Chapitre 3 - Débarquement


Depuis maintenant quatre années, le pavillon bleu, blanc, rouge ne volait plus au vent de la Douce France. Car la France déchue portait désormais les couleurs nazies. Les soldats d'Hitler avaient envahi la presque totalité du pays. Et nous étions à quelques jours d'une opération militaire qui allait renverser la suprématie nazie qui jusqu'à présent tyrannisait la population. Cette opération, c'était le Débarquement en Normandie.

La veille de la grandiose opération, des renforts Allemands arrivèrent partout autour du Mur de l'Atlantique. A Vierville-sur-Mer, petite commune au bord de la Manche, située dans le Calvados, arrivait justement un camion Allemand rempli de jeunes recrues. Parmi elles, un certain Klaus Neumann, il ne savait ce qu'il l'attendait. A des centaines de kilomètres de là, une armada géant de destroyers, de cuirassés, de frégates, de porte-avions prennent le large depuis le Royaume-Uni en direction de l'illustre point « Piccadilly Circus » où le lendemain à l'aube, tous ces navires se sépareront afin d'atteindre : Utah Beach, Omaha Beach, Gold Beach, Juno Beach et enfin Sword. Dans l'un de ces navires, l'USS Arkansas se trouve Andrew Presting, jeune anglais de trente ans engagé dans l'armée Américaine. La peur pouvait se lire sur son visage et celui de ses camarades. Ils n'en parlaient plus. Tous ces braves chevaliers de la liberté étaient parqués dans les cales du monstre flottant. On ne voyait plus le sol, tant la peur de ces hommes s'était traduite par des vomissements... Et justement, ces Hommes n'étaient plus Hommes, ils ne pensaient plus, ne parlaient plus, ne comprenaient plus. Ils obéissaient, point. Pour certain, l'attente était longue. Et pour certains, la mort se trouvait au bout du chemin.

Comme l'indiquait l'expression, c'était le Jour-J, the D-Day, der Tag-T... A l'aube, l'armada gigantesque se scinda en cinq et cela forma cinq petites armadas qui fonçaient droit devant les plages qui leurs avaient été attribuées. Les bêtes d'aciers brisaient les vagues sans aucunes prétentions ! Les soldats n'étaient pas aussi confiants à vrai dire. Mais on ne pouvait pas reculer, il fallait faire face ! Faire face à l'ennemi, faire face à son destin.

L'USS Arkansas était maintenant à portée des jumelles nazies, soudains, les officiers sur les plages crièrent :

« Alarm !! Die Feinde kommen an !! Alle in ihren Gefechtsständen !! »¹ Tous les soldats s'exécutèrent mais ils étaient pris de court et de panique. Lorsque le jeune Klaus Neumann entendit ces alertes, son visage blanchit d'un coup, il ne savait plus où aller, mais ses supérieurs lui indiquaient un Blockhaus où il devait tenir la défensive.

La tranquillité de la Normandie fut soudain bousculée par les premiers tirs d'obus de l'USS Arkansas vers le Mur de l'Atlantique, ce dernier rétorqua aussi ! La violence était inouïe, les chocs des impacts étaient sourds. Un des navires se trouvant à proximité du cuirassé fut touché de plein fouet par une salve d'obus. De par l'explosion, le navire se brisa en deux et sombra emportant avec lui de grands marins morts pour sauver la France. Le remoud causé par le naufrage entraîna un roulis insupportable pour les hommes du USS Arkansas, certains pleuraient leurs camarades d'autres pleuraient, voyant que l'effectif d'assaillants se réduisait petit à petit.

Plusieurs autres navires furent touchés et sombrèrent à leur tour.

L'imposant Cuirassé avançait toujours au-delà de la douleur lorsqu'une secousse suivie d'une massive explosion fit régner le chaos sur le navire. Le grand navire USS Arkansas venait d'être touché mais pas par un obus, mais il avançait toujours. Dans la timonerie, c'était le sens dessus dessous, le Commandant se saisit de ses jumelles et observa les alentours, puis il hurla :

« Périscope à tribord !! Nous avons été touchés par une torpille ! »

Au niveau du périscope, le Commandant put observer une écume produite par un objet immergé se déplaçant vers le navire :

« - Sales chiens !! Ils en ont tiré une autre qui vient droit sur nous !

