𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟔

Les objets volèrent dans la pièce. L'un s'écrasa contre le mur, volant en éclats. L'autre finit dans la cheminée, vite carbonisé.

La table, elle, était brisée contre le sol. Les cris de Fumseck résonnaient dans le bureau directorial, l'oiseau mécontent.

Cela lui fit penser à Funk lorsqu'il n'avait plus le droit à des verres.

Harry tourna son visage plein de larmes vers celui de Lucie, dans le même état. Les deux étudiants étaient seuls dans le bureau, en attendant l'arrivée imminente du directeur, qui était resté au Ministère après la bataille.

- Allez viens-là, murmura la rouquine, ouvrant grand ses bras.

Le brun s'y précipita, et s'empressa de resserrer son étreinte sur Lucie.

- Dis-moi que c'est faux... dis-moi qu'il n'est pas mort...

Mais le sanglot étouffé de la jeune fille était explicite.

Harry se mit alors à crier dans les bras de sa sœur, avant de se mettre à pleurer. Les larmes dévalaient ses joues, il était parcouru de hoquets. Jamais ce n'était arrivé à Harry de pleurer autant. Alors il s'accrocha encore plus à Lucie.

Elle était comme le mat de son bateau, la bouée de sauvetage au milieu de la mer. Il en avait besoin car sinon il s'écraserait, il mourrait.

Mais la rouquine avait autant besoin de lui. Alors elle s'accrocha à Harry encore plus. Parce qu'il était le seul, le dernier membre de sa famille.

- Je suis tout seul maintenant, tout seul...

Lucie caressa les cheveux de son frère, dans une vaine tentative de le rassurer.

- Je suis toujours là, moi.

Mais sa voix se brisa, sous la tristesse et l'émotion. Comment être là pour quelqu'un alors qu'on est nous même au plus bas?

- C'était le dernier, le seul lien, que j'avais avec ma famille...

Son souffle resta bloqué dans sa gorge. Il n'était pas au courant. Il ne savait pas qu'il avait une sœur. Il ne savait pas qu'elle était sa sœur.

Était-ce le bon moment pour lui dire? Il n'y avait pas de moment propice pour ce genre de chose, mais s'il savait, peut-être qu'il irait mieux. Ou au contraire, il serait de plus énervé qu'on lui ait caché cela pendant si longtemps.

Elle devait le faire. Elle devait lui dire. Maintenant.

Lucie posa ses mains sur les épaules d'Harry, l'éloignant d'elle. Les yeux bouffis, rougis par les larmes, et les traces qu'elles avaient laissées sur ses joues lui brisèrent le cœur.

Alors elle les effaça lentement de son pouce.

- Lucie...

Ses yeux se remplirent de larmes. Harry n'avait jamais été aussi triste. Son cœur semblait se déchirer dans sa poitrine.

- Harry, je... J'ai quelque chose à te dire.

Le brun fronça les sourcils.

- C'est vraiment, vraiment très important, continua Lucie la voix tremblante.

Ses mains suivirent le mouvement de sa voix. Le stress montait, et la boule dans sa gorge l'empêchait de parler.

- Il... il y a quelque chose que tu ne sais pas. J'aurai dû te le dire, je le sais, mais Dumbledore ne voulait pas.

Lucie détourna le regard. Elle ne pouvait regarder ces yeux émeraudes, transparents d'émotions, plus longtemps.

- Tu... tu n'es pas seul. Je veux dire, s'empressât de rajouter Lucie alors qu'Harry s'apprêtait à la couper, que dans ta famille, tu n'es pas seul. Tu... tu n'es pas le seul enfant de Lily et James Potter. Je suis née quelques minutes avant toi, Harry. Je suis ta jumelle.

Et elle releva les yeux, plongeant dans l'océan émeraude des iris d'Harry. On pouvait y lire de l'incompréhension. Beaucoup d'incompréhension.

Un vase vola en éclat un peu plus loin, ancien vestige de la casse. Et Dumbledore apparut dans l'âtre de la cheminée, précédé par une explosion de flammes vertes.

***

- Je comprends parfaitement ta colère, Harry.

La voix posée et calme de Dumbledore rajouta une couche de colère sur ce que Harry ressentait déjà. 

- Non! Non, vous ne comprenez pas! s'écria-t-il, en se levant brusquement de sa chaise. 

Le dossier bascula en arrière et s'écrasa au sol dans un claquement sourd, mais le brun n'y prêta pas attention. 

- Si, je...

- Non! Vous m'avez caché toute ma vie ma soeur! Ma jumelle! 

Les yeux de Harry s'embuèrent de larme, mais il refusa de les laisser couler. Pas devant elle. 

- J'ai toujours été seul! Toujours! Je me sentais vide, en plus d'être mis à l'écart et différent, et vous m'avez caché la dernière personne de ma famille. La dernière!

Le vieil homme soupira. Les mains croisées sur son bureau, il ne s'attendait pas à devoir gérer cette révélation, en plus du retour officialisé de Voldemort.

