau de rire. Son corps était parcouru de soubresauts, tant elle riait. Sirius ne tarda pas à la rejoindre, vite suivit des jumeaux Weasley. Leur mère leur lança un regard noir, qui indiquait clairement que ce n'était pas drôle, mais cela ne fit que plus rire les jumeaux. Finalement, Molly suivit, ainsi que toutes les personnes présentes dans la pièce.

Lorsqu'ils furent à peu près calmés, Sirius se releva. Il tendit sa main à Lucie, qui s'empressa de la prendre. Enfin debout, elle observa les personnes autour d'elle. Il y avait Dumbledore dans un coin, Remus et Tonks, deux personnes qu'elle appréciait énormément, en face d'elle, Sirius à ses côtés, Harry à côté d'une belle brune, et une ribambelle de roux un peu partout dans l'espace restant. Elle en compta en tout six, deux adultes et quatre adolescents. Elle leur adressa à tous un léger sourire, avant de jeter un regard à Remus et Tonks, pour qu'ils disent quelque chose et couper le silence qui venait de s'installer.

Ce fut Dumbledore qui le coupa, en s'avançant vers Lucie, une lettre à la main. Sa cape mauve retombait sur le sol, et un léger bruit de froissement se faisait entendre à chacun de ses pas. Lucie l'observait attentivement, essayant de deviner ce qu'il allait faire. il ne fallut pas longtemps pour qu'elle remarque la lettre que le Directeur tenait à la main. Elle écarquilla d'abord les yeux, espérant que c'était ce qu'elle croyait. Lucie regarda Sirius, ses yeux grands ouverts et un large sourire se dessinant sur ses lèvres. Il hocha discrètement la tête, et elle comprit. Lucie posa sa main droite sur sa bouche, légèrement entre-ouverte, partagée entre la joie et le choc. Dumbledore lui tendit la lettre, qu'elle prit d'une main tremblante. Finalement, sa main droite quitta sa bouche pour venir ouvrir la lettre. Tous les regards étaient sur elle, mais elle s'en fichait. Elle avait l'impression qu'elle était seule, dans un rêve. Elle avait imaginé des centaines de fois recevoir cette lettre, mais au fil des années, elle avait compris que jamais elle ne verrait son nom dessus. Elle décocha le sceau de cire, et sortit de sa main tremblante le parchemin jaunit. Elle dut relire plusieurs fois la lettre, pour comprendre que c'était bien réel.


COLLÈGE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE

Directeur : Albus Dumbledore

(Commandeur du Grand-Ordre de Merlin Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers)

Chère Mrs Boulois,

Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.

La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.

Veuillez croire, chère Mrs Boulois, en l'expression de nos sentiments distingués.

Minerva McGonagall

Directrice adjointe

Une larme s'échappa de son oeil, roulant le long de sa joue. Elle papillonna des yeux, sa vue se brouillant. Elle se tourna vers Sirius, et lui sauta au cou. Elle lâcha la lettre, tout en éclatant en sanglots. Elle savait que c'était grâce à Sirius, si elle pouvait enfin réaliser son plus grand rêve : aller à Poudlard. Pour beaucoup, ce n'était pas grand chose, c'était plutôt normal. Mais pour Lucie, qui avait passé sa vie à fuir, les moments de bonheur se raréfiant au fur et à mesure des années, c'était comme une récompense, un accès à tout ce qu'elle avait toujours voulu, tout en étant une protection. Elle ne serait plus autant en danger, et elle pouvait enfin respirer.

Ce moment, bien qu'émouvant, en intrigua certains, notamment Fred Weasley. Que pouvait-il bien y avoir sur cette lettre pour que la rousse se mette à pleurer? Il s'approcha de la lettre, mais au moment où il s'apprêtait à la saisir, Molly lui gifla la main. Fred retira vivement sa main, tandis que sa mère se saisissait du parchemin pour le rendre à sa propriétaire. Cette dernière, qui s'était détachée de Sirius, fit un signe de tête en tant que remerciement au près de Molly, avant de se tourner vers le groupe et de déclarer d'une voix forte :

— Poudlard, me voilà !

Un grand sourire aux lèvres, elle s'éloigna, la tête haute, avant de rajouter :

— Au faite, moi c'est Lucie.

Se retournant, elle leur fit un clin d'oeil avant de s'éclipser.

Les jeunes se regardaient, tous quelque peu abasourdis. Cette jeune fille à la chevelure de feu, avait fait plus que bonne impression.

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