- Que devons-nous faire Monsieur, s'exclama un officier du quart.

- A bâbord ! Vitesse maximale ! Chargez les tourelles et attendez mon signal pour la mise à feu !, ordonna le Commandant. ».

C'était le branle-bas-de-combat à bord, les tourelles à doubles canons s'orientèrent vers le périscope, à l'intérieur, les hommes les chargèrent des obus de gros calibre.

Dans la passerelle, le maître suprême du bord hurla :

« Feu à volonté !! Explosez moi ces chiens ! »

La puissance de feu du navire était incomparable. Les hommes étaient bouche-bées devant l'impact des obus sur le sous-marin Allemand qui ne fit pas le poids.

Lorsqu'un officier fit revenir le Commandant à la raison :

« - Mais Monsieur !! La torpille ?!

Le visage du grand officier se glaça :

- Oh mon Dieu... »

A peine eut-il le temps d'achever son juron que la seconde torpille percuta le navire. Cette torpille était beaucoup plus puissante que la première, le navire s'inclina violemment puis se redressa mais il fut impossible de la faire avancer de nouveau. Le navire était condamné. Les compartiments les plus bas furent inondés très rapidement, les deux impacts avaient percé la coque en plusieurs endroits. Le navire allait couler ou alors, les Allemands allaient tirer des salves d'obus sur le navire affaibli.

Le Commandant réunit ses officiers dans la timonerie et leur dit alors :

« - Messieurs, c'est ici que l'aventure s'achève pour nous. Le navire est condamné. Alors mettez les barges à la mer, faites débarquer ces braves soldats, mettez les canots de sauvetages à la mer et abandonnez le navire ! »

Les hommes ne réagissaient pas, ils se savaient déchus.

« - C'est un ordre ! Hurla le puissant marin déchu lui aussi.

- Mais, et vous Commandant ? Dit un jeune officier qui n'avait même pas vingt ans.

- J'ai ignoré le danger que représentait cette torpille et elle nous a condamnés. Mais vous avez une chance de vous sauver alors allez-y, c'est moi qui ai ignoré cette torpille, c'est à moi d'en subir les conséquences. Répondit l'homme.

- Mais... Non... Venez avec nous...! reprit le jeune novice. »

Une larme coula du visage du puissant et sénile marin :

« - Sauve-toi vite fiston ! ».

Ce dernier obéit à son commandant. Le gradé suprême était maintenant le seul à bord. L'USS Arkansas s'enfonçait lentement dans la Manche alors que les barges contenant les soldats dont Andrew Presting et les canots de sauvetage s'étaient éloignées du navire.

Sur la côte, les Allemands préparèrent leurs canons et visèrent le grand navire affaibli au large, ils avaient dans le but de le couler. Pour ce faire, ils armèrent plusieurs dizaines de canons à gros calibre.

Dès que cela fut fait, les hommes hurlèrent :

« - Nous attendons votre signal Lieutenant ! »

Le gradé sourit alors et s'époumona :

- Feu !!»

Une salve gigantesque d'obus se dirigea vers le cuirassé déchu.

A quelques secondes avant l'impact final, le Commandant seul à bord du bateau entama une prière :

« - [...], Amen.... »

Ce mot fut prononcé avant que les obus fassent exploser l'Arkansas. C'en était fini. Andrew et ses camarades avançaient vers les plages. La mer avait perdu sa couleur bleue, elle était devenue rouge, rouge de sang. Et c'est en voyant les corps parfois très gravement mutilés que les assaillants voyaient la haine monter en eux. Ils étaient pris de rage.

