Chapitre 8 - Déchirement
Klaus avait dormi trois jours durant. Lorsqu'il se réveilla, il contempla la cave dans laquelle il avait dormi soixante-douze heures. Cette cave était petite et exiguë, les murs en ciment rendait la pièce très froide, d'anciens meubles de la famille qui un temps vécut se trouvaient là. Mais il n'y avait pas une seule trace d'Andrew.
Ce ne fut que quelques minutes plus tard qu'Andrew fit irruption dans la pièce :
« - Bonjour la marmotte ! Lança-t-il.
- Où sommes-nous ? Lui demandait son ami inquiet.
- C'est la cave d'une maison partiellement détruite, on est à Lewes, une petite commune. Tiens prends ça, c'est du thé, ça te fera du bien !
- Merci ! Humm ! Je n'ai jamais bu un thé aussi délicieux ! Comment as-tu fait pour faire du thé dans cette ruine ?
- Rien de plus simple, j'ai trouvé dans cette cave du charbon, des allumettes et pour le thé, j'ai dû fouiller les maisons aux alentours, mais trouver du thé en Angleterre, c'est comme trouver des saucisses en Allemagne, tu es bien placé pour savoir ça ! Dit Andrew cocasse. »
Klaus riait à cela, il savourait son délicieux thé, certes, il savait que cela faisait cliché, mais c'était tellement bon. Plus tard dans la journée, Andrew annonça quelque chose à son ami :
« - Tu sais Klaus, j'ai ma famille qui vit pas loin et je ne sais pas s'ils sont en vie, je voudrais m'y rendre...
- Aucun soucis, je t'accompagne si tu veux ?, lui proposa Klaus.
- Sincèrement, je suis désolé mais me voir avec un Allemand, ils ne comprendront pas et me répudieront. Je m'y rends et je reviens, ça ne prendra pas beaucoup de temps, répondait Andrew gêné.
- Je... Je comprends... Vas-y.
- Leur maison n'est qu'à quelques kilomètres de là, je ferai l'aller-retour dans la journée..., informait le Britannique.
- Ne te soucies pas de moi ! Fonce retrouver les tiens ! »
Andrew quitta la cave et Klaus se mit à pleurer en pensant à sa famille. Avait-il encore sa famille ? Étaient-ils tous encore en vie ? Comment allaient-ils ? Où étaient-ils ? Klaus retrouvera-t-il un jour les siens ?
« - Et ensuite ?, demandait Klara Dietriech.
- Ensuite..., hésita le vieux Klaus Neumann, ensuite... Je n'ai plus jamais revu Andrew... Il est parti ce jour retrouver les siens et n'est plus jamais revenu dans cette cave. Mais avait-il retrouvé les siens ? Aujourd'hui encore, je ne sais pas...
- Mais qu'avez-vous donc fait ?, interrogea Klara éprise de l'histoire.
- J'ai attendu encore quelques jours, j'ai rassemblé mes affaires, j'ai trouvé du papier et une plume et j'ai laissé un mot à Andrew, si éventuellement il reviendrait.
- Vous rappelez-vous du contenu de cette lettre que vous lui avez laissée ?, chercha la journaliste.
Le vieil homme hocha la tête et dit :
- Du plus profond de ma mémoire, je crois que c'était...
Cher Andrew Presting
Cela fait maintenant quatre jours que tu es parti retrouver les tiens. Si tu ne reviens pas, j'ose espérer que tu les as retrouvés. A cela, je te souhaite tout le bonheur possible. C'est marrant, mais je pense à toi avec plusieurs personnes dont je ne distingue pas les visages et vous êtes tous au coin d'une cheminée en feu. C'est ma vision utopiste de la famille...
Mais comprends-tu, je ne vais pas passer toute ma vie ici et moi aussi je pense à ma famille qui me manque terriblement. C'est pourquoi, par la présente, je t'annonce que je pars, je pars retrouver aussi les miens.
Jamais je n'oublierai tout ce que tu as fait pour moi, comme je suppose que toi aussi tu n'oublieras jamais ce que j'ai fait pour toi. C'est décidé, je pars, je pars en Allemagne.
Peu importe les fous qui la gouverne, l'Allemagne, c'est mon pays, c'est une partie de moi et je me dois d'y retourner, mais crois bien que jamais je ne servirai les nazis. Je lutterai toujours contre ceux qui se pensent Allemands alors qu'ils ne sont que des monstres fascistes.
Très amicalement Klaus.
Juillet 1944.
A l'écoute de cette lettre émouvante, Klara essuya une larme et reprit :
« - Comment êtes-vous retourné en Allemagne ? »
Klaus se gratta le front :
« - Je n'en ai qu'un souvenir très flou...
- Vous vous souvenez au moins de quelque chose ? Répétait la journaliste.