- Écoute moi Harry.

La voix de Dumbledore se fit plus ferme lorsqu'il vit son protégé se diriger vers la porte. 

- Non. Vous m'avez assez menti. 

Harry abaissa brusquement la poignée, montrant toute sa colère dans le bruit. Mais la porte ne s'ouvrit pas.

- Laissez-moi sortir, grogna le Gryffondor. 

Harry voulait sortir, courir, s'enfuir. Il n'en pouvait plus de rester dans cette pièce où tous les tableaux l'observaient fixement. Il se sentait oppressé par ces regards.

- Reviens t'assoir, Harry. Je dois te parler, à toi et ta soeur. 

Ma soeur. Cela résonnait bizarrement dans la tête du brun. 

Un coup d'oeil vers Lucie lui fit hésiter. La rouquine avait les larmes aux yeux, bien qu'elle ne les laissait pas couler, et le fait que ce soit peut-être de sa faute le mettait en rogne. 

Mais il était têtu, et ne se laissa pas faire facilement. 

- Je peux rester debout, répliqua-t-il d'une voix glaciale qu'on ne lui connaissait pas. 

Lucie se mordit la lèvre. La jeune fille savait qu'annoncer cela à Harry alors que ça faisait bientôt un an qu'ils se connaissaient n'allait pas bien se passer, mais rajoutons-y la mort de Sirius et ça donnait une catastrophe. 

Sirius

Un sanglot lui échappa, attirant les regards vers la rousse. Regards qu'elle évita, préférant de loin regarder au dehors la pluie tomber à flots plutôt que montrer sa faiblesse. 

Harry s'assit à côté  de sa soeur, oubliant qu'il était décidé à faire le contraire de ce qu'on lui demandait. Le jeune homme entoura les épaules de la rousse de son bras, et leurs regards émeraudes se croisèrent. Ils sourirent tous deux, oubliant qu'ils n'était pas seuls dans cette pièce. Pensant au fait qu'ils ne seraient jamais seuls. Pensant qu'ils auraient toujours leur moitié. 

- Je dois vous parler de quelque chose d'autre, les coupa Dumbledore dans cette silencieuse promesse d'être toujours là l'un pour l'autre. Lucie, peut-être es-tu déjà au courant ou bien l'as-tu compris de toi-même, mais si Voldemort cherche à vous tuer, ce n'est pas un hasard. 

Les iris d'un ciel des beaux jours du directeur se posèrent sur Harry. 

- Mais tout d'abord, Harry. Ne t'es-tu jamais demandé pourquoi ce lien entre Voldemort et toi? Pourquoi tu arrivais toujours à savoir s'il était là, déguisé ou non? 

Harry haussa un sourcil. 

- Ma cicatrice. 

Dumbledore balaya ses paroles de la main. Il n'était pas encore temps de parler de ceci. 

- Ce lien s'est raffermi depuis que Voldemort est revenu l'an dernier. Il t'a permis de sauver Mr Weasley. Ce qui a entraîné des cours d'occlumancie. Ne t'es-tu jamais demandé pourquoi ce n'était pas moi qui t'avais donné ces cours, mais le professeur Rogue?

Harry ne prit pas la peine de répondre. Le directeur allait lui donner la réponse, de toute façon.

- Voldemort s'est, de toute évidence, rendu compte de ce lien qui vous unissait. Et je savais que cela arriverait, d'un jour à l'autre. Alors j'ai décidé de m'éloigner de toi, pour qu'il ne t'utilise pas contre moi, pour qu'il ne te possède pas comme il l'a fait aujourd'hui. Mais j'ai compris une chose grâce à cette erreur. Son but n'était pas de me tuer à travers toi, Harry. Son but était que je te tue, dans l'espoir de le tuer en même temps, lorsqu'il était en toi. 

- Mais pourquoi veut-il tant me tuer? 

- Voldemort ne t'a pas envoyé au Département des Mystères pour s'amuser. Il voulait que tu retires la prophéties de son socle, car seuls les personnes auxquelles elles font référence peuvent les retirer de leur étagère. 

- Si je comprends bien... la maîtrise de l'occlumancie aurait empêché Voldemort de s'introduire dans mon esprit et de le contrôler? demanda Harry.

Dumbledore acquiesça d'un hochement de tête. 

- Par conséquent, si je m'étais entraîné... Sirius ne serait... ne serait...

Il ne pouvait le dire. Dire clairement où était Sirius rendrait les choses trop réelles. 

Lucie fronça alors les sourcils.  

- Attendez une seconde... Nous ne nous sommes pas jeter dans la gueule du dragon comme ça. Kreattur nous a affirmé que Sirius n'était pas là.

- Kreattur a menti, répondit Dumbledore. Vous n'êtes pas ses maîtres, par conséquent, il n'avait aucun compte à vous rendre et aucune vérité à vous avouer. 

Mais Lucie sut que le directeur ne disait pas tout. 

