Chapitre 22 - Vie américaine
Klara et la petite famille s'installèrent à table. Le père avait repris ses esprits, le dîner se passa bien. La conversation allait bon train :
« - Mais au fait, je ne sais toujours pas vos noms !, sourit Klara.
- Oh, eh bien moi c'est Myllia et mon mari, c'est Karl., répondit la mère de famille.
- Et vous Klara, que faisiez-vous en Allemagne ?, demandait Karl.
- J'étais journaliste, au Deutsches Volkszeitung ! »
Karl lâcha sa fourchette et resta immobile quelques instants, et partit en courant :
« - J'ai dit quelque chose de mal Myllia ?, s'inquiéta Klara.
- Non pourtant ... »
Puis Karl fit irruption dans la pièce avec un gros carton rempli de poussière, il l'ouvrit et en sortit l'équivalent de une année de journaux du Deutsches Volkszeitung :
« - Ça veut dire que je vous rencontre enfin ! Klara Dietriech ! Je vous lie depuis près de cinq ans ! Je fais expédier ce journal par avion à chacune de ses parutions ! Ou bien c'est mon fils qui me le ramène lorsqu'il est de passage en Europe... C'est pas croyable ! Mais pourquoi sur les journaux des mois précédents, nous ne voyons pas vos articles ?
- J'ai présenté ma démission au rédacteur en chef ! Il m'exploitait !, ajoutait-elle.
- Ah...
- Et vous cher Karl, reprit Klara, que faites-vous dans la vie ? »
Le sexagénaire se racla la gorge :
« - Avant ma retraite, j'étais aussi journaliste dans un petit journal que j'avais monté et depuis ma retraite, je me consacre corps-et-âme à la politique. J'ai d'ailleurs ma carte dans un parti et nous avons remporté les municipales de Virginia Beach ma chère car vous avez devant vous Monsieur Le Maire !
- Toutes mes félicitations !, fit Klara, Et vous Myllia ? »
A ces mots, Karl s'emporta aux rires ce que Klara ne comprit pas.
« - Pff... Tu devrais changer de disque Karl !, s'exclamait Myllia.
- Pourquoi riez-vous Karl ?, demandait Klara. »
Celui lui répondit tout en rires :
« - Figurez-vous que Madame Myllia, quand on s'est rencontré, elle travaillait pour le parti politique opposé au mien... Un parti anticapitaliste...
- Le quoi ?, s'interrogeât Klara.
- Le Parti Travailliste et Anticapitaliste..., fit Myllia. »
Ainsi se profilait le repas, mais il fallait bien avouer que ce couple était très atypique, radicalement opposé politiquement parlant... Mais ils s'aimaient, et cela n'avait pas de prix. Klara dormit bien cette nuit-là.
Une semaine était passée. Klara avait quelque peu pris ses repères chez les Leroy. Un soir, toute la petite famille la convoqua :
« - Écoutez ma chère, fit Karl, j'ai attendu que vous vous soyez appropriée les lieux car j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, et contrairement aux traditions européennes, je vais commencer par la bonne !
- Je vous écoute ..., balbutiait-elle.
- Étant donné que je suis le maire de cette ville, j'ai beaucoup de contact... Et je peux peut être arrangé un entretien avec une personne rattachée au gouvernement qui pourrait vous aider à trouver une solution ! Qu'en pensez-vous ?
- C'est fantastique ! Mais vous ne pensez pas qu'un membre du gouvernement, ce ne serait pas un peu hyperbolique ?, réagit-elle.
- Ben... Quand on a vécu ce que vous avez vécu, je crois que le gouvernement n'est pas de trop pour vous venir en aide !, s'exclamait Karl.
- Si vous le dîtes, souriait la jeune femme, et quelle est la mauvaise nouvelle ? »
L'homme riait :
« - La mauvaise ... C'est que s'entretenir avec un homme d'État, ça prend beaucoup de temps, les rendez-vous sont longs à obtenir donc la mauvaise, c'est que vous allez devoir me supporter encore quelques semaines supplémentaires ! »
Et ils riaient tous. L'atmosphère fut bonne, comme tous les soirs. Le dîner lui aussi fut fort appréciable. Le père de famille se leva, et se dirigea directement vers son téléphone fixe. Il attendit que quelqu'un décroche à l'autre bout du fil, et entama une longue discussion de plusieurs dizaines de minutes.
« - Oui... Tout-à-fait !, fit Karl au téléphone, Je comprends ! C'est sûr... Entièrement d'accord avec vous... Oui... Ah ! Merveilleux... Très bien... Mes respects Monsieur... Au revoir... Très bonne soirée à vous !
- Alors ? Demandait Myllia.
- Dans un mois !, s'exclamait son mari.
- C'est formidable !, s'époumonait Klara.
Karl sortait la bouteille de kirsch, Myllia intervint :
« - Oh non mon p'tit bonhomme ! Tu as bu assez de kirsch pour aujourd'hui ! Si tu as soif, prends un sirop de cerises avec de l'eau gazeuse ! Non mais...
