Chapitre 5 - Fuyards
Une semaine était passée après la fraternelle rencontre. Les vivres des deux amis ainsi que les quelques denrées présentes dans les réserves du Manoir ne suffisaient plus. La réalité revint aux hommes, il fallait fuir et se cacher, mais où. Depuis, Klaus marchait de nouveau mais il ne tenait pas longtemps debout.
Aussi, force est de constater que les deux militaires s'étaient habitués aux entités qui hantaient le château, d'ailleurs les phénomènes étranges avaient diminué d'intensité, peut-être que les fantômes eux aussi s'étaient accommodés de leurs colocataires.
Une nuit, Andrew quitta le Domaine des Pendus pour rejoindre un village non loin de là, il avait dans l'idée de trouver un abri faisant office de cachette pour le reste de la guerre, car oui, il était impossible pour ces derniers de rentrer chez eux. Mais il fallut bien se rendre à l'évidence ; qui accepterait d'héberger, ou plutôt, de cacher deux « déserteurs » ? Cela pourrait être considéré tel de la Résistance ou bien de la Coopération... En rentrant au château, Klaus proposa une solution à son compère :
« - J'ai une suggestion à te faire Andrew ! Il faut impérativement que nous nous débarrassions de nos uniformes...
Andrew le coupa :
- Même les armes ?
- Bien sûr que non ! Nous sommes quand même en guerre, cela pourrait malheureusement nous servir ! Lui répondit Klaus.
- Tu as de quoi nous rhabiller au moins ? Parce que je sais que le naturisme est tendance en Allemagne mais vois-tu, ce n'est pas ma tasse de thé, répondit l'Anglais... »
Klaus riait :
« - Non ! Je ne suis pas adepte de ces choses-là ! Il doit bien y avoir quelques fringues dans ce château !
- Allons donc voir ! Ajouta Andrew. »
Force est de constater que le Manoir était plus grand que prévu ! Le tandem mit longtemps avant de tomber sur des caisses pleines d'habits pour ainsi dire assez usagés, mais peu importait. Ils s'équipèrent aussi de sacs à dos mirent dedans leurs armes, des munitions ainsi que vivres et papiers. C'était décidé, ils partiraient le soir même à l'aventure, sans savoir vraiment où aller, pourquoi pas la zone libre, pourquoi pas l'Angleterre... Seul le destin trouvera réponse à cela.
« - Quelle heure est-il ? Demanda Klaus. »
Andrew sortit alors une simple montre de sa poche et dit :
« - Il est très exactement vingt-trois heures et cinquante minutes.
- Bref, nous partons dans dix minutes ! Affirma Klaus !
- Entendu ! »
La montre afficha minuit, le tandem leva le camp, il quitta le Domaine des Pendus, ils n'y remettront plus jamais les pieds. Désormais en civils, le duo devait se rendre dans un endroit où personne ne les trouveraient. Mais ce n'était pas chose facile : où aller ? Que faire une fois caché ? Comment manger ? A qui faire confiance ? Comment survivre ? Tant de questions auxquelles le binôme sera confronté tôt ou tard. Bien sûr, il fallait se rendre à l'évidence, marcher sans savoir où aller n'avait aucun sens, et Klaus s'en rendit vite compte, il arrêta de marcher et se posa sur un tronc d'arbre mort :
« - Qu'est-ce qu'il y a Klaus ? Fit Andrew, tu n'abandonnes pas après cinq-cents mètres de marche tout de même ?!
- Non, bien sûr !, répondit l'autre, mais on ne sait même pas où on va ... »
Andrew s'approcha de lui :
« - Écoute, je sais que c'est pas facile à vivre mais on va pas attendre sur le paillasson du château que la guerre se termine !, Le Britannique sortit une carte de France de son sac où il pointa la Basse-Normandie, tu vois, on se trouve à peu près ici, d'après ce que disaient d'autres soldats la veille de l'assaut du Manoir, la Haute-Normandie serait plus calme et moins envahie par les Allemands, on pourra se cacher là-bas ! De plus, on va pouvoir prendre contact avec la Résistance, ils nous protégeront et nous cacheront ! »
L'Allemand rétorqua :
« - C'est facile à dire pour toi ! Tu es Anglais, tu es l'allié de ces braves hommes et femmes mais moi, tu oublies que je suis Allemand ! Qui dit qu'ils vont m'accepter ? Qui dit qu'ils se tairont sur mon sort ? Car je te le rappelle que si les nazis savent que je suis en vie, ils verront que je n'ai pas réintégré les rangs et je serai considéré comme déserteur ! Et tu connais le sort que l'on réserve aux déserteurs ! Alors voilà pourquoi j'ai peur, voilà pourquoi je me méfie de tout le monde ! Mais de toute façon, je n'ai pas le choix, nous n'avons pas le choix ! Alors partons ...