La barge ou se trouvait Andrew Presting s'échoua sur la plage des enfers. La grande trappe s'ouvrit, Andrew et ses camarades débarquèrent. Plus haut, les Allemands appelaient des renforts de toute urgence. Ils ne comprenaient pas ce qu'il leur arrivait, ils agissaient bêtement. Le régiment où se trouvait Klaus Neumann arriva. Le combat était d'une brutalité inhumaine. Comment a-t-on pu s'infliger de pareilles mutilations ?

La fin de la matinée approchait, les Allemands furent obligés de battre en retraite.

Les Alliés savouraient leur victoire mais il fallait poursuivre l'ennemi.

Le régiment de Klaus Neumann s'était fait décimer. Lui et ceux encore en vie furent envoyés dans un manoir afin de le protéger, car oui, la propriété avait de grande valeurs stratégiques aux yeux des Nazis. Mais les Alliés étaient aussi très intéressés par ce lieu, c'est d'ailleurs là que l'escadrille de Andrew se rendait. 

Même sous son plus mauvais jour, la Normandie avait toujours un certain charme qui ne laissait personne indifférent. Même si pour semer les Alliés, les Allemands avaient transformé les magnifiques paysages en de nauséabonds marécages, mais ce qu'il restait de l'ancien décor était tout simplement admirable. Andrew en marchant avec ses frères d'armes admirait beaucoup cette scène qui s'offrait à ses yeux émerveillés. Ce jeune homme n'était pas très grand, il était même plutôt fin avec des cheveux châtains ainsi que des yeux marrons, bref, il ressemblait fortement à Monsieur Tout-Le-Monde. La seule chose qui faisait de lui quelqu'un d'unique était sa remarquable gentillesse. Il a été engagé dans l'armée par la force, comme beaucoup.

Dans sa tête, il pensait la chose suivante :

« Pourquoi moi ? Qu'ai-je donc fait pour mériter cela ? Pourquoi dois-je faire du mal à mon prochain ? L'Humain est un monstre ! ».

Mais il avait surtout une peur phobique de la mort, et cela pouvait se comprendre car lorsque comme lui, on a vu des corps déchiquetés, mutilés ou réduits de moitié en une seconde, on peut se permettre d'en avoir la phobie.

Mais il fallait arrêter d'y penser, il fallait rattraper l'ennemi qui s'était réfugié dans un Manoir à la triste réputation d'être encore occupé de ses anciens propriétaires, ces derniers se seraient pendus dans l'habitation. Ainsi comprend-on mieux le nom donné à la propriété : Le Manoir des Pendus. Pour le soldat Presting, il ne s'agissait que d'une invention due au folklore local. En attendant, il fallait prendre l'adversaire en embuscade au sein même du bâtiment sans se faire repérer, la tâche était difficile mais pas impossible car oui, l'effet de surprise au Débarquement fut de taille !

La route n'était plus très longue pour parvenir au domaine des Pendus. Mais justement, en parlant de route, le groupe où se trouvait Presting en rencontra un autre et un officier ordonna de quitter les chemins et de passer par les forêts par mesure de sécurité.

Cela faisait maintenant plusieurs heures que le groupe, qui comptait désormais plus d'hommes, marchait dans cette sylve. Lorsque soudain, en plein milieu de nulle part apparut un panonceau fait de bois. En sa surface étaient écris les mots suivants : « Domaine des Pendus. Propriété privée. Entrée formellement interdite à quiconque sous peine de ... ». La fin du message était illisible, comme abîmée par l'usure du temps.

Cette inscription glaça le sang de toute la troupe. Tout d'abord, perdus au milieu d'une forêt, les soldats marchent puis il apparaît sous leurs yeux un panneaux comme s'il tombait du ciel, et puis le message très menaçant adressé à quiconque tenterait de passer, il fallait bien avouer que ces événements n'avaient rien de rationnel, l'angoisse vint pâlir le moral des troupes. Qu'allait-il leur arriver une fois le panneau franchi ?

Fut-ce une menace ou une plaisanterie de mauvais goût ? Personne ne le savait pour le moment. Une fois le panneau franchi, la forêt et ses environs devinrent soudain plus sinistres.