- Il a fait autre chose? 

- Kreattur n'appréciait pas le moins du monde Sirius. Alors lorsqu'il lui a crié "Dehors", l'elfe l'a pris au mot et a quitté la maison, avoua le vieil homme. Il est allé voir Narcissa Malefoy, anciennement Black, seule membre de cette famille pour qui il avait encore du respect. Il lui a raconté tout ce qu'il pouvait, tout ce que Sirius n'avait pas interdit à Kreattur de dire.

- Comment le savez-vous? 

- Qu'a-t-il dit? demanda Lucie en même temps.

- Il me l'a dit lorsque je suis arrivé au QG, peu après l'alerte donnée par Rogue. Kreattur ne pouvait répéter la localisation de notre QG, mais il pouvait dire que Sirius était une des personnes les plus importantes pour vous, que vous seriez prêts à tout pour le sauver...

Dumbledore se tut, regardant attentivement les réactions des jumeaux. Il observa leurs visages se décomposer, puis Harry s'énerver:

- Donc tout est la faute de Kreattur?!

Mais Lucie n'avait pas compris les choses de la même façon. 

- Vous pensez que c'est à cause de Sirius, n'est-ce pas? À cause de sa négligence envers l'elfe et sa haine envers lui qu'il n'a jamais tenté de dissiper.

Le directeur ne dit rien, confirmant par son silence ce que venait de dire Lucie. Ce qui fit monter dans les tours Harry:

- Ce n'est pas la faute de Sirius! Sirius était quelqu'un de bon, à qui il est arrivé de mauvaises choses! Cet elfe était infect, avec tout le monde! C'est même de votre faute! Vous l'avez enfermé dans cette maison qu'il redoutait le plus! Vous...

Lucie attrapa le bras du brun et le força à se rassoir. 

- Est-ce que vous avez encore des choses à nous avouer ou nous pouvons y aller? 

Dumbledore se leva doucement de sa chaise.

- J'ai, en effet, encore de nouvelles choses à vous apprendre. 

Lucie se retint de lever les yeux au ciel, mais le soupir de son frère ne manqua pas. 

- Je t'ai trop ménagé, Harry. Beaucoup trop. Mais aujourd'hui, tu dois savoir pourquoi Voldemort cherche tant à te tuer, et pourquoi c'est tes parents qu'il est allé voir cette nuit-là. 

Les jumeaux se levèrent d'un bond. D'un mouvement du menton, Dumbledore leur fit signe de s'approcher. Une fois la Pensine sortie, il expliqua:

- La prophétie que tu es allé récupérer, Harry, Voldemort ne la connaît pas en entier. En revanche, moi, je peux te la montrer. 

- Mais je l'ai brisée...

- En effet, tu l'as brisée. Mais ce n'était qu'une copie pour le Département des Mystères. Mes souvenirs, à moi, sont toujours là. Car c'est à moi qu'elle a été faite.

Lucie attrapa le poignet de son frère. Allait-elle entendre la sienne aussi? De son autre main, ses doigts froids entrèrent dans sa poche et caressèrent la surface froide de ce qui renfermait son avenir.

- Allez-y.

Les jumeaux plongèrent la tête dans l'eau bleutée. Des filaments noirs se dispersèrent dans l'eau trouble, tandis que les deux étudiants atterrissaient sur le sol dans un bruit sourd. 

Ils étaient dans une vieille auberge délavée et sombre. Par moment, on entendait des craquements et des frottements de chiffons contre du verre. 

Une silhouette enveloppée de châles s'approcha d'un Dumbledore très ressemblant à celui d'aujourd'hui, quelques rides en moins. 

- Enchantée, Sybille Trelawney, se présenta la femme en tendant sa main vers le directeur. 

Ils échangèrent une poignée de main avant de commencer l'entretien. Mais vite, le directeur comme les jumeaux comprirent qu'elle n'avait pas les dons de son ancêtre. Alors que Dumbledore s'apprêtait à la congédier et lui refuser le poste, les yeux de la femme roulèrent dans leurs orbites, elle fut prise de spasmes, et commença à clamer d'une voix rauque qui n'était pas la sienne:

- Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore...et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... Celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois...

Les jumeaux se firent alors propulsés du souvenir, mais ils avaient bien compris de qui parlait Sibylle et le résultat de l'entretien. Harry devrait tuer Voldemort, ou mourir de sa main. Mais quel était le rôle de Lucie dans tout cela? 

***

Il est tard, je sais... mais ceux qui me suivent depuis quelques temps ont compris que je ne postais jamais tôt!

Il faut dire qu'entre les cours et l'écriture, j'ai du mal à gérer... Je viens juste de terminer ce chapitre, j'avais en plus du mal à l'écrire: pas d'inspi!

Mais heureusement c'est les vacances la semaine prochaine, l'occasion pour moi de finir cette première partie et de prendre de l'avance!

Alors à la semaine prochaine,

Lucilemim  

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