- Ooh, soupirait-il, si on peut plus fêter le rendez-vous de Klara avec le Secrétaire d'État aux relations internationales... Alors là ...
- Pardon de vous interrompre Karl, lança la jeune femme, mais qu'est-ce que va m'apporter concrètement le Secrétaire d'État ?
- Oh pleins de choses ! Il sera votre meilleure carte vers votre retour en Allemagne de l'Ouest ainsi que la clarification de votre histoire car pour l'instant vous êtes en quelque sorte clandestine même si vous êtes couverte par l'armée. »
Un poids s'échappa de la jeune femme. Elle sembla ce jour-là apaisée. Même si la rencontre avec cet Homme d'État n'était que dans un mois, Klara était heureuse, heureuse tout simplement de voir les choses avancer. Le dîner commença :
« - Vous... Vous me semblez perplexe Klara..., déclara Karl.
- Euh... Oui... Un tas de questions me vient à l'esprit subitement ... Et je ne peux y répondre ..., balbutiait l'Allemande.
- Ah... Et puis-je vous aider à y répondre ?
- Euh... Non... Excusez-moi..., disait-elle en quittant précipitamment la table pour se réfugier dans sa chambre. »
Les Leroy restèrent sans voix :
« - Ai-je dis quelque chose de mal Chérie ?, demandait Karl à son épouse.
- Euh... Non, pas à mon souvenir..., lui répondait sa femme.
- Étrange..., pensa tout haut George en fronçant les sourcils.
- Je suis d'accord avec toi mon fils !, prétendit Karl, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez elle depuis tout à l'heure ! Je la sens ailleurs ! Peut-être devrais-je aller la voir.
Il se leva, mais Myllia le rattrapa :
« - Non, c'est à George d'y aller ! Il la connaît mieux que nous après tout, allez mon fils, vas-y !
- Très bien !, acquiesça ce dernier. »
George quitta la table, il emprunta les escaliers et s'approcha de la chambre de Klara, il écouta derrière la porte. Il n'entendit rien. Il frappa et entra :
« - Klara ? Personne ! Mais où est-elle passée ?! »
Puis il vit la fenêtre ouverte et s'y dirigea, il regarda dehors aux alentours, puis il leva soudainement la tête vers le toit :
« - Mais qu'est-ce que tu fais là-haut ?!
- Viens !, l'invita-t-elle. »
George, grimpa et rejoignit la jeune femme avec un air surpris :
« - Je réitère ma question, qu'est-ce que tu fais ici ?
Elle sourit :
« - Vois-tu, quand j'étais petite et que je n'allais pas bien, je me réfugiais sur le toit, j'avais comme l'impression d'être seule au monde, je me sentais bien seule à contempler l'Univers et les étoiles... J'ai beau avoir bientôt quarante ans, j'aime toujours faire cela... »
George était quelque peu confus :
« - Je... Je ne comprends pas... Au contraire, tu devrais plutôt aller bien, tu vas voir quelqu'un qui pourras te sortir de cette situation... Qu'est-ce qui ne vas pas ? Nous avons fait quelque chose de mal ? Tu peux me le dire, tu sais !
Elle sourit de nouveau :
« - Non ! Bien sûr que non, tu m'as sortie du pétrin ! Tu m'as sauvée pour être exacte ! Tes parents sont extraordinaires, tout ce que vous faites pour moi ... Rien ne vous y forçait et pourtant vous l'avez fait sans réfléchir...
- Alors, qu'y a-t-il ?
- Eh bien, tout ça... Tout ça m'a rappelée ô combien je suis vulnérable... Et puis, l'Allemagne... L'Allemagne me manque, mon quotidien... Et je ne suis pas tranquille..., avouait Klara pensive.
- Tu n'as rien à craindre ici, auprès de nous !
- J'ai ... J'ai comme un mauvais pressentiment..., lança-t-elle, Pour être franche, j'ai comme l'impression qu'il m'observe, qu'il m'épie, qu'il m'attend...
- Qui ça ?
- Écoute George, j'ai comme l'impression que la Main de Feu n'est pas morte, qu'elle rode, qu'elle est là tapie dans l'ombre !
- Mais voyons, c'est impossible !, riait bêtement l'Américain, tu me l'as dit toi-même ! Lorsque tu lui as tiré une balle dans la jambe, il s'est évanoui, puis le sous-marin a coulé, et lorsqu'on a sondé l'épave, nous avons relevé des signatures thermiques propres à des cadavres... Ta Main de Feu... Eh bah moi je te dis qu'elle est morte ! Allez viens, moi j'ai froid, on rentre !»
Ils rentrèrent, la jeune femme avait chassé ses démons, cependant, elle ne passa guère une excellente nuit ; en effet, celle-ci demeurait tout de même tourmentée par le mal du pays et quelques angoisses quotidiennes quant à sa situation.
Voilà, c'est sur cette révélation fracassante que ce chapitre s'achève ! On espère sincèrement que les péripéties de nos protagonistes auront su vous plaire ! Vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre et nous lire, alors Merci ! Découvrez la suite de l'aventure dès à présent !
Rédigé par les Éditions Café
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