- Oui !, fit le vieillard, Oui ! Je me souviens avoir pris un bateau de Douvres jusqu'à Hambourg...
- Quel a été votre ressenti lorsque vous avez posé le pied sur le sol Allemand ? »
Monsieur Neumann semblait confus :
« - Je...je ne me souviens pas...
- Essayez !, suppliait Klara.
- Oui ! Oui ! Je me souviens !!, hurlait l'homme, le dégoût ! Voilà mon ressenti ! Le dégoût ! J'ai été dégoûté de voir que les nazis avaient réduit notre pays à l'état de ruine et son peuple à l'état d'esclave ! C'est pour ça que je suis parti m'installer en France ! »
Klara avait du mal à suivre :
« - Mais...vous disiez ressentir le besoin d'aller retrouver les vôtres et votre pays ?
- Oui, c'est exact !, s'énervait Klaus, mais j'ai appris très vite que ces chiens... Ces salopards..., Klaus pleurait.
- Qu'ont-ils fait Klaus ?, demandait-elle. »
Le pauvre homme pleurait à chaude larmes :
« - Ils les ont massacrés !! Ils ont massacré ma famille ! Tous sans exception ont été torturés puis fusillés comme des bêtes ! »
Le vieil homme s'effondrait de malheur. Et Klara aussi, sans savoir vraiment pourquoi, elle semblait touchée, émue, triste... :
- Pourquoi ?
- Pourquoi ?!, reprenait Klaus, parce que ce sont des Neumann ! Les Neumann ont toujours eu un caractère résistant, ils se sont opposés au nazisme et cela les a tués ! Je suis si fier de cette famille, des combattants, des résistants ! Et ce n'est pas prêt de s'arrêter là !
- Comment ça ?, s'interrogea Klara, sur vos documents civils, il est écrit que vous n'avez aucun descendant !
- Ce ne sont que des bêtises ces choses-là ! J'ai bien un seul et unique descendant ! »
Klara était perdue :
« - Mais pourquoi son nom n'est-il pas mentionné dans vos papiers ?
- Il m'a été enlevé ! Mais je sais que ce descendant est vivant ! Je sais qui il est et où il est !, S'époumonait le vieil homme.
- Qui et où ?, disait Klara complètement confondue.
- Vous le saurez bien assez tôt ! Et cette personne est plus proche que vous ne le pensez !, hurlait le vieil homme. Klaus semblait avoir la rage en lui.
- Qui vous l'a pris ?, voulait savoir Klara
- Des néonazis me l'ont enlevé ! J'ai passé ma vie à sa recherche, en vain ! Mais aujourd'hui, j'ai l'intime conviction qu'il là, qu'il m'observe ! Et qu'au plus profond de lui, il se sent Neumann ! Il est là ! Il est là !! Il est là !!! »
L'homme semblait complètement incontrôlable et fou. De dehors, le personnel hospitalier entendit les cris du vieillard, ils firent sortir Klara et administrèrent des calmants au pauvre homme. Klara souhaitait retourner avec lui ce que les infirmiers refusèrent :
« - Madame Dietriech, Klaus Neumann est fragile ! Il a besoin de se reposer ! Partez, nous allons nous occuper de lui ! »
Klara sentait la colère monter en elle :
« - C'est ça oui espèce de monstre !! »
L'infirmier haussait le ton :
« - Surveillez votre langage !
- C'est tout ce que vous avez à me dire ! Vous êtes tous minables ! Vous voyez bien qu'il souffre, il souffre du chagrin ! Il a besoin d'une présence !
- Nous sommes là pour lui Madame !, répétait l'aide-soignant.
- Vous mentez !! Tout ce que vous faites, c'est de lui donner des calmants ! Vous le droguez ! Tout ça pour qu'il se taise et qu'il vous laisse tranquille ! Vous êtes monstrueux ! Vous n'êtes pas humain !, ainsi sortait la juste colère de Klara.
- Je vous interdis de m'insulter !, hurlait le garde-malade.
- S'il lui arrive quoi que ce soit... Je vous promets que vous aurez de mes nouvelles ! C'est un camp de concentration cet hosto ! Vous êtes des bourreaux !, hurlait-elle en se faisant expulser par les agents de sécurité. »
Les gardes l'emmenèrent jusqu'à sa voiture. Elle monta dedans et là les nerfs tombèrent, elle s'effondra sous un massif torrent de larmes. Une fois calmée, Klara rentra chez elle, les larmes coulèrent toute la nuit.
Voilà, ce chapitre est à présent terminé ! On espère sincèrement que les péripéties de Monsieur Neumann et Mademoiselle Dietriech auront su vous plaire ! Vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre et nous lire, alors Merci ! Continuez votre lecture avec le chapitre suivant !
Rédigé par les Éditions Café
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