- De toute façon cher ami, jamais je ne te lâcherai ! Tu m'entends ? Jamais durant cette maudite guerre je ne te lâcherai ! Déclara le brave Andrew. »
Deçà, Andrew tendit sa main pour aider Klaus à se relever, les deux hommes se firent plusieurs tapes dans le dos -signe évident d'amitié-. Et ils marchèrent encore longtemps, le plus souvent loin des routes, et atteignirent la Seine en quelques jours.
Il fallait traverser le fleuve, mais ceci se ferait de nuit.
Le doux Soleil et l'horizon ne faisaient plus qu'un, les ténèbres allaient progressivement recouvrir le Monde, ce serait le moment propice pour la traversée du tandem. En attendant la meilleure occasion de traverser, Andrew et son compère restèrent cachés.
Enfin, le duo sentait le bon moment arriver, ils se donnèrent plusieurs conseils avant de se jeter à l'eau :
« - Bon, tu sais Klaus, fit Andrew, je me suis déjà baigné dans la Seine et je peux te dire que ce ne sera pas une partie de plaisir ! Elle regorge moult dangers !
- Lesquels ?
- Eh bien, le courant peut y être parfois très fort, de plus, l'eau est assez froide et est très profonde par endroit ! Alors fais bien attention ! Conseilla le Britannique. »
Les deux hommes entrèrent discrètement dans l'eau froide du fleuve.
« Mon dieu que c'est froid ! », pensait Klaus. Mais l'ennemi n'était pas très loin, il fallait être rapide et furtif à la fois. Tout se passa bien...
« - Et après avoir franchi la Seine, que s'est-il passé ensuite ? Demandait Klara Dietriech, toujours éprise de cette histoire.
Le vieil homme contait ces péripéties comme s'il les vivait encore :
« - Après cette longue et périlleuse traversée, nous sommes arrivés en Haute-Normandie dans un somptueux village dont le nom m'échappe... Laissez-moi me souvenir... Ah oui voilà ! Villequier ! Oh, ce patelin m'a tant rappelé ma vie d'écolier ! Ah les Misérables, les Contemplations, Pauca Meae et tous les autres...! Mais revenons au fil de l'aventure ! Si vous le voulez bien !
- Avec joie ! Souriait Klara. »
Mais une aide-soignante vint interrompre leur conversation révélatrice et mit Klara dehors sans aucuns prétextes. « Ah ces aides-soignants ! Ils n'ont rien d'autres à faire ! Plutôt que de veiller aux malades mourants, il faut qu'ils viennent nous déranger...! », Pensa la journaliste. Elle gagna le parking puis ensuite son chez-soi, il faisait déjà nuit. Encore une longue nuit blanche à attendre la suite de cette incroyable histoire. Et pourtant, la fatigue gagna vite la jeune femme qui s'endormit alors devant sa série favorite.
Les oiseaux chantaient dans les chênes. Le Soleil oranger se levait majestueusement. A contrario, Klara était beaucoup moins majestueuse au lever... Elle se leva péniblement, elle avala un café corsé en deux-temps-trois-mouvements, fit une toilette et fonça vers l'hôpital. Sa voiture, pour ainsi dire, son bolide fonçait sur les grandes avenues vides. Elle prenait un gros risque en dépassant de cinquante kilomètres la limitation de vitesse maximale autorisée. A cette vitesse-là, la feuilliste arriva très vite à l'hôpital ; les couloirs en dédale n'avaient plus aucuns secrets pour elle, cette dernière retrouva aisément la chambre de cet homme qu'elle admirait tant.
« - Ah entrez ma chère !, dit le vieil homme en la voyant.
- Vous n'imaginez pas à quel point la nuit m'a parue longue Monsieur Neumann !
Déclarait la journaliste. »
A cela, l'homme arbora un doux sourire. Il s'installa confortablement dans son lit d'hôpital et continua précisément de là où il en était la veille.
Voilà, ce chapitre est à présent terminé ! On espère sincèrement que les péripéties de nos deux soldats auront su vous plaire ! Vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre et nous lire, alors Merci ! Retrouvez le chapitre suivant dès maintenant !
Rédigé par les Éditions Café
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