Le ciel s'assombrit aussitôt, la température chuta violemment, le vent se renforça. Aussi, des bruits de plus en plus étranges se firent entendre tels que des bruits de branches qui craquent sous un pied mais le plus troublant était cela venait d'à côté et non des soldats, il n'y avait personne d'autre qu'eux... enfin, il n'y avait pas d'autres mortels pour être plus précis !

Après quelques minutes, les guerriers s'étaient en quelques sortes habitués à ce changement d'atmosphère lorsqu'Andrew Presting qui était à la fin de la troupe vit quelque chose qui lui fit pousser un cri. En effet, il regardait les arbres et sur l'un d'eux apparût un pendu. Il vit un homme ectoplasmique pendu qui le regardait avec un sourire machiavélique, puis le spectre disparut aussi vite qu'il apparut. Après cela, le jeune homme poussa un cri. Son supérieur furieux vint le voir :

« - Bon Dieu Presting ! Qu'est-ce qui vous prend ?! Vous voulez nous faire repérer ?! »

La jeune recrue balbutia :

« - Non...Chef...mais....mais...l'arbre là-bas...

- Quoi l'arbre...?! Le coupa son supérieur.

- J'ai vu...un...

- Quoi ! Qu'est-ce que vous avez vu ?! Un Boche ? Hurla l'officier.

- Non...Chef...un...un...fantôme...! répondit le jeune garçon apeuré. »

Le gradé se moqua de lui :

« - Oh ! Comme c'est mignon ! N'est-ce pas Messieurs ? Notre cadet voit des morts ! Elle est bien bonne celle-là ! Alors maintenant mon vieux, va falloir vous ressaisir et arrêter vos gamineries ! Vous avez fumé quoi Presting ? Nous sommes en guerre soldat ! Alors suivez la troupe et bouclez là une bonne fois pour toute ! Si je vous entends une nouvelle fois, je vous colle mon poing dans la figure, c'est clair ?!

-Oui...Chef ! Dit Andrew encore choqué de ce qu'il avait vu. ».

Au travers des arbres, on pouvait désormais apercevoir les contours du Manoir des Pendus. Ce manoir semblait dater du dix-huitième siècle, il comportait une partie centrale ainsi que deux petites extensions sur les deux côtés.

Le chef du groupe fit un signe de la main. Aussitôt les hommes comprirent qu'ils s'arrêtaient là et que l'assaut aurait lieu le lendemain. Pour le plus grand désespoir d'Andrew, le bataillon allait passer la nuit dans la forêt où le jeune homme avait vu ce fantôme qu'il n'avait point imaginé. Ses nerfs allaient être mis à rude épreuve mais comme le dis le proverbe : « A la guerre comme à la guerre ! ».

Avant que le groupe ne tombe dans les bras de Morphée, son leader prit la parole :

« - Messieurs, je viens de communiquer par la radio avec notre appui aérien et je vous confirme que nous attaquerons demain à l'aube. Un autre bataillon allié campe de l'autre côté de la propriété. Les Allemands sont encerclés. De plus un soutien aérien nous sera envoyé, ainsi je vous ordonne d'être très vigilant quant aux obus qui seront largués par nos camarades. Leur but n'est pas de vous exploser vous mais d'exploser l'ennemi. Ce serait dommage que vous y restiez ! La partie est facile mais elle n'est pas encore gagnée ! Nous lancerons l'assaut à cinq heures du matin. L'attaque doit être rapide et efficace ! Messieurs bonne nuit. »

Andrew pria avant de s'endormir comme beaucoup de ses compagnons.


¹ « Alerte !! L'ennemi arrive !! Tous à vos postes de combat !! »  



Et voilà ce chapitre est désormais terminé ! J'espère qu'il vous aura plu ! N'hésitez pas à nous le faire savoir ! Encore mille fois MERCI à vous car vous êtes de plus en plus nombreuses et nombreux à nous suivre, donc merci ! Retrouvez la suite dès à présent ! 

Rédigé par Les Éditions Café

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